Il est parfaitement légitime que le Conseil fédéral ait commandé à l’avance assez de doses de vaccin pour pouvoir faire face aux besoins éventuels de la population. Le principe de précaution implique que l’on prenne le risque de faire des dépenses éventuellement inutiles – donc du gaspillage – afin d’éviter les conséquences d’une catastrophe possible, mais non pas certaine.
On aurait souhaité que le principe de précaution soit aussi appliqué en matière de politique hospitalière. Cela aurait permis d’éviter de paralyser tout un pays avec les effets collatéraux terribles que l’on sait, car il n’eût pas été nécessaire alors de tout bloquer « pour éviter la surcharge des hôpitaux », comme on a pu l’entendre et le lire depuis deux ans. La politique hospitalière doit être revue complètement à l’avenir, sous l’angle du principe de précaution.
Mais en l’espèce, si le Conseil fédéral a commandé trop de doses de vaccin, on ne saurait lui en tenir rigueur. Il a probablement écouté les conseils des scientifiques et on lui serait tombé dessus s’il n’en avait pas commandé assez.
Les doses commandées en trop appellent toutefois quelques considérations
- On ne saurait évidemment maintenir la pression vaccinatoire simplement pour « ne pas gaspiller des doses ».
- Il est hors de question de raccourcir brusquement la durée du certificat sanitaire de 12 à 9 mois pour faire consommer une 3e dose, alors d‘une part qu’on sait que ces doses ne sont pas adaptées à Omicron, d’autre part que le certificat est presque sur le point d’être supprimé.
- Il est également hors de question de maintenir le certificat afin « d’exercer une certaine pression sur les personnes non vaccinées pour qu’elles se fassent vacciner », comme semble le souhaiter M. Uldrych Günthard, infectiologue à l’hôpital universitaire de ZH, ou afin de « protéger le système de santé » ainsi que le dit M. Lukas Engelberg, président des directeurs de la santé, tous deux cités dans Watson.ch, le 21-01-22, sous la rubrique « Le certificat covid a-t-il encore lieu d’être, l’avis de trois experts ».
La balle est maintenant dans le camp du Conseil fédéral
« Les évidences épidémiologiques et médicales vont toutes dans le même sens. Ceci ne veut pas dire que c’est anodin. La grippe et autres virus respiratoires saturent nos hôpitaux chaque hiver. Mais il n’y aurait alors a priori pas de raison d’appliquer des mesures différentes pour omicron que pour des virus comme la grippe…. » dit Mme Valérie d’Acremont, infectiologue à Unisanté à Lausanne, citée par lecourrier.ch du 26.01.2022 et qui ajoute : « ..si tout cela se confirme, tout le reste pourrait tomber. Nous n’avons jamais mis en place de telles mesures pour les autres virus dont nous acceptions la circulation. La conséquence serait que le certificat Covid tombe aussi, mais il s’agit là d’une décision politique ». (c’est moi qui ai mis en gras).