Suisse à vendre si elle trouve un acheteur

L’affaire des remontées mécaniques du domaine skiable de Montana-Crans est révélatrice. Quand une entreprise suisse – ici les remontées mécaniques – est très majoritairement en mains étrangères (si l’on en croit les nouvelles télévisées du 4 avril au soir), les règles du jeu ne sont plus les mêmes. Peu importe à un propriétaire étranger la renommée d’une région, voire d’un pays, peu importe l’atteinte catastrophique à une image, on n’hésite pas à recourir au système analogue à celui des grèves les pires, prenant d’ailleurs sans hésiter en otage les malheureux usagers et vacanciers. Ce n’est pas une méthode helvétique.

On ne peut en outre que s’émerveiller de la naïveté des autorités communales qui croient qu’on peut discuter avec des propriétaires étrangers comme avec des propriétaires suisses alors que les intérêts des uns et des autres sont bien différents. Le milliardaire domicilié à l’étranger n’est pas concerné par l’avenir de l’entreprise suisse dans laquelle il a été heureux de planquer son argent à un moment donné. Cela ne représente pour lui qu’une broutille et il se sait bien plus fort que les petites autorités locales dont le budget équivaut peut-être à peine à une fraction de sa fortune.

L’affaire très malheureuse de Montana-Crans illustre deux constats : 1) Il ne faut pas vendre son pays à des promoteurs ou des acheteurs étrangers ; 2) Avec la globalisation et la libre circulation notamment des capitaux, l’économie est plus forte que la politique et elle menace de gagner la guerre sans se soucier le moins du monde des dégâts collatéraux.

Voter, c’est oser choisir!

« Je veux les deux »

C’est en ces termes qu’une affiche placardée au bord de nos rues vante une assurance qui permet aux personnes intéressées de ne pas choisir !

« La grandeur de l’homme, c’est d’être capable de faire des choix »

Cette autre vision de l’homme, c’est celle de Thierry Magnin, prêtre et recteur de l’université catholique de Lyon, exprimée dans Le Temps du 31 mars, sous le titre « Il faut réfléchir à un nouvel humanisme »

Voilà deux conceptions bien différentes de l’être humain. La première est infantile. La seconde mise sur l’éducation qui conduit peu à peu l’être humain hors de l’enfance et lui permet de parvenir au stade où il est capable de choisir, c’est-à-dire d’apprécier les conséquences de ses actes, de régler sa conduite en fonction de cette appréciation et d’en assumer les conséquences.

La politique nous ennuie

Le numéro des 28/29 mars de Lausanne Cités contenait un article intitulé « encourager les jeunes à voter… un vrai défi ! » qui se terminait ainsi : « Bref, en 2018, voter, c’est un truc de vieux », et Yves Petitgnat, dans le Temps du 31 mars, y allait d’un petit couplet sur « Les cantons nous ennuient », et se demandait « comment relancer l’intérêt pour la politique régionale et cantonale auprès des nouveaux électeurs ? »

A quoi peuvent bien servir l’école en général et l’instruction civique en particulier ?

Certes, les moyens techniques changent et l’adaptation à l’environnement numérique pose à l’école des problèmes pédagogiques considérables. Mais la meilleure manière de libérer les jeunes de l’esclavage de la publicité que la toile favorise en flattant les faibles, les narcissiques, les vaniteux et les envieux, c’est de fortifier leur capacité de choisir et leur envie de le faire. La formation civique devrait enseigner l’importance de cette aptitude, la chance que représente notre démocratie semi-directe pour la pratique de cette capacité. Que raconte-t-on aux adolescents pendant les cours d’instruction civique pour que voter leur paraisse un « truc de vieux » et pour que les cantons les ennuient ? Et qu’est-ce que c’est que ces petits minets que ça ennuie de voter par bulletin papier alors que les vieux – dont je suis – s’habituent à internet, aux SMS, aux smartphones, à un environnement où les gens se promènent avec des fils blancs qui leur sortent des oreilles ou avec des casques pour ne pas entendre les bruits de la vie autour d’eux? On se demande parfois qui sont les vrais croulants !

La démocratie est le type de régime politique qui exige des choix donc des citoyens adultes

C’est le fin moment de secouer un peu le cocotier car l’infantilisme des citoyens pourrait sonner le glas de la démocratie.

 

 

 

La laïcité, une maladie contagieuse

La France est malade de la laïcité. La contagion semble gagner le canton de Genève. Par bonheur, la relation Eglise/Etat est, chez nous, une question cantonale et non pas fédérale, mais les maladies ne connaissent pas de frontières. Il convient donc de réagir rapidement au « mal français » avant qu’il devienne une pandémie.

La constitution genevoise consacre le principe de la laïcité de l’Etat et précise que l’Etat observe une neutralité religieuse. Alors que la notion de neutralité religieuse de l’Etat est connue en Suisse depuis des décennies, le principe de laïcité de l’Etat, calqué sur le système français, pose, lui, de nombreuses questions d’autant plus délicates que la laïcité à la française est une forme de religion athée. Rien n’est plus intolérant que le principe de laïcité de l’Etat parce que tout évocation religieuse en public devient alors une atteinte à la majesté laïque. Le danger de communautarisme ou de sectarisme en est fortement accrû.

Le Parlement genevois peine sur une loi sur la laïcité

Protestinfo.ch nous apprend que le Parlement genevois est en train de consacrer des heures de débat à l’élaboration d’une loi sur la laïcité. Quelle peut bien être la raison de ce débat ?  On subodore que, pour certains, ce devrait être une protection contre l’islamisation de la société. Or nous affirmons qu’en réalité, c’est le plus mauvais moyen de protection, car la religion de la laïcité n’empêchera nullement l’islamisme conquérant de sévir, mais fera passer les musulmans modérés et occidentalisés pour des martyrs de la cause de leurs coreligionnaires fanatiques. En outre, la laïcité équivaut en général à ignorer voire renier l’influence du christianisme qui a fait la grandeur et la force de l’Occident. Sans christianisme (et notamment sans la réforme), pas d’égalité hommes/femmes, pas de démocratie réelle, pas de droits de l’homme, beaucoup moins de poètes, d’écrivains, de compositeurs, de peintres, de philosophes, pas de cathédrales, d’églises, de couvents qui enrichissent notre patrimoine artistique et architectural.

Être fier de la culture chrétienne

Plus que jamais, nous devons être fiers de notre culture chrétienne, sans nier que, à l’instar de toutes les cultures, elle a eu et a encore des faiblesses.

A un moment où l’Occident se pose des questions au sujet de l’influence de l’islam, de sa nature souvent politisée, voire intransigeante, de la manière de respecter la liberté religieuse d’autrui sans abdiquer la sienne, la politisation de la laïcité ne peut que favoriser l’affaiblissement, l’appauvrissement, peut-être même l’éradication d’une culture, celle de l’Occident chrétien.

A bas mai 68!

 

Y a-t-il un lien entre mai 68 et « le printemps des despotes », titre de l’éditorial de Frédéric Koller dans le Temps du 20 mars ? Formulée autrement, la question peut être : Y a-t-il un lien entre « il est interdit d’interdire » (mai 68) et « j’aime tout interdire »  (rêve du despote) ? La réponse est affirmative, parce que, dans les deux cas, cela correspond au principe : « Fais ce que voudras ». Il n’est simplement pas appliqué aux mêmes personnes !

 

L’utopie de l’abbaye de Thélème

« Fais ce que voudras », tel était le principe de l’abbaye de Thélème du Gargantua de Rabelais. Mais l’abbaye ne réunissait que des personnes – au demeurant peu nombreuses – de même éducation et culture qui respectaient spontanément les mêmes règles de politesse et de vie en société. Il n’était pas nécessaire d’y interdire quoi que ce soit parce que les normes étaient spontanément déterminées et respectées. C’était une utopie.

Mai 68 n’a évidemment rien de l’abbaye de Thélème. C’était une manifestation anarchiste de semi-rêveurs, parfois drogués, manifestation récupérée politiquement à de nombreux niveaux par des mouvements bien organisés, eux, qui savent que le sentimentalisme douçâtre (faites l’amour et non la guerre) parle agréablement aux foules. Il est aisé de domestiquer les moutons de Panurge quand on les berce d’une mièvre tendresse. Et ça a marché et ça marche encore mieux aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux.  Mai 68 avait sonné le glas de la raison pour chanter l’anarchie sentimentale ; aujourd’hui, les réseaux sociaux flattent les pulsions au détriment de la maîtrise de soi. Ces nouvelles sources de pollution répandent à la vitesse grand V les éructations les plus primitives et parfois les plus violentes qui sont très contagieuses. Le despotisme se fortifie de cette anarchie sentimentale de masse.

Une société fragilisée par les passions qui favorisent le despotisme.

Comme le dit Frédéric Lenoir, se référant à Spinoza : « Aucun régime politique, même démocratique, ne fonctionnera bien tant que les humains seront davantage mus par leurs passions que par leur raison. Tant que nous ne respecterons la loi de la cité que par peur de la punition et non par intime conviction, nos sociétés seront fragiles » (Le miracle Spinoza, p. 179). Voilà une description parfaite de notre société actuelle. Les interdictions policières et, dans certains pays, les despotes, se multiplient, au fur et à mesure que les habitants obéissent plus à leurs passions et à leurs pulsions qu’à la raison. Seule la peur du gendarme (caméras de surveillance un peu partout, multiplication des amendes d’ordre, des menaces pénales, des interdictions de toutes espèces) semble protéger chacun des déprédations et des violences.  Il est certainement encore temps de réagir, mais il faut faire vite. Si seulement Mai 2018 pouvait être l’amorce du changement !  A bas Mai 68 !

 

 

Un Synode soucieux de l’unité et de la cohésion de l’Eglise vaudoise

Réuni les 9 et 10 mars derniers le Synode (= Parlement) de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV) devait décider de la manière de répartir la diminution des postes subventionnés par l’Etat. Deux conceptions fondamentales étaient en opposition : l’une, celle du Conseil synodal (gouvernement de l’EERV)l, qui estime qu’une Eglise plus centralisée serait plus apte à faire face aux changements de la société, l’autre, celle de nombreux paroissiens qui s’étaient adressés aux membres du Synode, jugeant que les paroisses, au sein des régions, restent le noyau vital d’où l’Eglise doit rayonner « au service de tous ».

La société vaudoise n’est pas la société anglaise

Une discussion nourrie et très fraternelle a permis de développer chacune des conceptions, mettant d’ailleurs en évidence la particularité d’une Eglise traditionnellement et réglementairement presbytéro-synodale comme la nôtre, qui s’appuie premièrement sur les paroisses, éventuellement groupées dans une région, par rapport à une Eglise de type épiscopal, beaucoup plus hiérarchisée, éventuellement inspirée, même inconsciemment, du modèle anglais. En effet, le Conseil synodal a longuement étudié les œuvres d’un sociologue anglais Zygmunt Bauman dont il s’inspire abondamment. Il a d’ailleurs envoyé un pasteur en Angleterre pour voir les choses de plus près. Si l’évolution actuelle de la société est peut-être la même dans les deux cultures, anglaise et vaudoise, il est certain qu’elle ne s’opère pas à partir de la même histoire ecclésiologique ni de la même société de base. Le tempérament britannique n’est pas celui des Vaudois. C’est peut-être là que réside, même inconsciemment, la cause du profond malaise ressenti ici par la base.

Le Synode, responsable de la cohésion de l’EERV

Le Synode est chargé, selon son règlement d’organisation approuvé par le Conseil d’Etat, de « veiller à préserver l’unité et la cohésion de l’EERV ». Il a jugé que la divergence de conception ecclésiologique entre le Conseil synodal et les très nombreux paroissiens qui, par des lettres collectives, lui avaient fait connaître leur point de vue, serait à l’origine d’une fracture au sein de l’EERV si on ne demandait pas expressément au Conseil synodal de revoir ses propositions et de les adapter à notre Eglise vaudoise. Le Synode a donc refusé, par 47 voix contre 27 et 2 abstentions, d’entrer en matière sur les propositions du Conseil synodal et lui a renvoyé le dossier.

C’est peut-être une des premières fois que cela arrive, mais une église ne peut se permettre d’être divisée si elle veut rayonner, donc remplir sa mission, dans une  société toujours plus déchristianisée.

Egalité des salaires: essayer de dire quelques vérités

Une inégalité qui n’a pas d’autre motif que la différence de sexe est clairement inacceptable. Mais il faut alors être parfaitement honnête : il est impératif de cesser de présenter le pourcentage des inégalités salariales en fonction de nombreux autres critères, ce qui permet d’atteindre des différences de 16 à 19 %, pour descendre peu à peu et arriver à 6 à 7 %. Même un tel pourcentage de “vraie inégalité” est inacceptable, mais le problème, c’est qu’il est décrédibilisé par les chiffres supérieurs faux et qu’on ne sait jamais vraiment non plus comment il est calculé puisqu’on ignore quelles entreprises pratiquent l’inégalité.

Une chose est claire : ce n’est pas la formation professionnelle qui légitime une différence, mais bien le travail fourni. Un doctorat en biochimie ne justifie pas un salaire plus élevé si son porteur s’engage momentanément comme pizzaiolo pour gagner un peu d’argent que si le pizzaiolo est porteur d’un CFC. Il serait en revanche inadmissible que le pizzaiolo soit mieux payé que la pizzaiola simplement parce que c’est un homme.

Ceci posé, on doit se demander pourquoi des écarts de salaires fondés sur le sexe exclusivement subsistent si le travail fourni est le même. Des différents articles publiés dans la presse depuis la décision du conseil des Etats, il résulte que ces différences reposeraient sur un double a priori :  1) les femmes seraient plus sujettes à l’abstentionnisme que les hommes quand elles ont des charges de famille ; 2) on considère encore parfois que le salaire d’une femme est un salaire d’appoint.

 

Plus d’abstentionnisme chez les femmes que chez les hommes ?

Il est anormal de partir d’un tel a priori. Que le salaire soit éventuellement modifié par la suite à cause d’un abstentionnisme plus important constaté, c’est imaginable. Mais tout a priori de ce genre lors de la fixation du salaire, peut en outre déboucher sur une surveillance de la vie privée (avez-vous ou aurez-vous des enfants ? Comment organisez-vous votre vie de famille ?) et peut même déboucher sur une discrimination supplémentaire entre les mères et les femmes sans enfants ou ayant déjà terminé leur tâche éducative.

 

Salaire d’appoint ou selon les « besoins » présumés

Ce motif pèche par une très lourde erreur : il est le fruit empoisonné du principe marxiste « à chacun selon ses besoins ». Les entreprises qui cèderaient aujourd’hui encore à cette idée totalement fausse sont irresponsables. Non seulement le marxisme a fait la preuve de son caractère injuste et erroné, mais de surcroît l’idée est démodée car actuellement, l’indépendance et l’émancipation des femmes, même mariées, ainsi que le droit du mariage ont supprimé l’obligation exclusive d’entretien du mari.

Plutôt que de devoir se soumettre à un contrôle administratif compliqué et déresponsabilisant, les entreprises devraient avoir la fierté de montrer qu’elles ne croient pas au mensonge marxiste mais ont compris la nécessité de s’adapter à l’évolution de la société.

 

 

 

Le rire carnassier des hyènes

Si « l’affaire Broulis » fait à la limite sourire tellement elle est peu importante, malgré le bruit que l’on essaie de provoquer tout autour, « l’affaire Moret », elle, ferait pleurer tellement elle est «hideuse ». Que l’on puisse reprocher à une personne de n’avoir pas encore de taxation provisoire – décision qui dépend de l’autorité fiscale – alors qu’elle paie ses acomptes et que la complexité fiscale de sa situation est notamment due au fait qu’elle est en train de divorcer, est une honte. Certes, il y a litige sur certains postes de sa déclaration d’impôts, mais à qui est-il interdit de contester être le débiteur d’une certaine somme quand le créancier est le fisc ?

Le rire carnassier des hyènes s’entendait ce soir à la télévision quand M. Rochebin a évoqué le fait que Mme  Moret aurait menti quand elle avait affirmé, lors de sa campagne pour le conseil fédéral, qu’elle n’avait pas de dettes alors qu’elle en avait envers le fisc puisqu’elle n’avait pas de taxation définitive depuis une dizaine d’années. Chacun sait qu’il est difficile de payer une dette non chiffrée et le mieux que Mme Moret puisse faire, c’est de payer les acomptes que le fisc lui demande, ce qu’elle fait.

Les éternels jaloux des revenus d’autrui

Quel intérêt peuvent bien poursuivre les hyènes qui s’acharnent ainsi ? Cela permet aux éternels jaloux que sont certains socialistes ou gauchistes de s’en prendre au « secret fiscal » qui « protège » la sphère privée. On peut certes déplorer la triche aux impôts et personnellement, je la déteste, parce que c’est une manière de faire peser sur d’autres le poids des tâches de l’Etat que les citoyens lui ont confiées. Mais d’ici à pouvoir fouiner systématiquement les déclarations fiscales des personnes que l’on cherche à détruire, il y a une marge que l’on ne doit pas franchir.

Malheureusement, quand on n’a pas beaucoup d’intérêts dans la vie, on passe son temps à fouiner dans la vie des autres et notre société est pourrie de jaloux des revenus d’autrui.

une société infantilisée?

Le Temps du 20 février relevait fort justement que « la gratuité numérique rend bête ». Cela pourrait éventuellement expliquer la diminution annoncée du QI – pour l’instant, il semble seulement avoir cessé de croître. Mais quel avenir préparons-nous si l’on ajoute à cette crétinisation numérique l’infantilisation liée à la déresponsabilisation programmée?

Certaines personnes se demandent comment organiser la responsabilité des robots. Mauvaise question. Le vrai problème, c’est la responsabilité du créateur du robot, de son réalisateur et de son utilisateur, comme pour toutes les machines. Ne soyons pas naïfs. Le seul être responsable de quoi que ce soit sur terre, c’est l’être humain. Ni la nature, ni les animaux, ni la technique ne sont responsables par eux-mêmes. Seul l’homme peut l’être parce qu’il est seul capable de discernement.

Or à quoi va lui servir le discernement quand il ne conduira plus lui-même ses véhicules, quand il fera dépendre ses diagnostiques médicaux des ordinateurs, quand on lui aura désappris à apprendre, c’est-à-dire à mémoriser, à écrire, à calculer, à réfléchir, à choisir parce des objets créés par quelques-uns de ses semblables le feront pour lui ? Plongé dans les jeux plus ou moins intelligents, plus ou moins violents, plus ou moins vulgaires, où les morts ressuscitent pour la partie suivante, où celui qui échoue n’a qu’à réessayer toujours et toujours, où le zapping évite la concentration et le choix, ravi par la contemplation narcissique de ses selfies, l’être humain retombe au stade de l’enfance ; tout doit y être jeu, utopie et sentiments violents. Le monde de l’enfance où l’enfant pris en faute dit presque toujours : « C’est pas moi, j’ai rien fait !… » a besoin d’éducateurs et d’autorités indiscutés. Il est incompatible avec la démocratie.

Une nouvelle croisade?

Suivant l’exemple de l’administration de M. Trump, l’UDF lance une pétition requérant le transfert de l’ambassade de Suisse de Tel-Aviv à Jérusalem. L’UDF invoque à l’appui de sa démarche un « point de vue historique, politique et biblique ».

Point de vue historique :  il est exact qu’historiquement parlant, Jérusalem a été la capitale d’Israël, mais, pardonnez-moi, si on devait remettre le monde en ordre en fonction de l’histoire, on entrerait dans une guerre perpétuelle. N’est-ce pas pour reconstituer l’histoire que la Russie a repris récemment la Crimée ?

Point de vue politique : là, on voit mal l’idée de l’UDF, car se mêler de la politique de l’Etat d’Israël ou des Etats-Unis, ou de la Palestine, c’est évidemment intervenir dans les affaires intérieures d’un Etat, ce qui est peu compatible avec la neutralité mais c’est surtout jeter de l’huile sur le feu dans un conflit dont on ne maîtrise in casu aucun des éléments et ne pas hésiter, par une pétition, à essayer d’y embarquer une population ; ce procédé montre une manque total de sens des responsabilités. On se demande au demeurant quelles sont les compétences particulières d’un parti politique suisse dans ce domaine.

Point de vue biblique : là, pardonnez-moi, c’est l’horreur ! On retombe dans l’esprit des croisades, pierre d’achoppement du christianisme. On encourage le fétichisme des lieux. Il faut le dire, aussi bien les croisades d’autrefois que, maintenant, l’excitation « biblique » au sujet de Jérusalem, sont une forme de culte d’un lieu où l’on enferme Dieu. Les Croisés engageaient leur vie et celle de leurs « ennemis » pour ce lieu. La pétition de l’UDF pourrait contribuer à jeter de l’huile sur le feu de revendications territoriales et politiques d’un lieu, accroissant le danger de guerre locale, voire un esprit de revanche dépassant les frontières. Je respecte Jérusalem et la Terre sainte, mais le message chrétien dépasse par bonheur le fétichisme des lieux enfermant Dieu. C’est ce qui lui permet d’être un message de paix à condition qu’on ne brandisse pas la Bible pour justifier une politique.

Non à une nouvelle usine à gaz!

Le matériel de vote est arrivé ce matin 7 février. Enfin quelques informations concernant l’assurance dentaire vaudoise obligatoire !

Cette fois, je peux lire que, outre la mise sur pied d’une nouvelle assurance dont le financement sera assuré par un prélèvement sur les salaires ou les revenus, comme pour l’AVS (pourcentage encore à déterminer, naturellement ! C’est tellement plus sympathique quand c’est une surprise !), « l’Etat met en place un dispositif de prévention en matière de santé bucco-dentaire et un réseau de policliniques dentaires régionales ».

On peut deviner aussi que le remboursement des traitements se fera ultérieurement avec un principe de points ou au forfait à l’acte, garantie de tonnes de paperasses et d’une diminution de l’écoute du patient.

Et en route l’usine à gaz déshumanisante !

NON à la tyrannie de la minorité et au triomphe de l’arbitraire.

La page 5 du livret explicatif de l’objet du vote nous informe très honnêtement que « les études à disposition estiment entre 5 et 10 % le taux de renoncement de la population aux soins dentaires pour raisons financières » et précise « que l’on ne dispose pas de statistiques officielles portant sur le seul canton de Vaud ».

Voilà du travail sérieux ! Une usine à gaz pour tourner dans le vide ! On comprend pourquoi la campagne avant le vote est si calme.

Les « pour » n’osent pas dire la vérité et les « contre » croient – peut-être un peu trop vite ! – que le bon sens l’emportera spontanément.

Il n’est pas encore trop tard pour rappeler de voter NON!