RIE III ou une drôle d’éthique ecclésiastique !

RIE III ou une drôle d’éthique ecclésiastique !

Il y a quelques jours, la RTS informait que « les églises protestantes craignent la réforme de la fiscalité des entreprises » (= RIE III ). En fait, l’émission précise bien que ce sont essentiellement les églises de la Suisse-allemande qui s’expriment et que, du côté des églises romandes, seule celle de Fribourg semble réagir.

Alors, comme protestante, pratiquante, membre du Synode de l’EERV (église évangélique réformée du canton de Vaud), je cherche le message profond de cette prise de position politique.

Il apparaît que les églises de Suisse allemande qui se sont prononcées contre la révision fiscale sont toutes financées par l’impôt ecclésiastique et craignent de voir leurs propres rentrées fiscales diminuer à cause de RIE III. Un de leurs pasteurs essaie d’expliquer à la radio que cette révision fiscale n’est pas éthique parce qu’elle favorise les grosses entreprises et que, d’autre part, si les revenus des églises baissent, pasteurs et diacres seront moins payés et ne pourront plus aussi bien accomplir leur tâche spirituelle et sociale. Bref une bonne motivation syndicaliste. Côté éthique, on a besoin d’une solide dose d’imagination !!!!!…

Et puis on apprend, toujours par la RTS, que l’EERV n’est pas partie prenante de cette opposition parce qu’elle ne vit pas de l’impôt ecclésiastique. On ose espérer que ce n’est pas le seul motif justifiant cette attitude, mais on relèvera qu’ il n’y a pas eu d’intervention pastorale vaudoise directe sur ce sujet dans l’émission radiophonique concernée.

D’aucuns déplorent que notre société se déchristianise. A juste titre. Mais il faut dire que si le message des églises reste au niveau reptilien ci-dessus rapporté par la RTS, on a peu d’espoir. Il peut arriver toutefois que des églises fassent rayonner le message de vie dont elles sont porteuses et que les fidèles manifestent alors leur reconnaissance par leur générosité, indépendamment de RIE III. Autres temps, autres mœurs !

Le 2 janvier 2017

Le savonneur de planche

Monsieur Obama veut-il nuire à son successeur ? On pourrait le croire tant on le voit savonner la planche avant l’atterrissage de M. Trump. Celui-ci est favorable à l’État d’ Israël ? Qu’à cela ne tienne ! On donne mission à M. Kerry d’insister sur la nécessité de mettre fin à la colonisation et de créer un Etat palestinien. Le problème est réel mais il ne date pas d’aujourd’hui et la brusque fermeté du Gouvernement des Etat-Unis à ce sujet ressemble plus à une sorte de petite provocation pour « embêter » M. Trump qu’à un acte de courage politique. Il eût fallu pour cela être ferme beaucoup plus tôt.

M. Trump approuve la politique de M. Poutine ? M. Obama – dont certains services ne se sont pas privés, il y a peu encore, d’espionner les chefs d’État européens – dénonce avec des accents indignés, l’espionnage auquel se livre la Russie et l’intrusion – possible ? Plausible ? Probable ?- de M. Poutine dans la campagne américaine. Aucune de ces activités ne mérite la moindre approbation, mais M. Obama croit-il vraiment travailler pour le bien de son pays en excitant des chefs d’État au moment où ce ne sera plus lui qui devra recoller les pots cassés ? Qui sème le vent récolte la tempête. On s’attendait à mieux de la part d’un président qui avait reçu le Nobel de la paix avant de faire la guerre.

Le 30 décembre 2016

A quand la paix?

« La guerre au sucre est déclarée » titrait le Temps du 22 décembre en page 3.

Ouf, encore une guerre ! On a déjà la guerre contre le tabac, contre l’alcool, contre les voitures, contre le sel, contre le chocolat clair, contre le foie gras, contre la viande de bœuf – surtout à cause des gaz émis par ces paisibles herbivores ! Heureusement que les mammouths ont disparu !….. contre les maisons non minergie, contre le nucléaire : ça, ce sont les guerres pour la santé et contre les déchets. Il faut y ajouter les guerres contre les chasseurs, contre les femmes qui procréent, contre l’UDC, contre Mme Merkel et, en ce moment, contre le père Noël naturellement. Bon ! Là, ce sont des guerres déclenchées par tous ceux qui se sentent supérieurs aux autres. Et je suis sans doute en train d’en oublier. Si l’on y ajoute les nombreuses vraies guerres actuelles généralement civiles, mais que d’aucuns qualifient de militaires pour justifier qu’ils s’en mêlent, on éprouve un sentiments d’inquiétude. Vu le nombre d’ennemis, il sera difficile de faire la paix.

Le 24 décembre 2016

Les comités d’éthique, bénis oui oui de la technique?

Le Temps du 16 décembre nous informe que le « comité d’éthique britannique » vient d’autoriser les bébés conçus avec 3 ADN, c’est-à-dire « combinant les ADN de deux femmes et d’un homme ». Il est évident que le but en est louable, puisqu’il s’agit « d’éviter la transmission d’une maladie héréditaire maternelle ».

Le désir d’enfant est parfaitement légitime et honnête, mais on ne peut faire l’économie à ce sujet d’un certain nombre de questions :

1) Ce désir implique-t-il le droit de demander que son enfant soit l’objet d’un bricolage préalable dont on ne peut qu’ignorer les effets physiques et psychiques qu’il pourrait avoir sur le bébé-assemblage-d’ADN qui en résulterait ?

2) Quelle femme est la mère de l’enfant ?

3) Le bébé-bricolage ainsi obtenu est-il l’objet d’une garantie de qualité de la part des bricoleurs ?

4) Quid si ledit bébé se révèle, après la naissance, atteint de défauts ou de faiblesses qui n’avaient pas été prévus ? Peut-on l’échanger ? A-t-on le droit de l’abandonner ou de le jeter ?

5) En cas de défaut, actionnera-t-on en dommages-intérêts le ou les donneurs d’ADN ou encore le médecin-bricoleur ?

6) A quand le bébé bricolé avec l’ADN de deux hommes et d’une femme, voire bricolé avec les ADN de X hommes et femmes, afin d’être sûr qu’il n’aura aucune maladie ?

7) Quelle est la référence éthique du comité qui a donné son autorisation à un acte aussi irresponsable? Du médecin qui se livrera à une telle activité ? Des parents qui manquent autant de respect de l’identité de leur enfant ?

Quand on y réfléchit, on se demande vraiment à quoi peut bien servir un comité d’éthique !

Le 16 décembre 2016

Tous ces cadeaux inutiles!

Quand cessera-t-on de proposer, avec des offres de vêtements, de renouvellement d’abonnement CFF, avec des appels aux dons, tant de cadeaux ou d’avantages inutiles ?

Non ! Je n’ai pas besoin de colifichets supplémentaires si je commande un pull-over ! Non, je n’ai pas besoin d’avoir un accès facilité à des pistes de ski ou à des vélos, si je renouvelle mon abonnement demi-tarif de Chemin de fer. Non, je n’ai pas besoin d’une bougie dont la forme, la taille et la couleur ne sont ni celles que j’aime ni celles dont j’ai l‘usage, pour décider de donner à telle œuvre, etc. etc. Il peut, à la rigueur, y avoir parfois des cartes utilisables, mais j’aime tellement choisir les cartes que j’envoie de manière qu’elles évoquent quelque symbole pour le destinataire ou alors qu’elles soient humoristiques ! A vrai dire, quand une enveloppe annonçant une œuvre de bienfaisance contient un de ces gadgets, je jette volontiers le tout. On nous précise dans certains cas, qu’il s’agit d’un cadeau de remerciement confectionné par les « pensionnaires » de telle ou telle institution. S’il y a un bulletin rose, ce n’est pas un cadeau, car un cadeau ne se paie pas. A-t-on trompé les « donateurs » en sollicitant leur travail ? Quant aux prétendus cadeaux qui accompagnent je ne sais combien d’offres prétendument promotionnelles, si on les supprimait, est-ce-que cela permettrait de baisser les prix ?

Il faut allécher le chaland, c’est évidemment l’idée, mais comment enseigner, déjà à l’école, sinon en famille, que la première liberté, c’est de décider tout seul – indépendamment des attrape-nigauds – ce dont on a besoin ou envie ou quand et à qui l’on donne quelque chose ? L’exercice en vaut la peine et peut-être serait-ce une manière de relativiser la société de consommation.

Le 16 décembre 2016

Un Président entrepreneur et généreux

Dans l’émission télévisée « pardonnez-moi » de ce dimanche 11 décembre M. Darius Rochebin interviewait le Président « sortant »de la Confédération, M. Schneider-Ammann. J’ai toujours admiré le calme efficace et l’humilité vraie de ce Conseiller fédéral. Aujourd’hui, plus que jamais, il s’est montré à la hauteur. Certes, des hésitations en français ralentissent un peu les échanges, mais cela ne nuit ni à l’intelligence ni à la finesse des réponses.

Admirable père, ce Conseiller fédéral qui dit à un journaliste français sa fierté et celle de sa fille que cette dernière ait accompli un apprentissage. Que répond ledit journaliste ? « Dans mon pays vous n’auriez jamais pu devenir ministre si vous aviez eu une fille qui n’avait fait qu’un apprentissage ! »

Partout dans le monde, pendant son année de présidence, M. Schneider-Ammann a défendu l’esprit entrepreneurial, la capacité du dialogue entre patrons et employés, la libre entreprise et fait connaître la formation duale de la Suisse qui permet de diminuer fortement le chômage des jeunes, ce chancre de l’avenir d’un pays.

D’aucuns ont déploré, chez nous, que le Président de la Confédération n’exalte pas principalement les études universitaires ou les écoles polytechniques fédérales. Il a assurément loué le développement exceptionnel du pôle lémanique, mais Il s’est aussi efforcé de rendre leurs lettres de noblesse aux métiers non académiques, luttant ainsi contre le snobisme des pourcentages universitaires qui cause des ravages depuis près de quarante ans et représente une vraie menace pour une formation adéquate des jeunes, respectueuse de leurs talents propres.

Le moment le plus admirable, lors de l’entrevue de ce jour, fut celui où, à M. Rochebin rappelant que le fameux discours aux malades avait fait le tour du monde et continuait d’être servi chaque semaine lors d’émissions satiriques, M. Schneider-Ammann a répondu que sa seule préoccupation à ce propos était le risque que des personnes malades puissent en être blessées.

Merci, Monsieur le Président, d’être un entrepreneur fier de sa profession et un homme de cœur !

Le 11 décembre 2016

Office fédéral de la santé, sexe et gaspillage

Ainsi donc, grâce à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), on sait enfin tout, tout, tout sur la vie sexuelle des Suisses (du moins de ceux qui ont constitué la statistique) ! Et pour quel motif ? Pour mieux « cibler la prévention » ! Ben voyons. Il y a quand même une nuance importante entre 4 ou 5 amants ou seulement 2 ou 3 ! Il s’agira sans doute ultérieurement d’affiner les statistiques selon les convictions politiques, la formation professionnelle, l’orientation religieuse ou philosophique, le régime alimentaire, la fréquence d’utilisation du smart-phone, les goûts artistiques, l’acuité visuelle, l’alopécie, etc…. L’affaire est bigrement sérieuse. Voilà de l’argent bien investi !

On se rappellera que, lors d’une campagne contre le sida, l’OFSP avait dû changer d’affiche ou de slogan, tellement c’était mauvais et choquant ! On se souviendra aussi que, grâce à l’initiative contre la sexualisation à l’école, l’OFSP a renoncé à ouvrir à Lucerne un centre pour l’éducation sexuelle à l’école. Qu’attendent nos parlementaires pour couper généreusement dans le budget de cet office dont une partie de l’activité est totalement inutile, voire néfaste ? Il y a des économies intelligentes à faire. L’objet en est tout trouvé.

Le 24 novembre 2016

Le bal des Maudits

Le résultat des primaires françaises de la droite est, en soi, satisfaisant intellectuellement, mais quelle parodie de démocratie !

Qui sont les votants de ce dimanche 20 novembre ? Des membres d’un parti politique ? Des électeurs fâchés contre M. Hollande ? Des opposants de tous bords à M. Sarcozy ? Des ennemis de M. Juppé, de M. Macron, de Mme Le Pen ? On ignore tout en fin de compte des intentions réelles de ces électeurs un peu bidons. Et si la gauche organise des primaires du même genre dans quelque temps, comme elle en avait donné l’exemple il y a cinq ans, sera-ce pour désigner un papable ou pour éliminer un candidat Hollande enfin déclaré ou éviter un M. Mélanchon ou un M. Vals ou on ne sait quelle éventuelle candidate, ou s’assurer de l’écrasement de Mme Le Pen au 2e tour etc. ? Dans ce cirque pseudo démocratique, le bien commun ne joue aucun rôle, mais seules se manifestent les rognes, les craintes, les animosités ou le goût possible du pouvoir ! Ce n’est pas à une préparation de l’avenir de la France que l’on assiste, mais bien à une sorte de bal des Maudits.

Plus que jamais la preuve est faite que la démocratie n’est ni garantie ni grandie par l‘élection directe par le peuple du futur chef de l’exécutif.

Le 21 novembre 2016

Initiative RASA, Brexit et contre-projet

Le Conseil fédéral invite, à juste titre, à refuser l’initiative RASA qui voudrait supprimer purement et simplement l’art. 121a contre l’immigration de masse, mais il souhaite aussi – et c’est une bonne idée – lui opposer un contre-projet. Alors que mettre dans ce contre-projet pour ne pas irriter les citoyens ni leur donner l’impression d’être trahis après le vote du 9 février ?

Une vieille règle de droit admet qu’un contrat (ou un engagement) de très longue durée puisse être modifié avant son terme quand les circonstances ont grandement changé, par exemple ensuite d’un événement inattendu et imprévisible lors de la conclusion du contrat.

Le Brexit, qui n’était manifestement envisagé par personne lors de la votation du 9 février 2014, représente précisément un tel événement. Sa survenance modifie profondément la situation au sein de l’UE et, partant, les conditions dans lesquelles la Suisse pourrait négocier avec celle-ci la manière d’appliquer le résultat du vote helvétique. Il s’agit là d’un fait que les citoyens sont parfaitement capables de comprendre. Pourquoi, dès lors, ne pas concocter un contre-projet à l’initiative RASA qui modifierait seulement la disposition transitoire de l’initiative – laquelle oblige à chercher une solution précipitée alors que l’UE est d’abord préoccupée par le Brexit – pour la remplacer par un texte faisant partir le délai de trois ans non pas de la date du 9 février 2014, tel que prévu actuellement, mais de la fin des négociations au sein de l’UE en rapport avec le Brexit? Cela permettrait à notre pays, comme d’ailleurs à l’UE, de chercher une solution sans précipitation et à un moment peut-être où les esprits seraient calmés, donc à chacun de « sauver la face » en respectant le droit.

Le 31 octobre 2016

Le numérique à l’école: to be or not to be?

Le débat du Temps des 29/30 octobre entre MM. Jean Romain, philosophe, et Martin Vetterli, Président désigné de l’EPFL, laisse le lecteur sur sa faim. Si Jean Romain esquisse bien un rôle de l’école « qui recentre l’enseignement sur les matières fondamentales  et évite, pour des raisons de structure intérieure des élèves, trop de dispersion», Martin Vetterli n’aborde pas un instant cette question essentielle. Il faut dire que, enseignant à des adultes – ou présumés tels ! – dans une haute école professionnelle plutôt qu’académique, il ne se place pas du point de vue humaniste – considéré aujourd’hui comme dispendieux et globalement inutile – mais du point de vue utilitariste actuellement dominant.

On aurait souhaité un débat sur les trois questions suivantes : quel est le rôle de l’école, en particulier d’ailleurs de l’école publique voire obligatoire, parce que c’est celle-ci qui concerne la grande majorité de la population donc la société de demain ? Quels aspects particulièrement formateurs pour la personnalité de l’adolescent représenterait l’enseignement du numérique à l’école ? Faudrait-il enrichir les programmes d’une matière supplémentaire ou à ce défaut, quelle branche sacrifier ?

La troisième question pourrait trouver éventuellement une réponse pratique toute simple dans la suppression du temps perdu à l’école (heures non remplacées, conférences des maîtres, etc. . chaque parent a probablement une série d’exemples à mentionner) voire dans l’introduction de cours à option. Mais on attendait, pour répondre aux deux autres, un vrai débat. Ce n’est en tout cas pas l’EPFL qui a brillé ! Inquiétant !

Le 30 octobre 2016