Initiative RASA, Brexit et contre-projet

Le Conseil fédéral invite, à juste titre, à refuser l’initiative RASA qui voudrait supprimer purement et simplement l’art. 121a contre l’immigration de masse, mais il souhaite aussi – et c’est une bonne idée – lui opposer un contre-projet. Alors que mettre dans ce contre-projet pour ne pas irriter les citoyens ni leur donner l’impression d’être trahis après le vote du 9 février ?

Une vieille règle de droit admet qu’un contrat (ou un engagement) de très longue durée puisse être modifié avant son terme quand les circonstances ont grandement changé, par exemple ensuite d’un événement inattendu et imprévisible lors de la conclusion du contrat.

Le Brexit, qui n’était manifestement envisagé par personne lors de la votation du 9 février 2014, représente précisément un tel événement. Sa survenance modifie profondément la situation au sein de l’UE et, partant, les conditions dans lesquelles la Suisse pourrait négocier avec celle-ci la manière d’appliquer le résultat du vote helvétique. Il s’agit là d’un fait que les citoyens sont parfaitement capables de comprendre. Pourquoi, dès lors, ne pas concocter un contre-projet à l’initiative RASA qui modifierait seulement la disposition transitoire de l’initiative – laquelle oblige à chercher une solution précipitée alors que l’UE est d’abord préoccupée par le Brexit – pour la remplacer par un texte faisant partir le délai de trois ans non pas de la date du 9 février 2014, tel que prévu actuellement, mais de la fin des négociations au sein de l’UE en rapport avec le Brexit? Cela permettrait à notre pays, comme d’ailleurs à l’UE, de chercher une solution sans précipitation et à un moment peut-être où les esprits seraient calmés, donc à chacun de « sauver la face » en respectant le droit.

Le 31 octobre 2016

Le numérique à l’école: to be or not to be?

Le débat du Temps des 29/30 octobre entre MM. Jean Romain, philosophe, et Martin Vetterli, Président désigné de l’EPFL, laisse le lecteur sur sa faim. Si Jean Romain esquisse bien un rôle de l’école « qui recentre l’enseignement sur les matières fondamentales  et évite, pour des raisons de structure intérieure des élèves, trop de dispersion», Martin Vetterli n’aborde pas un instant cette question essentielle. Il faut dire que, enseignant à des adultes – ou présumés tels ! – dans une haute école professionnelle plutôt qu’académique, il ne se place pas du point de vue humaniste – considéré aujourd’hui comme dispendieux et globalement inutile – mais du point de vue utilitariste actuellement dominant.

On aurait souhaité un débat sur les trois questions suivantes : quel est le rôle de l’école, en particulier d’ailleurs de l’école publique voire obligatoire, parce que c’est celle-ci qui concerne la grande majorité de la population donc la société de demain ? Quels aspects particulièrement formateurs pour la personnalité de l’adolescent représenterait l’enseignement du numérique à l’école ? Faudrait-il enrichir les programmes d’une matière supplémentaire ou à ce défaut, quelle branche sacrifier ?

La troisième question pourrait trouver éventuellement une réponse pratique toute simple dans la suppression du temps perdu à l’école (heures non remplacées, conférences des maîtres, etc. . chaque parent a probablement une série d’exemples à mentionner) voire dans l’introduction de cours à option. Mais on attendait, pour répondre aux deux autres, un vrai débat. Ce n’est en tout cas pas l’EPFL qui a brillé ! Inquiétant !

Le 30 octobre 2016

Clafoutis contestataire

Selon Le Temps du 24 octobre, Pablo Cruchon veut « faire converger les luttes, celles des migrants, des chômeurs, du service public, des locataires. Je crois en des mouvements sociaux de fond ». En un mot, il s’agit donc de récupérer des mauvaises humeurs et des déceptions pour créer des « solidarités ». Pas de programme, pas de vision autre que l’opposition à ce qui existe officiellement comme à « toute interdiction ». On perçoit un petit relent de mai 68 et des méthodes assez semblables à celles reprochées aux partis que les beaux esprits qualifient de populistes: caresser dans le sens du poil un malaise ou une mauvaise humeur plus ou moins larvés pour constituer une force.

On est curieux de voir le résultat de la réunion de migrants qui cherchent un logement et éventuellement un travail, de chômeurs qui cherchent un travail et craignent la concurrence des migrants, du service public qui ne sait plus où donner de la tête notamment à cause des migrants et des chômeurs, des locataires qui considèrent que l’on manque de logements bon marché et se plaignent souvent que ce sont les migrants qui les leur prennent, à cause de la complaisance de certains services publics.

Puisse ce clafoutis contestataire ne rester que folklorique ! Les élections sont un acte important de la démocratie à la condition que les électeurs ne se laissent pas piéger par des idéologies-bidons!

Le 25 octobre 2016

Immaturité estudiantine

Les étudiants de l’ IHEID (Institut de hautes études internationales et du développement) de Genève veulent interdire de parole le vice-président du FPÖ autrichien. A force de ne pas vouloir entendre les propos que l’on déteste on en ignore le contenu et on favorise des résultats de votations tels ceux du 9 février.

Il est normal, à 20 ans, d’être un peu extrémiste et les étudiants le sont souvent, mais il incombe alors aux autorités responsables de leur tenir tête et de leur montrer que la meilleure manière de lutter contre un mal éventuel c’est d’abord de le connaître. Il semble bien que ce soit l’intention du directeur de l’IHEID ; c’est tout à son honneur.

Osons dire aussi que les esprits les plus incapables d’entendre les arguments de ceux qu’ils veulent empêcher de suivre sont souvent en train de prêcher la haine des personnes sous le couvert d’un langage fallacieux d’ouverture et de charité.

Dans le même ordre d’idée, mais à un niveau un peu différent, l’excitation liée à la réunion « rock » néonazie révèle une récupération de la juste détestation d’une philosophie pour présumer coupables des pires méfaits tous ceux qui pourraient être y être intéressés. Et toujours évidemment sous le couvert de beaux sentiments.

On espère que la réunion de rock était connue et « discrètement » sous contrôle des services de sécurité. Mais s’il fallait montrer « patte noire » pour y entrer ce n’était pas vraiment une manifestation publique.

La démocratie et le respect de la liberté d’opinion exigent une réflexion très subtile et la chasse aux sorcières est aussi néfaste à ces valeurs que la naïveté de « Monsieur Bonhomme et les incendiaires ».

Le 19 octobre 2016

Monothéisme végétarien!

Le futur restaurant du buffet de la Gare de Lausanne fait couler bien de l’encre ! A juste titre ! Mais les débats dans le Temps de ce 15 octobre entre le secrétaire politique au PLR vaudois et le vice-président du POP vaudois sont d’un tout petit niveau. Le premier jongle avec les pourcentages et renvoie les usagers futurs, s’ils veulent une nourriture traditionnelle, à d’autres restaurants un peu plus loin de la gare ; le second – avec toutefois une pointe d’humour il faut le reconnaître – profite de dire tout le mal possible de l’économie dite – à tort selon moi – libérale, des riches, du jet set et de tout ce qui correspond au monde virtuel détesté d’une gauche figée.

Au fond, quel est le problème ? C’est la négation de toute liberté de choix culinaire pour les voyageurs de passage qui souhaiteraient se sustenter sans quitter la gare. Ces voyageurs-là n’ont qu’à manger végétarien, point barre !

Hé bien non ! C’est inadmissible. Le respect de la variété des cultures et des goûts des voyageurs de passage au buffet implique le choix entre différents mets avec ou sans viande. Que le Buffet de la Gare ne soit plus le lieu qui « évoquait cette époque invraisemblable où l’on était attentif aux nappes blanches », comme l’écrit fort bien le vice-président du POP, on peut le déplorer, c’est l’évolution et il n’est pas exclu qu’on y revienne dans 50 ans quand l’Europe sera guérie de sa maladie du « bon sauvage ». Mais la simplification du service, la diminution du choix des mets, le soin apporté à la préparation de quelques plats seulement n’impliquent pas forcément un monothéisme végétarien ! Qu’on se  le dise!

Le 15 octobre 2016

L’armée, assurance maladie ou accident.

D’aucuns se plaignent que l’armée est inutile ! Leur est-il jamais arrivé de réfléchir une minute ? L’armée, c’est comme l’assurance maladie ou l’assurance accident, elle doit être excellente et, si possible, inutile. Personne n’a spécialement envie de devoir recourir à son assurance accident ou à son assurance maladie, mais chacun, si cette malchance survenait, souhaite que son assurance fonctionne parfaitement. Il en va de même pour l’armée. Personne ne désire une guerre – et les militaires moins que tout autre, pour des raisons fort évidentes, puisqu’ils sont les seuls à avoir, dans un pays en paix, une petite idée de ce que représente la guerre. Chacun souhaite toutefois être défendu et protégé en cas de conflit. La difficulté actuelle tient assurément à la multiplicité des formes de danger et à l’inconnue qu’est le monde virtuel. Mais il est bien certain que l’espace aérien reste un point toujours faible et qu’une armée crédible doit pouvoir le protéger.

Le 12 octobre 2016

Malheur à la société qui sacrifie l’enfant aux phantasmes des adultes!

C’était écrit dans les astres : l’enfant est le salami des fanatiques de l’égalitarisme sexuel.

Quant on a voté la loi sur le partenariat enregistré, ses défenseurs ont juré leurs grands dieux que jamais il ne pourrait être envisagé d’adoption par un couple de même sexe.

Quelques années plus tard, en 2016, au nom de l’égalité entre les couples de sexe différent et ceux de même sexe, le Parlement a voté la loi permettant l’adoption de l’enfant d’un des partenaires par l’autre de même sexe.

Maintenant que l’on sait que cette extension de l’adoption ne sera pas soumise au vote du peuple, le référendum n’ayant pas abouti, les Vert’libéraux annoncent déjà qu’ils vont réclamer la pleine égalité entre les couples hétérosexuels et les couples de même sexe, c’est-à-dire le droit d’adopter en couple un enfant. Les Vert’libéraux déclarent aussi que cela ouvre la voie au mariage pour tous. Ils confirment ainsi que, comme nous l’avons toujours dit, le mariage est bien le symbole de la filiation ! Ils n’ont donc aucun respect de l’enfant puisqu’ils sont prêts à lui mentir officiellement en lui donnant un état civil qu’il ne peut pas avoir, soit deux mâles ou deux femelles comme parents. Le mensonge à l’enfant est érigé en symbole de l’égalité entre adultes ! Bel avenir !

Un seul espoir ! Peut-être que l’Office fédéral de la justice prendra enfin conscience du problème général de mensonge officiel à l’enfant que représente aujourd’hui toute adoption plénière – qui efface la famille de sang – et que cet Office cherchera, avec l’adoption simple – qui n’efface pas la famille de sang – la solution parfaitement respectueuse de l’identité de l’enfant. Et on pourra alors constater que, par ricochet, mais par ricochet seulement, non en tant que but premier, l’adoption simple réalise l’égalité entre les couples, mais sans mentir à l’enfant. La solution est si simple que seul un aveuglement égalitariste a empêché de la choisir lors de la révision actuelle du droit !

Et le mariage pourra alors rester exclusivement réservé aux couples de sexe différent qui peuvent seuls illustrer le symbole de la procréation.

Malheur à la société qui sacrifie l’enfant aux phantasmes des adultes !

Le 5 octobre 2016

La gratuité, ennemi public numéro un

Notre société a pris la mauvaise habitude de la gratuité et ne veut plus payer le prix coûtant. Existe-t-il un lien entre ce goût de la gratuité et le refus de choisir ? Probablement, car payer, c’est souvent, comme choisir, devoir renoncer à quelque chose.

Après que le Conseil National avait proposé l’autre jour, de porter à 25’000 frs au lieu de 10’000, les frais déductibles de garde d’un enfant, une parlementaire a roucoulé que « cela éviterait ainsi l’obligation de choisir entre rester à la maison et garder son enfant soi-même ou exercer une activité professionnelle lucrative ». « Eviter de choisir ». C’est le mal absolu aujourd’hui. On veut tout tout de suite et si possible pour rien.

L’absence d’obligation de choisir est une cause d’infantilisation de la société. Elle la fragilise et la livre pieds et poings liés à ceux qui font miroiter l’absence de coût. Internet est champion pour cela. Il assure l’apparente gratuité de l’information. Or la gratuité se paie, mais son prix est caché. C’est évidemment la disparition des postes de travail de ceux qui assurent des prestations payantes d’une part mais c’est aussi la publicité rampante et la création du besoin qui devient peu à peu une addiction. La gratuité favorise l’addiction et celle-ci consacre l’incapacité de choisir. Une fois la dépendance créée vient la dictature de celui qui a les moyens de satisfaire cette dépendance. Il sera, lui, libre d’exiger alors le prix qu’il voudra. Il est urgent d’apprendre à nos enfants à se méfier de la gratuité et de leur rendre le goût du choix.

Le 3 octobre

Appel aux parlementaires: luttez contre la toute puissance de l’Administration!

Dans La Nation du 30 septembre dernier, M. Jean- François Cavin dénonce à juste titre une « nouvelle directive de l’Office fédéral des routes » selon laquelle « le médecin doit désormais transmettre des éléments de diagnostic au service cantonal- et pas à un médecin-conseil ».

Il tombe sous le sens que ce n’est pas une directive d’un Office qui peut tourner le secret médical consacré par la loi.

Les directives élaborées par l’Administration ne sont que des interprétations d’un texte légal par un Office et leur conformité à la loi peut toujours être contestée. A vrai dire, il n’est même pas obligatoire de les suivre. Elles peuvent faire l’objet d’un recours devant les tribunaux plus fondé encore que celui contre les ordonnances du Conseil fédéral ou d’un Conseil d’État et ce n’est évidemment pas, comme dans le cas ci-dessus, l’avis du Préposé fédéral à la protection des données qui est liant.

En pratique, ce devrait être les parlementaires qui manifestent leur curiosité et condamnent l’interprétation qu’un Office administratif donne de l’esprit ou de la lettre de la loi qu’ils ont votée. A notre avis, les parlementaires négligent trop cette facette de la politique qui leur permettrait de mettre parfois un frein à la dérive tentaculaire de l’Administration.

Nous ne pouvons qu’inciter nos élus fédéraux à s’insurger à Berne devant la liberté prise en l’espèce par l’Office fédéral routes, comme ils devraient le faire devant celle prise par l’Office fédéral de l’environnement en matière de gestion des déchets. La hiérarchie des règles en démocratie est une condition importante du respect des libertés des citoyens.

Le 2 octobre 2016