Le “lever du drapeau”: une honte?!

L’école de police de Savatan accueille non seulement les futurs policiers vaudois et valaisans, mais aussi, depuis 4 ans, ceux de Genève. Et depuis lors, les critiques fusent. Un des reproches – genevois – à ladite école, est son côté « militariste » et en particulier la pratique du « lever du drapeau » et du « salut au drapeau ».

On sait de longue date l’esprit antimilitariste de beaucoup de Genevois, la difficulté que des policiers genevois ont encore et ont toujours eue à collaborer avec l’armée lorsque celle-ci est chargée officiellement, par exemple, d’assurer la sécurité de l’aéroport lors de visites de chefs d’Etat ou de participants à des conférences internationales. On constate d’ailleurs périodiquement la grogne de la police genevoise contre ses propres autorités. On pouvait donc s’attendre que la discipline de l’école de police de Savatan soit parfois mal vécue par quelques petits élèves genevois. Mais de là à critiquer le « lever » du drapeau et le salut au drapeau, on croit rêver.

Doit-on vraiment détester le drapeau de son canton et de son pays pour être un bon policier ?

Qui déteste l’emblème de la communauté dans laquelle il vit et qu’il est censé protéger ou aider par son activité professionnelle ne peut pas respecter les personnes qui y vivent et qui la composent. Il ne peut pas être loyal envers les autorités avec lesquelles il travaille et qui assurent la gestion de cette même communauté. Il manque probablement du sens de la solidarité nécessaire à sa fonction, souffre d’égocentrisme et d’un narcissisme encore très juvénile. Il ne faut pas confondre le symbole d’un lien social – par exemple le drapeau – avec la marque d’un nationalisme étroit. On sait bien que tout symbole peut toujours être mal interprété par des esprits dévoyés, mais on pourrait attendre de futurs policiers qu’ils sachent dépasser l’étroitesse d’esprit d’adolescents ignares.

Faut-il interdire l’humour?

Faut-il interdire l’humour ?

Ainsi donc, M. Gad Elmaleh est accusé de racisme à cause d’un sketch sur Les Chinois (LT du 25.04., p. 2). Je n’ai pas vu le sketch et je ne trouve pas forcément M. Gad Elmaleh spirituel ni drôle, mais cette information pose à nouveau la rude question de la liberté et des limites de l’humour.

Chacun sait les rires que déclenchent les plaisanteries sur les Belges, les Genevois, les Vaudois, les Suisses allemands, les Ecossais et pourquoi ne pourrait-on pas rire, in casu, des Chinois ? 

On peut rire les uns des autres mais au sein de la même ethnie

C’est peut-être là que réside la réponse. On peut se moquer entre cultures à condition d’être de la même couleur (ethnie ? race ? On ne sait plus quel terme utiliser pour être politiquement correct). On peut éventuellement dépasser cette limite si l’on se gausse d’une personnalité politique – la politique concerne toutes les ethnies. Mais sitôt qu’un trait d’humour (en particulier public) vise une autre ethnie que celle à laquelle appartient l’humoriste, attention, l’accusation de racisme menace. Cet humour-là serait-il réservé aux seules personnes génétiquement métissées ?

La globalisation nuit-elle à l’humour ?

La question mérite d’être posée. Tout se sait partout et tout de suite et les susceptibilités sont exacerbées par l’histoire, par les difficultés et les différences économiques, religieuses, sociales etc… L’humoriste doit donc tourner sa langue ou sa plume 777 fois avant de lâcher quelque plaisanterie que ce soit et vérifier qu’elle ne risque pas de froisser un groupe spécifique de personnes. On se rappelle qu’en plein essor communiste, un petit ouvrage bourré d’humour circulait sous le manteau et assurait la survie de ceux que le régime paralysait d’interdictions. Ce fascicule était intitulé : « Le communisme est-il soluble dans l’alcool ?».

On aurait envie d’écrire aujourd’hui un nouvel ouvrage intitulé « La globalisation est-elle soluble dans l’humour ?» Mais ce serait trop dangereux.

 

 

 

Sexisme et inégalité: par pitié, cessez cette complainte!

Combien de temps encore faudra-t-il lire ce mensonge, cette malhonnêteté, qui consiste à affirmer sans rougir que « les femmes suisses gagnent toujours en moyenne 18 % de moins que les hommes » ? (voir LT du 24 avril, p. 10).

Ce pourcentage ne concerne pas une inégalité de salaire, c’est-à-dire une violation du principe « à travail égal salaire égal », mais est la résultante de plusieurs variables (ex. : pourcentage du temps partiel, pourcentage des postes cadres ; pourcentage de la formation professionnelle longue, etc…). Cette méthode profondément malhonnête nuit aux femmes car la réalité des différences salariales purement sexistes donc inadmissibles (au pire, probablement, de 7%) n’est pas prise au sérieux.

 

Le problème de la maternité : Dans l’article cité plus haut, on peut lire que « la parentalité n’a pas le même impact sur la carrière des femmes que sur celle des hommes ». C’est d’autant plus vrai qu’à mon souvenir la grossesse n’est pas l’état d’un homme mais celui d’une femme, que c’est plutôt rare qu’un homme allaite et qu’il y a incontestablement entre un enfant et sa mère un lien de nature charnelle différent de celui existant avec le père. Je dis bien de « nature charnelle » et non pas « affective ». Ce lien unit de manière très particulière l’enfant à sa mère ce qui explique que, pour bien des femmes, la maternité soit difficile à concilier avec un travail professionnel très absorbant, voire soit moins importante même qu’une carrière.

 

La faute aux femmes ! Toujours en parcourant l’article du Temps, j’y apprends que « les comportements négatifs de certaines femmes aux postes à haute responsabilité envers les jeunes femmes… peuvent créer des obstacles pour la carrière des jeunes femmes ». Je pourrais citer un certain nombre de cas dans lesquels on observe un phénomène identique chez les hommes ; la volonté de « rester le chef » ou « l’unique » ou « le seul en son genre » a causé certaines scènes dont je garde un souvenir vivace !

 

Comme je me réjouis que Le Temps tourne le disque de l’égalité pour faire l’apogée des différences, que l’on arrête d’obliger les femmes à se couler dans le moule des hommes pour atteindre l’« égalité », que l’on reconnaisse enfin la valeur et la richesse de leurs spécificités. La véritable égalité n’est possible que dans le respect et la valorisation des différences.

 

 

 

Enfants et profession: briser les mythes

L’article que Le Temps du 17 avril consacre à Mme Kristine Braden, directrice générale de la banque Citi, a pour titre une citation de l’héroïne, à savoir : « Ici, en Suisse, on dirait presque que les femmes doivent renoncer à avoir des enfants pour faire une carrière. Mais c’est un choix horrible ». Et la journaliste d’expliquer que Mme Braben s’était mariée à 23 ans, installée à Hong Kong où elle est restée dix ans et a adopté deux enfants chinois avant de passer quatre ans aux Philippines. C’est alors qu’on peut lire la petite phrase : « Son mari, qui a choisi d’être infirmier en pédiatrie plutôt que médecin <<pour passer plus de temps avec les enfants>>, trouve du travail partout, mais c’est lui qui s’arrête de travailler lorsque les enfants arrivent ».

Il est bon que l’un ou l’autre des parents au moins consacre du temps à ses enfants : le passage ci-dessus aurait dû justifier un titre différent pour l’article, à savoir : « avoir des enfants, c’est, pour l’un ou l’autre des parents, renoncer à un certain moment à une carrière ». Pourquoi ne pas le dire, les enfants ne sont pas des œufs que l’on pond pour les faire couver par d’autres. Et les enfants demandent une certaine disponibilité des parents. Quand ils ont le bonheur d’avoir un père et une mère, on peut souhaiter que ceux-ci se mettent d’accord sur la manière de libérer de la disponibilité pour leurs enfants. La réalité veut toutefois, c’est vrai, que ce soient surtout les femmes qui s’organisent aux dépens éventuellement d’une carrière et ce, pour plusieurs raisons dont simplement le fait, parfois, que l’instinct maternel est encore plus fort que toute aspiration au succès professionnel.

Briser les mythes et encourager la réinsertion professionnelle : ce n’est pas le congé parental qui assure la disponibilité des parents pour l’éducation de leurs enfants, c’est l’état d’esprit d’une société par rapport à l’enfant. Notre société tend à considérer l’enfant comme une menace pour la carrière des femmes ou comme une preuve de  « surcapacité ». Il vaudrait beaucoup mieux oser dire qu’un enfant exige du temps de la part de ses parents, un temps que la mode actuelle aime mieux payer à des tiers (mamans de jour, crèches ou devoirs surveillés) que de voir les parents le donner. Si la société était respectueuse des enfants autant que des adultes, elle favoriserait avant tout la réinsertion professionnelle de celui ou ceux des parents qui auraient à un certain moment de leur vie, choisi l’éducation de leur enfant plutôt que le succès professionnel immédiat ; ces parents-là ont de ce fait acquis une expérience de vie, de patience, de capacité d’adaptation et d’organisation valant beaucoup d’années d’activité professionnelle lucrative. Mais il faudrait pour cela considérer les enfants comme des personnes et non pas surtout comme des preuves de succès féminin quand ils sont des ajouts à la carrière!

 

 

Le Conseil d’Etat vaudois atteint du syndrome du KGB

Qu’arrive-t-il au Conseil d’Etat vaudois ?

Comment expliquer qu’un article paru dans un journal d’Outre-Sarine déclenche le syndrome du KGB au sein du collège gouvernemental vaudois qui se targuait jusqu’alors d’une belle harmonie ?

Et à quoi pourrait bien servir cette fouille des numéros de téléphone ?

Fouille-t-on aussi les messages ? Va-t-on mettre des micros sous les sièges des voitures des conseillers d’Etat ? Ou des GPS cachés pour pouvoir suivre leurs déplacements ?

En fait, la seule chose intéressante serait de savoir d’où viennent d’éventuelles fuites : quelqu’un avait-il laissé son téléphone ouvert par mégarde pendant les discussions au sein du collège ?

Les fuites sont un véritable fléau car elles tuent toute confiance. L’auteur éventuel de telles trahisons devrait toujours être sévèrement puni. Aucun droit à l’information n’en justifie l’accomplissement. Que l’on se méfie aussi du syndrome du lanceur d’alerte !

Après tout, il n’y a peut-être pas que dans les classes d’école que l’on devrait interdire les smartphones, i-phones et toute espèces de phones !

Si l’affaire Broulis pouvait avoir pour conséquence, non pas le développement du syndrome du KGB, mais le renoncement systématique à garder son téléphone portable sur soi quand on est en réunion, ce serait un bienfait public. Personne n’a besoin d’être l’esclave de celui qui veut l’appeler quand ça lui plait, où ça lui plait. Et pour un conseiller d’Etat qui pourrait devoir intervenir d’urgence, un appel à son secrétariat devrait permettre à un de ses « fidèles » de venir immédiatement l’avertir. Autrefois, c’était suffisant et il n’y a pas eu de catastrophe que je sache !

 

 

 

 

 

Suisse à vendre si elle trouve un acheteur

L’affaire des remontées mécaniques du domaine skiable de Montana-Crans est révélatrice. Quand une entreprise suisse – ici les remontées mécaniques – est très majoritairement en mains étrangères (si l’on en croit les nouvelles télévisées du 4 avril au soir), les règles du jeu ne sont plus les mêmes. Peu importe à un propriétaire étranger la renommée d’une région, voire d’un pays, peu importe l’atteinte catastrophique à une image, on n’hésite pas à recourir au système analogue à celui des grèves les pires, prenant d’ailleurs sans hésiter en otage les malheureux usagers et vacanciers. Ce n’est pas une méthode helvétique.

On ne peut en outre que s’émerveiller de la naïveté des autorités communales qui croient qu’on peut discuter avec des propriétaires étrangers comme avec des propriétaires suisses alors que les intérêts des uns et des autres sont bien différents. Le milliardaire domicilié à l’étranger n’est pas concerné par l’avenir de l’entreprise suisse dans laquelle il a été heureux de planquer son argent à un moment donné. Cela ne représente pour lui qu’une broutille et il se sait bien plus fort que les petites autorités locales dont le budget équivaut peut-être à peine à une fraction de sa fortune.

L’affaire très malheureuse de Montana-Crans illustre deux constats : 1) Il ne faut pas vendre son pays à des promoteurs ou des acheteurs étrangers ; 2) Avec la globalisation et la libre circulation notamment des capitaux, l’économie est plus forte que la politique et elle menace de gagner la guerre sans se soucier le moins du monde des dégâts collatéraux.

Voter, c’est oser choisir!

« Je veux les deux »

C’est en ces termes qu’une affiche placardée au bord de nos rues vante une assurance qui permet aux personnes intéressées de ne pas choisir !

« La grandeur de l’homme, c’est d’être capable de faire des choix »

Cette autre vision de l’homme, c’est celle de Thierry Magnin, prêtre et recteur de l’université catholique de Lyon, exprimée dans Le Temps du 31 mars, sous le titre « Il faut réfléchir à un nouvel humanisme »

Voilà deux conceptions bien différentes de l’être humain. La première est infantile. La seconde mise sur l’éducation qui conduit peu à peu l’être humain hors de l’enfance et lui permet de parvenir au stade où il est capable de choisir, c’est-à-dire d’apprécier les conséquences de ses actes, de régler sa conduite en fonction de cette appréciation et d’en assumer les conséquences.

La politique nous ennuie

Le numéro des 28/29 mars de Lausanne Cités contenait un article intitulé « encourager les jeunes à voter… un vrai défi ! » qui se terminait ainsi : « Bref, en 2018, voter, c’est un truc de vieux », et Yves Petitgnat, dans le Temps du 31 mars, y allait d’un petit couplet sur « Les cantons nous ennuient », et se demandait « comment relancer l’intérêt pour la politique régionale et cantonale auprès des nouveaux électeurs ? »

A quoi peuvent bien servir l’école en général et l’instruction civique en particulier ?

Certes, les moyens techniques changent et l’adaptation à l’environnement numérique pose à l’école des problèmes pédagogiques considérables. Mais la meilleure manière de libérer les jeunes de l’esclavage de la publicité que la toile favorise en flattant les faibles, les narcissiques, les vaniteux et les envieux, c’est de fortifier leur capacité de choisir et leur envie de le faire. La formation civique devrait enseigner l’importance de cette aptitude, la chance que représente notre démocratie semi-directe pour la pratique de cette capacité. Que raconte-t-on aux adolescents pendant les cours d’instruction civique pour que voter leur paraisse un « truc de vieux » et pour que les cantons les ennuient ? Et qu’est-ce que c’est que ces petits minets que ça ennuie de voter par bulletin papier alors que les vieux – dont je suis – s’habituent à internet, aux SMS, aux smartphones, à un environnement où les gens se promènent avec des fils blancs qui leur sortent des oreilles ou avec des casques pour ne pas entendre les bruits de la vie autour d’eux? On se demande parfois qui sont les vrais croulants !

La démocratie est le type de régime politique qui exige des choix donc des citoyens adultes

C’est le fin moment de secouer un peu le cocotier car l’infantilisme des citoyens pourrait sonner le glas de la démocratie.