Regrettable confusion

Le Conseil des États a voté hier la ratification de la Convention du Conseil de l’Europe, dite Convention d’Istanbul, sur la « lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ». A première vue, on ne devrait que s’en réjouir. Mais la Convention glisse, sous le chapeau de cette lutte, de petites phrases précisant que les Parties à la Convention doivent « promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes » et prendre les mesures nécessaires à « éradiquer les coutumes, les traditions et toute autre pratique fondées sur un rôle stéréotypés des femmes et des hommes ». Il convient, à cette fin d’adapter le « matériel d’enseignement sur des sujets tels que l’égalité entre femmes et hommes, les rôles stéréotypés des genres ».

On ne peut que s’étonner que la Convention mette sous le même chapeau les violences physiques faites aux femmes, contre lesquelles les mesures à prendre sont immédiates, de nature pénale souvent, et la promotion de l’égalité qui implique d’autres démarches.

La violence faite aux femmes et la violence domestique ne dépendent, et de loin, pas exclusivement de l’inégalité entre hommes et femmes. On sait qu’elles relèvent principalement – en tous les cas en Suisse – de problèmes psychiques et que les auteurs devraient être soignés plus encore que punis. Certes, l’excision et les mariages forcés, mentionnés expressément par la Convention, dépendent avant tout de tristes coutumes et traditions qui, par bonheur, ne sont pas suisses, ni même européennes. Mais peut-on vraiment mettre dans le même panier des problématiques aussi différentes que la lutte contre la violence et la promotion de l’égalité ? En fait, la Convention ne concerne probablement pas les mêmes pays, pas les mêmes traditions, pas les mêmes mœurs. Que vise-t-elle ou qui vise-t-elle précisément ? Peut-être a-t-on voulu faire croire que la cause des problèmes est partout identique. C’est évidemment faux. Il aurait été judicieux d’étudier plus soigneusement cette Convention avant d’en voter la ratification.

Si M. Trump était communiste?

Si M. Trump était communiste serait-il l’objet d’autant de critiques, d’attaques, d’insultes publiques et médiatiques ? Probablement pas, d’une part parce que ce serait beaucoup trop dangereux pour les auteurs et d’autre part parce qu’il serait plus « discret » dans son comportement officiel – les despotes et leurs tueurs à gages ne crient pas sur les toits. En cela, il faut le dire, l’analogie était totale entre le national socialisme et le communisme.

On peut faire le même constat en Suisse en ce qui concerne M. Blocher et l’UDC et en France, au sujet de Mme Le Pen et de son parti : si c’étaient des communistes, ils ne seraient pas aussi diabolisés.

Il ne s’agit pas ici d’encenser M. Trump, ni M. Blocher, ni Mme Le Pen, mais de se réjouir de ce que les Etats-Unis, la Suisse, voire la France, soient des pays où la démocratie permet la critique publique, même la plus grossière quelquefois, de personnalités politiques sans que cela entraîne la fin prématurée de l’existence des auteurs ou leur enfermement loin de la scène publique.

A vrai dire, il n’est pas impossible que les réseaux sociaux, spécialistes des fausses nouvelles, des calomnies et des rumeurs assassines ne deviennent une menace pour la démocratie en excitant sournoisement à la haine et au déchaînement de violence : qui sème le vent récolte la tempête. C’est là peut-être que la « vraie » presse, crédible parce que modérée dans son langage et constante dans la recherche des faits réels, aux risques et périls même parfois de ses auteurs, mérite de retrouver toute sa raison d’être. C’est une contribution incontestable à la paix. Que certains éditeurs se le disent !

Cruel dilemme

La naturalisation facilitée de la 3e génération a été acceptée. C’est bien. J’avais personnellement voté OUI, mais non sans avoir dû résoudre un cruel dilemme. Pourquoi vouloir toujours déposséder les cantons d’une compétence ? Mme Ada Mara habite le canton de Vaud, elle pouvait sans peine lancer une initiative cantonale, ce qui eût montré et son désir légitime de faire profiter d’autres personnes de son expérience et sa parfaite compréhension du système fédéraliste. Mais très peu de socialistes sont vraiment fédéralistes parce que pour eux l’égalitarisme est la première vertu.

J’ai fini par voter OUI malgré cette atteinte au fédéralisme parce que la loi d‘exécution ne prévoit pas le droit du sol, qu’elle exige au moins une demande et qu’elle est assez restrictive, ce qui laisse aux cantons la liberté de prévoir des conditions de naturalisation non seulement pour les autres générations, mais aussi pour la 3e, après 25 ans. Mais j’ai surtout voté OUI parce que je veux pouvoir continuer à m’opposer à toute velléité cantonale ou, pire encore, éventuellement fédérale, d’accorder le droit de vote aux étrangers.

Celui qui veut participer à la vie politique d’un pays doit avoir l’honnêteté d’en prendre la nationalité. Certes, de nos jours, la mauvaise habitude des nationalités multiples qui fait passer l’intérêt économique bien avant la loyauté patriotique tend à gommer l’engagement de fidélité que représente une nationalité. Il n’en demeure pas moins que la première condition que doit remplir celui qui veut jouir de ses droits politiques, c’est d’acquérir la citoyenneté du pays qu’il prétend contribuer à gérer, en tous les cas lorsque ce pays vit une vraie démocratie active, comme la Suisse.

Toujours la même erreur!

Combien de fois faudra-t-il le répéter ? Ce n’est pas le Conseil fédéral qui perd ou gagne  une votation, c’est le Parlement. Quand un projet du Conseil fédéral est soumis au Parlement, celui-ci est tout puissant pour le modifier, l’accepter ou le rejeter. S’il le rejette, l’affaire est liquidée jusqu’à nouvel avis ; s’il l’accepte, il peut encore être soumis au vote populaire. Ce vote sanctionne donc un texte devenu celui du Parlement. Il est absolument fondamental de comprendre cela.

RIE III n’était ni un projet de M. Maurer ni un projet du Conseil fédéral, c’était un texte du Parlement. Ce n’était pas le rôle du Conseil fédéral ni de M. Maurer de le soutenir ou de le combattre, c’était le rôle des parlementaires – qui restent totalement libres de leur opinion et ne sont pas liés par le principe de collégialité – ou celui des citoyens. Le Conseil fédéral n’a, lui, qu’un rôle, celui d’exécuter la volonté populaire après le vote, que cette volonté lui plaise ou lui déplaise. Quand il soumettra un nouveau projet au Parlement, ce sera comme toujours un nouveau projet du Conseil fédéral et non pas de l’un de ses membres, et le Parlement sera totalement libre de le rejeter, ou de le modifier avant de l’accepter. Si les citoyens jugent que le nouveau résultat n’est toujours pas conforme à leur désir, ils pourront lancer un nouveau référendum. Cette compréhension des rôles est fondamentale pour le fonctionnement des institutions, car elle seule restitue à chacun des pouvoirs, exécutif et législatif, l’intégralité de sa responsabilité.

Mais ce fonctionnement déplaît ; on aime pouvoir tancer (ou encenser) un membre ou un autre du Conseil fédéral et, ce soir, c’est si « délicieux » pour certains de dire que  « M. Maurer a perdu un nouveau combat ». Ceux qui le disent ne montrent qu’une chose : leur méconnaissance des mécanismes de notre démocratie.

Le 12 février 2017

Et si on se débouchait les oreilles?!

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Le Temps de ce 9 février – date maudite depuis 3 ans ! – explique que le Patronat a analysé l’échec de sa campagne de 2014 et que des représentants de plusieurs grandes associations économiques du Pays « ont rencontré 221 personnes – citoyens intéressés par la politique européenne de la Suisse et responsables locaux dans 13 agglomérations….ce qui amène les auteurs de l’étude à exprimer le dilemme dans lequel se trouve le Suisse en ces termes : la croissance de la population menace l’acceptation des accords bilatéraux ». Pour résoudre ou du moins contribuer à résoudre ce dilemme, les auteurs d’un rapport préconisent trois mesures générales : la principale, la plus importante, celle sur laquelle on insiste, c’est expliquer et vulgariser chacun des accords et son application ; vient ensuite l’amélioration de l’emploi des plus de 50 ans et des conditions de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle ; enfin lutter contre le terme de « masse » en matière d’immigration en se positionnant sur la thématique des réfugiés et en expliquant les différents statuts des étrangers.

Voilà un nouvel échec programmé ; ce ne sont pas les sirènes des accords bilatéraux qui sont nécessaires, c’est la restauration de la confiance dans les grandes entreprises économiques : les banques, Interpharma, Economiesuisse etc. ne jouissent d’aucune crédibilité auprès des citoyens qui ont voté oui le 9 février ; les grandes entreprises de construction, voire les grands propriétaires immobiliers (personnes morales souvent) sont sans cesse en train de tricher quand il s’agit de dumping salarial et la loi sur les marchés publics facilite les abus.

Il est urgent de restaurer un code de conduite éthique, une humanité dans les rapports de travail, une bonne foi générale qui tendent à disparaître dans les grands marchés ce dont souffrent beaucoup de nos concitoyens. Après cela, et après cela seulement, pourront venir des explications sur la portée des accords bilatéraux.

Il est urgent de se déboucher les oreilles !

Le 9 février 2017

Zéro de conduite!

Quelle mouche, Madame, vous a donc piquée, pour que vous vous conduisiez ainsi ?

Ancienne conseillère fédérale, sortie tout récemment de fonction volontairement, vous avez cru nécessaire de critiquer RIE III tout en avouant que vous ne saviez pas encore comment vous voterez. De deux choses l’une, ou bien vous considérez que RIE III est un vrai danger pour le Pays et vous sortez de votre réserve, à titre tout à fait exceptionnel, dans l’intérêt du Pays, selon vous, et vous invitez clairement à voter NON. Ou bien vous ne savez pas encore comment vous voterez et alors, vous vous taisez.

Votre intervention publique est aussi déplacée que malsaine. Vous donnez un très mauvais exemple de responsabilité politique. Quel motif avez-vous de vous conduire si mal ? Est-ce vengeance dirigée contre le camp bourgeois qui ne vous a pas demandé à genoux de rester au Conseil fédéral ? Dépit de n’avoir pas pu attacher votre nom à une loi dont vous avez, paraît-il, été l’inspiratrice de départ? A qui voulez-vous nuire ? A qui voulez-vous coucher le poil ? Il est toujours choquant et déplacé qu’un ancien conseiller fédéral prenne position contre un projet soutenu par le collège dont il a fait partie. Et surtout si c’est une affaire qu’il a connue. Vous imitez la mauvaise conduite d’un précédent conseiller fédéral du parti qui vous a reniée, vous incitez d’autres collègues à vous singer, pour soutenir, comme vous, les arguments populistes du parti socialiste ou au contraire, pour les combattre. Quelle honte, Madame ! Je vous croyais à la hauteur des institutions or vous les pourrissez.

Le 3 février 2017

Détruisez cette différence que je ne saurais voir!

« Il faut déconstruire les clichés », tel est le texte de l’un des intertitres d’un article du Nouvelliste des 28/29 janvier consacré à la nouvelle marotte des milieux pédagogiques : former les éducatrices de la petite enfance à une « éducation non sexiste ». La mode se répand, en Suisse romande en tous les cas, et nos impôts partent en fumée dans des sessions de cours auxquels doivent participer les formateurs de nos minuscules têtes blondes. Il s’agit de « déconstuire » les enfants dès leurs premiers pas.

Certes, selon l’avis exprimé par une « cheffe de projet », pour tourner le dos aux stéréotypes, « la meilleure méthode… est d’observer ses comportements, de comprendre pourquoi on les a, avant de déconstruire ces clichés développés dès l’enfance ». En soi, la démarche ne serait pas fausse si l’on voulait bien chercher réellement le fondement de certains stéréotypes; on découvrirait peut-être que le fait que les hommes et les femmes ont des caractéristiques physiques différentes (masse musculaire, souplesse du bassin, hormones, etc.) est à l’origine de certains clichés. L’honnêteté intellectuelle exige alors que l’on se demande sérieusement si la « déconstruction » est positive ou ne l’est pas. Quand on déconstruit, on laisse un trou ou des ruines. La société actuelle ne parvient pas à se remettre de la déconstruction des repères et des valeurs par le mouvement de mai 1968 qui prétendait ainsi lutter contre les maux de la seconde guerre mondiale. L’Union Européenne – imitant en cela feue l’URSS – a tellement voulu déconstruire le nationalisme qu’elle a engendré ce que l’on nomme le « populisme ». La mondialisation a tellement voulu anéantir le protectionnisme qu’elle génère une fermeture des frontières et de graves troubles sociaux, voire des suicides.

A force de déconstruire sans jamais avoir préalablement étudié quelles forces de vie pouvaient expliquer et justifier certaines différences, donc devraient être maintenues et harmonisées dans l’intérêt de tous, on prépare une société de mort où l’uniformité engendre la pensée unique, l’esprit mouton et l’esclavage pour le plus grand profit de quelques fanatiques du pouvoir.