Maîtriser la technique pour éviter l’esclavage.

« Digitalisation, intelligence artificielle », ces mots étranges évoquent un monde où le pouvoir pourrait être concentré entre les mains de quelques-uns, les autres étant ignorants ou trop pauvres ou encore trop gavés de plaisir.

L’esclavage par le gavage de plaisir

L’addiction culturellement et humainement catastrophique engendrée par les smartphones et autres moyens techniques est évidemment le truc le plus efficace pour assurer l’extension de l’empire financier et mondial de quelques génies. Leur premier trait de génie, d’ailleurs, est de se rendre indispensables au « plaisir » d’innombrables personnes pour faire oublier que l’homme n’est pas au service de la technique. Il doit en rester exclusivement le maître s’il ne veut pas tomber dans l’esclavage. Le lancement de « petits jeux » ou l’appât de la gratuité – momentanée ! – pour inciter à l’acquisition ou à l’utilisation de moyens techniques par le plus grand nombre de gogos possible est analogue à un commerce de drogue. Et pendant que des milliers d’esclaves potentiels tombent dans le piège de la modernité-plaisir, les big data tissent une toile d’araignée dont il n’est pas du tout garanti qu’elle ne soit utilisée que pour le bien de l’humanité !

Développer l’esprit critique et la volonté de maîtrise

Quelle invention humaine est dépourvue de risque d’effets négatifs ? Aucune. C’est lié à la nature humaine elle-même, puisque celle-ci n’est pas que bonne et n’est pas non plus infaillible. Plus que jamais l’école, la culture générale, la formation professionnelle ou universitaire doivent faire acquérir le sens de la relativité des choses. Le but n’est pas de refuser toute nouveauté, toute recherche, tout changement, mais simplement d’enseigner une distance par rapport à ce que l’on nomme très vite « progrès ». Il s’agit aussi de procurer les clés permettant de comprendre les mécanismes techniques. Ces clés n’impliquent pas forcément la compétence pratique, mais la capacité d’appréhender les conséquences, donc de chercher à les éviter ou à les maîtriser.

La vraie liberté ne consiste pas à refuser a priori le changement mais à être capable d’en évaluer les avantages et les inconvénients afin d’en rester maître.

 

 

 

Cannabis légal: le piège à mouches

Le grand art de tous les arts, en matière commerciale, c’est de créer le besoin puis la dépendance. Le cannabis dit « légal », donc avec moins de 1% de THC, est un cas d’école.

Le mot même de cannabis évoque l’interdit, le « voyage » donc le charme. La moitié du succès du cannabis dit légal est déjà assurée de ce seul fait. Le marché promet d’être juteux et l’Etat se frotte les mains.

Et rien de plus facile, quand on aura une bonne clientèle et que le produit sera considéré comme inoffensif que d’augmenter insensiblement le pourcentage de THC. Impossible à l’Etat de tout contrôler. Et puis, il faut faire confiance ! Et l’on attrapera progressivement par un taux doucement croissant de THC des milliers de consommateurs qui deviendront, sans s’en rendre compte, dépendants d’un produit frelaté. Interdire à ce stade-là le cannabis équivaudra alors à une véritable Prohibition au sens américain et historique du terme, donc sera voué à l’échec.

Remplacer une drogue par une autre

L’Etat veut diminuer la consommation du tabac – contre laquelle on constate un acharnement d’autant plus marqué que le marché du cannabis devient plus prometteur ; on dirait que la lutte contre les deux drogues évolue en sens exactement inverse.  Une baisse de consommation du tabac signifie une baisse du produit de l’impôt malgré une augmentation de prix. L’État cherche une autre source de manne ; il se réjouit donc du développement du cannabis dit « légal » qu’il souhaite fructueux sans se soucier le moins du monde des risques sociaux éventuels à long terme.

Le colle-mouche est déroulé sur le marché ! Qui prendra le pari du nombre futur de victimes prisonnières ?

 

Interdire la violence psychologique envers les enfants!

 

LT de ce 14 novembre, dans sa rubrique « Sur les réseaux », nous informe qu’un groupe « pas de violence contre les enfants » vient de lancer une pétition visant l’inscription, dans le code civil suisse, d’une « interdiction des châtiments corporels et de la violence psychologique envers les enfants ». Que voilà un programme prometteur ! Je ne prendrai pas ici une nouvelle fois la défense de la fessée dont trop de soixante-huitards et de descendants de soixante-huitards ont cruellement manqué, mais j’aimerais m’arrêter sur le problème de la violence psychologique.

Les violences affectives sont des violences psychologiques

Tous ceux qui ont affaire au droit de la famille savent à quelle violence psychologique sont parfois soumis les enfants de familles éclatées : chantage au droit de visite, privation de vacances avec l’autre parent sous le prétexte de problèmes organisationnels, déménagement « diplomatique » arrachant l’enfant à un environnement qui le rassurait et compliquant l’exercice du droit de visite, médisance ou abaissement systématique de l’autre parent, et la pire de toutes les violences psychologiques, l’accusation d’attouchement qui oblige le juge ou l’autorité à la plus grande méfiance envers le parent accusé, même s’il sait que ces accusations sont probablement infondées et ont pour seul but de nuire au «parent accusé ». D’aucuns ajoutent volontiers à la cassure d’avec un parent la privation des contacts avec des grands-parents sans se soucier le moins du monde du traumatisme supplémentaire que cela peut causer à l’enfant.

Reste la violence psychologique sur les réseaux sociaux

C’est une violence d’un nouveau genre dont les victimes n’osent pas parler, car elles sont aussi paralysées de honte que les femmes violées et craignent de souffrir plus encore d’une dénonciation que de leur silence.  Contre cette peste-là, quelles armes autres que l’éducation à l’usage des réseaux sociaux, le développement de l’esprit critique et le refus de l’esclavage par la technologie ? Mais il faut du temps pour cette formation-là et l’addiction à la nouveauté fait des ravages.

Une pétition néfaste et inutile

Priver les parents de tout droit de punition est ridiculement néfaste. Interdire dans le code civil la violence psychologique contre les enfants est inutile si l’on n’a pas d’abord enseigné aux adultes que le respect de l’enfant passe par celui de ses deux parents.

 

L’égalité par l’absurde

Le Temps du 1er novembre nous apprend que, en matière d’égalité, « Si elle ne fait rien, la Suisse se fera encore distancer »(sic). Quelle horreur, notre pays a régressé au 21e rang en matière d’égalité ! En fait, il faut comprendre « en matière d’égalitarisme arithmétique », car « le pays recule cette année notamment parce qu’il n’y a plus que deux conseillères fédérales, contre trois il y a deux ans » (sic). Autrement dit, ce qui importe pour un pays, ce n’est pas, dans ce cas, l’éventuel fonctionnement harmonieux des institutions, c’est l’arithmétique sexuée.

L’égalitarisme arithmétique sexué que beaucoup confondent avec l’égalité entre hommes et femmes est en train d’accomplir des ravages sociologiques. Destructeur et “enlaidisseur” de la langue, par l’écriture inclusive ; destructeur du respect de la personne par le droit des adultes à l’enfant ; destructeur de la richesse de l’individualité des dons par l’égalitarisme scolaire ; destructeur de la variété des goûts et des compétences par la volonté d’afficher un égalitarisme économique etc… A quoi sert le congé parental dans les pays nordiques dont on nous rebat les oreilles ? A assurer la même perte de temps dans le monde économique aux pères qu’aux mères, puisqu’il y a l’obligation pour chacun des parents d’en prendre la moitié. Peu importe les besoins réels de l’enfant. D’ailleurs, de toute façon, le congé parental ne concerne que très peu l’enfant qui sera, dès que possible, placé dans une crèche afin que les parents puissent reprendre leur activité professionnelle pour rendre à la société l’argent qu’elle a investi dans leur formation. Car l’égalitarisme sexué n’a en fait qu’une dimension économique ou politique (partage du pouvoir). Il se moque de l’égalité réelle qui correspond à un  respect profond de la personne comme telle et demande une éducation éthique, une capacité de choisir et une prise en compte de la valeur des différences. En fait, tout le contraire de l’égalitarisme qui n’est qu’une comptabilité sexuée de ronds de cuir, une égalité par l‘absurde.