Loi suisse contre l’homophobie: aura-t-on encore la liberté de s’opposer au mariage pour tous?

Selon le Temps du 26 septembre, « Le Conseil national a approuvé la criminalisation des discriminations envers les homosexuels ». La Chambre du peuple a accepté ainsi l’initiative parlementaire de M. Mathias Reynard.  L’art. 8 de la constitution fédérale qui dispose que « nul ne doit subir de discrimination du fait notamment de… son mode de vie », va donc être concrétisé par une norme pénale. Le problème dès lors est double : 1) Que faut-il entendre par homophobie ? 2) Que faut-il entendre par discrimination ?

Cette double question se pose particulièrement en relation avec la conclusion de l’article du Temps : « Fort de son succès d’étape, Mathias Reynard a indiqué vouloir désormais se concentrer sur le combat pour le mariage pour tous ». Veut-il dire ainsi que, une fois la norme pénale admise, on pourra combattre et punir grâce à elle les personnes qui s’opposeraient au mariage pour tous ?

On sait que l’argument massue pour justifier l’amalgame entre mariage et partenariat enregistré, c’est l’égalité des sentiments entre les deux protagonistes de chaque forme d’union. Cette égalité – impossible à prouver entre deux unions, quels qu’en soient les protagonistes – a incité le législateur à élever le partenariat au rang d’institution, comme le mariage. Mais cette égalité de rang social ne signifie pas encore identité.

Pour illustrer la différence qu’il y a entre elles, comparons un instant chacune des unions respectivement au vin rouge et au vin blanc. Les deux breuvages sont délicieux, les deux sont alcoolisés, les deux sont le produit du jus de raisin, mais il ne viendrait à personne l’idée de mélanger systématiquement les deux dans son verre sous prétexte que les deux sont bons. Les produits finis sont chacun différents. Reconnaître leur différence, et les nommer différemment, ce n’est pas pratiquer une discrimination.

Mais peut-être que comparer le mariage et le partenariat enregistré à deux vins c’est une forme de discrimination du genre humain. A quand cette norme pénale ?

 

Inégalité salariale: toujours la même confusion nuisible

Des femmes vont se mobiliser dans la rue pour lutter contre l’inégalité salariale. Bon ! Mais que faut-il entendre par « Inégalité salariale » ?

La constitution fédérale dit expressément que « l’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale ». Cela, et cela seulement, est la formulation du principe de l ‘égalité salariale. Ce n’est pas forcément facile à vérifier car un « travail de valeur égale » n ‘est pas une notion purement arithmétique. Il est clair cependant que la différence salariale qui n’a d’autre raison d’être que le fait que la personne qui fournit le travail requis est une femme et non pas un homme est inadmissible.

Différente de l’inégalité salariale est l’inégalité « dans la famille, dans la formation et dans le travail », trois manifestations possibles de l’inégalité expressément mentionnées par la même constitution. Cette inégalité-là peut se concrétiser par le fait que femmes et hommes ne recherchent pas forcément les mêmes formations, accèdent ou n’accèdent pas à des postes à responsabilité, pratiquent des activités à temps partiel ou à temps complet, etc… Ces inégalités tiennent à des causes multiples, parfois simplement à une liberté de choix des intéressés – ce qui est totalement respectable – parfois à des questions socio-culturelles dont on peut souhaiter qu’elles se modifient ou que l’on peut aider à se modifier.

Le plus mauvais service que l’on puisse rendre aux femmes et aux hommes, c’est de mettre constamment sous le chapeau de « inégalité salariale », toutes les formes de différences, voire d’inégalités dans l’organisation familiale, éducative et professionnelle qui peuvent influencer le revenu professionnel. D’une part, cela rend les statistiques  trompeuses, voire malhonnêtes, donc non crédibles, d’autre part, cela compromet la recherche de solutions. Prétendre en effet résoudre de la même manière des problèmes de nature très différente est une sottise nuisible. Mais plus que tout encore, cela atrophie la liberté individuelle et décourage l’effort de tous ceux pour qui l’égalité représente une valeur motivant une démarche personnelle et constante plutôt qu’une arme électoraliste ou syndicale.

 

L’autoportrait par la langue

Pourquoi la langue parlée – et souvent écrite – devient-elle si laide, obscure, brouillonne et vulgaire ? Combien de personnes interviewées remplacent la seconde moitié de leur phrase par « voilà », ce qui ne signifie évidemment rien du tout et n’éclaire nullement l’auditeur ? Pourquoi les phrases sont-elles constamment truffées de mots vulgaires ? La pensée n’en est pas enrichie et le moins que l’on puisse dire c’est que le vocabulaire en est appauvri.

Cette langue dévoyée et infantile réveille en moi des phrases lourde de sens telles que : « la caque sent toujours le hareng » (proverbe), ” le style est l’homme même” (Pascal) « le vers se sent toujours des bassesses du cœur » (Boileau). Qu’une langue vive et évolue, c’est naturel et souhaitable. Mais elle n’en continue pas moins à refléter le portrait de celui qui l’utilise. C’est une préoccupation à garder à l’esprit quand on s’exprime, oralement ou par écrit.

Heure d’été ou heure d’hiver?

Après un sondage démocratique (moins d’1% de la population !), l’UE songerait à proposer aux États membres de garder la même heure toute l’année.

C’est incontestablement une bonne idée, mais…. Quelle heure ? Celle d’été ou celle d’hiver ? Il semblerait que ce serait celle d’été. La conséquence en serait que le jour se lèverait encore plus tard de novembre à fin mars que ce n’est le cas maintenant. Certes, les jours seraient un peu plus longs en fin d’après-midi pendant cette période, mais, en hiver, vaut-il mieux que le jour commence un peu plus tôt, sachant que le travail des adultes et l’école pour les enfants commencent assez tôt le matin. Vaut-il mieux avoir de la lumière naturelle rapidement le matin ou un peu plus longtemps le soir ?

Une réponse pourrait peut-être venir de cette start-up durable présentée hier, 4 septembre, dans les locaux du Temps et candidate, avec deux autres start-ups, au prix SUD. Cette start-up, baptisée Oculight Dynamics, veut développer l’usage maximal de la lumière naturelle dans les habitations, ayant fait le constat que cette lumière est particulièrement bonne pour la santé tant physique que morale.

Il est évident que la durée totale de jour et de nuit est la même que l’on adopte l’heure unique d’été ou d’hiver. En revanche, à partir du moment où l’on sait le rôle bénéfique de la lumière naturelle, il serait intéressant de déterminer si, pour la santé des gens, il vaut mieux que le jour se lève un peu plus tôt toute l’année (heure d’hiver) ou qu’il finisse un peu plus tard toute l’année (heure d’été). Le débat ne manque pas d’intérêt et le résultat pourrait même être qu’il n’est pas souhaitable d’imposer la même heure, quelle qu’elle soit, à tous les Européens !

Le climat est instrumentalisé

C’est sous ce titre que le Temps du 3 septembre rapporte les propos du professeur Erkman et je me réjouis que le problème soit abordé sous cet angle, non pas pour nier que le climat est un peu déréglé, mais pour reconstituer la hiérarchie des problèmes et des responsabilités.

Nul ne peut nier qu’il y a eu des dérèglements climatiques à plusieurs reprises sur notre terre, les uns gravissimes, les autres plus légers (petites glaciations, petits réchauffements), sans que nous y ayons pu mais, ni que les explosions solaires, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre peuvent avoir des effets énormes bien supérieurs à ceux de nos activités et dont nous n’avons aucune maîtrise. La moindre des humilités serait au moins de reconnaître que nous n’en connaissons pas vraiment les causes et que nous ne pouvons pas les éviter.

De vous à moi, on a de la peine, comme être humain ou même comme entreprise, voire comme Etat, à se sentir responsable du changement climatique. En revanche, il est évident que la pollution – dont chacun est responsable – peut jouer un rôle sur la santé, que nous pouvons influencer la biodiversité par notre manière d’exploiter les terres, voire de nous nourrir, bref que si l’on veut responsabiliser vraiment les personnes et éventuellement influencer les groupes sociaux dans leur manière de se conduire, il faut arrêter de brandir le changement climatique et se concentrer sur ce qui est à notre niveau.

En un sens, la démission de M. Hulot qui mettait – comme beaucoup d’autres personnes – sous le chapeau général de la lutte contre le réchauffement climatique, le glyfosate, le nucléaire, la défense de la cause animale, est l’illustration de l’échec programmé de tout vrai progrès en matière d’écologie tant qu’on l’intitule « lutte contre le réchauffement climatique ». Si l’on veut éveiller un petit sens de la responsabilité il faut se concentrer sur des effets manifestement liés à l’activité humaine. Ces effets variés (empoisonnements chimiques, surproduction, surexploitation, gaspillages en tout genre) appellent chacun des mesures de correction spécifiques, dont les conséquences seront également négatives et qui doivent donc être pesées et éventuellement adaptées ou modulées. Ce sont des enjeux politiques délicats menaçant toujours, au nom d’une bonne intention, de paver un enfer policier. Tout est manifestement à faire, mais pitié, lâchons d’abord la menace climatique.