Les médias raffolent des gifles démocratiques ! Il faut et il suffit, pour cela, qu’un personnage politique, si possible un conseiller fédéral ou une autorité, éventuellement un parti, voire la personne qui le préside soient considérés comme perdants lors d’une votation. Un cas récent pour exemple : « l’UDC giflée sur l’identité nationale » titrait Le Temps du 14 février après l’acceptation par le peuple et les cantons de la naturalisation facilitée de la 3e génération.
Comment s’assurer d’avoir une éventuelle victime ?
Le truc est simple : attribuer par exemple une loi ou un texte constitutionnel à un conseiller fédéral. Si le texte est refusé, on pourra dire que son auteur a été « giflé ». Si le texte est accepté, ce sera alors l’occasion d’encenser la même personne, si elle est de gauche, d’affirmer que beaucoup d’argent a été mis dans une campagne « populiste » si elle est de droite.
Quelles sont les prochaines têtes de turc éventuelles ?
Vous l’avez déjà deviné : en mai, ce sera Mme Leuthard pour la loi sur l’énergie (et c’est l’UDC qui ramassera les coups si le texte est voté !). En septembre, ce sera M. Berset, en ce qui concerne la révision de l’AVS (d’où les hésitations de la gauche sur le sujet, car il faut un peu soutenir les copains). On pourra heureusement tomber à bras raccourcis sur des membres du PLR et de l’UDC si la révision ne passe pas ! Il y aura donc de bonnes têtes de Turc.
Et si on remplaçait la démocratie des gifles par une réflexion politique ?
Pourquoi cet acharnement à gifler ? Il suffirait de comprendre enfin que les votations fédérales ne portent jamais directement sur un texte du Conseil fédéral ni d’un conseiller fédéral comme tel, puisqu’il faut toujours une intervention du Parlement qui a parfois fortement modifié le texte original.
Il suffirait aussi de se rappeler que la majorité est une simple règle d’ordre démocratique. Elle ne garantit pas que le résultat est le meilleur ni qu’il concrétise forcément des fins punitives de la part des votants. Elle permet de clore momentanément un débat, sans grève ni émeute, et n’empêche pas de remettre, si nécessaire, l’ouvrage sur le métier. Les opinions exprimées pendant la campagne sont quelquefois éclairantes.
En s’obstinant à attribuer un texte ou le résultat d’un vote à une personne, ou à un parti, on substitue un combat de coqs à l’exercice d’un droit démocratique pacificateur.
Le 29 mars 2017