La diabolique quadrature du cercle

L’approche de Noël et des vacances soumet les autorités politiques à une terrible pression. Faut-il ou non permettre l’accès aux pistes de ski ?

L’Union européenne ne saurait tolérer que la Suisse ouvre ses pistes et attire « ses » touristes.

Les milieux touristiques souhaitent soit que tout le monde gagne, soit que tout le monde perde, mais seraient furieux que seules certaines régions puissent faire des affaires.

Les milieux hospitaliers crient « au secours » : s’il faut ajouter les accidents de ski aux urgences covid, grippe et « normales » c’est l’explosion ! Outre que le personnel – insuffisant – est déjà épuisé !

Les seuls que l’on n’entend pas – alors que, d’habitude, on se prostitue pour en faire des citoyens de poids – ce sont les adolescents et les jeunes adultes qui rêvent de se défouler enfin après des mois de présence masquée aux cours, de sport en salle supprimé, de soirées « fichues », etc…

Leur interdire les pistes de ski serait évidemment d’autant plus contre-productif que le grand air et le sport ne sont pas « mauvais » pour la santé. Je n’aurais, pour les aider, qu’une seule idée : faites de la peau de phoque. Il y avait très peu de « pistes tapées » et de remonte-pentes dans ma lointaine jeunesse, mais des heures de peau de phoque. Certes, on ne faisait pas énormément de descentes le même jour, toutefois on avait les muscles chauds avant d’attaquer la piste et cela évitait peut-être des chutes et fractures.

Mais, sans rire, il ne fait pas bon être à l’exécutif en ce moment !

La Suisse attise l’appétit de Pékin

Alors profitons-en pour défendre les libertés fondamentales !

Le Temps met en gros titre, en première page : « La Suisse attise l’appétit de Pékin » et c’est parfaitement exact. En effet, on a pu lire, depuis la fin de la première vague de la pandémie, à plusieurs reprises, dans différents journaux même très locaux, des pages entières consacrées à la Chine, pages plutôt louangeuses, notamment, cela va de soi, quand elles sont payées par l’agence de presse communiste d’Etat (voir notre blog du 6 octobre).

 

Face à l’appétit chinois, que devient la fameuse clause de notre traité concernant les fonctionnaires chinois et leur liberté d’enquêter en Suisse ?

On pouvait espérer que le Parlement soulèverait cette question si infamante pour notre pays (voir notre blog du 2 septembre). Certains journaux disaient même, à l’époque, que nous avions des clauses semblables avec d’autres Etats – généralement peu démocratiques – Est-ce vrai ou non ? Qui a posé la question au Parlement fédéral? Qui a donné une réponse ? Avons-nous prolongé l’accord avec la Chine ? Avec quels autres Etats existe-t-il un accord semblable ? Un article du Temps, après la fin de la session parlementaire de septembre, dû à la plume d’une députée genevoise verte, avait évoqué le sujet, mais sans suite non plus.

 

Quelle crédibilité y a-t-il à défendre des multinationales responsables – donc prétendre faire la police chez les autres – quand on ne fait pas d’ordre chez soi ? A moins qu’on n’assimile les fonctionnaires chinois oeuvrant chez nous à ce que seraient des surveillants suisses veillant à l’étranger à la manière dont des filiales locales d’entreprises suisses y appliquent les règles suisses.

 

Quand saurons-nous enfin la vérité sur cette clause d’espionnage officiel des fonctionnaires chinois en Suisse, voire de fonctionnaires d’autres pays ? L’absence générale de curiosité sur le sujet est renversante. Je comprends l’appétit insatiable de la Chine. Elle sait avec qui elle fait affaire. Si elle est en appétit, profitons-en pour ne rien brader.

Union civile ou partenariat enregistré?

Union civile ou partenariat enregistré ?

Le Pape s’est prononcé en faveur de l’union civile entre personnes de même sexe. Ceci équivaudrait, en gros, à notre partenariat enregistré et à l’esprit qui prévalait quand on l’a introduit en droit suisse, à savoir : éviter toute confusion avec le mariage.

Pour l’Eglise catholique, le mariage est un sacrement. Ce n’est pas le cas pour les protestants. Mais pour les uns comme pour les autres, comme d’ailleurs aussi pour des générations d’êtres humains indépendamment de toute référence religieuse, le mariage est une institution en rapport avec la filiation, c’est-à-dire avec la descendance par le sang. La filiation, ce n’est pas la parentalité. La première est une continuation naturelle de l’espèce. La seconde est une manifestation d’affection protectrice envers un enfant existant. Il arrive que les deux notions coïncident et c’est évidemment ce que l’on souhaite pour tout enfant. Mais la seule affection (appelée aujourd’hui parentalité d’intention) n’a jamais suffi à la conception ni assuré la descendance.

 

L’union civile (comme le partenariat enregistré) ne concerne que deux personnes

Deux personnes adultes de même sexe peuvent décider de faire ménage commun et souhaiter conclure un contrat présumé durable dont découlent des garanties plus ou moins automatiques financières (entretien, succession, logement, assurances, éventuellement fiscalité), sociales (reconnaissance de leur union par la société), personnelles (fidélité réciproque, entraide). C’est ce que permet le partenariat enregistré en Suisse (peut-être encore à améliorer sur certains de ces points, ce n’est nullement exclu), ce que permettrait sans doute ou devrait assurer une « union civile ». On pourrait concevoir qu’une telle union – comme on pourrait aussi le concevoir pour le partenariat enregistré – soit proposée aussi bien aux couples de même sexe qu’aux couples hétéro-sexuels (= actuellement concubins), qui ne veulent pas se marier pour quelque raison que ce soit, mais réclament depuis des années une protection automatique pour leur couple. Cela équivaudrait à un contrat de ménage commun très étendu, avec effets réflexes prévus par la loi, qu’on appelle ce contrat union civile ou partenariat enregistré.

 

La spécificité du mariage, c’est le lien avec la filiation (à ne pas confondre avec la parentalité)

Pendant des siècles et actuellement encore dans bien des civilisations, le mariage n’a pas été du tout une question d’amour et le droit ne s’est d’ailleurs guère préoccupé du sentiment en matière de mariage. La raison d’être de l’institution, c’était la survie de la famille (de sang), de la race, de la société. Il était important en outre que l’on connaisse le père et la mère de l’enfant, pour des motifs variés, ce que le mariage facilite. Avec le développement du respect de l’enfant (et des moyens scientifiques de déterminer sa famille de sang) dans nos sociétés occidentales, il est également apparu que l’enfant avait le droit absolu de connaître son père et sa mère et si possible de vivre avec eux, dans un cadre stable. Le mariage, dans l’idéal, concrétise la garantie de ce droit de l’enfant. En revanche, à aucun moment le mariage ne concrétise le droit d’avoir un enfant (= droit à l’enfant), même si le développement de la procréation médicalement assistée avec don de sperme, telle qu’elle existe en Suisse, peut le faire croire. Le don de sperme réservé en Suisse à un couple marié n’a pas été pensé par le législateur comme la concrétisation d’un droit à avoir un enfant, mais comme le dernier remède encas de stérilité ou de risque de transmission d’une maladie (voir l’article 5 de la loi). L’exigence d’un couple marié doit servir le bien de l’enfant (« La procréation médicalement assistée est subordonnée au bien de l’enfant, art. 3 al. 1er ; c’est nous qui avons mis en gras).

 

Les défenseurs les plus acharnés du mariage pour tous revendiquent le droit à l’enfant par le biais du mariage

Certains milieux – toutes tendances sexuelles confondues – réclament le mariage pour tous au nom d’un droit pour tous à l’enfant (maints articles de presse – que j’ai déjà cités dans ce blog à plusieurs reprises – et maintes déclarations publiques le rappellent). Ces milieux assimilent donc le mariage à une institution conférant de par la loi un droit à l’enfant. C’est une déviation de l’institution, une consécration de la « chosification » de l’enfant. Celui qui prétend avoir droit à un enfant réduit ce dernier à un objet (forme d’esclavage), voire à un cobaye (test pour voir s’il souffre réellement dans sa vie de n’avoir pas de père ou deux pères ou pas de mère ou bien deux ou trois mères, le tout sans interruption possible de l’expérience). La tendance mondiale va certes dans ce sens avec le trafic juteux des dons de sperme, d’ovules et l’exploitation des mères porteuses. Une société est responsable du niveau de  “chosification » de ses membres.

 

La première protection contre la « chosification » des enfants est le langage

Ce ne sont pas les féministes qui vont me contredire. Or sur le sujet du langage, nous touchons au problème du « mariage pour tous ».

Union hétérosexuelle par excellence depuis des lustres, le mariage devrait brusquement devenir une union de deux personnes sans genre. Accepter ce changement de contenu d’un mot, équivaudrait à détacher l’institution de sa raison d’être millénaire : protéger la filiation par le sang. Ce n’est parce que la société a cessé – par bonheur – de maudire les enfants et les parents dits « illégitimes » qu’il faut dénaturer le mariage, ni consacrer à travers lui un droit à l’enfant.

 

Pour respecter le droit des adultes de vivre ensemble comme ils le veulent, on pourrait ouvrir le partenariat enregistré  (= union civile) à tous les couples, indépendamment de leur genre sans toucher au mariage

Le mariage, institution officielle et millénaire illustrant symboliquement le droit d’un enfant à avoir un père et une mère connus et dans toute la mesure du possible de vivre avec eux doit rester réservé aux couples hétérosexuels. Puisse le Conseil des Etats qui se penche actuellement sur le sujet pousser sa réflexion un peu plus loin que le Conseil national et avoir présent à l’esprit que le mariage comme tel concerne en fait plus l’avenir des enfants que le présent des adultes !

 

 

les Églises et la confusion entre principe et moyens

La Conférence des Évêques de Suisse, L’Église évangélique réformée de Suisse (autrefois Fédération des Églises protestantes de Suisse) recommandent de voter OUI à « l’initiative pour des entreprises responsables » (titre officiel de l’initiative) qu’elles débaptisent et appellent, on ne sait pour quelle raison, « initiative pour des multinationales responsables ». Pourquoi les milieux religieux ne souhaitent-ils pas, comme le dit l’initiative, que toutes les entreprises soient responsables et non pas seulement les multinationales, je ne le comprends pas.

Comme le disent les milieux ecclésiastiques cités ci-dessus, le but de l’initiative est d’assurer que des multinationales respectent les droits de l’homme et l’environnement, y compris à l’étranger. C’est un but auquel chacun se rallie, y compris, de leur propre aveu, le Conseil fédéral et le Parlement.

Seulement voilà, il y a divergence quant au moyen d’atteindre ce but.

L’initiative pose des principes qui devront, si elle est votée, être concrétisés dans une loi que le Conseil fédéral et le Parlement devront élaborer puis voter et qui sera naturellement soumise au délai référendaire, comme toute loi. Délai probable 2 ou 3 ans avant qu’une loi soit applicable, donc l’initiative concrétisée.

Le Conseil fédéral et le Parlement, eux, proposent à ceux qui ne voudraient pas de l’initiative un contre-projet indirect. Il s’agit d’une loi déjà prête qui va dans le sens de l’initiative mais moins loin que cette dernière, certes. Si l’initiative est rejetée, cette loi devra naturellement être soumise au délai référendaire comme toutes les lois votées par le Parlement, ainsi que le dit clairement le fascicule de vote en p. 12. Comme on ne voit guère l’intérêt d’un référendum contre la loi si l’initiative est refusée, la solution, déjà prête, pourrait entrer en vigueur dans 4 ou 5 mois.

Un même but, deux moyens différents

Comme cela résulte autant des propos du Conseil fédéral que des débats parlementaires, initiative et contre-projet indirect poursuivent le même but, mais proposent des moyens différents de l’atteindre. Que la Conférence des Évêques de Suisse et l’Église évangélique protestante de Suisse invitent les fidèles à réfléchir au but poursuivi, c’est éminemment légitime, car le respect de tous les êtres humains et de la nature est de la responsabilité de chacun dans tous les domaines de la vie y compris en économie: c’est un principe chrétien que les Églises sont pleinement compétentes à prêcher. Mais quant à choisir pour y parvenir, plutôt le moyen contenu dans l’initiative que celui du contre-projet, c’est une option exclusivement politique où la compétence ecclésiastique est banalement égale à celle de n’importe quel citoyen. Les milieux ecclésiastiques n’ont aucune autorité particulière sur ce point.

Parce que l’essentiel, la responsabilité personnelle à l’égard des autres et de la nature, est difficile à rappeler et à vivre individuellement chaque jour ces milieux se concentrent sur un accessoire abstrait et lointain qui plait a priori à beaucoup de monde car il s’impose d’abord « aux autres » ?

L’exécution capitale

M. Darius Rochebin a été exécuté soigneusement par le Temps : plusieurs pages et maints détails le 1er novembre, une nouvelle page le 2 novembre, un rappel le 3 novembre, avec d’ailleurs une mise en cause des responsables de la RTS et notamment de deux cadres mais non nommés.

Pourquoi est-ce que, dans un cas, on répète à l’envi de nom de la personne et pas dans les autres cas ?

L’anonymat d’une dénonciation publique devrait être la règle

Que des journalistes fassent une enquête on peut le concevoir. Ils ont souvent des moyens plus efficaces et rapides que la justice, notamment parce qu’à la différence de la justice ils ne respectent pas la règle selon laquelle on doit entendre aussi l’autre partie. Mais qu’ils publient des noms, jetant en pâture une personne sans lui laisser la moindre chance de se défendre, c’est vraiment révoltant. Pourquoi alors deux poids deux mesures, la condamnation irréversible dans un cas, l’anonymat dans l’autre ?

Il semblerait parfaitement possible de rendre publique une éventuelle mauvaise conduite -afin d’empêcher que la chose se reproduise – en respectant l’anonymat de l’auteur qui jouit quand même d’une présomption d’innocence jusqu’à sa condamnation.

Où est la limite entre la dénonciation courageuse du lanceur d’alerte et la vengeance ou la revanche de la jalousie ?

Jeter une personne en pâture une fois qu’elle ne peut plus se défendre et étaler dans les détails ce que d’aucuns lui reprochent – probablement à raison, mais rien n’est prouvé à ce jour pour les lecteurs – est-ce vraiment un acte courageux ?

Les pages du Temps avaient un petit relent de règlement de compte. C’est regrettable.