Le refus de la différence

La véritable égalité exige le respect des différences. C’est là le fondement de la reconnaissance de la dignité humaine donc de l’égalité. Et pourtant c’est exactement ce que combattent tous les participants au « lavage de cerveau » (et malheureusement le Temps en fait souvent partie et tout spécialement vendredi 27 juillet en p. 5) au sujet du mariage pour tous, de la procréation médicalement assistée pour les couples de même sexe et de l’adoption plénière par ces mêmes couples, que cette adoption concerne l’enfant de l’autre (le législateur s’est déjà joint aux laveurs)  ou un enfant « étranger » aux deux composants du couple (le Conseil fédéral veut rejoindre le club !).

Soyons clairs

Je n’ai aucun problème avec les personnes homosexuelles mais je ne comprends pas pourquoi il faudrait nier la différence de fait entre un mariage, union d’un homme et d’une femme, et un partenariat enregistré, union de deux personnes de même sexe. Il se peut qu’il faille encore améliorer le droit pour assurer aux deux catégories de couple le même traitement économique, fiscal et successoral, voire, au point de vue des assurances. Il n’y a aucune raison en revanche de dénaturer la désignation culturelle propre à chacune des deux unions qui ne sont précisément pas constituées des mêmes composantes. Pourquoi ne peut-on pas respecter, éventuellement protéger l’appellation de chacune des espèces d’union pour ce qu’elle est ?

Eviter les faux dans les titres

Il est absolument exclu qu’un enfant naisse de la copulation de deux femmes ou de deux hommes ou de la fécondation de sperme par du sperme, voire d’un ovule par un ovule. Accepter d’indiquer dans un acte officiel, c’est-à-dire à l’état civil, qu’un enfant est celui de deux hommes ou de deux femmes, c’est officialiser un faux dans les titres. Que l’Etat prête la main à une telle tromperie, et en plus à l’égard d’un enfant, c’est une monstruosité qui n’est à aucun moment justifiée. Non seulement il devrait être impensable de favoriser un tel faux par le moyen de la procréation médicalement assistée, mais cela devrait également conduire à se poser la question tout à fait générale de l’adoption dite « plénière ». Cette adoption, qui est celle accordée, en Suisse, depuis le 1er avril 1973, aux couples hétérosexuels et partiellement, depuis le début de 2018, aux couples de même sexe, consacre un faux dans les titres à l’état civil. En attestant à l’enfant qu’il est issu de son ou de ses parents adoptifs, l’Etat contribue à une tromperie officielle. Quel affreux exemple dont on sait la souffrance qu’elle peut causer à l’enfant ! Or il serait parfaitement possible d’éviter cette tromperie tout en assurant une pleine protection à l’enfant ; il suffirait de remplacer l’adoption plénière par l’adoption simple. Cette dernière ne poserait de problème pour aucun couple puisqu’elle n’a pas d’effet d’état civil. Elle ne fait donc pas croire à l’enfant qu’il est issu de ceux qui l’ont adopté. Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’il faut un mensonge à l’état civil pour pouvoir aimer un enfant !

Beaucoup d’adultes ne supportent pas que la réalité soit différente de leurs fantasmes

Reconnaître les différences de fait et oser dire la vérité, notamment aux enfants, sont les premiers pas vers la véritable égalité, celle qui repose sur le respect des personnes et non sur les fantasmes sentimentaux. Notre société aurait tout à gagner à renoncer au lavage de cerveau pour favoriser un mensonge afin d’être capable de respecter les personnes pour ce qu’elles sont !

 

 

 

 

Irresponsabilité des CFF et d’autres

Etonnante révélation aux nouvelles de la RTS vendredi soir 20 juillet concernant l’inquiétude des grands maîtres de la Silicon Valley relative à la déshumanisation de la société à cause des réseaux sociaux et du développement de la numérisation ! Et ces maîtres d’inciter notamment chacun à se passer le plus possible de son smartphone, voire à envoyer ses enfants dans des écoles sans ordinateurs ni wifi.

En entendant ces déclarations, on mesure l’irresponsabilité de tous ceux qui incitent sans cesse à se procurer un smartphone pour pouvoir acheter un billet de transport public ou mieux encore pour pouvoir simplement, si l’on en croit les CFF, obtenir un léger dédommagement pour tous les ennuis causés aux utilisateurs par les grands travaux sur les rails.

Les déclarations des maîtres de la Silicon Valley engagent largement la responsabilité de tous ceux qui subordonnent leurs services au recours systématique, voire exclusif, à internet sous quelque forme que ce soit. Irresponsabilité de l’incitation au « tout par e-facture » avec menace de faire payer la facture papier, irresponsabilité de l’enseignement avec recherches obligatoires sur internet, irresponsabilité des invitations, billets et inscriptions par internet seulement, car tout cela favorise la déshumanisation de la société dénoncée par les maîtres de la Silicon Valley.

Pour que le progrès technique soit au service de l’homme et non pas l’inverse, il faut que chaque utilisateur soit libre de recourir ou non à cette technique et non pas que chaque non-utilisateur soit puni parce qu’il n’est pas au service de ceux dont il achète les prestations.

Verra-t-on peut-être bientôt fleurir aux Etats-Unis, les procès en dommages-intérêts contre les grandes compagnies qui auront incité les consommateurs à recourir systématiquement aux découvertes déclarées maudites par les inventeurs de la Silicon Valley ?

Il y a Europe et Europe

Il y a Europe et Europe

Par un abus de langage que j’ai toujours déploré, les partisans de l’Union Européenne désignent très souvent cette dernière comme « l’Europe ». Ils disent : « la Suisse ne fait pas partie de l’Europe », « l’Europe déclare ceci ou cela » etc…. Chaque fois que je le peux, je relève l’erreur en faisant remarquer que l’Europe est un continent et l’Union européenne une alliance entre Etats. Mais la confusion a une portée politique peut-être plus importante qu’on ne le pense.

En parlant d’elle comme de « l’Europe », les partisans les plus chauds de l’ Union européenne excluent la Russie

Le continent européen va, traditionnellement, de l’Atlantique à l’Oural. Il inclut donc la Russie. Lors de sa création, la future « union européenne », ne comptait que six Etats d’Europe occidentale et ne pouvait évidemment inclure la Russie (alors URSS) pour de nombreuses raisons. Mais la Communauté européenne d’alors ne se confondait pas avec l’Europe. Cette confusion semble dater de l’élargissement de la communauté et peut-être de la chute du mur. A partir du moment où la question s’est posée, avec l’EEE éventuellement, non pas d’étendre l’AELE en y incluant peu à peu les Etats satellites de feue l’URSS, mais de « protéger » ces Etat d’un retour de la patte moscovite en les incluant peu à peu dans l’Union européenne, on s’est mis à confondre l’Union européenne et l’Europe.

La confusion entre l’Union européenne et l’Europe est à la fois un moyen de pression et une exclusion politique

Parler de l’Union européenne comme si c’était l’Europe, c’est marquer un certain mépris pour un Etat – par exemple la Suisse – en ayant l’air de sous-entendre qu’il n’est pas « européen ». Cette apparente confusion – parfois expressément voulue – est évidemment très sotte. Mais elle cherche peut-être un effet psychologique car l’Europe se considère comme un continent particulièrement civilisé.

Cette confusion a plus encore une portée politique grave dans la mesure où elle paraît exclure une fois pour toutes la Russie de la construction européenne. On en voit les conséquences actuelles. La politique de l’Union européenne par rapport à la Russie est dangereuse. Oh Certes ! la notion de démocratie n’est pas très en vogue quand on se rapproche de l’Oural, mais l’est-elle toujours dans certains autres pays de l’Est accueillis au sein de l’Union ? La situation des Roms dans leur pays est-elle le fruit d’une fibre profondément démocratique ? Et que penser de la méfiance viscérale de l’Union Européenne pour la démocratie directe ?

Une réflexion plus profonde sur les conséquences politiques de la confusion terminologique pratiquée ne serait peut-être pas inutile.

 

Mensonge en deux étapes

Le Temps du 7 juillet nous informe que la Commission des affaires juridiques du National a décidé d’ouvrir le mariage aux homosexuels en deux temps : d’abord, les aspects essentiels du mariage pour tous, puis un projet complémentaire traitant notamment l’accès à la procréation médicalement assistée.

Première étape : changer le sens des mots

Admirez la parade : comme on sait que la notion de mariage est culturellement et depuis la nuit des temps, liée symboliquement à la filiation, donc à la procréation, on commence par changer le sens du mot. Il est parfaitement logique que les rapports financiers, successoraux, fiscaux, en matière d’assurances sociales etc…, soient les mêmes quand deux adultes – de quelque sexe qu’ils soient – ont décidé de s’unir théoriquement pour la vie, c’est la raison pour laquelle, en ce qui concerne les relations entre deux adultes, le mariage et le partenariat enregistré, en droit suisse, ont pratiquement le même contenu. Mais il n’y aucune raison de dénaturer le vocabulaire. La distinction de désignation (= de vocabulaire) entre le partenariat enregistré, réservé aux couples de même sexe, et le mariage, propre aux couples de sexe différent, correspond à une réalité culturelle. En effet, si la dépendance de chaque partenaire par rapport à l’autre (droits et obligations) est la même dans les deux unions, la symbolique de la filiation donc de la procréation est totalement différente. Elle n’existe que pour le mariage.

Il y a donc bien, culturellement et humainement deux unions différentes.

Seconde étape : favoriser le bricolage d’enfants-choses pour que le mariage homosexuel puisse devenir également le symbole d’une procréation (= compléter la loi sur la PMA)

Les cours scolaires d’éducation sexuelle ont sans doute permis aux enfants de découvrir que deux hommes ensemble ou deux femmes ensemble ne peuvent pas procréer. S’ils veulent néanmoins avoir un ou des enfants, ils doivent éventuellement, aujourd’hui, se rendre à l’étranger, y acheter du sperme ou/et des ovules, y louer un ventre et prétendre que le produit de cette lourde et grave atteinte aux droits de la personnalité de l’enfant est « le fruit de leurs amours ». Mais à ce jour, le droit suisse (= loi sur la PMA) ne permet pas cela. Il faudrait donc introduire en Suisse la généralisation du don de sperme, du don d’ovules et celle des mères porteuses pour y arriver (donc modifier la loi sur la PMA). Ce serait la seconde étape selon la Commission parlementaire ! (La situation juridique est un petit peu différente pour les couples mariés à qui le droit suisse autorise le don de sperme. Mais il y aussi, hélas, des couples hétérosexuels qui vont à l’étranger pour y acheter le matériel germinal qui leur fait défaut et éventuellement louer le ventre nécessaire pour mener à bien la grossesse).

A l’heure actuelle, un homme ou une femme, de quelque couple que ce soit, peut toujours avoir des relations sexuelles avec une personne du sexe opposé et procréer ainsi hors mariage ou hors partenariat ; l’enfant issu de ce commerce aura alors une mère biologique certaine et un père biologique également connu  qui peut même, dans certains cas, reconnaître l’enfant ; cet enfant ne sera évidemment – et pour cause – pas celui du couple marié ou partenarié, sauf s’il  est adopté par le conjoint (situation possible depuis longtemps, en Suisse) ou le partenaire (situation possible depuis le 1er janvier 2018).

Il est clair cependant qu’une fois que l’on a changé le sens culturel et humain du mot « mariage » en parlant de « mariage pour tous », qu’on l’a ainsi vidé de la symbolique de la procréation en l’appliquant à des couples de même sexe, on a supprimé une des protections assurées à l’enfant contre l’envie des adultes de le fabriquer à leur guise (éventuellement en choisissant ses gènes sur catalogue) au nom du droit à l’enfant ou de l’égalité entre les couples.

Le mariage pour tous : un changement de vocabulaire inquiétant !

Comme l’écrivait Goebbels dans son journal : « Nous ne voulons pas convaincre les gens de nos idées, mais nous voulons réduire le vocabulaire de telle façon qu’ils ne puissent exprimer que nos idées ».

C’est exactement la démarche suivie par la réduction du vocabulaire en relation avec le mariage pour tous. Ce sera ensuite celle du vocabulaire en rapport avec la notion de procréation.

Peut-on divorcer au nom du droit au mariage et au remariage?

Le Tribunal fédéral vient de rendre un arrêt de divorce extrêmement surprenant. Mariés en 2009, devenus parents d’un enfant, les époux (Monsieur, né en 1948, Madame, en 1968) se sont séparés en 2012, Monsieur retournant vivre avec sa première femme avec laquelle il souhaite se remarier. L’action en divorce a été ouverte en 2014 par Monsieur et Madame a également conclu au divorce. Les époux sont donc d’accord de divorcer, mais le règlement du sort de l’enfant et des questions financières est si houleux que le procès dure encore lors d’un 2e recours au Tribunal fédéral en 2017. La question qui se pose alors est la suivante : contrairement à la pratique habituelle et à la lettre de la loi (principe de l’unité du jugement de divorce), peut-on concevoir de prononcer le divorce alors qu’aucun des effets accessoires ne peut être réglé et que tout laisse présager que, sur ce point, le procès peut encore durer deux à quatre ans ?

Le Tribunal fédéral va tenir un langage tout à fait nouveau : il va comparer l’intérêt que chacun des époux a à un prononcé de divorce rapide (sans règlement des effets accessoires) ou lent (avec règlement des effets accessoires). Il constate que la rapidité ou la lenteur ne changera rien au sort de l’enfant et que la lenteur pourrait être plus favorable aux intérêts financiers de Madame, mais qu’en revanche, Monsieur aurait intérêt à la rapidité afin de pouvoir se remarier avec sa première femme et régler définitivement ses affaires successorales, vu qu’il a déjà 69 ans.

Ayant opéré cette balance des intérêts, le Tribunal fédéral constate que les intérêts de Monsieur à une procédure rapide l’emportent sur ceux de Madame à une procédure normale, donc, ici, lente. Non content de cette innovation de procédure, le Tribunal fédéral met un comble à son raisonnement en précisant que doit être protégé le « droit au mariage et au remariage » (consacrés par la CEDH) de Monsieur, puisque celui-ci veut se remarier avec sa première femme. En bref, le droit au mariage et au remariage devient le fondement du droit au divorce. On croit rêver !

(5A_623/2017)