Dans son article du Matin Dimanche du 3 décembre dernier, M. Lionel Baier, commentant l’affaire Buttet, constate que : « Dans une société devenue ultraconservatrice, les électeurs traquent chez ceux qu’ils ont élus la probité à laquelle il se sont ou ont été soumis ».
On a quelque peine à suivre le raisonnement.
En réalité, la société n’est pas devenue ultraconservatrice, mais au contraire tellement laxiste, individualiste et vulgaire qu’il n’y a plus que la dénonciation pour essayer de sauver le respect de la personne et de soi-même qu’enseignait autrefois la politesse, éventuellement aussi le christianisme. En fait, la société est devenue ultra-dénonciatrice.
Quelques exemples ? Comme un nombre important de personnes trichent avec le tri des déchets, les sacs poubelles sont ouverts et fouillés afin de découvrir le nom d’éventuels tricheurs et de les dénoncer.
Comme des personnes se conduisent de plus en plus mal dans les trains ou les lieux publics, il faut des caméras capables de dénoncer les coupables.
Vu les abus de toutes espèces commis dans certaines entreprises, on crée la notion de « lanceurs d’alerte », et on protège, voire – en matière fiscale internationale notamment ! – on soudoie leur délation.
Et d’aucuns proposent systématiquement d’enrichir le code pénal de quelques nouvelles infractions que l’éducation moyenne rendait jusqu’alors inutiles.
Il ne s’agit pas de croire ni de prétendre que tout était parfait autrefois et que tout est devenu affreux. Non ! En revanche, on doit constater que plus une société se montre « permissive » et prétendument « ouverte à tout » plus elle doit se protéger des abus en devenant policière.
Le devoir de délation serait-il la règle de politesse des sociétés laxistes ?