De l’influence et du financement des partis politiques

Dans les Etats démocratiques où la liberté d’opinion permet d’avoir une variété de partis politiques participant librement à la formation de l’opinion et aux élections, l’influence de ces partis peut être considérable.

Une influence électorale et médiatique, donc un pouvoir

Dans la mesure où ils soutiennent un ou des candidats lors des élections, les partis se procurent un accès au pouvoir.

En outre, à notre époque où la publicité et la visibilité médiatiques en général sont des moyens considérables d’influencer l’opinion, donc d’exercer un pouvoir sur les avis des personnes à travers les sentiments plus que par les idées, les partis politiques cherchent à s’assurer la meilleure couverture médiatique possible.

 

Campagnes électorales et couverture médiatique coûtent de plus en plus cher

Pour financer leur accès au pouvoir, les partis vont devoir récolter des fonds. Les candidats eux-mêmes sont d’ailleurs censés également faire ce genre de recherche – ce qui, entre nous, développe entre eux une atmosphère de concurrence commerciale extrêmement antipathique et peu favorable à l’esprit de service public. Chacun, parti et candidat, court « pour soi » afin de récolter le maximum de moyens financiers.

 

Si l’argent permet aux partis et aux candidats d’accéder au pouvoir puis de l’exercer, il peut être nécessaire de savoir d’où il vient

Il est légitime que des citoyens veuillent savoir d’où proviennent les fonds qui ont permis à leurs élus d’exercer le pouvoir. La nature humaine étant ce qu’elle est, il y a toujours un risque que celui qui paie souhaite tirer quelques avantages de son financement. En politique, ce risque est d’autant plus grand que le pouvoir acquis est plus considérable. Et pour cela, il importe de savoir qui exerce le pouvoir et quel pouvoir.

 

En Suisse, le pouvoir est extrêmement morcelé grâce au fédéralisme et au système collégial.

Quand on parle de pouvoir, il ne s’agit évidemment que du pouvoir de l’exécutif. Le législatif n’a pas de grands pouvoirs, en Suisse en tous les cas, à cause du droit de référendum qui représente incontestablement un frein au pouvoir parlementaire.

Mais l’exécutif lui-même n’a qu’un pouvoir restreint. D’abord, sur le plan fédéral, l’élection des conseillers fédéraux par le Parlement et non par le peuple est une première cause (bienvenue) d’affaiblissement du pouvoir en particulier d’ailleurs parce que cela supprime considérablement l’influence médiatique. En outre, la nature collégiale et le panachage politiques du Conseil fédéral freinent considérablement le pouvoir personnel.

L’existence ensuite des cantons et de leur propre exécutif, même si, malheureusement, l’indépendance des cantons s’amenuise, représente une fragmentation géographique et politique du pouvoir des exécutifs. Si l’on peut toujours déplorer – c’est mon cas – l’élection de l’exécutif cantonal ou communal par le peuple, car une telle élection confère beaucoup d’influence aux médias -la nature collégiale reste heureusement un excellent garde-fou.

 

En Suisse, le risque que le financement des partis ou des candidats limite leur liberté et les soumette à influence est donc bien moindre que lorsque l’élection concerne un président ou un chancelier très puissant, ayant besoin en outre d’une majorité pour gouverner.

Dans ces cas-là, il est indispensable de savoir qui a financé les élections car la personne élue et le ou les partis sur lesquels elle s’appuie ont un pouvoir très étendu. Cette différence d’avec le système suisse explique que nous n’ayons pas éprouvé et n’éprouvions pas forcément le besoin, en Suisse, d’enquêter sur le financement des partis. Nous ne sommes pas « meilleurs » au plan humain, nous sommes simplement différents.

 

Le cas particulier du financement du « sommet du climat »

D’aucuns se sont étonnés, voire fâchés que je puisse m’interroger sur l’origine du financement et de la planification du mouvement des 450 jeunes réunis à Lausanne la semaine dernière. Il faut se rendre compte que ce mouvement est constitué de personnes venues de 38 pays européens et cherche à exercer une influence médiatique avec des conséquences politiques. On a pu se rendre compte du poids de ce mouvement dans la presse, sur les écrans et aux réactions des responsables de partis et des candidats aux élections fédérales de cet automne. Il est donc parfaitement normal de se demander qui finance ou pilote un mouvement qui n’a aucun caractère « officiel » et qui prétend à une influence politique européenne, voire mondiale, depuis la plateforme helvétique.

Qui finance l’enthousiasme des 450 jeunes Européens réunis à Lausanne?

450 jeunes « de toute l’Europe » sont réunis à Lausanne depuis lundi dernier, donc pendant cinq jours. Ils sont tantôt appelés « grévistes du climat », tantôt désignés sous le vocable « sommet du climat ». Côté « grévistes », on ne sait pas très bien de quelle « grève » il peut s’agir puisque ce sont les vacances. Grève des vacances ? Pourquoi pas !

Côté « sommet », il me semble que c’est la base qui réagit mais une toute petite base : 450 personnes de toute l’Europe.

Cela dit, il est parfaitement compréhensible que des jeunes s’enthousiasment et se passionnent pour une cause et notamment celle du climat. Mais pour réunir, loger, nourrir 450 jeunes, il faut bien payer quelque chose. Qui finance une telle réunion et dans quel but ? Il est aussi légitime de se poser cette question que de se demander qui finance les partis politiques.

Qui a assuré l’organisation de cette rencontre ? Les simples réseaux sociaux suffisent pour provoquer un rassemblement d’un jour ou de quelques heures dans une ville. Mais pour assurer l’accueil, plusieurs jours de suite, de 450 personnes, il faut une vraie organisation avec des relais. Quelle est-elle ? Est-ce le GIEC ? Est-ce la famille de Greta Thunberg ? Qui organisera la réunion prévue du 20 au 27 septembre prochain au moment où le GIEC étudiera le rôle des océans sur le climat ?

Sachant la difficulté que représente la conclusion d’un accord international sur les mesures à prendre pour lutter contre le dérangement climatique mais aussi la charge considérable lancée contre les méthodes agricoles et alimentaires par certains milieux et notamment le GIEC, on aimerait vraiment savoir qui pilote le mouvement. C’est juste une question de transparence !