Egalité des salaires: essayer de dire quelques vérités

Une inégalité qui n’a pas d’autre motif que la différence de sexe est clairement inacceptable. Mais il faut alors être parfaitement honnête : il est impératif de cesser de présenter le pourcentage des inégalités salariales en fonction de nombreux autres critères, ce qui permet d’atteindre des différences de 16 à 19 %, pour descendre peu à peu et arriver à 6 à 7 %. Même un tel pourcentage de “vraie inégalité” est inacceptable, mais le problème, c’est qu’il est décrédibilisé par les chiffres supérieurs faux et qu’on ne sait jamais vraiment non plus comment il est calculé puisqu’on ignore quelles entreprises pratiquent l’inégalité.

Une chose est claire : ce n’est pas la formation professionnelle qui légitime une différence, mais bien le travail fourni. Un doctorat en biochimie ne justifie pas un salaire plus élevé si son porteur s’engage momentanément comme pizzaiolo pour gagner un peu d’argent que si le pizzaiolo est porteur d’un CFC. Il serait en revanche inadmissible que le pizzaiolo soit mieux payé que la pizzaiola simplement parce que c’est un homme.

Ceci posé, on doit se demander pourquoi des écarts de salaires fondés sur le sexe exclusivement subsistent si le travail fourni est le même. Des différents articles publiés dans la presse depuis la décision du conseil des Etats, il résulte que ces différences reposeraient sur un double a priori :  1) les femmes seraient plus sujettes à l’abstentionnisme que les hommes quand elles ont des charges de famille ; 2) on considère encore parfois que le salaire d’une femme est un salaire d’appoint.

 

Plus d’abstentionnisme chez les femmes que chez les hommes ?

Il est anormal de partir d’un tel a priori. Que le salaire soit éventuellement modifié par la suite à cause d’un abstentionnisme plus important constaté, c’est imaginable. Mais tout a priori de ce genre lors de la fixation du salaire, peut en outre déboucher sur une surveillance de la vie privée (avez-vous ou aurez-vous des enfants ? Comment organisez-vous votre vie de famille ?) et peut même déboucher sur une discrimination supplémentaire entre les mères et les femmes sans enfants ou ayant déjà terminé leur tâche éducative.

 

Salaire d’appoint ou selon les « besoins » présumés

Ce motif pèche par une très lourde erreur : il est le fruit empoisonné du principe marxiste « à chacun selon ses besoins ». Les entreprises qui cèderaient aujourd’hui encore à cette idée totalement fausse sont irresponsables. Non seulement le marxisme a fait la preuve de son caractère injuste et erroné, mais de surcroît l’idée est démodée car actuellement, l’indépendance et l’émancipation des femmes, même mariées, ainsi que le droit du mariage ont supprimé l’obligation exclusive d’entretien du mari.

Plutôt que de devoir se soumettre à un contrôle administratif compliqué et déresponsabilisant, les entreprises devraient avoir la fierté de montrer qu’elles ne croient pas au mensonge marxiste mais ont compris la nécessité de s’adapter à l’évolution de la société.

 

 

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

2 réponses à “Egalité des salaires: essayer de dire quelques vérités

  1. La disparité salariale entre les hommes et les femmes est une discrimination inadmissible qui ne relève pas du marxisme, que comme vous, Madame Sandoz, nous n’apprécions guère. Il ne faut pas se tromper de combat, les comptes-rendus du débat au Conseil des Etats démontrent que c’est la droite elle-même qui ne veut pas souscrire à une égalité de traitement ou en tout cas pas tout de suite. Parmi toutes les conséquences de ce déséquilibre, chiffré en moyenne à 600.-/mois, une des plus intolérables implique qu’au final ce sont les enfants eux-mêmes qui sont ainsi privés d’une partie du revenu légitime de leurs mères. Ce qui pour une carrière professionnelle équivaut à plus de 250’000.-, soit à peu près au coût de l’éducation d’un enfant et c’est d’autant plus inacceptable qu’il y a beaucoup de mères élevant seules leurs enfants. Néanmoins, toutes les femmes, avec ou sans enfants et dont le revenu est un salaire d’appoint ou pas, ont un droit imprescriptible et inaliénable à être traitées avec équité, ce qui même dans une société développée comme la nôtre n’est hélas toujours pas le cas. Au-delà des arguments économiques ou des relations de pouvoir, je crois que le fond du problème est plus simple. Aux Pharisiens qui lui demandaient pourquoi Moïse leur avait permis de répudier leurs femmes, Jésus répondit que c’était à cause de la dureté de leur cœur. Une réponse lumineuse susceptible de mettre très mal à l’aise même les plus machistes des hommes par rapport à tout ce qu’ils doivent aux femmes, entre autres choses notamment la plus essentielle, la vie elle-même. L’égalité salariale est une question de justice élémentaire, elle doit être accordée dans les faits et pas seulement au niveau de la loi ou des principes. Bravo Mesdames pour vous être enfin réveillées, n’ayez de cesse d’obtenir concrètement ce qui vous revient de droit !

  2. Certains, lorsqu’ils veulent noyer leur chien, disent qu’il est marxiste. Quelle étrange idée de penser que les entreprises qui payent moins leurs employées que les employés hommes s’appuieraient sur des considérations marxistes ! Tout cela pour ne pas reconnaître qu’il s’agit du sexisme le plus primitif, d’employeurs qui pour beaucoup (je n’ai pas dit la plupart, pas taper) considèrent que le rôle de la femme doit se passer à la maison auprès de la famille (les fameux 3 K). Et que si madame s’aventure hors de cette sphère, il faut la punir d’une manière ou d’une autre (la différence de salaire, les vexations, le plafond de verre, etc). Je crois qu’en fait tout cela est tristement simple, mais ne peut bien sûr pas s’énoncer clairement ; quel employeur oserait dire publiquement “non, je refuse de donner les mêmes salaires aux hommes et aux femmes, par principe, et en plus, c’est très bien comme ça parce que cela me permet de gagner plus” ! Cela passerait mal, par les temps qui courent. Par contre, un renvoi en commission par certains partis classiquement situés du côté des employeurs, c’est propre, c’est net et sans bavure, et l’on peut même dire en passant que tout cela, c’est à cause du marxisme (on se demande bien ce qu’il vient faire là (un vieux réflexe conditionné de l’auteur peut-être) en attendant de trouver une autre parade à l’occasion de la prochaine alerte ! Triste spectacle…

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