“Peopelisation” du terrorisme

« Démocratisation du terrorisme », tels sont les mots que Le Temps du 28 juillet met dans la bouche du Directeur adjoint du Geneva Center for Security Policy. Le rapprochement des deux termes fait hurler. Comment peut-on parler d’un « terrorisme démocratique », dans une culture européenne ou occidentale où les mots de la famille de démocratie sont toujours porteurs d’une valeur positive ? La preuve : personne ne parle jamais d’une démocratisation de la politique internationale par les initiatives UDC. Or on devrait et pourrait parfaitement le dire si on prenait le mot dans le sens où l’entend sans doute le directeur adjoint du Centre de Genève cité plus haut, à savoir « accessibilité à tout un chacun ».  C’est bien là le sens basique du terme de « démocratisation », mais le gros problème c’est que, dans notre conscience occidentale, cela ne peut concerner qu’un résultat positif. Ex. : démocratisation des études (malheureusement très mal appliquée chez nous !), démocratisation de la culture, de l’art, de la vie sociale et politique, du fonctionnement de l’Union européenne, etc… Mais démocratisation du terrorisme, mille fois NON. Alors, que fallait-il dire ?

« Peopelisation » des moyens et buts terroristes, tel est sans doute le nouveau visage qu’offrent  les derniers actes atroces de massacre et tuerie. C’est bien ce que l’on comprend du texte de l’interview du Temps cité plus haut quand il y est précisé : « tout un chacun peut entrer en action, poignarder des gens dans un train puis poster une vidéo ou brandir un drapeau et se revendiquer de l’EI ». Ce n’est pas de la démocratisation, c’est du populisme au sens propre du terme, ni de gauche ni de droite, mais fou, parce que rien n’est plus contagieux que la folie et celle des terroristes n’a pas de limite.

Mais par pitié, un peu de bon sens, ne parlons pas de « démocratisation du terrorisme ». C’est une aberration dangereuse.

 

Le 28 juillet 2016

Un nouveau cantique suisse tellement inutile!

Ainsi donc, quelques dizaines de communes suisses essaieront de faire chanter les nouvelles paroles du cantique suisse lors de la manifestation du 1er août (ou peut-être du 31 juillet vu que, pour des raisons commerciales, depuis que le 1er août est férié, on le fête parfois le 31 juillet, ce qui permet d’avoir congé le 1er août ou d’aller fêter une seconde fois ailleurs ! La Patrie n’a pas d’odeur !).

Mais au fait, pourquoi déjà faudrait-il modifier les paroles du cantique suisse ? Si je ne fais erreur, c’est parce que, lors de manifestations sportives internationales, au moment où l’on hisse le drapeau suisse pour célébrer quelque médaille ou victoire, les héros sportifs n’arrivent pas à chanter les paroles de l’hymne national suisse  (appellation générique !) car ils les ignorent. Et puis, ce constat fait, on a vérifié les connaissances de bien des élus politiques et on a dû se rendre à l’évidence…. Ignorance, ignorance ! Comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? Les générations nées avant, pendant, ou juste après la guerre avaient appris les paroles de « ô monts indépendants » et puis, quelques années plus tard, on a passé à « Sur nos monts quand le soleil ! ». A l’église au moins, on a gardé la Prière patriotique de Jacques Dalcroze, qui date de 1903, mais évidemment que les esprits émancipés du 3e millénaire ne sauraient s’y référer !….

Dans le monde du sport, supprimons le cantique suisse ou  remplaçons-le par les hymnes cantonaux

Bon, revenons au Cantique suisse : c’est vrai qu’il est un peu démodé – comme la plupart des hymnes nationaux quand ils ont pris quelques plis historiques. En outre, il est totalement dénué de toute raison d’être dans le monde sportif, car, vous l’aurez sans doute remarqué, on y célèbre les exploits du Vaudois tel et tel, de la Tessinoise telle et telle, etc… C’est toujours la référence cantonale qui est rappelée – ce qui me plaît assez ! – Certes, les équipes sportives, de football notamment, sont tellement bigarrées de mercenaires qu’on ne sait plus très bien qui est d’où. Voilà une bonne raison de supprimer tout chauvinisme national dans le sport.  Au pis aller, en  cas de victoire individuelle, quand on hisse le drapeau suisse, substituons au cantique suisse l’hymne cantonal du médaillé. Celui-ci en saura peut-être les paroles, s’il est « de souche ». Et s’il ne les sait pas, il ne sera certainement pas désireux non plus d’apprendre les nouvelles paroles du cantique suisse. Les efforts actuels de lifting du texte sont totalement inutiles. Le patriotisme sans chauvinisme, ni nationalisme s’inscrit dans la durée.

 

Le 22 juillet 2016

Dessine-moi un espoir

Dans son excellent éditorial du Temps des 16/17 juillet, intitulé « Pourquoi nous battons-nous ? », M. Sylvain Besson  pose la bonne question : « Mais nous, qu’avons-nous à offrir ? »

A cette génération montante, souvent vêtue de noir – c’est une mode étrange et triste ! Dans la rue, quelles sont les couleurs des vêtements ? -, la société occidentale offre pour préoccupations principales, si j’en crois les médias, l’avortement, l’euthanasie, les mariages entre personnes de même sexe, des scandales sportifs, la disparition des glaciers et des forêts, rien que des idées de mort. L’Union Européenne,  qui  pouvait, en 1992, passer pour un idéal de liberté et d’ouverture, s’est révélée une pieuvre bureaucratique, antidémocratique, parfois mafieuse,  cause de tensions sociales dans les pays, sans chefs crédibles, menaçante avec les Etats faibles – la Grèce, l’Espagne, le Portugal – hypocrites avec ceux qu’elles considère comme « grands » – la France, l’Allemagne et, par moments, l’Italie – revancharde avec la Grande Bretagne, parfois avec la Suisse, nulle en politique mondiale . Les grands milieux de la finance et les multinationales causent des crises économiques par leurs tricheries et leur absence totale de respect des êtres humains et les Eglises – qui devraient rester les piliers de l’espoir et de la force de vivre – s’épuisent en querelles intestines, en auto flagellation ou en recherches publicitaires. Quels beaux spectacles pour les générations montantes !

Et pourtant ! On rencontre chaque jour des personnes magnifiques de courage, de dépassement de soi et d’abnégation, des chefs d’entreprise innovateurs,  honnêtes, responsables de leurs employés, des artisans amoureux de leur travail, des parents qui prennent vraiment soin de leurs enfants, des époux fidèles, des enseignants qui transmettent du savoir avec humilité et le sens des responsabilités, des médecins et des soignants qui écoutent leurs patients et non pas seulement leur ego ou les colloques, des personnages politiques soucieux du bien commun et non de leur seule réélection, des gens de foi animés d’une charité lucide et gratuite, des chefs capables de donner l’exemple dans leur fermeté et leur respect de ceux dont ils sont responsables. Tous ces êtres humains  qui représentent une promesse de vie existent et ont toujours existé même lors des périodes les plus troublées de l’histoire. Ce sont eux qui incarnent un espoir, ce sont eux qui représentent l’avenir. Mais il faut les voir et oser s’inspirer de leur exemple, ce qui implique parfois le refus du politiquement correct à ses risques et périls.

 

Le 18 juillet 2016

Affaire Fatzer: le grand ratage!

L’affrontement entre les deux pasteurs, le Président du Conseil synodal – qui exerce le pouvoir et représente l’EERV !- et l’autre – qui taquinait les médias – s’est terminé par un échec lequel n’est à l’honneur ni de l’un ni de l’autre.

On assiste à une dérive politique du conflit, à une querelle d’arguments plus ou moins faux et à une étrange affirmation de « pouvoir ».

La dérive politique : le gréviste de la faim dit avoir réalisé qu’il faisait aussi la grève pour tous les travailleurs malmenés par des employeurs et « poubellisés par une loi du travail brutale », et le président du Conseil synodal rétorque « son admiration pour la grande majorité des PME qui ont une gestion humaine des ressources humaines ». Bon ! Est-ce la CGT contre Hollande ?

Les affirmations erronées : Au gréviste de la faim qui soutient « qu’il y a sept à huit procès impliquant des pasteurs », le Président rétorque «  qu’il y a trois procédures en cours devant les prud’hommes, éventuellement quatre ». Il oublie sans doute les trois autres procédures qui ne sont pas devant les prud’hommes !

Une Eglise peu démocratique : Au gréviste de la faim qui dénonce une concentration du pouvoir entre les mains du Conseil synodal « sans contre-pouvoir », et affirme que « les fidèles ne se sentent pas entendus », le Président du Conseil synodal répond que « les assemblées de paroisse élisent des délégués à la région qui à leur tour élisent des délégués au Synode » et que l’on a « un parfait exemple de démocratie parlementaire ». Il omet de dire que, précisément, le Synode doit tout prochainement se prononcer sur une demande de consultation plus systématique des paroisses et que, dans le No de Bonne Nouvelle de juin 2016, il écrivait lui-même que  le déménagement du siège du Conseil synodal dans la maison des Cèdres « est le symbole d’une Eglise synodale » (or l’EERV est presbytéro-synodale et non pas synodale).

Une Eglise de « position dominante » : Enfin, quand le gréviste de la faim dit « quand on prend le risque de se faire engager par l’EERV, on se retrouve dans une situation où on ne peut aller nulle part si l’on se fait virer », le Président du Conseil synodal affirme simplement que «les pasteurs ne sont pas des employés plus captifs que les travailleurs de n’importe quelle branche où un acteur a une position dominante ». Et toc ! l’EERV est une entreprise à position dominante. Sans doute faudra-t-il signaler la chose à la Commission de la concurrence !

Je n’approuve nullement le procédé du gréviste de la faim qui a nettement dérapé dans son attitude, mais que penser des réponses de celui qui engage l’EERV face à la population ?

Il ne reste aux fidèles, ministres et laïcs, que la prière pour s’en remettre.

Le 10 juillet 2016

 

 

Et si on bricolait le droit de vote?

Quand on ne peut pas « changer le peuple », après un vote dont le résultat déplaît, on propose parfois de « bricoler le droit de vote ».

« Pensez donc, ma petite dame, tous ces jeunes qui ont voté contre le Brexit et à qui les vieux barbons en surnombre ont imposé de sortit de l’UE pour se barricader sur leur île… Cela vous tord le cœur. Ils n’ont plus d’avenir. Ils ne pourront plus étudier à l’étranger. Et la recherche ? Condamnée à tourner en rond sans la manne financière de Bruxelles. Nos cerveaux vont s’expatrier !»

Cela ne vous rappelle-t-il rien ? C’était ce que l’on entendait en Suisse après le 9 février, et ce que l’on a entendu, en Suisse toujours, après le 6 décembre 1992. Et comme par hasard, de beaux esprits suggèrent aussitôt – puisqu’on ne peut changer le peuple ! – d’accorder à l’avenir un poids particulier au vote des jeunes, voire de diminuer celui du vote des plus de 60 ans. Ben voyons : faudra-t-il donner le droit de vote aux embryons quand on  se prononcera sur le don d’ovules ?

 

En Suisse, les jeunes votent comme les seniors notamment en matière d’UE

Un excellent exposé de Mme Miauton – dont la colonne hebdomadaire dans le Temps remet en général les pendules à l’heure – le 23 juin dernier à Apples, a mis en évidence, grâce à des statistiques de sondages opérés à plusieurs reprises lors de votations en Suisse, que les jeunes, ici, votent de la même manière que les seniors. Ce sont les actifs d’âge moyen qui votent autrement.

 

Ceux qui veulent bricoler le droit de vote cherchent en général à flatter les jeunes : Tous les régimes qui souhaitent bricoler les votes s’entendent mal avec la démocratie et comme par hasard ils cherchent d’abord à flatter les jeunes puis éventuellement à évacuer les vieux. Que l’on se souvienne notamment de l’URSS qui organisait ses festivals de la Jeunesse et des Etudiants où le lavage de cerveau et la flatterie étaient à l’honneur. Que l’on songe aux jeunesses hitlériennes !

Le manque d’expérience de la vie des harponnés et le fait que ceux qui les flattent peuvent offrir des postes de travail et ont en général soit le pouvoir soit l’argent, facilitent le succès auprès des jeunes. Il y a quelques années, je ne sais plus quel homme politique avait proposé de donner aux parents autant de droits de vote qu’ils avaient d’enfants mineurs, afin que la Suisse ait une vraie politique de la famille !

 

Au lieu du vote censitaire, prévoir celui des dents de lait. Un « think tank » (les idées ne naissent qu’en anglais !) semble dérouler une nouvelle proposition pour augmenter le vote des jeunes, voire réduire celui des séniors : non pas réintroduire le suffrage censitaire, supprimé depuis belle lurette, mais favoriser celui des dents de lait ! Qu’on se le dise !

“Affaire Fatzer”

Contrairement au titre de la page 8 du Temps du 27 juin, ce n’est pas « l’Eglise » qui « se défend dans l’affaire Fatzer », ce sont deux ministres qui s’affrontent. Pendant ce temps, l’Eglise, elle – c’est-à-dire notamment les fidèles – s’inquiète, pleure et prie, et les « infidèles » se frottent les mains.

« Remettant à Dieu le jugement des cœurs », conformément à ses principes constitutifs, l’EERV, soit les fidèles, laïcs et ministres, donc l’Eglise, selon le titre du Temps, attendent le témoignage fort d’une réconciliation  générale, afin de pouvoir accueillir avec joie et fierté, le 3 septembre prochain, les nouveaux ministres consacrés et agrégés, et fêter, en 2017, le message d’avenir des 500 ans de la Réforme.