Une neutralité utile en politique étrangère exige autant de force de caractère que d’intelligence

La terrible attaque de l’Ukraine met le Conseil fédéral à rude épreuve

Toujours incomprise des Etats européens, la neutralité de notre pays est difficilement compatible avec la mode actuelle de la moralisation et des insultes en politique.

La moralisation veut que l’on condamne, que l’on s’insurge, que l’on punisse.

Les insultes sont évidemment l’apogée de cette moralisation, car on va traiter l’une ou l’autre des parties à un conflit de tous les noms d’oiseau.

L’Etat neutre qui doit pouvoir, envers et contre tout, servir de pont crédible  entre des belligérants, leur offrir un espace où conclure éventuellement un cesser le feu, voire un traité de paix, bref, maintenir toujours une chance pour un règlement pacifique doit se retenir de céder au sentimentalisme, au paternalisme et aux rodomontades.

L’Union européenne roule les mécaniques en activant des sanctions

On a malheureusement déjà constaté l’inefficacité des sanctions en Iran, en Afghanistan, sinon pour la population qui, elle, en souffre réellement, ce dont un régime national totalitaire se fiche parfaitement.  Face à un Etat aussi puissant que la Russie les sanctions risquent d’avoir le même effet.

Que penser des sanctions dirigées contre M. Poutine lui-même ou contre les personnes qui dépendent directement de lui ou lui sont liées personnellement ? Sera-t-il possible ensuite de favoriser des pourparlers en étant crédible et sans que l’une ou l’autre des parties ait « perdu la face » ? La situation est d’autant plus délicate que les sanctions pourraient avoir des effets boomerang ?

 

Avoir assez de force de caractère et d’intelligence

Pour un pays neutre, comment ne pas céder à la tentation de punir la Russie et M. Poutine en s’associant à la sanction imposée par l’UE sans avoir l’air de « profiter » d’une situation spéciale ? Comment manifester son désaccord avec l’invasion russe et son respect de la souveraineté ukrainienne sans se joindre au chœur américano-européen ? Comment résister à la pression de l’UE qui réclame une preuve de « solidarité », alors que le problème n’est pas là. Le seul vrai problème est de tout mettre en œuvre pour que la guerre puisse prendre fin le plus rapidement possible avant que la maladie belliqueuse ne devienne une pandémie !

Puisse le Conseil fédéral trouver la force de caractère et l’intelligence nécessaires pour que la neutralité en politique étrangère de notre pays soit utile à la paix !

 

 

 

 

 

A Munich, l’Union européenne a peut-être raté une occasion d’éviter la guerre en Ukraine

La 58e Conférence de Munich sur la sécurité s’est tenue à Munich du 18 au 20 février 2022, à un moment où le monde est confronté à de sérieux défis sécuritaires, en particulier à celui de l’Ukraine. 

La faute au test sanitaire?

Selon les informations fournies par Google, la Conférence réunit au moins une trentaine de chefs d’Etat et de nombreux participants de la plus haute importance. Les Etats-Unis y avaient dépêché, cette année, leur Vice-Présidente ainsi que leur Secrétaire d’Etat ; l’ONU était représenté par M. Guterres, l’OTAN, par son chef, M. Stoltenberg, la Commission européenne par sa Présidente, Mme von der Leyen, l’Ukraine, par son Président, M. Zelensky. M. Poutine avait décliné l’invitation et aucun participant russe n’était attendu. Alors que l’Ukraine allait naturellement être au centre des débats, on ne peut que regretter naturellement l’absence de toute personnalité russe à cette Conférence sur la sécurité. Google ne nous dit pas la cause de cette absence, mais le Temps, oui (22.02.2022, p. 2 sous la plume de M. François Nordmann, article intitulé « A Munich, l’Europe affiche sa fermeté ») ; on peut lire en effet ces termes : « L’Ukraine a dominé l’agenda de la conférence de même que les nombreuses rencontres bilatérales. Ce n’était pas le lieu de la diplomatie, les invités de la Fédération de Russie ayant dû renoncer à se rendre à Munich faute de se soumettre au test sanitaire » (c’est moi qui mets en gras).

Que le refus du test ait été un prétexte côté russe, on ne saurait l’exclure, mais que, côté européen, l’exigence du test – principe de précaution sanitaire – ait pu paraître plus importante qu’une chance supplémentaire éventuelle de rencontre et de discussion avec des représentants russes, afin d’éviter la guerre, l’esprit humain se refuse à l’admettre.

Le discours de Mme von der Layen

A cette espèce de « vexation sanitaire » infligée à la Russie s’est ajouté le discours de Mme von der Leyen (téléchargeable en français ou en anglais sur google) lors de la remise d’un prix à M Stoltenberg, Chef de l’Otan, qui a « porté le flambeau de cette alliance unique » (sic). Non contente d’énoncer toutes les sanctions possibles contre la Russie si cette dernière envahissait l’Ukraine – ce qui pouvait se concevoir – la Présidente de la Commission a profité de rappeler l’importance de l’OTAN,  d’évoquer toutes les qualités démocratiques de l’Ukraine et toutes les activités et intensions perverses de la Russie, éventuellement avec son allié chinois. Voilà certainement ce qui est peu recommandé quand on en est encore à espérer une issue diplomatique. La Russie n’était pas représentée à Munich, mais le discours de Mme von der Leyen n’était pas secret !!!!!

Ce n’est pas de la fermeté que l’Union européenne a affiché à Munich, c’est une grande maladresse qui a peut-être précipité les événements terrifiants déclenchés aujourd’hui à l’Est de l’Europe.

 

 

La protection de la santé, une nouvelle forme de pouvoir?

Dans son excellent éditorial du Temps du jeudi 20 janvier 2022, éditorial intitulé « Le test covid, bien plus puissant que les ministres et les patrons », Monsieur Richard Werly aborde un sujet qui mérite réflexion. Il termine son texte en ces termes : « … aujourd’hui bien plus puissant que les ministres ou les patrons, c’est le test covid qui bat la mesure de nos sociétés au nom du principe de précaution. On peut le comprendre, mais il nous faut aussi ouvrir les yeux : une telle situation n’est pas tenable dans la durée. Car cette précaution-là est tout… sauf rassurante pour notre modèle de société ».

Ayant partie liée avec le test covid, c’est évidemment le pass covid qui est aussi concerné, pass heureusement mis en veilleuse dans notre pays – et dans quelques autres – grâce à la sagesse des autorités fédérales notamment, mais seulement mis en veilleuse, car la protection de la santé pourrait le remettre à l’honneur  puisqu’il est de toute manière encore à la mode pour les voyages dans certains pays.

Or le gros problème des tests aussi bien que des pass, c’est l’usage qui en est fait. Ils peuvent justifier une surveillance, facilitée par la technique.  Le monde numérique est un monde d’interdépendance et de surveillance au nom de la simplification et de la protection. Qui dit « protection » dit « bonnes intentions », « bienfaisance », donc endormissement confiant des « protégés ». Et c’est là que la mise en garde de M. Werly prend tout son sens.

Jusqu’où le devoir constitutionnel de protection des habitants par les autorités politiques et le légitime désir d’être protégés de la part des mêmes habitants confèrent-ils les pleins pouvoirs de surveillance aux gouvernants au point de porter lourdement atteinte à la liberté d’aller et venir, d’exercer sa profession, de se cultiver, de se réunir, d’avoir une vie de famille, de pratiquer une religion, de consentir ou non à des soins médicaux, au point de porter atteinte à l’égalité devant la loi et à la participation à la vie publique ? Quel degré de danger justifie de tels pouvoirs ?

C’est la question fondamentale qu’il faut commencer à étudier maintenant déjà et toutes ces prochaines semaines, pour profiter de la lourde expérience vécue depuis deux ans. Il faut tenter de se mettre d’accord sur la définition de la santé d’une population donc sur la notion de « santé publique ». Il faut déterminer quels en sont les éléments constitutifs et quelle est la part d’impondérable lié à la nature humaine, cette part qui échappe et doit continuer d’échapper à la rigidité de vérités scientifiques dites indiscutables, presque sanctifiées par une technologie fascinante. La véritable guérison ne sera-t-elle pas l’acceptation et le respect de l’existence de  “l’inconnu humain », indéfinissable, plus grand toujours que la sécurité scientifico-technique ? C’est cet « inconnu » qui résiste aux excès du pouvoir, quel qu’en soit le motif !

 

 

 

Deux tentatives de révolution sociologique fondamentale échouées

Ce sont des NON généreux (plus de 70 % dans chaque cas) qui ont sanctionné l’antispécisme de l’initiative populaire fédérale concernant l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine et de l’initiative bâloise sur l’octroi d’un droit de l’homme aux primates. On ne peut que s’en réjouir.

En effet, les deux objets proposaient plus un renversement sociologique fondamental qu’une protection (compréhensible) des animaux.

La constitution fédérale actuelle comporte un article 80 sur la protection des animaux, un art. 118 b relatif à la recherche sur l’être humain et un art. 120 consacré au génie génétique dans le domaine non humain. Distinction est toujours faite entre les humains et les animaux. Les uns et les autres ayant droit à des égards et à du respect, mais à des niveaux un peu différents ; les lois d’application des articles constitutionnels mentionnés sont d’ailleurs parfaitement distinctes les unes des autres.

Les initiants bâlois comme les initiants sur le plan fédéral allaient en fait, sous un couvert généreux, bouleverser un ordre fondamental

La chose était visible dans l’initiative bâloise – au point d’ailleurs que le vote intéressait l’opinion mondiale, à en croire la presse – mais l’initiative fédérale était – si vous me le permettez – plus « vicieuse ». Celle-ci mettait hommes et animaux dans le même sac (« expérimentation animale et humaine »); en fait, elle plaçait l’humain après l’animal dans son titre, mais aussi, parfois, dans son texte         [« intérêt global et prépondérant du sujet (animal ou humain) concerné”] ». Cette étrange démarche des initiants sur le pan fédéral explique peut-être pourquoi leur initiative n’a pas été soutenue par les associations de protection des animaux qui ne sont de loin pas toutes religieusement antispécistes.

Personne n’a, à  ma connaissance, relevé pendant la campagne, cette étrangeté de l’initiative fédérale

La particularité avait-elle réellement échappé à chacun ou bien les opposants ne désiraient-ils pas aborder un vrai débat de société ? J’opterais pour la seconde hypothèse tant il est vrai que le fait de débattre des problèmes fondamentaux terrorise le monde politique. On l’a vu à propos du mariage pour tous et de la fécondation par don de sperme pour les lesbiennes, pour la loi récente sur le changement de sexe à l’état civil. On le verra peut-être prochainement avec le don d’ovule et les mères porteuses pour les couples d’hommes. On s’étale sur les sentiments, on évite les valeurs.

Mais les passionnés de l’IA (intelligence augmentée) ne s’embarrassent pas des problèmes philosophiques et éthiques.

Trois questions préalables à l vaccination ou à la 3e dose

La Confédération consulte actuellement les cantons au sujet de la suppression du pass covid qui -indépendamment du risque d’atteinte à la protection des données – constitue une incitation à la vaccination. La décision pourrait être liée à la réponse aux trois questions suivantes :

  • La souche de Wuham circule-t-elle toujours en Suisse ?
  • Le delta circule-t-il toujours en Suisse ?
  • Omicron – dont le vaccin n’empêche ni la transmission ni le fait d’en tomber malade – induit-il un covid long semblable à celui qu’entraînent parfois les deux autres souches ?

Une réponse négative aux trois questions rendrait inutile toute vaccination (y compris 3e dose), même celle des personnes à risque et à plus forte raison le maintien du pass covid.