La Suisse favoriserait la création par la Chine du prochain cimetière de la liberté

L’article fort intéressant de M. François Nordmann (LT du 16 mars, p. 2) intitulé « Les paramètre de la nouvelle stratégie envers la Chine » se termine par cette injonction totalement fondée : « La nouvelle stratégie du Conseil fédéral devra indiquer quelle position la Suisse entend prendre dans le combat pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme qui oppose les démocraties occidentales à la Chine autoritaire, qui est l’atelier et, de plus en plus, le laboratoire mais parfois aussi le goulag du monde en devenir ».

Qui a poussé un cri, pendant la pandémie, devant le massacre de la liberté à Hong Kong ?

A part M. Frédéric Koller, journaliste, dans un magnifique article du Temps du 25 janvier dernier (p. 4) sous le titre ironique « Bienvenue dans le nouveau Hong Kong », qui a poussé un cri devant le massacre de toute liberté à Hong Kong par la Chine ? Les mesures sanitaires dictées par le corona avaient permis de stopper à Hong Kong toute velléité de manifestation anti régime de Pékin. On apprenait, par M. Koller, que « l’opposition politique étant laminée, restait la conquête des esprits. Elle passe par la culture et l’éducation. Depuis l’été dernier, on fait le tri dans les bibliothèques, on revoit les manuels, on censure ce qu’il reste de presse libre. Et grâce à un parlement purifié, on s’assurera bientôt que les enseignants ne dévient plus du dogme patriotique dicté par Pékin. Par caméra interposée ». Perfection du goulag !

Le rouleau compresseur chinois anti liberté est au point. Prochain cimetière de la liberté, Taiwan.

L’article de M. Nordmann nous apprend que dans un protocole d’accord de 2007 qui « jette les bases du dialogue et de la coopération entre le Conseil fédéral et le gouvernement de la Chine », « la Suisse réaffirme le principe d’une seule Chine et déclare s’opposer à tout mouvement d’indépendance de Taiwan ». On croit faire un cauchemar ! Nous violons notre principe de neutralité, bénissons par anticipation toute violation des droits de l’homme par la Chine ! Si l’on ajoute à cette lâcheté le fameux traité autorisant les fonctionnaires de police chinois à enquêter sur notre sol, nous comprenons pourquoi la Chine a raison de nous mépriser profondément.

Réveillon-nous, que diable, nous sommes en train de favoriser l’extension des cimetières de la liberté. N’est-ce vraiment que de la bêtise ? Que font nos parlementaires ? Le Corona n’est pas une excuse.

 

 

 

 

Parler franchement

Rien n’encourage plus le « complotisme » que le sentiment désagréable que quelque chose d’important n’est pas dit.

En cette époque de pandémie où malheureusement les vraies incertitudes politico-scientifiques côtoient les demi-vérités, on attend des autorités qu’elles jouent franc-jeu si elles veulent être respectées.

Il est donc temps de dire clairement, en relation avec la pandémie :

  • Quelles sommes ont été investies par nos pouvoirs publics dans les recherches des pharmas. Pour quelles recherches ? Chez quelles pharmas ? A quelles conditions ?
  • Quelles sommes ont été dépensées par nos pouvoirs publics pour acquérir quels remèdes ou/et quels vaccins, à quelles conditions ?

La solidarité et les énormes sacrifices imposés à la population méritent une pleine franchise de la part des autorités. La vraie difficulté réside peut-être dans l’absence de franchise des autres Etats.

Démocratie directe: un régime si subtil

Il faut vraiment des nerfs d’acier pour exercer le pouvoir dans une démocratie directe, surtout quand la presse – et parfois les élus eux-mêmes – n’en comprennent pas vraiment les règles.

« Crise de confiance » envers le Conseil fédéral, « quasi-camouflet pour le Président de la Confédération » pouvait-on lire dans l’éditorial du Temps de ce lundi 8 mars. « Un camouflet au Conseil fédéral sur l’identité numérique » titrait en gros le même Journal, en p. 3. Bon. Ce n’est plus la « gifle » que l’on pouvait lire autrefois quand un texte fédéral était rejeté en référendum – il y a donc déjà un léger progrès – mais c’est encore et toujours la même incompréhension des mécanismes de notre démocratie directe.

Quand une loi est soumise au référendum, elle est le fruit du travail puis d’une décision finale du Parlement et non pas du Conseil fédéral

Le Conseil fédéral prend souvent l’initiative des lois et soumet un projet au Parlement, mais jamais une loi ne peut faire l’objet d’un référendum si elle n’a pas été discutée, travaillée et votée par le Parlement. Par conséquent, c’est le texte final du Parlement qui est soumis au référendum et si la loi est rejetée en vote populaire, c’est le Parlement qui a perdu et non pas le Conseil fédéral.

Comme le Parlement est rarement unanime, il appartient très logiquement aux parlementaires qui ont approuvé le texte final de la loi de défendre celle-ci pendant la procédure référendaire et à ceux qui ont refusé ce texte de soutenir l’opposition référendaire. Le Conseil fédéral, lui, ne devrait pas avoir son mot à dire, car ce n’est plus « son » texte et il devra exécuter le résultat du vote, même s’il lui déplaît.

En résumé, le rejet, dimanche dernier, de la loi sur l’identification électronique est une défaite du Parlement et non d’un département fédéral, voire de son chef.

Quand un traité est soumis au référendum, il a dû être au préalable approuvé par le Parlement qui n’avait en revanche pas le droit d’en modifier le texte.

Les traités internationaux doivent, en principe, être soumis à l’approbation du Parlement. Ce dernier peut refuser son approbation, en revanche, il ne peut pas modifier le texte. Quand un traité est soumis au référendum, c’est donc parce que le Parlement a approuvé le texte signé par le Conseil fédéral. Si le traité est rejeté en vote populaire, c’est le Parlement qui est désavoué, car ce dernier avait approuvé le texte du Conseil fédéral. S’il ne l’avait pas approuvé, il ne pourrait pas faire l’objet d’un référendum.

Si le traité est approuvé en vote populaire, l’approbation concerne aussi bien le vote du Parlement que le texte signé par le Conseil fédéral. C’est un double acte de confiance de la part des citoyens. En résumé, l’acceptation du traité avec l’Indonésie, ce dernier dimanche, même à une faible majorité, est une double victoire du Parlement et du Conseil fédéral et non un « quasi-camouflet » du Président de la Confédération.

Le Conseil fédéral ne devrait pas intervenir dans une campagne référendaire quelle qu’elle soit.

Que le référendum porte sur une loi élaborée et votée par le Parlement ou sur un traité international signé par le Conseil fédéral et approuvé par le Parlement, le Conseil fédéral ne devrait jamais prendre part à la campagne, ni en corps, ni par l’intermédiaire de l’un ou l’autre de ses membres. D’abord, parce que c’est la décision du Parlement qui est la cause du référendum et non pas la décision du Conseil fédéral, ensuite parce que le Conseil fédéral sera lié par le résultat du vote même s’il le désapprouve et enfin parce que, s’il s’agit d’un traité, il faudra que la Conseil fédéral se prévale du vote populaire pour asseoir sa position face aux Etats tiers et qu’il aura perdu toute crédibilité s’il s’est engagé dans une campagne et a échoué, alors qu’il peut toujours prouver qu’il a défendu loyalement le traité devant le Parlement puisque ce dernier l’avait approuvé.

En cas de vote sur une initiative populaire et un contre-projet, il est évident que le Conseil fédéral ne peut s’engager contre une initiative populaire dans la campagne de vote puisqu’il devra éventuellement l’appliquer si elle passe alors qu’il l’aurait combattue et que le contre-projet, direct ou indirect, est toujours un texte final du Parlement, donc on y retrouve le même mécanisme que pour une loi.

Quand il s’engage dans une campagne référendaire, non seulement le Conseil fédéral montre sa méconnaissance de la démocratie directe mais de surcroît il nuit lourdement à la collégialité

Ce ne sont en général qu’un ou quelques conseillers fédéraux qui s’engagent – ou doivent s’engager-  pour un projet pendant une campagne de vote, accréditant l’idée que le Conseil fédéral n’agit pas collégialement. En outre, cela tend une perche à la presse qui rêve de mettre les membres de l’exécutif en contradiction ou en compétition les uns avec les autres. En fait, le Collège a toujours dû prendre une décision en corps pour qu’un texte soit soumis au Parlement. Les membres du Conseil fédéral ont très bien su le rappeler à plusieurs reprises à l’occasion de la lutte contre la pandémie et Mme Keller-Sutter n’y a pas manqué après le rejet de la loi sur l’identité électronique, mais malheureusement, sans s’être abstenue pendant la campagne.

Notre démocratie directe est d’une subtilité et d’une intelligence qui me fascinent. Elle constitue un rempart contre les tentations du pouvoir et du narcissisme mais est, de ce fait, un obstacle aux effets de manche et de verbe creux ! Peu spectaculaire, elle déplait à une société de l’image, des querelles et des twitts.

 

 

Covid et liberté d’expression

Les reproches adressés par le Parlement fédéral à la « taskforce » en relation avec ses déclarations publiques critiquant parfois le Conseil fédéral ont été qualifiées d’atteinte à la liberté d’expression des experts.

Essayons d’y voir clair :

Quelle est la nature exacte de la « taskforce » ? Qui en a choisi et nommé les membres ? Quels milieux scientifiques représentent-ils ? Avec quel mandat ? Comment fonctionne-t-elle ? Que communique-t-elle à notre exécutif fédéral ? Quelle est la responsabilité assumée par ses membres dans les conseils et les informations transmis ? Combien compte-t-elle de médecins pratiquants ? Les réponses à ces questions sont un préalable à la détermination de l’étendue de la liberté d’expression publique des membres de cette « taskforce ». Pourquoi cette dernière ne se préoccupe-t-elle jamais de la manière dont les médecins de cabinet ont soigné leurs patients quand ceux-ci étaient atteints du covid ? La quarantaine ou l’isolement ne sont pas des soins mais bien des sortes de menace incitant éventuellement des personnes à ne pas consulter leur médecin traitant même en cas de symptômes par crainte de subir ces privations de liberté souvent sans contrôle sanitaire.

Ce qu’il y a de plus frappant, dans cette pandémie, c’est l’absence totale d’intérêt des « scientifiques » pour les soins à donner hors hôpital ou hors soins intensifs aux malades du Covid

On a assisté aux prises de bec entre scientifiques au sujet de tel ou tel médicament proposé par des praticiens généralement honorables – traités volontiers de charlatans – mais à aucun moment la « taskforce » n’a évoqué la nécessité impérieuse de trouver le plus rapidement possible la manière de soigner les malades afin d’éviter l’hospitalisation ou les soins intensifs. Il y a eu confiscation – on s’en souvient – de certains médicaments que les pharmaciens n’avaient – n’ont toujours ? – plus le droit de vendre même sur ordonnance. Comment peut-on expliquer cela ?

Pourquoi est-ce que le Conseil fédéral – mais d’autres chef d’Etat aussi, semble-t-il – a accepté de décharger les producteurs de vaccins de toute responsabilité pour les dommages collatéraux que les vaccins pourraient éventuellement causer ?

Réponse d’un parlementaire : « c’est normal sinon jamais ces boîtes n’auraient accepté de mettre si vite des vaccins sur le marché et de plus à si large échelle. Normalement on vaccine quelques centaines de milliers de personnes et on attend quelques années pour s’assurer qu’il n’y a pas d’effets secondaires importants. S’il y avait de gros problèmes, avec les vaccins actuels, jamais ces boîtes ne pourraient les assumer ». Cela signifie-t-il que les vaccins sont mis sur le marché au corps défendant des producteurs ?

N’y a-t-il aucun moyen de parer au plus pressé grâce à des médicaments existants afin d’atténuer les risques d’aggravation pour les malades ? Cette catégorie de recherche ou de découverte permettrait peut-être de laisser plus de temps et de liberté de choix en matière de vaccination sans mettre en danger la population ni exiger le maintien, voire l’aggravation des mesures de privation de liberté. Aux informations du soir du 5 mars, sur la RTS, M. Pugin, médecin chef des HUG, a dit qu’on avait trouvé des moyens de diminuer un peu les cas de mortalité en hôpital. C’est une bonne nouvelle. Espérons que les recherches s’intensifieront de ce côté aussi.

Mais il est clair que toutes ces questions, posées par une non-scientifique, sont sans doute dénuées de pertinence, juste tolérées au nom de la liberté d’expression.

 

 

 

Procréation médicalement assistée (PMA): délire médical

Le Bulletin des médecins suisses n°6 de cette année consacre sa rubrique TRIBUNE (p.222-224) à un article éminemment inquiétant de deux femmes médecins de la clinique universitaire de gynécologie et obstétrique de l’Inselspital de Berne, article portant sur la PMA en Suisse et dénonçant l’inégalité d’accès à la PMA.

Si cet article est inquiétant, c’est parce que les deux  “autrices” y confondent « désir d’enfant » et « droit à un enfant. »

Inégalité d’accès à la PMA en Suisse

Déplorant une « confusion » (sic) entre « infertilité idiopathique », qui, selon l’OMS, est une « maladie » caractérisée par « l’incapacité d’un couple d’obtenir une grossesse au terme d’un an de rapports sexuels sans moyen contraceptif » et « l’infertilité sociale » (ex. : couples de même sexe [sic]), les “autrices” regrettent que le droit suisse n’admette, actuellement encore, que le don de sperme et seulement pour des couples mariés hétérosexuels ; à l’avenir, grâce au mariage pour tous, le don de sperme par la PMA sera étendu aux couples mariés de lesbiennes. Les “autrices” plaident pour que le droit suisse s’étende également au don d’ovules, au don d’embryon et aux mères porteuses, afin que le « désir d’enfant » puisse être satisfait pour tous les couples y compris les couples de femmes et/ou d’hommes, voire pour les personnes transgenres. Elles plaident évidemment en faveur de la prise en charge de toute PMA par l’assurance-maladie. Il faut, selon elles, assurer une égalité financière parfaite entre tous les couples en rapport avec une PMA en Suisse sous toutes ses formes possibles. Cela éviterait de devoir, comme c’est le cas actuellement, chercher des solutions dans des pays étrangers pratiquant, eux, toutes les sortes de PMA, ce qui réserve aux seuls riches les formes de PMA les plus variées.

Si le mariage pour tous, voté par le Parlement en décembre 2020 et contre lequel une demande de référendum court jusqu’à fin mars, peut entrer en vigueur, il n’y aura plus que les couples d’hommes ou les femmes réellement stériles qui seront encore obligés d’aller à l’étranger pour y acheter ovules ou embryons et y embaucher ou louer des mères porteuses. Les “autrices”  déplorent ces futurs reliquats « d’inégalité » en Suisse.

Le désir d’enfant n’est pas un droit à un enfant : fausse évaluation juridique et éthique

Évoquant différentes bases légales internationales où le « désir d’enfant » est considéré – à juste titre – comme un besoin élémentaire, et la « capacité d’avoir des enfants » comme « une fonction biologique primaire » – ce qui relève du bon sens ! – les “autrices” assimilent ce désir à un droit à l’enfant, un droit absolu d’avoir un enfant. Elles invoquent à l’appui la protection du droit au mariage et à la famille de l’art. 10 de la constitution suisse, ignorant que ce droit correspond à une garantie de la liberté de se marier et de vivre en famille, mais à aucun moment à un droit d’acquérir un conjoint ou des personnes constitutives d’une famille. Quant au « droit à la vie » qu’elles invoquent aussi (en renvoyant à l’article 13 de la constitution fédérale), on ne voit pas très bien ce qu’il vient faire dans cette galère, car il protège un être humain né ou à tout le moins déjà conçu et non pas la manière de le concevoir. Enfin, les “autrices” prétendent que le droit au respect de la vie privée énoncé à l’art. 14 de la constitution fédérale, constitue aussi une protection du désir d’enfant. Peut-être, mais il ne consacre assurément pas le droit de se procurer un enfant pour satisfaire son désir.

Quel serait l’avenir d’une société dans laquelle tout « désir de …» conférerait automatiquement un « droit à… » ?

 

 

La majorité civique doit-elle correspondre à la majorité sexuelle??

Des milieux politiques « bien intentionnés » voudraient abaisser l’âge de la majorité civique fédérale de 18 à 16 ans, mais sans accorder le droit à l’éligibilité ni abaisser l’âge de la majorité civile. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil

C’est en 1991 que l’âge de la majorité civique fédérale a été abaissé de 20 à 18 ans, alors que la majorité civile est restée fixée à 20 ans jusqu’en 1996. La logique en prenait déjà un coup à cette époque. Un certain nombre de citoyens semblent donc estimer que les droits civiques sont un jouet dont l’usage ne doit pas être réservé aux seuls adultes. Je me rappelle fort bien la campagne référendaire contre l’abaissement de la majorité civique fédérale à 18 ans. Quand les opposants – dont je faisais partie- déploraient et refusaient la dissociation entre la majorité civique et la majorité civile, les défenseurs des 18 ans pour la majorité civique répondaient qu’il était plus compliqué d’abaisser la majorité civile que la majorité civique raison pour laquelle ils ne s’occupaient que de la majorité civique. C’est parfaitement exact, techniquement, mais ce n’est pas une raison valable de dissocier l’une de l’autre.

Certains cantons le font pourtant

On se doit de relever que les cantons ont parfois une majorité civique différente de la majorité civile (Tel Glaris : 16 ans depuis quelques années déjà). Cette erreur politique est due au fait que les cantons n’ont pas la compétence de modifier la majorité civile qui dépend du seul droit fédéral. Ils ont assurément tort de galvauder la valeur du droit de vote sur le plan cantonal en dissociant ce droit de la majorité civile, mais on ne peut les citer en exemple puisqu’ils n’ont pas la compétence de modifier la majorité civile.

 Dévaloriser la démocratie

Il paraît qu’il faut donner le droit de vote aux mineurs pour qu’ils se sentent consultés et parce que les droits civiques ne peuvent être « réservés » à certaines personnes.

Un vrai connaisseur du fonctionnement de la démocratie semi-directe (ou directe) saurait que le droit de vote ne sert pas à consulter les citoyens mais à les faire participer à une décision qui liera les autorités. Quand des citoyens veulent s’exprimer sans s’engager, ils ont un droit de pétition qui précisément ne tient compte ni de l’âge ni de la nationalité des signataires, mais permet à chacun d’adresser une requête, un vœu à l’autorité, donc de faire connaître son avis. La constitution fédérale dispose (art. 33 al. 2) que l’autorité doit en prendre connaissance.

Certes, un vote n’a pas d’effet individuel direct. Mais on ne peut accréditer l’idée qu’il ne sert qu’à consulter les citoyens pour connaître leur avis, sans lier les autorités. Dissocier la majorité civique de la majorité civile, c’est réduire chaque vote à un acte dénué de toute responsabilité. Sachant que la démocratie est le régime politique qui exige le plus de sens de la responsabilité de la part des citoyens, on mesure l’ignorance et l’immaturité politiques des défenseurs de la majorité civique pour mineurs sans responsabilité civile. C’est inquiétant, même si ce n’est pas nouveau.

 Créer des citoyens de seconde classe

Quant à dissocier le droit de vote du droit à l’éligibilité, comme le proposent les défenseurs de l’abaissement de la majorité civique à 16 ans – car une personne mineure n’ayant pas encore le droit de diriger sa vie ne peut être élue pour diriger une population ! -, c’est créer une sous-classe de citoyens : les demi-citoyens n’auraient que le droit de vote, les « vrais » citoyens auraient droit de vote et d’éligibilité. Sous prétexte d’étendre le droit de vote à un plus grand nombre de personnes, on bricole une inégalité inadmissible. La démocratie est un régime politique très exigeant, ce n’est pas un flatte-mineur.

Il est plus facile d’abaisser la majorité civique ou sexuelle que la majorité civile

Quand on abaisse l’âge de la majorité civique, on augmente le nombre des futurs bulletins de vote et le nombre des électeurs à gagner pour les formations politiques. Quand on abaisse l’âge de la majorité sexuelle, on augmente le nombre de personnes avec lesquelles des adultes peuvent avoir des relations sexuelles sans risquer d’être punis. Ceux qui plaident pour ces espèces d’abaissements n’encourent aucune responsabilité quelconque ; ils se font juste plaisir.

Quand on abaisse l’âge de la majorité civile, on modifie de manière sensible la relation parents-enfants, on diminue la durée de la responsabilité parentale. Selon le droit actuel les parents ne sont automatiquement tenus de contribuer financièrement à l’éducation de leur enfant que jusqu’à la majorité de ce dernier. Après, ils sont encore légalement tenus de le faire à certaines conditions, mais ce n’est plus automatique et si les parents ne le font pas spontanément, l’enfant doit le leur réclamer dans un procès. C’est très lourd psychiquement pour l’enfant. On constate nettement une péjoration de la situation financière de bien des jeunes pendant les années de gymnase, par exemple, depuis que l’âge de la majorité civile a été abaissée de 20 à 18 ans.

En deux mots, quand les adultes demandent l’abaissement de l’âge de la majorité politique en la dissociant de la majorité civile, ils se font plaisir en dénaturant les droits civiques et en flattant les jeunes.

 

Avant la fin du mois, faire un point sérieux et public de la situation

Voici bientôt une année que nous naviguons à vue en matière de pandémie. Il est hors de question de continuer à tuer la vie pour « protéger les hôpitaux » comme le répètent les scientifiques.

Une première question vient à l’esprit à ce propos : quelles sont les mesures prises, à prendre ou au moins envisagées pour éviter à l’avenir que la surcharge des hôpitaux et du personnel soignant soit à nouveau la cause d’une destruction de la vie d’une population ? – N’y a-t-il aucun moyen envisageable en dehors des quarantaines, fermetures souvent incompréhensibles de lieux de vie, menaces de tester tous les enfants à l’école, au risque de les soumettre à une tension considérable, traçages impossibles à partir d’un certain nombre de personnes, communications semant la peur, scènes de piqûres et de fouille-nez à la télévision comme si nous étions des animaux de l’émission « les nouveaux vétérinaires » ?

Tant de questions

Quelles sont les mesures envisagées d’une manière générale pour assurer le fonctionnement des hôpitaux en cas de catastrophe naturelle avec des milliers de blessés ? Comment augmenter le personnel soignant ? Quelles méthodes de soins ou quels remèdes sont déjà pratiqués avec succès afin de juguler la maladie dès ses débuts, voire de fortifier l’état général des personnes afin de les rendre plus résistantes en attendant les vaccins ? Est-il interdit aux scientifiques officiels de se prononcer autrement que pour entretenir le catastrophisme, la peur générale et la culpabilisation des jeunes en particulier ?

Il y a des questions de pur bon sens qui ne sont jamais posées. Les parlementaires sont-ils dénués de toute curiosité ?

Pourquoi cache-t-on les prix négociés avec les Pharmas pour les vaccins ? Est-ce seulement pour des motifs de diplomatie internationale ? Qui finance la publicité dans les journaux en faveur de la vaccination – par exemple, page entière, à trois reprises au moins, dans Le Temps, où la professeure Solange Peters déclare « Je me ferai vacciner » ? Les Commissions fédérales des finances ou/et de gestion devront s’assurer que ce n’est pas l’argent public qui assume les frais de publicité.

Est-il logique de commencer par vacciner les personnes du 3e ou du 4e âge – dont je fais partie (mais je ne me suis pas encore précipitée, pour plusieurs raisons) – avant le personnel soignant, les enseignants et toutes les personnes actives professionnellement bien plus exposées au risque d’une contamination que celles, précisément, qui peuvent rester assez sagement chez elles ?

Il ne s’agit pas de prétendre que la gestion de la pandémie est facile, mais quand une société est en train de mourir de la protection imposée, il faut qu’elle puisse au moins donner un consentement éclairé.

 

 

Attention! Candidate honnête à mettre au pas!

La RTS en a parlé aux nouvelles, hier 2 février, le Temps aussi dans son numéro du 2 février (p. 6), une candidate verte à l’élection complémentaire au Conseil d’Etat genevois a eu l’imprudence de répondre honnêtement à une question relative au vaccin anti-covid. Elle a dû se rétracter pour plaire à son parti et se fait également tancer par une municipale socialiste de son canton qui lui reproche de n’avoir pas été « claire sur un sujet très émotionnel ».

Et pourtant, pouvait-on être plus claire ? Interrogée au sujet du vaccin anti-covid, la candidate avait dit : « Je fais partie des personnes hésitantes qui cherchent à être convaincues… Mais si je suis élue, je me reposerai la question » (citation du Temps). La réponse était non seulement claire, mais en outre honnête. Seulement voilà. Il y a des sujets émotionnels à propose desquels l’honnêteté est interdite et en particulier si vous briguez une haute fonction !

La preuve, un député PLR aurait dit : « c’est totalement irresponsable. Pense-t-elle seulement à l’exemple qu’elle donne alors qu’elle brigue la plus haute fonction politique à Genève ? » Et un autre candidat, vert libéral, d’y aller aussi de son indignation, reprochant à l’imprudente de ne pas respecter son « premier devoir de protéger la population ».

Autrement dit : Le premier devoir de tout candidat, c’est de mentir ! Voilà le bon exemple !

Alors, pourquoi a-t-on reproché à certains d’avoir menti ?

Sous le feu des critiques, la candidate aurait rectifié le tir sur twitter.

 En matière sanitaire, tout candidat honnête est en danger !

Une chose est au moins certaine : pendant la période électorale actuelle dans plusieurs cantons, ne posez pas à une personne candidate une question au sujet d’un vaccin anti-covid, vous saurez à l’avance qu’elle doit mentir si elle veut rester dans la course.

Qui parlait récemment d’une dictature sanitaire ?

Pendant la pandémie, qui protège-t-on et pourquoi?

L’une des craintes les plus souvent exprimées, c’est celle de la surcharge des hôpitaux, du risque de devoir choisir (trier) les malades, de l’épuisement et du manque de personnel soignant, de la charge affective que représente un nombre accru de décès pour le personnel médical. Et toutes ces craintes sont éminemment compréhensibles.

La crainte de la responsabilité

Peut-être faudrait-il aussi ajouter qu’une des craintes jamais exprimées, c’est celle de la responsabilité personnelle. Responsabilité des directeurs d’EMS face aux familles en cas de morts dans leur institution pour cause de covid, responsabilité des médecins en cas de choix des malades, responsabilité des décideurs politiques quelque décision qu’ils prennent et quel qu’en soit le résultat, car notre société ne saurait admettre autre chose que la perfection dans le résultat. Et il lui faut des responsables (boucs émissaires) en cas de crise.

Les seuls qui échapperont à toute responsabilité, ce sont probablement les membres des taskforces qui pourront toujours se réfugier derrière les décisions du monde politique.

La cause des dommages collatéraux

Les dommages découlant des mesures prises sont de nature diverse : dommages moraux, psychologiques, sociologiques, culturels, physiques, économiques.

Pour les cinq premières catégories de dommages la cause précise et le lien de cause à effet entre la pandémie et le dommage sont en principe difficiles à prouver. Dans le cas d’un décès il y a peut-être une exception, mais le décès d’une personne à risque n’est pas toujours exclusivement dû au virus.

En revanche, la cause d’un problème économique lié à une interdiction officielle de travailler et de gagner sa vie est indiscutable. Dès lors, le responsable (l’Etat, fédéral ou cantonal) est parfaitement connu et doit indemniser les personnes lésées. Cette responsabilité-là n’est de loin pas la plus redoutée. Elle semble ne nécessiter que quelques milliards pour être à tout le moins atténuée.

En cas de malheur, il faut un bouc émissaire

Pour échapper aux autres responsabilités, il faut le bouc émissaire des personnes à risque – que, chose étonnante, les « chercheurs » n’ont pas l’air de chercher à soigner. Force est de constater au contraire un acharnement à décrédibiliser tout remède proposé par des médecins pour éviter l’aggravation des états maladifs qui ne seront pourtant jamais définitivement supprimés, vaccin ou pas. Au nom de la protection de ces personnes à risque, c’est le cortège des mesures protectrices des responsabilités personnelles avec toutes les souffrances annexes que l’on déroule indéfiniment.

Ne pas dissimuler son visage: essayer d’élever le débat

L’initiative « oui à l’interdiction de se dissimuler le visage » porte un titre qui correspond à son contenu. Les opposants la désignent souvent par un titre réducteur:  initiative anti-burqa.

S’il est vrai que l’origine de l’initiative est une opposition à la burqa et au niqab, en revanche, la formulation en est beaucoup plus large et devrait être l’occasion de réfléchir à la portée et à la valeur du visage dans la civilisation occidentale.

En Occident, le visage est un moyen de communiquer avec l’entier de la personne, tant physique que psychique, morale et sociale

Siège des cinq sens (le toucher étant assuré par les lèvres en particulier) et, en plus, de la parole, le visage révèle l’entier de la personne. Or la personne est un élément fondamental de la société occidentale. Nul ne peut être tenu de dissimuler tout ou partie de son visage afin de se soustraire à la vue d’autrui, sinon en effet pour des raisons toujours passagères et dans un but très clair et précis. Cette valeur du visage est tellement intrinsèque à notre culture qu’on n’y pense même plus. Mais cela explique aujourd’hui les mouvements de révolte à l’égard du masque sanitaire, car celui-ci, imposé parfois pendant de longues heures à tout un chacun, est ressenti comme une atteinte à la personnalité. D’où la nécessité impérative, quand on en rend le port généralisé obligatoire, d’être pleinement crédible.

En Occident, l’obligation de dissimuler tout ou partie de son visage est une sorte de castration de la personne

Combien de formules littéraires ne font-elles pas allusion au visage pour exprimer des sentiments aussi variés que profonds : détourner son visage (et pas seulement son regard), pour cacher une émotion positive ou négative ; prendre son visage dans ses mains ou au contraire prendre le visage de l’autre dans ses mains pour exprimer un désarroi, une tendresse, une force aussi parfois, voire une violence. Le visage peut être rieur, joyeux, ouvert, renfrogné, enfantin, ridé, buriné etc… Il n’y a pas que les yeux qui disent quelque chose.

Qui doit cacher tout ou partie de son visage est privé du droit de communiquer pleinement avec autrui mais prive aussi autrui du droit de connaître qui s’adresse à lui.

En Occident, montrer son visage est une question de franchise et de politesse, c’est l’expression d’une volonté de relation et de communication. La votation du 7 mars prochain pourrait être une occasion de le dire.