Une société ultra-dénonciatrice

Dans son article du Matin Dimanche du 3 décembre dernier, M. Lionel Baier, commentant l’affaire Buttet, constate que : « Dans une société devenue ultraconservatrice, les électeurs traquent chez ceux qu’ils ont élus la probité à laquelle il se sont ou ont été soumis ».

On a quelque peine à suivre le raisonnement.

En réalité, la société n’est pas devenue ultraconservatrice, mais au contraire tellement laxiste, individualiste et vulgaire qu’il n’y a plus que la dénonciation pour essayer de sauver le respect de la personne et de soi-même qu’enseignait autrefois la politesse, éventuellement aussi le christianisme. En fait, la société est devenue ultra-dénonciatrice.

Quelques exemples ? Comme un nombre important de personnes trichent avec le tri des déchets, les sacs poubelles sont ouverts et fouillés afin de découvrir le nom d’éventuels tricheurs et de les dénoncer.

Comme des personnes se conduisent de plus en plus mal dans les trains ou les lieux publics, il faut des caméras capables de dénoncer les coupables.

Vu les abus de toutes espèces commis dans certaines entreprises, on crée la notion de « lanceurs d’alerte », et on protège, voire – en matière fiscale internationale notamment ! – on soudoie leur délation.

Et d’aucuns proposent systématiquement d’enrichir le code pénal de quelques nouvelles infractions que l’éducation moyenne rendait jusqu’alors inutiles.

Il ne s’agit pas de croire ni de prétendre que tout était parfait autrefois et que tout est devenu affreux. Non ! En revanche, on doit constater que plus une société se montre « permissive » et prétendument « ouverte à tout » plus elle doit se protéger des abus en devenant policière.

Le devoir de délation serait-il la règle de politesse des sociétés laxistes ?

 

 

 

 

Si c’est vrai, cela donne des frissons

Le Temps de ce 22 décembre nous informe qu’un embryon congelé en 1992 et provenant d’un couple a pu être porté en 2017 par une femme mariée, née  en 1991, et naître vivant. L’Association nationale pour le don d’embryons se vante : « Il pourrait s’agir d’un record mondial » ! Beau record, vraiment !

Qu’une femme puisse, avec l’accord de son mari, porter un embryon dégelé – dont elle ignorait apparemment l’âge exact – dénote déjà un grave déséquilibre mental et une carence morale plus qu’inquiétante. Mais qu’un médecin puisse se livrer à une telle expérience est révulsant.

Une éthique proche du néant

L’article du temps précise que « la femme et son mari avaient sélectionné l’embryon sur la base de ses caractéristiques génétiques, sans savoir depuis combien de temps il avait été congelé ». Faut-il comprendre de cette précision, d’une part que l’achat d’embryon correspond bien à une forme d’eugénisme et que, de surcroît, le médecin n’avait pas informé avec précision le couple de la vétusté exacte de l’embryon congelé ? Grave malhonnêteté qui s’ajoute à son absence de déontologie.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

A quand la découverte, lors de la fonte d’un glacier, d’une pré-hominienne enceinte et congelée dont on prélèvera l’embryon ou le fœtus pour qu’un médecin fou et irresponsable l’implante dans une femme hystérique ?

 

La guillotine

C’est fait ! La curée est achevée, M. Buttet est mort politiquement, peut-être personnellement aussi et on n’ose imaginer ce que vit sa famille.

Mais le procès médiatique sans droit à la défense, sans aucun égard pour la personne, a été mené rondement, en violation de toutes les règles élémentaires des droits de l’homme (un procès équitable), avec l’acharnement du lâche qui n’a plus rien à craindre. Oh ! je ne cherche pas à protéger un harceleur mais je constate simplement que la vengeance a été terrible, meurtrière, et qu’à aucun moment on n’a songé aux proches de M. Buttet. C’est peut-être là que réside la plus grande perversité des procès publics et hors justice. La joie vicieuse de ceux qui se sentent soudain plus forts, qui se prennent pour des justiciers, telle un rouleau compresseur, écrase tout sur son passage. Et ce ne sont pas les « victimes » du harceleur qui sont les pires, mais, il faut le dire, des journalistes en mal de papiers. Le Temps a fait très fort sur ce plan-là.  Les petits Robespierre – dont on finit par se demander s’ils sont heureux de détourner l’attention sur un bouc émissaire – se sont déchaînés. Espérons qu’après la curée, les vainqueurs repus se mettront à réfléchir. Le procès sur la place publique est frère de la guillotine !

A quoi sert l’éducation sexuelle à l’école?

Sans doute êtes-vous, comme moi, tombés de votre chaise en apprenant que nos parlementaires avaient reçu, chacun, une feuille présentant la différence entre le flirt et le harcèlement.

Certainement que cela ne peut concerner que les parlementaires de plus de 50 ans, les autres ayant eu des cours d’éducation sexuelle à l’école.

Mais au fait, qu’enseigne-t-on, dans ces cours ?

L’école enseigne-t-elle une pratique sexuelle ou une manière de se conduire ?

Si le harcèlement déploré au Parlement et l’éventuelle surprise de certaines parlementaires sont à mettre au compte de leur jeune âge, alors on peut se demander très logiquement si l’éducation sexuelle à l’école a vraiment fait avancer les choses.  Peut-être a-t-on seulement enseigné aux élèves la manière d’éviter, grâce à la contraception ou à l’avortement, les conséquences parfois désagréables de la bête à deux dos. Dans cette hypothèse, il serait temps d’introduire quelques cours de maintien en société avec une petite précision concernant les nuances. Autrefois, Molière et Marivaux n’étaient pas si mauvais comme enseignants !

Malheur à la société qui ne sait pas pardonner!

Le devoir de mémoire n’est souvent qu’un prétexte à rabâcher une rancœur, à entretenir une haine et un esprit de vengeance. Il n’est pas un seul peuple au monde qui puisse regarder son passé sans y trouver jamais une tache de sang, ni des actes de violence ou de perversion. Quand arrêtera-t-on donc de se lancer des anathèmes, de ressasser des erreurs etc… ? Les jeunes générations ne sont pas responsables des crimes de leurs ancêtres et la qualité de victime n’est pas héréditaire.

Malheureusement, les tyrans, les potentats, les extrémistes de tout crin, les fondamentaliste politiques ou religieux ont besoin d’une justification pour leurs crimes et exactions et ils la cherchent dans le passé immédiat ou lointain.

Les pays occidentaux sont marqués de la tare de la réussite économique

Ils sont, de ce fait, une cible idéale car le riche est toujours soupçonné de n’être tel que par malhonnêteté, cruauté ou exploitation. Et ce sont les potentats les plus corrompus qui excitent souvent leur peuple contre les autres. Cette haine ineffaçable est terriblement contagieuse. Nous avons, en Europe, cédé à la première tentation en admettant l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité. Cette erreur gravissime a été reprise et multipliée par l’introduction d’autres imprescriptibilités. La civilisation occidentale avait appris que la prescription est une manière de pacifier les esprits après un certain délai, qui peut être de la durée d’une génération, mais jamais plus.

Les revanchards qui ressassent les crimes des autres sont des dangers pour la paix mondiale.

Un congé paternité, à quoi ça sert?

Cette question sans doute incongrue m’a été inspirée par un bref passage de l’éditorial du Temps de ce 4 décembre, intitulé : « La paternité est un sujet politique ». On y lit en effet : « Aujourd’hui, dans nos sociétés surconnectées et fracturées, le besoin de bâtir un lien parental profond semble devenu essentiel pour équilibrer nos vies professionnelles trop souvent épuisantes. Le rôle assigné au père est aussi un révélateur des inégalités entre hommes et femmes qui parcourent la société suisse. Un récent rapport de l’OCDE pointait comme faiblesse de la compétitivité helvétique le faible taux d’activité des femmes, souvent contraintes – par « tradition » et faute de structures adaptées – de sacrifier leur vie professionnelle en prenant un temps partiel pour s’occuper des enfants … »

En résumé, le lien parental est utile pour « déstresser » de la profession, mais nuisible à l’épanouissement professionnel des femmes. Et les enfants, là au milieu ? Comme tels, ils sont soit une thérapie, soit une voie vers l’égalité entre adultes, soit des obstacles à la vie professionnelle des femmes et à la compétitivité suisse. Ils n’existent pas pour eux-mêmes ; ils peuvent servir à des fins politiques.

Quelle sécheresse ! Quel mépris !

Jamais on ne lit un instant que l’enfant a besoin de ses deux parents et qu’il a besoin d’eux bien plus longtemps que pendant le congé parental qui est toujours conçu d’abord dans l’intérêt de ses parents. Il en va de même des structures d’accueil dont le but ne peut pas être d’assurer le « lien parental profond » mais qui doivent libérer les parents du souci de l’enfant pour se consacrer à leur profession.

Notre société n’aime pas les enfants, elle les utilise politiquement. Elle sait juste qu’elle a besoin d’eux pour assurer l’AVS des aînés et éviter peut-être la disparition de la société occidentale (si c’est encore possible), parfois aussi pour satisfaire des ego de parentalité. Ce problème-là doit être abordé une fois.  La question du congé de paternité, à nouveau sur la table, en sera-t-elle enfin l’occasion ?