Pour conserver votre permis de conduire, pesez-vous tout nu!

Les joyeux septuagénaires conducteurs dont je fais partie reçoivent tous les deux ans, du Service des automobiles, l’aimable et chaleureux rappel qu’ils sont peut-être déjà en train de souffrir de la maladie d’Alzheimer ou, à ce défaut, peuvent être atteints de démence sénile. Afin de vérifier leur état de santé mentale et, accessoirement, physique (ouïe, vue, rotation du torse, de la nuque, etc…), il convient de connaître leur poids et leur taille.

Dans les ordinateurs de la Blécherette, la phrase « poids du véhicule à vide » est donc traduite, sur le formulaire destiné aux conducteurs, par un fonctionnaire spéciste sans doute, par « poids (sans vêtements) » et celle de « hauteur du véhicule sans les roues » par « taille (sans chaussures) ». Encore une chance qu’il ne faille pas joindre une photo pour prouver le respect de ces injonctions, mais cela viendra sans doute, car les ordinateurs ont parfois des fantaisies…. !
Je me suis laissé dire que les renseignements relatifs au poids et à la taille préparaient la mise en œuvre d’une prochaine directive européenne exigeant des sièges spéciaux pour conducteurs dès 70 ans, selon, précisément, le poids et la taille. Tout est possible, après tout, et prévenir vaut mieux que guérir.

 

Moi candidat, je téléphone n’importe où

S’il faut en croire la chronique de M. Derder dans Le Temps du 15 septembre, les élus fédéraux téléphonent même dans la salle des Conseils, pendant les débats. Est-ce une plaisanterie ou bien les élus sont-ils vraiment assez mal élevés, imbus d’eux-mêmes, et indifférents à la chose publique pour coller leur petite oreille à leur petit téléphone dans la salle où ils devraient s’occuper des affaires du pays et non pas de leur petite personne ? Si c’est vrai, alors on comprend mieux que la Télévision ait intitulé l’émission de présentation des candidats aux élections fédérales, « moicandidat.ch ». En effet, en singeant la tirade des « moi président » du candidat Hollande, elle présume l’incompétence et la fatuité des candidats.

Yannick Buttet, CVP-VS, spricht am Telefon, in der Wandelhalle des Nationalrats, am Donnerstag, 20. Maerz 2014 an der Fruehlingssession der Eidgenoessischen Raete in Bern. (KEYSTONE/Alessandro della Valle)
Dans la salle des pas perdus, oui, mais pas dans les salles du Parlement! (Keystone)

Une question de respect

Peut-être qu’un journaliste plus malicieux que les autres dressera tout prochainement la liste des élus actuels vus dans la salle d’un des Conseils en train de téléphoner pendant les débats. Cela permettrait de savoir qui ne pas réélire. Et puis, pendant la campagne, plutôt que de provoquer les promesses folles de certains candidats, on pourrait simplement leur proposer de s’engager, s’ils sont élus, à ne pas téléphoner dans une salle des Conseils pendant les débats. Après tout, s’assurer de la capacité d’un candidat à respecter et la personne qui préside et aussi ses électeurs, ce ne doit pas être contraire à la démocratie.

un test de courage politique pour les nouveaux élus

Si l’initiative populaire fédérale pour la souveraineté alimentaire publiée dans la Feuille fédérale du 30 septembre 2014 parvient à récolter les 100.000 signatures nécessaires d’ici au 30 mars 2016, dernier délai, les parlementaires élus cet automne auront l’occasion de tester leur courage politique en la déclarant nulle pour défaut d’unité de la matière.

Un vice évident
Rarement vice aura été plus évident. Le texte propose en effet d’introduire dans la constitution fédérale un nouvel article 104c, comportant au minimum 10 buts totalement différents les uns des autres, tels, par exemple, que : un approvisionnement indigène en denrées alimentaires prépondérant, mais ménageant simultanément des ressources naturelles, une augmentation du nombre d’actifs dans l’agriculture, la garantie du droit à l’utilisation, à la multiplication, à l’échange et à la commercialisation des semences par les paysans, l’interdiction des organismes génétiquement modifiés, la création d’organisations paysannes, le développement des échanges commerciaux directs entre paysans et consommateurs, l’harmonisation des conditions de travail des salariés agricoles au niveau fédéral, le prélèvement de droits de douane sur les produits agricoles, la régulation des volumes d’importation, l’interdiction de subventions à l’exportation de produits agricoles, etc…
On ne saurait trouver meilleure illustration d’un texte incompatible avec la règle de l’unité de la matière, ce qui est peut-être dommage car toutes les idées ne sont pas mauvaises. Mais au cas où les malheureux initiants auraient pris l’avis d’un juriste, on peut évidemment leur signaler que ce n’était probablement pas le bon !

Les candidats aux élections d’octobre auront-ils du courage ?
La dérive des droits politiques est un phénomène inquiétant car c’est une menace considérable de la démocratie. Espérons que les parlementaires élus en octobre seront à la hauteur de la tâche qui les attend. On pourrait concevoir de leur poser la question pendant la campagne, à moins que les auteurs de l’initiative n’aient – pris d’un sursaut de lucidité – décidé de retirer prochainement leur texte et de renoncer à poursuivre la récolte de signatures.

11 septembre 2015 Suzette Sandoz

Daech est en train de gagner, en Europe aussi

Avec la question des réfugiés – vrais déportés de Syrie – Daech atteint magnifiquement son but de déstabilisation de l’Europe. Le Temps du 7 septembre nous informe que M. Levrat demande de geler les paiement à la Hongrie pour la punir de son mauvais accueil des réfugiés, et nous lisons aussi que l’Allemagne de l’Est est plus sceptique devant l’accueil des réfugiés et que les partis politiques allemands ne réagissent pas tous de la même manière. L’Union chrétienne-sociale de Bavière est hostile, par exemple, à la politique d’accueil de la Chancelière.

Le retournement de l’histoire

On sait en outre que l’Italie et la Grèce sont irritées de l’absence de politique commune européenne en matière d’accueil, défaut qui les laisse seules devant une tâche immense. Bref, le torchon brûle et entre les pays d’Europe et peut-être au sein du seul pays fort, soit l’Allemagne. De son côté le président français semble, lui, plutôt un va-t-en guerre qui reproche aux autres pays de ne pas vouloir intervenir sur le terrain, soit en Syrie, pays qu’il va faire « survoler » à des fins de surveillance.

Et pendant ce temps, Daech obtient en outre ce résultat extraordinaire du point de vue de la propagande : l’Allemagne, où le national socialisme des années 39-45 voulait éradiquer les Juifs, accueille à bras ouverts aujourd’hui des milliers de musulmans et se réjouit ainsi de se « déculpabiliser ». L’histoire a d’étranges retournements.

Combien de temps serons-nous encore aveugles ? Daech est en train de gagner.

 

Manque-t-on vraiment de femmes au Parlement fédéral?

A chaque époque électorale est entonnée la même antienne : il faut plus de femmes sur les listes, il faut voter femmes, et les mouvements féministes se mettent en branle.

Les partis politiques sont évidemment les premiers concernés puisqu’ils doivent constituer leurs listes de candidats. Certaines années, on voit fleurir, sous une même couleur, une liste « hommes », une liste « femmes », une liste « jeunes », ou une liste de candidats de quelque autre spécificité. De savants calculs permettent de penser que cela augmente les chances de succès du parti concerné.

A notre avis, cela dénote d’abord l’incapacité d’avoir une notion d’ensemble en politique, puisqu’il faut pratiquer une sorte de communautarisme du sexe, de l’âge ou de la passion pour arriver à « s’en sortir ». Je déteste cette forme de ségrégation électorale qui équivaut en fait à refiler aux citoyens le soin, à la place des assemblées des partis, d’opérer le choix des candidats, en nombre légalement limité, à mettre sur une seule liste claire. C’est incontestablement une déresponsabilisation des partis et une perte de capacité d’affronter la dure règle de l’échec électoral.

Pour avoir vécu des assemblées générales de désignation de candidats de tous âges, de toutes professions et des deux sexes (sur une liste unique), je sais ce que signifie le choix de l’assemblée quand il y a plus de candidats que de sièges. Ce choix est une épreuve pour le ou les candidats non désignés mais aussi pour le parti qui devra sans doute réparer des « pots cassés » et guérir des susceptibilités froissées quand celles-ci ne deviennent pas alors, par dépit parfois, des transfuges vers d’autres formations politiques.

Mais revenons aux femmes.

Parlons clairement ! Il est difficile d’être épouse, mère de famille d’enfants mineurs, d’exercer une activité professionnelle et d’y ajouter un mandat politique. Certes, les grands-parents peuvent être mis à contribution, mais ils ne sont pas toujours disponibles ou présents et – entre nous – ils peuvent parfois avoir envie de faire autre chose que de recommencer le travail déjà accompli avec leurs propres enfants. Quant aux crèches, à ma connaissance, on n’y reste que de jour!
Hé bien, direz-vous, avec l’égalité, que les maris prennent leur part au lieu de se consacrer à cent pour-cent à leur activité professionnelle, voire à leur(s) mandat(s) politique(s). Les choses ne sont peut-être pas aussi simples que cela. Certaines activités professionnelles impliquent des déplacements, voyages, une disponibilité particulière etc… Et tous les hommes n’ont pas encore pris l’habitude de choisir leur profession en fonction de l’activité politique éventuelle de leur future épouse. Alors que, on le sait, un certain nombre de femmes se préoccupent aujourd’hui encore de la manière dont, en cas de mariage, elles pourraient concilier ne fût-ce que vie de famille et carrière professionnelle et, de ce fait, excluent un mandat politique. Leur choix est d’autant plus honorable qu’elles déchargent peut-être ainsi la société de la charge de s’occuper partiellement de leurs éventuels enfants.

Alors pour conclure…
Il est excellent et souhaitable qu’il y ait des femmes aux Chambres fédérales, et dans tous les partis, car elles apportent la manière de voir les choses et de réagir propre à une moitié de la population. Mais foin du fétichisme du nombre ! Celui-ci n’a jamais garanti ni la qualité ni l’efficacité. La réalité le prouve !