Infra-Rouge du 15 mars 2023: zéro de déontologie

« L’affaire Dittli », selon la terminologie consacrée, était le sujet de l’émission d’Infra-Rouge hier soir. Elle a porté exclusivement sur la question du domicile fiscal de la conseillère d’Etat, problème dont la solution est l’objet actuellement d’une étude juridique demandée par le Conseil d’Etat lui-même. Il n’y avait donc pas à en discuter maintenant sur la place publique. Et cela d’autant moins que la nécessaire distinction entre le domicile fiscal, le domicile politique et le domicile civil, délicate entre toutes, y compris pour des juristes, était abordée par des personnes totalement incompétentes.

Sans se soucier des remarques pertinentes de M. Passer à propos du domicile fiscal, les détracteurs de la conseillère d’Etat agitaient avec délectation sous le nez des contribuables vaudois l’encensoir au parfum d’argent présumé « subtilisé ». Odeur d’argent : présomption irréfragable de culpabilité pour la gauche. Elle oublie allègrement, cette gauche, sa tricherie juridique en matière de  domicile politique et civil (mais pas fiscal) grâce à laquelle elle avait fait élire,  dans les années 90, au  Conseil fédéral, comme candidate socialiste domiciliée à Genève, une personne domiciliée à Berne. C’est en vain qu’un des participants à Infra-Rouge a essayé de rappeler ce précédent historique. Il n’avait pas à être entendu, évidemment.

La curée dans l’ignorance était totale malgré l’équilibre numérique des pour et des contre. Une vraie honte du point de vue éthique et déontologique.

 

La lourde responsabilité morale de l’Occident

On le lisait ou l’entendait depuis des mois, la guerre en Ukraine est une véritable boucherie. Que les deux protagonistes, l’attaquant russe et l’attaqué ukrainien, soient acharnés, chacun peut le comprendre intellectuellement bien qu’on ait peine à concevoir que des chefs d’Etat puissent se soucier si peu de la vie de leurs concitoyens, mais que d’autres Etats osent, sous le couvert d’une aide à la défense de leurs « valeurs », favoriser l’escalade de la tuerie au lieu de peser de tout leur poids pour trouver une solution au moins de cessez-le-feu, c’est totalement incompréhensible.

Après la lecture du Temps du samedi 11 mars (p. 4), où, sous le titre « Nous sommes des morts-vivants », on découvre les souffrances indescriptibles des soldats ukrainiens, on peut affirmer que les USA et les pays de l’UE sont irresponsables s’ils n’entreprennent pas immédiatement toutes les démarches imaginables pour mettre fin à cet abominable conflit. Ces démarches doivent évidemment s’accompagner d’une cessation des livraisons d’armes.

Peut-être pourraient-ils même, ces Etats qui se vantent – et que d’aucuns flattent – d’être « le Bien », s’approcher de la Chine (alliée de ce que d’aucuns appellent « le Mal », soit la Russie) et de la Turquie (habile diplomate en cette affaire) pour faire cause commune en vue de pousser les deux belligérants à chercher une issue à leur guerre.

M. Poutine et M. Zelensky sont maintenant, chacun, prisonniers de leur personnage.  C’est à leurs alliés respectifs de s’unir pour les aider à sauver la face. Difficile, certes, après toutes les injures que des chefs d’Etat se sont jetées à la tête au nom de leurs « valeurs ».

Nicolas de Flue est mort depuis longtemps, hélas ! Mais rien n’interdit les miracles !

La vérité, toute la vérité, rien que la vérité, vite (suite)

Etudiés de plus près, les deux « scandales » de Seegräben (ZH) et Windisch (AG) n’ont pas vraiment la portée que la presse semble leur accorder. Nous avons essayé d’y voir plus clair.

  • A Seegräben, il s’agit en réalité, selon le Blick du 25 février dernier, du cas d’un homme seul vivant depuis 2007 avec ses chats et sa tortue dans une maison de 5,5 pièces, avec un jardin, une cave et un grenier, le tout appartenant à la Commune. Avant de mettre fin au bail pour loger des réfugiés ou requérants d’asile, encore inconnus, y compris en ce qui concerne leur nationalité, la Commune aurait reçu le locataire lors d’un entretien personnel où la situation lui aurait été expliquée. Le locataire en question aurait parfaitement bien compris le problème et accepté la décision de la Commune, même s’il dit regretter de devoir quitter cette maison, où ses deux enfants avaient grandi et où ils ont encore chacun sa chambre. On ne précise pas l’âge des enfants, mais vu qu’il y a 16 ans déjà que leur père occupe la maison, et qu’ils y ont grandi, on peut supposer qu’ils ne sont pas loin de l’âge adulte.

Le locataire congédié préciserait n’avoir aucun ressentiment à l’égard des réfugiés qui lui succéderont, quels qu’ils soient.

Le moins que l’on puisse dire est que l’affaire ne mérite pas d’indignation et qu’une récupération pour en faire un casus belli friserait la mauvaise foi.

  • A Windisch, la situation est nettement plus compliquée et engendre un malaise parce qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a eu une sorte de récupération partisane à des fins politiques d’une situation mal gérée.

En combinant les récits du Blick (28.02.23 et 02.03.23), du Temps (01.03.23), de Watson (du 01.03.2023) et du Matin Dimanche (02.03.23), on croit comprendre le déroulement suivant :

La société privée propriétaire des immeubles à évacuer aurait – avec l’accord du Canton ? – écrit aux locataires une lettre de résiliation non motivée, et, selon elle, à seule fin de raser les logements vétustes et d’en construire de neufs. Cette société aurait dit au Canton qu’elle tiendrait ses immeubles vides à sa disposition pour en faire un centre de  réfugiés.  La Présidente de la Commune aurait eu vent de cela et publié un communiqué disant : « Afin de pouvoir accueillir les demandeurs d’asile, le propriétaire a résilié fin juin le bail des 49 locataires précédents » puis se serait excusée de cette erreur auprès du Canton – à qui elle reproche d’avoir mal communiqué. Le service social du canton, de son côté, serait parti du principe que les logements concernés étaient principalement des studios avec un délai de résiliation de 30 jours et n’aurait pas eu conscience qu’il s’agissait aussi de grands appartements avec familles. Il aurait d’ailleurs été induit en erreur par les réponses de l’ancien propriétaire des immeubles avec qui il avait pris contact. Le chef du département cantonal responsable de la gestion des réfugiés semble s’en être remis à son service social.

Négligence coupable ? Double langage ? C’est la « bouteille à l’encre » qui, telle que présentée dans la presse, ressemble à une sorte de « récupération politique et partisane » du malaise à l’égard de la politique d’asile fédérale et de la manière de transférer les charges d’accueil sur les cantons et, par les cantons sur les communes. Le hasard veut que la Présidente du conseil communal et le chef du Département soient tous deux UDC, que le président tessinois du parti UDC s’en soit aussi mêlé en dénonçant la politique fédérale d’accueil des réfugiés et que le tout se greffe sur une situation toute récente d’expulsion en Allemagne, pays dont s’inspire volontiers la Suisse allemande.

Dans la réalité, il s’agit probablement d’un banal licenciement justifiant éventuellement une procédure normale d’opposition et non pas du tout d’une scandaleuse mise à la rue d’honnêtes citoyens pour loger des réfugiés. Une presse professionnelle pourrait contribuer à calmer le jeu en enquêtant sur les faits réels plutôt que de laisser couver l’idée d’un scandale dans le domaine éminemment explosif du nombre actuel considérable de réfugiés.

 

 

Toute la vérité, rien que la vérité, et vite!

L’affaire des expulsions de locataires au profit de requérants d’asile est une véritable bombe politique.

Le Temps de ce 1er mars y consacre (p. 6) un article intitulé « cacophonie migratoire en Suisse alémanique » où l’explication des faits selon les dires des Communes concernées est assez incompréhensible.

Le sujet de l’émigration et de l’asile est un sujet explosif ; la haine couve malheureusement toujours sous la cendre. Il est absolument indispensable que les situations évoquées dans la presse ou toute autre situation semblable soient très clairement expliquées et sans délai. S’il y a eu des erreurs de gestion des patrimoines immobiliers de la part de communes ou des ordres peu clairs de la Confédération, ou quelque « fausse manœuvre » dans des exécutions, TOUT doit être mis sur la table. La confiance en les autorités, l’évitement d’une montée de la haine xénophobe, l’apaisement d’une inquiétude sociale cause de désordres graves dépendent d’une explication complète, franche et immédiate.