Arrêtez donc d’être méprisant!

Me Russoto, Avocat à Bruxelles, développe dans LT de ce 28 septembre sa conception de la politique européenne de la Suisse. On peut partager ou non son avis, il n’en demeure pas moins qu’îl exprime une opinion parfaitement défendable. Alors pourquoi, mais au nom du ciel pourquoi se croit-il obligé de terminer son article par ces termes : « …ceux qui ne veulent ni écouter ni voir, usant d’un arsenal de slogans insipides » ?

Combien de temps faudra-t-il encore pour qu’une certaine nomenklatura se rende compte que c’est à force d’exprimer toujours du mépris pour ceux qui ne vivent pas le marché européen comme eux qu’ils ont causé le vote du 9 février 2014 et qu’îls incitent au « populisme » ? Pourquoi ne voulez-vous pas entendre que, pour certains, la « libre circulation des personnes » n’est pas qu’un bien ? Que de fois ai-je reçu la plainte d’un Suisse parce que telle entreprise, une fois un Français engagé, n’engage plus que des Français, et il en va de même avec des Portugais ou des Italiens. Sans parler du chantage à l’employé étranger dans certains métiers. Certes, vous me direz que « ces plaintes insipides » ne sont que le reflet de l’incompétence de ceux qui se plaignent.

La même erreur avait été commise après 1992 où tous ceux qui avaient voté NON – soit la majorité des cantons et du peuple – n’étaient que des ploucs qui avançaient les yeux fixés sur leur rétroviseur !

L’Union européenne est partiellement une utopie – mais il n’y a pas d’avenir sans utopie. Elle est marquée au coin d’un sentiment presque religieux et qui ne l’adore pas est parjure ou crétin.

Comme toute institution humaine, elle a de gros défauts – notamment dans sa gestion financière, son incapacité de gérer la question des réfugiés et dans son absence de démocratie – mais elle représente aussi un espoir.

Alors respectons les avis divergents sur le sujet et essayons d’améliorer les choses plutôt que de cracher sur les « faibles ».

En avant pour le Conseil des Etats

La belle élection de M. Cassis était attendue et on s’en réjouit. Pour le PLR-Vaud, la question se pose maintenant de faire bon usage de la campagne courageuse de Mme Moret qui a joué le jeu bien qu’elle se sût d’avance perdante. Quelle meilleure candidate PLR qu’elle, en 2019, pour le Conseil des Etats ? Elle a été souvent dans les médias, son nom ne sonne pas inconnu dans le canton et il s’agira sans doute en outre de remplacer Mme Savary arrivée sauf erreur en fin de mandat selon les règles socialistes. Ajoutons qu’une candidature de Mme Moret permettrait de faciliter l’acquisition d’un siège au National pour Mme de Quattro qui a déjà annoncé sa candidature. Bref, la constellation serait idéale.

Une liste au Conseil des Etats avec deux candidats PLR au premier tour ?

Certes, il y a déjà un PLR au Conseil des Etats, mais une liste avec deux candidats PLR au premier tour à la majorité absolue, cela permet de compter ses voix ce qui est dans l’intérêt des formations politiques. Il n’est jamais choquant d’offrir un choix éventuel aux citoyens quand on l’a fait pour le Parlement même si les discussions avec d’autres partis sont un peu délicates.

Il n’y a aucun abus de la part d’un parti quel qu’il soit de présenter dans une élection populaire plus de candidats qu’il n’a lui-même de sièges à repourvoir, et ce pour deux raisons : d’une part pour que les électeurs aient un choix, d’autre part parce qu’il est légitime pour un parti de considérer qu’il doit être fortement représenté s’il veut faire passer ses valeurs. Aux électeurs ensuite d’opérer des choix et des coupes éventuelles.

La preuve par l’acte

Dans son billet de ce 12 septembre (LT), M. Philippe Nantermod s’insurge contre le fatras linguistique de deux projets de loi fédérale soumis au Parlement cet automne, la loi sur les services financiers et celle sur les établissements financiers. Il précise en outre : « Avec plein de termes techniques financiers… et des enjeux pour lesquels il faut recourir aux services d’experts afin de saisir le commencement de chaque question ».

On se rappelle qu’en 2010, le PLR avait lancé une initiative populaire fédérale intitulée « Stop à la bureaucratie », qui affirmait notamment que « Toute personne a droit à des lois compréhensibles ». L’initiative n’avait pas abouti moins sans doute parce que les citoyens rêvent de lois incompréhensibles que pour la raison – et c’était celle qui m’avait empêchée de signer – que la première tâche des parlementaires c’est précisément de veiller à la clarté des lois.

L’initiative non aboutie ajoutait aussi que chacun avait droit à ce que les lois soient « d’application simple, non bureaucratique et efficace ».

Voilà une occasion rêvée, si j’en crois les propos de M. Nantermod, pour le groupe PLR de montrer sa conviction. On attend avec impatience le débat sur les deux lois mentionnées ci-dessus et les propos musclés, y compris des candidats au Conseil fédéral, pour rétablir la clarté du texte, voire pour s’opposer fermement à ces deux lois si elles semblent d’application trop peu simple donc bureaucratique.

La preuve par l’acte ne concerne pas que les objecteurs de conscience !

En politique, qui représente quoi?

Dans un régime présidentiel, le président représente l’Etat, donc le pouvoir. Il doit être fort, puissant, aimé, populaire ! Il doit avoir un programme et faire des promesses. Un brin de culte de la personnalité n’est pas négligeable et plus ou moins discrètement recherché. Le président élu par le peuple représente en outre le peuple !

Dans un régime parlementaire à exécutif collégial, le collège exécutif incarne le pays. Il ne le représente pas, il le concrétise dans sa composition. D’où l’importance d’avoir un collège où coexistent des sensibilités, des cultures, des connaissances partisanes, professionnelles, économiques, sociales, géographiques différentes. Le pouvoir n’existe que pour l’ensemble du collège et chacun des membres représente les autres. Aucun des membres ne peut prétendre avoir un programme qu’il imposera aux autres. Cela ne signifie pas que l’intelligence et la compétence individuelles n’ont aucune importance, au contraire, mais c’est une protection par rapport à une dictature.

Un tel système n’est absolument pas médiatique et exige une véritable capacité de modestie, donc une vraie volonté de service. Voilà qui est en rupture totale d’avec la manière requise aujourd’hui, de « se vendre » sur le marché du travail. Quand je compare la formulation des lettres de candidature pour un poste de travail aujourd’hui avec le contenu des mêmes lettres il y a encore trente ans, je suis effarée. Aujourd’hui, vous devez oser dire à votre futur employeur que vous êtes le meilleur, que vous allez sauver sa firme, que vous adorez ce qu’il fait et que vous ferez encore mieux. La modestie est un défaut grave. Vous auriez l’air de ne pas croire à votre destin !

Le populisme se nourrit de narcissisme et de certitude d’être le meilleur. Il entretient l’idée d’une représentation du peuple. La médiatisation de la société favorise le populisme et menace la démocratie.

 

 

 

 

Familles atypiques et questions éthiques

Dans un article fort intéressant du 6 septembre, intitulé « Les enfants de familles atypiques vont bien », LT cite un professeur/chercheur de Cambridge selon laquelle « La qualité des relations interpersonnelles au sein d’une famille est plus importante pour le développement d’un enfant que la structure dans laquelle il grandit ». Nous sommes totalement d’accord avec cette affirmation. Un enfant peut être heureux ou malheureux aussi bien dans une famille « classique » que dans une famille atypique. Cependant, comme l’évoque, plus loin dans l’article, la spécialiste des recherches sur la famille, « les nouvelles technologies permettent de petits miracles mais elles doivent être appliquées dans un cadre contrôlé pour éviter les dérives ». Et c’est bien là qu’apparaissent les questions éthiques qui ne sont pas abordées comme telles dans l’article et qu’il convient de ne pas confondre avec le simple environnement familial.

Les quatre principaux problèmes éthiques liés aux « nouvelles technologies »

Par nouvelles technologies, il faut entendre procréation médicalement assistée, soit don de sperme, don d’ovule et mère porteuse. Que ces « nouvelles technologies » soient réunies pour un même cas ou qu’elles soient utilisées indépendamment les unes des autres, qu’elles soient utilisées par un couple hétérologue ou par une personne seule ou par un couple de même sexe, elles soulèvent chaque fois les questions éthiques suivantes :

  • Ai-je « droit » à un enfant ?
  • Ai-je le “droit” de le priver volontairement de la connaissance de ses origines ou de toute possibilité de vivre dans sa famille biologique ?
  • Ai-je le “droit” d’exiger qu’on me conçoive un enfant d’une certaine qualité ?
  • Ai-je le “droit” de faire d’un enfant un cobaye puisqu’on ne sait pas les conséquences que peut avoir, à court et à long terme, pour lui, le fait d’être le résultat d’une de ces technologies.

Poser les questions éthiques n’est pas politiquement correct

C’est considéré comme de l’obscurantisme auquel on oppose le droit d’un enfant d’être aimé et d’avoir un statut juridique. Autrement dit, on utilise l’enfant une fois né, comme otage pour justifier l’impasse sur les problèmes éthiques liés à sa conception.