A qui lui demandait un jour ce qu’il y avait de pire au monde, Ésope répondit : « La langue » et à qui lui demanda ce qu’il y avait de meilleur, il répondit : « la langue ». Langue de vipère ou paroles divines !
Peut-être que si on lui posait la même question aujourd’hui, Ésope répondrait : « le foot ».
Qu’y a-t-il de plus sympathique que la petite équipe locale d’enfants qui tapent dans leur ballon, courent de tout leur cœur pour arriver à « shooter », se retournent rouges de fierté vers les braves parents au bord du terrain quand ils ont « mis un but » ?
Qu’y a-t-il de plus dégradant que ces équipes dont on mesure la « valeur marchande globale » comme on mesurerait celle d’un cheptel, et celle individuelle de leurs joueurs comme on marchanderait une bête de race? Que ces excités qui se sautent dessus, font des signes plus ou moins agressifs quand l’un d’entre eux a mis un but ? Que ces chauvins même pas folkloriques et parfois hargneux ?
L’image catastrophique du sport et de la compétition qu’offrent les mondiaux de foot ne peut que stimuler les jalousies, la goinfrerie financière, les rivalités haineuses. On en nourrit les nouvelles jusqu’à plus soif. Vivement la fin ! Mais que reste-t-il de l’idéal sportif et de la capacité d’effort et de discipline personnelle qu’il exige ?