Le terrible massacre de Charlie Hebdo avait incité à se poser la question de la liberté de l’humour. Et si la réponse était claire en ce sens que l’on peut rire de tout, en revanche, des nuances avaient été apportées par beaucoup de personnes sur deux points : il faut tenir compte de la réception par le public et de l’impact propre à l’image. C’est à ces deux points de vue que la responsabilité de l’humoriste, voire de l’artiste, est engagée.
Certaines formes d’humour sont réservées au cercle des intimes, d’autres, à un public de connaisseurs, d’autres encore au grand public. L’humoriste de talent sait faire la différence et mesure éventuellement à l’avance la réception de ses plaisanteries.
L’image peut être une agression
Mais la responsabilité est beaucoup plus grande encore quand l’humour est concrétisé par l’image.
Le texte respecte la liberté du lecteur qui peut très vite sauter des lignes, éviter un sujet, prendre de la distance par rapport à des mots.
L’image est une agression, une atteinte à la liberté du « lecteur », car il ne peut pas ne pas la voir. Il peut certes ne pas s’y attarder, tourner rapidement une page, mais il aura vu et même, parfois, aura eu le temps d’être blessé.
L’usage de l’image exige intelligence et doigté
Celui qui veut s’exprimer par l’image doit être particulièrement attentif au message qu’il veut faire passer donc au public qu’il veut atteindre. L’image-choc peut être l’indice d’une incapacité de dépasser son propres fétichisme ou sa propre idée fixe. La réaction négative en chaîne que vient de déclencher la rédaction du mensuel Réformés en publiant une photo extrêmement provocante sous prétexte “d’accueil de la Différence sexuelle” illustre cette affirmation. Celui qui manie l’image doit réfléchir deux fois avant de se croire génial ou pédagogue.