Suivant l’exemple de l’administration de M. Trump, l’UDF lance une pétition requérant le transfert de l’ambassade de Suisse de Tel-Aviv à Jérusalem. L’UDF invoque à l’appui de sa démarche un « point de vue historique, politique et biblique ».
Point de vue historique : il est exact qu’historiquement parlant, Jérusalem a été la capitale d’Israël, mais, pardonnez-moi, si on devait remettre le monde en ordre en fonction de l’histoire, on entrerait dans une guerre perpétuelle. N’est-ce pas pour reconstituer l’histoire que la Russie a repris récemment la Crimée ?
Point de vue politique : là, on voit mal l’idée de l’UDF, car se mêler de la politique de l’Etat d’Israël ou des Etats-Unis, ou de la Palestine, c’est évidemment intervenir dans les affaires intérieures d’un Etat, ce qui est peu compatible avec la neutralité mais c’est surtout jeter de l’huile sur le feu dans un conflit dont on ne maîtrise in casu aucun des éléments et ne pas hésiter, par une pétition, à essayer d’y embarquer une population ; ce procédé montre une manque total de sens des responsabilités. On se demande au demeurant quelles sont les compétences particulières d’un parti politique suisse dans ce domaine.
Point de vue biblique : là, pardonnez-moi, c’est l’horreur ! On retombe dans l’esprit des croisades, pierre d’achoppement du christianisme. On encourage le fétichisme des lieux. Il faut le dire, aussi bien les croisades d’autrefois que, maintenant, l’excitation « biblique » au sujet de Jérusalem, sont une forme de culte d’un lieu où l’on enferme Dieu. Les Croisés engageaient leur vie et celle de leurs « ennemis » pour ce lieu. La pétition de l’UDF pourrait contribuer à jeter de l’huile sur le feu de revendications territoriales et politiques d’un lieu, accroissant le danger de guerre locale, voire un esprit de revanche dépassant les frontières. Je respecte Jérusalem et la Terre sainte, mais le message chrétien dépasse par bonheur le fétichisme des lieux enfermant Dieu. C’est ce qui lui permet d’être un message de paix à condition qu’on ne brandisse pas la Bible pour justifier une politique.
Votre position est comme toujours marquée au coin du bon sens. L’UDF ne doit pas se mêler d’affaires non suisses.
Petite précision historique: la Crimée est russe depuis 1783, et ukrainienne dès 1954, pour faire alors plaisir à l’ Ukrainien Khrouchtchev. L’Ukraine fait partie de la Communauté des Etats indépendants depuis 1991. Donc la Crimée a été russe pendant 171 ans, ukrainienne pendant 37 ans, et russe à nouveau depuis 2014. Chacun peut en tirer les conclusions qui l’arrangeront…
” Fétichisme des lieux enfermant Dieu ” ? ” Contribuer à jeter de l’huile sur le feu ” ?
Peut-être… pouvons-nous vous suivre quelque peu.
Cependant, pour le peuple juif, Jérusalem reste la capitale de la Terre promise depuis plus de 3000 ans.
Avant le christianisme issu du judaïsme et avant l’islam des Arabes…
Jérusalem : « C’est l’endroit où Dieu est visible » a dit Abraham.
Même après le second exil, il est toujours resté un noyau juif, vivant dans Jérusalem, la fille de Sion.
Depuis bientôt vingt siècles, la diaspora juive espère l’« aliyah », l’an prochain à Jérusalem.
Les nations chrétiennes et le christianisme se sont établis dans de nombreux pays et disposent d’autres lieux saints, en plus de ceux de Jérusalem ; de même pour l’islam et les Arabes. Les Juifs n’ont qu’un territoire, petit et toujours contesté ; leurs lieux saints sont, pour la plupart, à Jérusalem.
Ainsi, pour les Israéliens d’aujourd’hui, Jérusalem est leur capitale religieuse, historique et donc politique.
Les ambassades sont toujours installées dans la capitale des États et des gouvernements reconnus. Comme à Pékin pour la Chine, alors que Taïwan et encore plus le Tibet sont ignorés.
Donc, les ambassades devraient être transférées dans la capitale d’Israël. Au risque de jeter de l’huile sur le feu ! Bien sûr, il n’y avait pas besoin de beaucoup de courage pour abandonner le Tibet et humilier Formose…
Enfin, je cite le rabin Nahoum Bravermam :
« Jérusalem est une mémoire vivante, une vision de Dieu dans nos vies, l’image d’un monde achevé. Jérusalem nous donne la force d’accomplir le rôle qui nous incombe en tant que peuple: nous unir et sanctifier ce monde ci. C’est en cela que réside l’importance de Jérusalem. »
M.Tissot a 100% raison, et il faut du courage à notre époque d’anti-sionisme opportuniste, pour relever les réalités historiques qu’il décrit. Bravo !