D’un blog à l’autre

 Puisque les blogs seront « fermés » dans quelques jours, il est temps de dire « merci ».

Merci d’abord au Temps qui a mis cet espace à disposition gratuitement pendant dix ans. Je comprends personnellement parfaitement sa décision et déplore les torrents de critiques déversés à cause de cette décision même si j’en ai aussi laissé passer sur mon blog : liberté d’opinion exige.

Merci ensuite et surtout à tous les commentateurs. J’ai beaucoup appris grâce à eux. Certains échanges ont été très intéressants, d’autres, émouvants, chaleureux, un certain nombre fort instructifs sur la nature humaine et les mœurs sociales de notre époque. Y a-t-il eu des trolls ? C’est possible. Mon allergie à la censure et mon ignorance technique ont peut-être favorisé leur présence. Je présente mes excuses à ceux qui auraient été trompés par eux. Si, comme je l’espère, la grande richesse sociologique que représente pour le Temps l’ensemble de tous les blogs et leurs commentaires peut faire un jour l’objet d’une étude universitaire, peut-être alors pourra-t-on identifier les « faux » auteurs de commentaires. Cette photographie de dix ans d’un siècle encore naissant qui a, pendant ce laps de temps, connu les bouleversements d’une pandémie et d’une guerre en Europe, une montée de l’affolement climatique, ainsi que les prémices de la révolution de l’IA, une telle photographie doit être fascinante pour un sociologue. Ce sont des archives précieuses du Temps.

« Le roi est mort, vive le roi !»

Quand un blog se ferme, on peut en ouvrir un autre. C’est ce que je ferai à partir du 10 juillet sous le lien  www.suzettesandoz.ch. Le nom ne change pas « le grain de sable ».

Les règles seront les mêmes : essayer de provoquer la discussion par des interrogations, des doutes, des analyses assez courtes pour favoriser le débat. Eviter la censure sauf en cas d’injure à l’égard d’autrui, de menace ou de grossièreté. Interroger le commentateur en cas de doute sur un texte, grâce à son adresse informatique, mais le mettre dans les indésirables ou à la corbeille si cette adresse est inconnue ; respecter l’orthographe, la syntaxe et le français des auteurs comme faisant partie de leur personnalité (sous réserve de l’évidente faute de frappe), en un mot vivre la richesse de la liberté d’opinion qui implique une responsabilité personnelle et le respect d’autrui. Quel merveilleux pays que le nôtre !

Encore Merci au Temps et à tous les commentateurs (masculin inclusif). Excellent été ! Vive la liberté !

 

 

 

 

Le grand malaise

« Monsieur Zelensky s’adressera au Parlement suisse le 15 juin ». Le Temps rappelle cela aujourd’hui 14 juin (p. 10) en interviewant M. Bäumle, ancien président des Verts-Libéraux, lui-même marié à une Ukrainienne. Les réponses nuancées de M. Bäumle valent la peine d’être lues.

A la question du journaliste « qu’attendez-vous de M. Zelensky » à l’occasion de son intervention, la réponse est intéressante : « J’espère que nos diplomates parviendront à lui expliquer que le rôle de la Suisse ne consiste pas à livrer ou à réexporter des armes, ce qu’il va probablement demander, mais à travailler dans l’aide humanitaire que nous pourrions d‘ailleurs renforcer. D’autre part, nous devrions offrir nos bons offices de médiateurs. Les Ukrainiens ont accepté la Suisse comme puissance protectrice. Malheureusement, la Russie a remis en cause notre neutralité en raison de notre reprise des sanctions européennes, ce qui nous a placés dans une situation délicate ».

Très entre nous, l’Occident et les Etats-Unis ont gorillé eux aussi la fin de notre neutralité.

Je ne vais pas reproduire toute l’interview de M. Bäumle, mais ne peux qu’inciter à la lire. Elle met en évidence la triste réalité d’une guerre de menteurs où les Occidentaux portent une triste responsabilité et « où les deux parties ne peuvent presque plus faire de concessions sans perdre la face ».

La neutralité permet-elle d’inviter un chef d’Etat en guerre à s’adresser à un Parlement avant que celui-ci prenne des décisions concernant ce pays en guerre ?

Le simple bon sens – et l’honnêteté intellectuelle – répond « non ».

Je me suis demandé quelle attitude j’aurais si j’étais encore au Conseil national.  J’écouterais M. Zelensky sans me lever mais pour savoir exactement ce qu’il aura dit, seule manière de connaître la réalité. La politique de la chaise vide n’est pas la bonne, celle du silence non plus et nos médias officiels n’ont pas rapporté grand-chose des éventuelles discussions des différents partis politiques préalablement à la décision des bureaux des Deux Chambres. Qui a eu l’idée de cette invitation de Monsieur Zelensky? Est-ce de nos élus qu’elle vient ou bien d’un contact direct de qui avec les deux Bureaux ?

La diplomatie ne doit pas se dérouler sur la place publique, en revanche l’origine de la propagande doit être connue publiquement, du moins en démocratie.

 

 

 

 

Je te tiens par la barbichette

L’atroce guerre ukrano-russe est marquée par un phénomène qui prêterait à rire si la situation n’était aussi tragique pour tant de millions de personnes : un désintérêt mondial pour la cause de deux actes  de sabotage, soit la destruction des gazoducs et la rupture du barrage de Kakovka. La presse n’a manifesté aucune curiosité pour le premier et ne semble pas passionnée par le second.

Que la question des gazoducs ne passionne personne, on peut le comprendre car il n’y a pas eu de dommages humains directs. Mais que la catastrophe du barrage ne provoque pas plus « d’excitation », est surprenant. Apparemment, ni M. Poutine, ni M. Zelensky ne pousse de cris de putois. Et pourtant le dommage est gigantesque. La presse occidentale parle d’un « crime de guerre » et ne l’impute évidemment qu’à M. Poutine, mais se lance dans des supputations pour savoir « à qui profite le crime ».

Peut-être ne s’agit-il « que » d’un accident, d’une fausse manœuvre ; il est clair cependant que la cause de la catastrophe ne peut être revendiquée par aucun des belligérants : une telle maladresse serait difficile à pardonner vu les milliers de personnes en souffrance.

Si vraiment, dans les jours qui viennent, aucun des belligérants ne réclame une enquête internationale à hauts cris, cela pourrait bien être un indice que les protagonistes de cette affreuse guerre se livrent en effet au petit jeu de « je te tiens par la barbichette » et prient pour que personne n’ait envie d’éclaircir les mystères.

A vrai dire, un article de M. Frédéric Koller (LT de ce 10 juin, p. 9 en bas) aborde la question. On y lit : « S’il est légitime de s’interroger sur le dynamitage des gazoducs de Nord Stream – de plus en plus d’indices semblent indiquer une opération d’un commando ukrainien – il y a peu de doutes que la destruction de la centrale hydroélectrique de Kakhovka soit le fait de l’occupant russe. Reste à savoir si c’était intentionnel ou non ».

Ainsi donc, il serait légitime de s’interroger sur la cause et l’auteur du dynamitage de gazoducs qui n’a pas entraîné de pertes humaines, mais on se contente de « peu de doutes » pour accuser l’occupant russe de crimes de guerres, réservant toutefois la thèse possible de l’accident.

Je me demande ce que l’Allemagne pense des « indices » de l’existence d’« une opération d’un commando ukrainien » compromettant définitivement son avenir énergétique gazier bon marché qui fâchait l’Amérique et pourquoi personne ne parle de ces indices.

Qui osera se lancer officiellement dans la recherche des vrais auteurs de ces deux sabotages ? Le silence de M. Zelensky au sujet du second est particulièrement surprenant.

 

 

Question urgente à propos de la loi sur le climat et l’innovation

Parcourant tout à l’heure l’éditorial du Temps de ce 1er juin intitulé « Non, la loi climat n’est pas un débat d’experts », je tombe sur le passage suivant : « La plupart des experts considèrent que la Suisse est en mesure d’atteindre la neutralité carbone d’ici au milieu du siècle, de façon abordable et sans mettre en péril son approvisionnement énergétique. Deux études récentes le martèlent, qui ne viennent pas de militants du climat mais de chercheurs spécialisés de l’EPFZ et de l’EPFL. Les solutions existent : elles passent notamment par l’électrification de la mobilité et du chauffage (c’est moi qui ai mis en gras), le développement du photovoltaïque, et des échanges accrus avec nos voisins européens. »

Or je lis, en p.32 du petit livre rouge du Conseil fédéral, sous le titre « Arguments » pour le OUI, du Conseil fédéral et du Parlement, le passage intitulé « réduire la consommation d’électricité », la précision suivante : « Les chauffages électriques consomment énormément d’électricité et sont inefficaces (c’est moi qui ai mis en gras). Il est donc important que la Confédération soutienne financièrement leur remplacement par des chauffages économes en énergie et respectueux du climat. Il s’agit d’un très bon investissement qui permet de réduire la consommation d’électricité en hiver, lorsque l’énergie est particulièrement précieuse ».

Je me demande dès lors comment il faut concilier les étude de l’EPFZ et de l’EPFL évoquées dans l’éditorial du Temps et la loi soumise au vote. Bon ! Puisque ce n’est pas un débat d’experts, c’est probablement juste un débat de lobbies.