Dans un petit pays comme le nôtre, on se demande sérieusement à quoi peut bien servir le service civil, en dehors des cas – assez peu nombreux – de vrai conflit de conscience, sinon à créer une inégalité flagrante entre ceux qui font du service militaire et ceux qui accomplissent un service civil. Je n’évoquerai même pas les conditions générales de confort assurées aux civilistes par comparaison avec l’inconfort habituel de la vie militaire, confort qui n’est pas réellement compensé par la durée du service civil. Mais il convient en revanche de se demander quel est le service rendu à la communauté et qui ne pourrait pas l’être par une personne engagée normalement et travaillant pour gagner sa vie. Que vont faire les civilistes dans les écoles, selon la décision récente du Parlement ? Assurer une surveillance permettant d’éviter de poser des caméras dans les préaux ? Expliquer aux enfants pourquoi l’armée est indispensable?
Si l’on peut concevoir à la rigueur l’aide apportée par des civilistes dans des EMS, des hôpitaux ou des prisons, pour autant qu’ils soient formés à accomplir correctement les actes nécessaires et n’occupent pas des places de travail, en revanche, on ne voit pas pourquoi ils seraient affectés, par exemple, pour les juristes, à la rédaction des recours pour des associations de protection de la nature ou des animaux. La Confédération n’a pas pour mission d’offrir à bas prix des employés supplémentaires à des associations privées, fussent-elles d’intérêt public. De quel droit soutiendrait-elle plutôt telle association privée que telle autre ?
En toute franchise, en dehors de travaux de nettoyage des forêts, des pâturages, éventuellement des places de fêtes ou de camping après les gens du voyages ou les romanichels, on peine à trouver une utilité quelconque au service civil. Peut-être un encadrement des réfugiés dans les camps ou centres d’accueil ?
Et surtout, qu’on n’envisage pas de service civil à l’étranger ! On sait la planque que représente, en France, le service civil dans les DOMTOM.
Décidément, dans un petit pays, dont l’armée de milice n’a qu’un rôle défensif, on se demande à quoi peut bien servir le service civil, sinon assurer une immense inégalité entre ceux qui remplissent leurs obligations militaires et ceux qui s’y refusent, sans que l’on exige encore un réel conflit de conscience.
Le 26 décembre 2015