Vaincre les épidémies

Vaincre les épidémies

Tel est le titre du livre du Professeur Didier Pittet, épidémiologiste, infectiologue, spécialiste en santé globale (et de M. Thierry Crouzet, écrivain), livre qui vient de paraître aux éditions Hugo Doc, Paris. L’ouvrage mérite d’être lu – et rapidement – par les autorités politiques, les journalistes et même le grand public. Ce récit relate, jour après jour, de janvier à fin juin 2020, les actes, réflexions, expériences, conseils du Professeur Pittet qui a incontestablement été aux premières loges pendant toute cette période.

Le rappel des gestes « barrières » et des commentaires très critiques sur le port du masque

Page après page est rappelée l’importance du lavage des mains et du respect de la distanciation, ces deux règles représentant, selon l’auteur, la vraie et fondamentale protection, le port du masque (en dehors de l’hôpital, naturellement) n’étant utile que dans les cas où la distanciation est impossible et à la stricte condition d’un lavage des mains. On peut même lire quelques phrases assassines, telles que : « Il y a en France un penchant pour une politique démonstrative, aux actions visibles et le masque semble répondre à ce désir profond » (p. 183) ou encore : « Dans les rues, de plus en plus de passants masqués laissent traîner leurs mains partout. Les politiques ordonnent le port du masque pour se donner bonne conscience, mais ne contrôlent pas les lieux publics où les gens s’entassent. Imposer le port du masque, c’est se donner l’illusion d’agir, en pensant se prémunir contre les critiques futures ». (p. 172). « En croyant bien faire, en exigeant le port du masque généralisé, les politiques et certains experts proclament des bêtises » (p. 150).

« Le confinement était la seule solution pour sauver nos hôpitaux » (p. 161)

J’avoue que cette phrase m’a fait sauter au plafond, d’autant qu’elle reprenait celle figurant deux pages avant (p. 158), soit « …il y avait urgence à sauver nos hôpitaux ».

Après avoir éprouvé un moment de révolte en lisant cela, je me suis rendu compte qu’il fallait surtout en tirer une conclusion pratique aussi immédiate que possible, vu le texte qui suivait : « Dire que s’ils avaient été plus grands, avec davantage de lits, davantage de personnels, nous n’aurions pas eu besoin de confiner est un non-sens. Surdimensionner les institutions de soin “au cas où” n’est pas une bonne idée, sans même parler de coût de fonctionnement…. Les hôpitaux modernes doivent être reconfigurables » (p. 158). Et l’auteur d’ajouter : « Nous l’avons démontré aux HUG en faisant preuve de fluidité dans notre organisation ». Ce texte est daté du 19 mai 2020.

Sauver des personnes

Espérons dès lors que, depuis le 19 mai, les expériences relatées et conseils prodigués par le professeur Pittet auront pu porter des fruits et qu’il n’y aura plus de mesures à prendre pour « sauver les hôpitaux », mais seulement pour sauver des personnes, y compris du désespoir engendré par la perte d’un salaire, d’un travail, voire de tout geste de tendresse.

 

Quand la justice tord l’état de nécessité, la démocratie s’écroule

Des juges genevois ont donc appliqué la notion « d’état de nécessité » en matière de climat de la même manière que le juge vaudois dont le jugement a été heureusement annulé en deuxième instance. La politisation de la justice devient ainsi une sorte de pandémie au niveau cantonal. C’est inquiétant.

La notion d’état de nécessité (art.17 du code pénal suisse [CPS])

Il y a état de nécessité selon le code pénal lorsqu’un danger imminent menace un bien juridique appartenant à la personne qui accomplit un acte illicite ou à un tiers, que ce danger ne peut être détourné autrement que grâce à l’accomplissement de cet acte illicite et que cet accomplissement sauvegarde des intérêts prépondérants.

Si ces conditions sont toutes réalisées, l’acte illicite devient licite.

Vérifions cela dans les cas genevois et vaudois susmentionnés.

Le danger imminent qui menace

Ce serait le réchauffement climatique à cause des rejets de CO2 ? A vrai dire, est-ce un danger imminent c’est-à-dire sur le point de se produire ? Ou bien est-ce un danger connu contre lequel l’humanité cherche les meilleures protections ?

Le bien juridique à préserver

C’est la planète, ou l’avenir ou la santé.La planète est-elle un bien juridique ? Problème philosophique.La santé et l’avenir sont-ils des biens juridiques ? Question éthico-philosophique.

Les propriétaires des « biens juridiques » à préserver

La Planète appartient-elle à quelqu’un ? Aux auteurs de l’acte illicite ? à l’humanité ? La santé ou l’avenir à préserver appartiennent-ils aux auteurs de l’acte ou à l’humanité ?

 Sauvegarder des intérêts prépondérants

La lutte contre le réchauffement climatique par la diminution des émanations de CO2 doit assurer la protection de la planète ou de la santé ou de l’avenir de quelques personnes ou de l’humanité et cette lutte peut paraître plus importante que la protection immédiate du domicile ou de la propriété privée d’autrui. Question socio-politico-philosophique à laquelle la réponse politico-philosophique peut être : «la fin justifie les moyens ». Ce n’est pas un principe juridique.

L’acte illicite concerné

Dans le canton de Vaud, l’acte illicite était l’occupation sans droit du local d’une banque pour une partie de tennis, soit une violation de domicile (art. 186 CPS) ; dans le canton de Genève, l’acte consistait en un barbouillage en rouge d’une enseigne commerciale, propriété privée, ce qui constituait un dommage à la propriété (Art. 144 CPS).

Impossibilité de détourner ce danger autrement

Pour être excusable, l’acte illicite accompli doit être seul apte à détourner le danger, donc à en empêcher ou à en arrêter les effets immédiatement.

Peut-on affirmer qu’une partie de tennis dans une banque (= violation de domicile) ou le peinturlurage en rouge d’une enseigne privée (= dommage à la propriété) sont aptes comme tels, à l’exclusion de tout autre moyen, à arrêter immédiatement dans le monde, ou en Suisse, ou dans le canton concerné les émissions de CO2, donc à éviter immédiatement le réchauffement climatique, soit à sauver immédiatement la planète ou à assurer ainsi immédiatement et exclusivement la santé et l’avenir des auteurs des actes ou de l’humanité ?

L’état de nécessité n’était pas réalisé

A la lecture de tout ce qui précède, force est de constater que les conditions juridiques (le code pénal n’est pas un recueil de questions philosophiques) de ce que le code pénal appelle l’état de nécessité n’étaient pas réalisées. Les actes illicites accomplis par les défenseurs du climat ne pouvaient donc être devenus licites (même s’ils étaient peu graves). Il importe en effet de ne pas confondre la gravité des actes et leur licéité.

Comment un juge peut-il voir un état de nécessité dans les éléments analysés ci-dessus ?

Qu’un avocat plaide dans ce cas l’état de nécessité pour défendre son client, cela peut faire partie du jeu, bien que ce soit à la limite de la bienséance professionnelle, en revanche, qu’un juge chargé d’appliquer la loi puisse le soutenir, c’est inadmissible. Cela signifie soit qu’il n’a pas compris la loi, soit qu’il considère que sa conception philosophico-socio-politique doit l’emporter sur les règles juridiques élaborées démocratiquement.

Dans le premier cas (incompréhension), c’est inquiétant, vu que l’article 17 CPS est un de ceux qui expriment les conditions de base de la répression pénale ; mais l’erreur est humaine et le recours au juge supérieur pourra corriger le tir. On commence cependant à douter de la compétence du juge vu la grossièreté de l’erreur.

Dans le second cas (philosophie personnelle du juge), c’est incompatible avec la mission du juge. Le recours contre sa décision permettra également de corriger le tir, mais la confiance des justiciables sera ébranlée. Le juge sera soupçonné d’être devenu l’otage ou le jouet des défenseurs d’une certaine cause. D’autres juges pourraient se sentir légitimés à défendre d’autres causes leur tenant à cœur et les batailles politiques seraient déplacées de l’arène publique ouverte vers le petit monde judiciaire clos. Fin de la démocratie.

La démocratie est un régime politique qui exige plus de temps que la dictature, elle est peu conciliable avec l’état de nécessité. La procédure actuelle utilisée pour décider les mesures d’urgence appliquées dans la lutte contre le virus n’en est-elle pas une preuve intéressante?

L’Occident piégé par la Chine

L’Occident et plus particulièrement les pays européens, dont la Suisse, souffrent de quatre gros défauts :

  • La peur de la mort, à cause du matérialisme galopant
  • L’autoflagellation, développée par les accusations répétées de colonialisme, nazisme et racisme.
  • La vénalité encouragée et sur-développée depuis la chute du Mur par la réunion des mafias communistes et italienne et par la mondialisation.
  • La vanité.

Intelligente, la Chine utilise ces défauts pour étendre son empire

A la différence de l’Occident, la Chine n’accroît pas son influence par les armes en détruisant, mais par la flatterie et par l’argent, c’est-à-dire en achetant ou en ayant l’air d’aider (voir le développement de la Chine en Afrique). L’énormité de son marché et l’abondance de sa main d’œuvre bon marché sont une tentation irrésistible. Les pays occidentaux sont prêts à renier n’importe quelle valeur morale pour s’assurer un traité commercial, un accord sur le tourisme, une promesse de soutien en matière de santé (collaboration dans le domaine pharmaceutique !). Ils délocalisent leurs centres de production ou vendent leurs entreprises sans prêter la moindre attention aux conséquences à venir.

Ils laissent des entreprises technologiques chinoises s’installer chez eux en croyant ainsi devenir les plus forts sur le marché occidental. Ils vendent le Pirée ou d’autres sites historiques parce qu’ils ont besoin d’agent. Sommes-nous devenus fous ?

Depuis le début de la pandémie, la Chine développe sa campagne de charme

On assiste depuis le début de la pandémie à une vaste campagne de charme du gouvernement chinois, envoyant des masques – ne fonctionnant pas tous et de loin ! – ou des médecins pour « aider » en bons samaritains. La Chine achète de pleines pages de propagande par son agence de presse communiste d’Etat Xinhua – jusque dans les journaux très locaux, tel le Journal de Morges (2 octobre) où elle fait l’éloge du multilatéralisme, notamment de l’ONU et du développement durable (rires dans la salle!!!). Elle met en évidence le succès de son régime de confinement strict pour prétendre avoir ainsi vaincu « le » virus. Elle contribue à encourager les pays occidentaux à croire que la maladie ne peut être vaincue que par un régime de fer qui ne prenne surtout pas en compte les effets collatéraux mortels, du point de vue humain, social, médical ou économique. Elle ne peut évidemment que profiter de l’écroulement de l’Occident, car chez nous, les personnes comptent encore et leur misère entraîne des troubles politiques graves que nous ne traitons en principe pas de la même manière que la Chine (revoir Géopolitis de la TSR 1 du dimanche 4 octobre). Rien n’est plus favorable à l’extension de l’empire communiste chinois que l’écroulement de l’Occident et la pandémie lui est une aide précieuse. C’est probablement une raison pour laquelle la Chine a accrû ses dons à l’OMS depuis que les USA ont cessé leur soutien.

Réveillons-nous !

Nous ne sommes ni les plus forts ni les plus intelligents, nous serons bientôt pauvres, mais ne nous laissons pas acheter. Méfions-nous de la Chine, surtout quand elle porte des cadeaux.