La laïcité, une maladie contagieuse

La France est malade de la laïcité. La contagion semble gagner le canton de Genève. Par bonheur, la relation Eglise/Etat est, chez nous, une question cantonale et non pas fédérale, mais les maladies ne connaissent pas de frontières. Il convient donc de réagir rapidement au « mal français » avant qu’il devienne une pandémie.

La constitution genevoise consacre le principe de la laïcité de l’Etat et précise que l’Etat observe une neutralité religieuse. Alors que la notion de neutralité religieuse de l’Etat est connue en Suisse depuis des décennies, le principe de laïcité de l’Etat, calqué sur le système français, pose, lui, de nombreuses questions d’autant plus délicates que la laïcité à la française est une forme de religion athée. Rien n’est plus intolérant que le principe de laïcité de l’Etat parce que tout évocation religieuse en public devient alors une atteinte à la majesté laïque. Le danger de communautarisme ou de sectarisme en est fortement accrû.

Le Parlement genevois peine sur une loi sur la laïcité

Protestinfo.ch nous apprend que le Parlement genevois est en train de consacrer des heures de débat à l’élaboration d’une loi sur la laïcité. Quelle peut bien être la raison de ce débat ?  On subodore que, pour certains, ce devrait être une protection contre l’islamisation de la société. Or nous affirmons qu’en réalité, c’est le plus mauvais moyen de protection, car la religion de la laïcité n’empêchera nullement l’islamisme conquérant de sévir, mais fera passer les musulmans modérés et occidentalisés pour des martyrs de la cause de leurs coreligionnaires fanatiques. En outre, la laïcité équivaut en général à ignorer voire renier l’influence du christianisme qui a fait la grandeur et la force de l’Occident. Sans christianisme (et notamment sans la réforme), pas d’égalité hommes/femmes, pas de démocratie réelle, pas de droits de l’homme, beaucoup moins de poètes, d’écrivains, de compositeurs, de peintres, de philosophes, pas de cathédrales, d’églises, de couvents qui enrichissent notre patrimoine artistique et architectural.

Être fier de la culture chrétienne

Plus que jamais, nous devons être fiers de notre culture chrétienne, sans nier que, à l’instar de toutes les cultures, elle a eu et a encore des faiblesses.

A un moment où l’Occident se pose des questions au sujet de l’influence de l’islam, de sa nature souvent politisée, voire intransigeante, de la manière de respecter la liberté religieuse d’autrui sans abdiquer la sienne, la politisation de la laïcité ne peut que favoriser l’affaiblissement, l’appauvrissement, peut-être même l’éradication d’une culture, celle de l’Occident chrétien.

A bas mai 68!

 

Y a-t-il un lien entre mai 68 et « le printemps des despotes », titre de l’éditorial de Frédéric Koller dans le Temps du 20 mars ? Formulée autrement, la question peut être : Y a-t-il un lien entre « il est interdit d’interdire » (mai 68) et « j’aime tout interdire »  (rêve du despote) ? La réponse est affirmative, parce que, dans les deux cas, cela correspond au principe : « Fais ce que voudras ». Il n’est simplement pas appliqué aux mêmes personnes !

 

L’utopie de l’abbaye de Thélème

« Fais ce que voudras », tel était le principe de l’abbaye de Thélème du Gargantua de Rabelais. Mais l’abbaye ne réunissait que des personnes – au demeurant peu nombreuses – de même éducation et culture qui respectaient spontanément les mêmes règles de politesse et de vie en société. Il n’était pas nécessaire d’y interdire quoi que ce soit parce que les normes étaient spontanément déterminées et respectées. C’était une utopie.

Mai 68 n’a évidemment rien de l’abbaye de Thélème. C’était une manifestation anarchiste de semi-rêveurs, parfois drogués, manifestation récupérée politiquement à de nombreux niveaux par des mouvements bien organisés, eux, qui savent que le sentimentalisme douçâtre (faites l’amour et non la guerre) parle agréablement aux foules. Il est aisé de domestiquer les moutons de Panurge quand on les berce d’une mièvre tendresse. Et ça a marché et ça marche encore mieux aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux.  Mai 68 avait sonné le glas de la raison pour chanter l’anarchie sentimentale ; aujourd’hui, les réseaux sociaux flattent les pulsions au détriment de la maîtrise de soi. Ces nouvelles sources de pollution répandent à la vitesse grand V les éructations les plus primitives et parfois les plus violentes qui sont très contagieuses. Le despotisme se fortifie de cette anarchie sentimentale de masse.

Une société fragilisée par les passions qui favorisent le despotisme.

Comme le dit Frédéric Lenoir, se référant à Spinoza : « Aucun régime politique, même démocratique, ne fonctionnera bien tant que les humains seront davantage mus par leurs passions que par leur raison. Tant que nous ne respecterons la loi de la cité que par peur de la punition et non par intime conviction, nos sociétés seront fragiles » (Le miracle Spinoza, p. 179). Voilà une description parfaite de notre société actuelle. Les interdictions policières et, dans certains pays, les despotes, se multiplient, au fur et à mesure que les habitants obéissent plus à leurs passions et à leurs pulsions qu’à la raison. Seule la peur du gendarme (caméras de surveillance un peu partout, multiplication des amendes d’ordre, des menaces pénales, des interdictions de toutes espèces) semble protéger chacun des déprédations et des violences.  Il est certainement encore temps de réagir, mais il faut faire vite. Si seulement Mai 2018 pouvait être l’amorce du changement !  A bas Mai 68 !

 

 

Un Synode soucieux de l’unité et de la cohésion de l’Eglise vaudoise

Réuni les 9 et 10 mars derniers le Synode (= Parlement) de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV) devait décider de la manière de répartir la diminution des postes subventionnés par l’Etat. Deux conceptions fondamentales étaient en opposition : l’une, celle du Conseil synodal (gouvernement de l’EERV)l, qui estime qu’une Eglise plus centralisée serait plus apte à faire face aux changements de la société, l’autre, celle de nombreux paroissiens qui s’étaient adressés aux membres du Synode, jugeant que les paroisses, au sein des régions, restent le noyau vital d’où l’Eglise doit rayonner « au service de tous ».

La société vaudoise n’est pas la société anglaise

Une discussion nourrie et très fraternelle a permis de développer chacune des conceptions, mettant d’ailleurs en évidence la particularité d’une Eglise traditionnellement et réglementairement presbytéro-synodale comme la nôtre, qui s’appuie premièrement sur les paroisses, éventuellement groupées dans une région, par rapport à une Eglise de type épiscopal, beaucoup plus hiérarchisée, éventuellement inspirée, même inconsciemment, du modèle anglais. En effet, le Conseil synodal a longuement étudié les œuvres d’un sociologue anglais Zygmunt Bauman dont il s’inspire abondamment. Il a d’ailleurs envoyé un pasteur en Angleterre pour voir les choses de plus près. Si l’évolution actuelle de la société est peut-être la même dans les deux cultures, anglaise et vaudoise, il est certain qu’elle ne s’opère pas à partir de la même histoire ecclésiologique ni de la même société de base. Le tempérament britannique n’est pas celui des Vaudois. C’est peut-être là que réside, même inconsciemment, la cause du profond malaise ressenti ici par la base.

Le Synode, responsable de la cohésion de l’EERV

Le Synode est chargé, selon son règlement d’organisation approuvé par le Conseil d’Etat, de « veiller à préserver l’unité et la cohésion de l’EERV ». Il a jugé que la divergence de conception ecclésiologique entre le Conseil synodal et les très nombreux paroissiens qui, par des lettres collectives, lui avaient fait connaître leur point de vue, serait à l’origine d’une fracture au sein de l’EERV si on ne demandait pas expressément au Conseil synodal de revoir ses propositions et de les adapter à notre Eglise vaudoise. Le Synode a donc refusé, par 47 voix contre 27 et 2 abstentions, d’entrer en matière sur les propositions du Conseil synodal et lui a renvoyé le dossier.

C’est peut-être une des premières fois que cela arrive, mais une église ne peut se permettre d’être divisée si elle veut rayonner, donc remplir sa mission, dans une  société toujours plus déchristianisée.

Egalité des salaires: essayer de dire quelques vérités

Une inégalité qui n’a pas d’autre motif que la différence de sexe est clairement inacceptable. Mais il faut alors être parfaitement honnête : il est impératif de cesser de présenter le pourcentage des inégalités salariales en fonction de nombreux autres critères, ce qui permet d’atteindre des différences de 16 à 19 %, pour descendre peu à peu et arriver à 6 à 7 %. Même un tel pourcentage de “vraie inégalité” est inacceptable, mais le problème, c’est qu’il est décrédibilisé par les chiffres supérieurs faux et qu’on ne sait jamais vraiment non plus comment il est calculé puisqu’on ignore quelles entreprises pratiquent l’inégalité.

Une chose est claire : ce n’est pas la formation professionnelle qui légitime une différence, mais bien le travail fourni. Un doctorat en biochimie ne justifie pas un salaire plus élevé si son porteur s’engage momentanément comme pizzaiolo pour gagner un peu d’argent que si le pizzaiolo est porteur d’un CFC. Il serait en revanche inadmissible que le pizzaiolo soit mieux payé que la pizzaiola simplement parce que c’est un homme.

Ceci posé, on doit se demander pourquoi des écarts de salaires fondés sur le sexe exclusivement subsistent si le travail fourni est le même. Des différents articles publiés dans la presse depuis la décision du conseil des Etats, il résulte que ces différences reposeraient sur un double a priori :  1) les femmes seraient plus sujettes à l’abstentionnisme que les hommes quand elles ont des charges de famille ; 2) on considère encore parfois que le salaire d’une femme est un salaire d’appoint.

 

Plus d’abstentionnisme chez les femmes que chez les hommes ?

Il est anormal de partir d’un tel a priori. Que le salaire soit éventuellement modifié par la suite à cause d’un abstentionnisme plus important constaté, c’est imaginable. Mais tout a priori de ce genre lors de la fixation du salaire, peut en outre déboucher sur une surveillance de la vie privée (avez-vous ou aurez-vous des enfants ? Comment organisez-vous votre vie de famille ?) et peut même déboucher sur une discrimination supplémentaire entre les mères et les femmes sans enfants ou ayant déjà terminé leur tâche éducative.

 

Salaire d’appoint ou selon les « besoins » présumés

Ce motif pèche par une très lourde erreur : il est le fruit empoisonné du principe marxiste « à chacun selon ses besoins ». Les entreprises qui cèderaient aujourd’hui encore à cette idée totalement fausse sont irresponsables. Non seulement le marxisme a fait la preuve de son caractère injuste et erroné, mais de surcroît l’idée est démodée car actuellement, l’indépendance et l’émancipation des femmes, même mariées, ainsi que le droit du mariage ont supprimé l’obligation exclusive d’entretien du mari.

Plutôt que de devoir se soumettre à un contrôle administratif compliqué et déresponsabilisant, les entreprises devraient avoir la fierté de montrer qu’elles ne croient pas au mensonge marxiste mais ont compris la nécessité de s’adapter à l’évolution de la société.