Immaturité estudiantine

Les étudiants de l’ IHEID (Institut de hautes études internationales et du développement) de Genève veulent interdire de parole le vice-président du FPÖ autrichien. A force de ne pas vouloir entendre les propos que l’on déteste on en ignore le contenu et on favorise des résultats de votations tels ceux du 9 février.

Il est normal, à 20 ans, d’être un peu extrémiste et les étudiants le sont souvent, mais il incombe alors aux autorités responsables de leur tenir tête et de leur montrer que la meilleure manière de lutter contre un mal éventuel c’est d’abord de le connaître. Il semble bien que ce soit l’intention du directeur de l’IHEID ; c’est tout à son honneur.

Osons dire aussi que les esprits les plus incapables d’entendre les arguments de ceux qu’ils veulent empêcher de suivre sont souvent en train de prêcher la haine des personnes sous le couvert d’un langage fallacieux d’ouverture et de charité.

Dans le même ordre d’idée, mais à un niveau un peu différent, l’excitation liée à la réunion « rock » néonazie révèle une récupération de la juste détestation d’une philosophie pour présumer coupables des pires méfaits tous ceux qui pourraient être y être intéressés. Et toujours évidemment sous le couvert de beaux sentiments.

On espère que la réunion de rock était connue et « discrètement » sous contrôle des services de sécurité. Mais s’il fallait montrer « patte noire » pour y entrer ce n’était pas vraiment une manifestation publique.

La démocratie et le respect de la liberté d’opinion exigent une réflexion très subtile et la chasse aux sorcières est aussi néfaste à ces valeurs que la naïveté de « Monsieur Bonhomme et les incendiaires ».

Le 19 octobre 2016

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

2 réponses à “Immaturité estudiantine

  1. Il ne me semble pas que les étudiants de l’IHEID aient souhaité “interdire” la venue du Vice-Président, mais on souhaité voir un autre genre de diversité dans le panel prévu pour la conférence. En effet, la conférence ayant pour thème la migration, les étudiants n’ont pas apprécié qu’aucun représentant de la communauté des migrants ait été invité, encore une fois, et que l’on donne ainsi toujours encore plus de visibilité aux discours anti-migratoires.
    Il me parait qu’en blamant les “jeunes”, un peu “extrêmistes” et en déclarant : “Osons dire aussi que les esprits les plus incapables d’entendre les arguments de ceux qu’ils veulent empêcher de suivre sont souvent en train de prêcher la haine des personnes sous le couvert d’un langage fallacieux d’ouverture et de charité.” Vous pourriez tout à fait retourner la remarque contre vous-même.

  2. On ne saurait mieux dire.
    Etudiante à l’IHEID, je vous remercie infiniment pour ces quelques lignes!

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