La clause inapplicable

La petite comédie des chaises musicales que vient de vivre le Parti socialiste vaudois est la preuve que des statuts d’association, voire des règlements contiennent parfois une clause d’intention inapplicable : la limitation du nombre des mandats exercés successivement par la même personne.

L’attrape-jeunes

Afin que les membres plus jeunes d’un parti politique ne craignent pas de voir leur ascension vers le pouvoir bloquée par quelque éléphant, tel ou tel parti prévoit dans ses statuts une clause limitative du nombre (souvent deux) de mêmes mandats successifs pouvant être assumés par une même personne. Les statuts les plus futuristes envisagent la possibilité du vote d’une exception par une assemblée générale.

 

Les joyeuses exceptions

On se souvient qu’en 2017, sauf erreur, le Parti socialiste avait autorisé M. Maillard, alors conseiller d’Etat vaudois, à déroger aux statuts et à se représenter une nouvelle fois aux élections cantonales, mais avait refusé cette faveur à Mme Lyon (égalité ! égalité !).

Le même Parti socialiste vient de voter pour la 2e (seconde ?) fois une exception en faveur de M. Nordmann, afin qu’il puisse se présenter à un 5e mandat au Conseil national en 2023, alors qu’il ne pouvait plus viser qu’une place aux Conseil des Etats, place précisément convoitée par M. Maillard, son collègue de parti (copain ? Pas copain ?). Pour de nouveaux candidats éventuels, vous repasserez en 2027…  à  moins que l’un des deux « rivaux » n’ait été élu entre-temps au Conseil fédéral ; cela libérerait un siège pour un vient-ensuite au Conseil national, voire ouvrirait un nouveau scrutin pour le Conseil des Etats (pour autant que les deux candidats « rivaux » aient été préalablement élus dans ces Chambres). Bon ! Calcul, calcul !

Et dire que le PLR genevois ou suisse – je ne sais plus – songeait à introduire dans ses statuts une clause anti-éléphant semblable à celle du Parti socialiste !

 

Même l’église tombe dans le piège

Les églises ne sont que des institutions humaines et par conséquent faillibles. L’EERV (Eglise évangélique réformée du canton de Vaud) comportait, dans son règlement ecclésiastique démocratiquement voté le 6 juin 2009 par son Synode (= son Parlement), une clause (art. 157 al. 4) précisant à propos de la personne présidant son Parlement (le Synode) : « Le Président n’est pas immédiatement rééligible ». Le 3 novembre 2018, vu le risque de ne pas trouver de nouvelle personne pour présider le Synode à élire en 2019, la disposition réglementaire a été modifiée démocratiquement pour devenir : « “Le président n’est immédiatement rééligible qu’une fois ». Le Synode a donc pu réélire en juin 2019 la personne qui l’avait présidé (au demeurant excellemment, il faut le dire) depuis 2014.

Je me demande si, en vue des élections de 2024, le Synode modifiera démocratiquement son art. 157 al. 4 pour en faire la clause suivante : « Le président est exceptionnellement rééligible deux fois ».

 

Après tout, comme dit l’Ecclésiaste : « Rien de nouveau sous le soleil ».

 

 

 

 

 

Les populations civiles sacrifiées par leurs dirigeants

Combien de morts et de réfugiés les sanctions européennes ont-elles évités ?

Combien de morts et de réfugiés les livraisons d’armes ou promesses de livraison d’armes à l’Ukraine ont-elles épargnés ?

Dans quelle mesure l’attitude des Etats-Unis et de l’Union européenne face à l‘Ukraine et à la Russie contribue-t-elle à accélérer ou à faciliter la paix ?

Quel prix social et économique les responsables politiques européens et américains ont-ils prévu de faire payer à leur propre population et peut-être à la population mondiale pour assurer le triomphe de leur vision politique ?

Certes, l’entrée des troupes russes en Ukraine est une violation du droit international, certes, on comprend l’appel à l’aide de M. Zelensky, mais le rôle d’une puissance comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, sa fidèle suivante, ou comme l’Union européenne, est-il vraiment de jeter de l’huile sur le feu au détriment de l’avenir de leur propre population et de celle de tous les Etats touchés de près ou de loin par les conséquences du conflit ? A quel moment pourront-elles, ces puissances, changer de cap et plaider de manière crédible pour le silence des canons ? L’orgueil occidental et états-unien est aussi mortel que celui reproché à M. Poutine. Et les hommes publics ou politiques continuent de faire croire aux populations qu’il s’agit d’un combat décisif entre le mal (la Russie) et le bien (l‘Ukraine et l’Occident).

Je déteste le régime politique de M. Poutine, je ne connais pas bien celui de M. Zelensky et je ne suis pas convaincue que l’Occident soit encore fidèle à ses valeurs de liberté au sortir de la pandémie. Laissons tomber les rodomontades et mettons toutes les forces en jeu pour la paix.

 

Toute vérité n’est pas bonne à dire sur la place publique

« Eviter l’humiliation de la Russie ».

Cette petite phrase de M. Macron a suscité un véritable tollé. Oser se préoccuper de ne pas « humilier » la Russie alors qu’elle « humilie » le peuple ukrainien en violant militairement son territoire, quelle gaffe !

L’histoire – par exemple le traité de Versailles – a pourtant montré que toute paix dont le but est entre autres d’humilier l’ennemi n’est qu’une interruption de guerre avant la vengeance de cet ennemi et que la diplomatie ne peut être efficace que si aucune des parties ne « perd la face ».

La diplomatie requiert une totale discrétion. La place publique ne s’y prête pas. L’ennui, c’est que le diplomate le plus efficace – donc le plus discret – ne sera pas forcément porté aux nues ni même vraiment reconnu, sinon peut-être après sa mort. Un diplomate en période électorale n’est pas forcément attiré par la discrétion et même s’il a parfaitement raison quand il défend la nécessité de ne pas humilier quelque partie que ce soit – y compris celle qui a déclaré la guerre – afin d’obtenir un résultat, il doit œuvrer dans le silence.

Malheureusement, cette guerre de propagande distille des appels à la haine sur les places publiques, dans les journaux, sur les écrans de télévision, sur les réseaux. Cette manière de faire contribue à prolonger le massacre et la souffrance de milliers d’innocents et de patriotes.

Merci au Conseil fédéral de ne pas livrer d’armes à l’Ukraine

Il n’y a pas, en ce moment, en Europe, un affrontement entre le Mal (la Russie) et le Bien (l’Ukraine), il y a une guerre avec des milliers de morts, des milliers de blessés, des millions de réfugiés chassés de chez eux, des milliers de prisonniers dont le sort est probablement terrible, des milliers de veuves et d’orphelins, de sans-abris ou de futurs sans-abris quand ces malheureux regagneront leur ville détruite, et là au milieu, deux chefs de guerre à l’ego surdimensionné, et des chefs d’Etat européens et américain – avec le même ego – qui livrent des armes et assurent ainsi la prolongation du conflit et des souffrances, tout en affirmant qu’ils ne font pas la guerre à la Russie aux côtés de l’Ukraine.

Des chefs d’Etat responsables – qui représentent, entre l’Europe et les Etats-Unis, une force de persuasion considérable – devraient consacrer toutes leurs forces, toute leur énergie, toute leur intelligence à essayer de trouver une voie pour la paix. Mais non ! On entretient la guerre. On roule les mécaniques tout en disant : « J’ai rien fait…. » comme l’enfant surpris en train de désobéir.

Merci au Conseil fédéral de résister à la pression des uns et des autres et de refuser de livrer des armes pour que d’autres se fassent tuer en Ukraine et que le monde occidental sombre peu à peu dans une folie destructrice.