Procréation médicalement assistée (PMA): délire médical

Le Bulletin des médecins suisses n°6 de cette année consacre sa rubrique TRIBUNE (p.222-224) à un article éminemment inquiétant de deux femmes médecins de la clinique universitaire de gynécologie et obstétrique de l’Inselspital de Berne, article portant sur la PMA en Suisse et dénonçant l’inégalité d’accès à la PMA.

Si cet article est inquiétant, c’est parce que les deux  “autrices” y confondent « désir d’enfant » et « droit à un enfant. »

Inégalité d’accès à la PMA en Suisse

Déplorant une « confusion » (sic) entre « infertilité idiopathique », qui, selon l’OMS, est une « maladie » caractérisée par « l’incapacité d’un couple d’obtenir une grossesse au terme d’un an de rapports sexuels sans moyen contraceptif » et « l’infertilité sociale » (ex. : couples de même sexe [sic]), les “autrices” regrettent que le droit suisse n’admette, actuellement encore, que le don de sperme et seulement pour des couples mariés hétérosexuels ; à l’avenir, grâce au mariage pour tous, le don de sperme par la PMA sera étendu aux couples mariés de lesbiennes. Les “autrices” plaident pour que le droit suisse s’étende également au don d’ovules, au don d’embryon et aux mères porteuses, afin que le « désir d’enfant » puisse être satisfait pour tous les couples y compris les couples de femmes et/ou d’hommes, voire pour les personnes transgenres. Elles plaident évidemment en faveur de la prise en charge de toute PMA par l’assurance-maladie. Il faut, selon elles, assurer une égalité financière parfaite entre tous les couples en rapport avec une PMA en Suisse sous toutes ses formes possibles. Cela éviterait de devoir, comme c’est le cas actuellement, chercher des solutions dans des pays étrangers pratiquant, eux, toutes les sortes de PMA, ce qui réserve aux seuls riches les formes de PMA les plus variées.

Si le mariage pour tous, voté par le Parlement en décembre 2020 et contre lequel une demande de référendum court jusqu’à fin mars, peut entrer en vigueur, il n’y aura plus que les couples d’hommes ou les femmes réellement stériles qui seront encore obligés d’aller à l’étranger pour y acheter ovules ou embryons et y embaucher ou louer des mères porteuses. Les “autrices”  déplorent ces futurs reliquats « d’inégalité » en Suisse.

Le désir d’enfant n’est pas un droit à un enfant : fausse évaluation juridique et éthique

Évoquant différentes bases légales internationales où le « désir d’enfant » est considéré – à juste titre – comme un besoin élémentaire, et la « capacité d’avoir des enfants » comme « une fonction biologique primaire » – ce qui relève du bon sens ! – les “autrices” assimilent ce désir à un droit à l’enfant, un droit absolu d’avoir un enfant. Elles invoquent à l’appui la protection du droit au mariage et à la famille de l’art. 10 de la constitution suisse, ignorant que ce droit correspond à une garantie de la liberté de se marier et de vivre en famille, mais à aucun moment à un droit d’acquérir un conjoint ou des personnes constitutives d’une famille. Quant au « droit à la vie » qu’elles invoquent aussi (en renvoyant à l’article 13 de la constitution fédérale), on ne voit pas très bien ce qu’il vient faire dans cette galère, car il protège un être humain né ou à tout le moins déjà conçu et non pas la manière de le concevoir. Enfin, les “autrices” prétendent que le droit au respect de la vie privée énoncé à l’art. 14 de la constitution fédérale, constitue aussi une protection du désir d’enfant. Peut-être, mais il ne consacre assurément pas le droit de se procurer un enfant pour satisfaire son désir.

Quel serait l’avenir d’une société dans laquelle tout « désir de …» conférerait automatiquement un « droit à… » ?

 

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

30 réponses à “Procréation médicalement assistée (PMA): délire médical

  1. Je ne suis pas une femme, mais j’imagine qu’il est pour les femmes ce que l’on appellee l’instinct maternel qui peut etre plus ou moins fort. Je me dis aussi que parmi ces femmes certaines veulent un enfant, mais que pour des raisons physiologiques ells n’y arrivent pas. Si la science et la medicine leur permet d’avoir un enfant par des methodes eprouvees, je ne comprends pas les gens qui par des positions de refus, d’obstructions, de vengeance ou de je ne sais quel traumatisme, refuseraient a ces femmes d’avoir un enfant.
    Les gens qui veulent un enfant, le desirent par amour. Ce n’est pas comme de s’offrir la derniere voiture ou le dernier modele de telephone mobile.
    De quell droit peut on refuser a d’autres de s’epanouir en famille ?

    1. Je ne pense pas qu’un enfant entre deux homosexuels s’épanouira, ou du moins pourra grandir dans un milieu approprié afin de se développer « normalement comme tous les autres enfants » qui à l’adolescence se dirigent habituellement vers le sexe opposé. Les revendications du monde homosexuel militant insistent sur leur droit à l’épanouissement, et si on leur pose la question sur celui de l’enfant la réponse est souvent « pourquoi y aurait-il un problème ? » Bien-sûr qu’il peut y en avoir, autant pour l’enfant qu’ils en ont eus pour eux-mêmes, mais si la cause unique est « le rejet social et l’intolérance », les questions qu’ils devraient honnêtement se poser sont vite balayées. La « famille épanouie » je la conçois par contre aisément dans le cadre de deux femmes et un enfant, l’amour maternel comme vous dites est présent chez celles-ci, et ne dépend pas de leur orientation sexuelle.

      Avez-vous questionné vos amis (au sens premier) hommes ? Je pense que peu vous répondraient qu’ils auraient souhaité vivre leur enfance entre deux homosexuels. Même s’ils n’en ont pas fait l’expérience pour pouvoir se faire « un avis fondé », les sentiments sont souvent fiables et ne nécessitent pas d’être opposés à des raisonnements. Les réponses négatives que vous collecterez ne sont pas dues à des traumatismes, des désirs de vengeance, ni un manque de respect. Actuellement, pour donner une illustration parallèle et un peu en rapport, l’adoption forcée d’un enfant contre son gré vers un couple qu’il refuse n’existe plus. On lui disait que c’est pour son bien. Mon bien je le connais moi-même et je sais qu’enfant je n’aurais pas voulu avoir une famille gay même si deux hommes m’avaient dit qu’ils vont m’adopter parce qu’ils m’aiment. Par contre, étant très libre en raison de mes parents qui étaient peu présents, j’avais mes lieux de rencontres où je recevais des câlins, des jouets, beaucoup de bonheur aux petites tables rondes où nous mangions « en famille ». Ce n’était que bien plus tard, à l’âge de m’évader en vélomoteur plutôt qu’en tricycle ou trottinette, que j’avais compris que mes mamans étaient des belles de nuit heureuses de m’accueillir en plein jour… Pour me faire découvrir leur instinct maternel.

  2. Bonjour Madame Sandoz,
    Je vous remercie de jeter ce pavé dans la mare. Pourriez-vous donner les références de cet article ? Je suis effarée par cette manière de croire que parce qu’on “désire” ou “veut” qqch, on devrait y avoir droit, dans le sens où on ne pourrait pas refuser l’objet du désir ou lui mettre une limite. Personne n’a le “droit”, sous-entendu que “la société, la loi, l’Etat… ” devrait leur garantir d’avoir un grand amour dans la vie, un couple heureux, un ou plusieurs enfants, des frères ou sœurs, ceci ou cela sur le plan relationnel.
    Déjà en 2002, lors de mes études en éthique (Sherbrooke, Canada), j’avais lu l’article d’un juge pour enfants français qui dénonçait les maltraitances faites aux enfants sous prétexte des “Droits de l’enfant”. Il considère ces soit-disant “Droits” comme une manière des adultes de se déresponsabiliser de leur sort réel.
    C’est de la part de ces personnes, qui réclament le “droit à l’enfant”, une forme de réification d’un être vivant, une mécompréhension des lois de l’univers. Obliger une femme à porter un enfant pour de l’argent, n’est-ce pas une forme subtile d’exploitation de la misère d’autrui ? Bien sûr, personne n’est obligé dira-t-on. Mais dans les faits, si vous êtes pauvre et sans ressources ? Il n’y a aucune femme riche et bien pourvue qui accepte de le faire, soyons honnêtes.
    Pour les ovules et le sperme, c’est un peu différent, on peut le voir comme le don du sang, une manière d’être généreuse.x pour les autres. Mais cela ne transforme pas le désir d’enfant, légitime, la question n’est pas là, en droit à l’enfant, comme on pourrait avoir droit aux allocations familiales ou au chômage.

    1. La référence est donnée au début du texte du blog, soit Bulletin des médecins suisses 2021, 102 (6), p. 222-224, rubrique TRIBUNE. C’est une publication papier.
      Une des “autrices” donne ses références en fin d’article, à savoir:Vera Mitter Inselspital Friedbühlstrasse 19 3010 Berne; tél.031/632 18 32, et son adresse informatique: [email protected].

    2. Bonjour,
      Voici le lien sur l’article
      ttps://bullmed.ch/article/doi/bms.2021.19491
      Publication 10.02.2021. Download .pdf très facile.
      Tout le journal est libre d’accès. Pas besoin de recherche via PubMed.
      Mais le Bulletin des médecins suisses n’est pas un journal avec une politique éditoriale “sévère”. Il faut y voir plutôt des résumés et/ou des articles d’accès public.
      En Suisse, nous n’avons aucun journal avec facteur d’impact sérieux, hormis la Schweiz Med Wschr …..
      Je pense que vous connaissez le ranking comme tout le monde.
      Bons messages.

  3. Professeur,
    Merci pour ce regard clairvoyant. L’opinion de ces deux personnes est-elle le fruit de l’éducation consumériste de leurs parents (hétérosexuels ?!) respectifs ? Leurs éventuels descendants connaîtront-ils leurs vrais géniteurs biologiques ?
    Le consumérisme est l’un des symptômes de la pathologie ambiante de l’hédonisme. Ce dernier amène quasi mécaniquement tout désir personnel à la revendication d’un droit collectif.
    Naturellement, loin nous de penser que la position de ces deux médecins, vu leurs spécialisations – nous ne sommes plus à un conflit d’intérêt prêt -, vise aussi l’accroissement certain de leurs actes médicaux. Les très éventuels honoraires en sus seront naturellement et spontanément versés à de charitables ONG.
    Consumérisme, quand tu nous tiens…
    Meilleures salutations.

  4. Bonjour Professeure Sandoz et merci pour cet excellent éclairage ….. de délire médical. Aïe, aïe cela fait mal ! Encore un ! Mais que vont-ils encore inventer ces médecins pour, à tout prix, se rendre intéressants ? Car visiblement, le corps médical n’est jamais à court d’idées saugrenues pour tenter de toujours vouloir tout contrôler, tout le temps …… et surtout se mêler d’un domaine (= le droit) qui n’a pas été vraiment étudié en profondeur durant le cursus de leurs longues études. Déjà que les médecins ne sont jamais vraiment à l’unisson inter-spécialités, alors en-dehors de leurs compétences primaires, nous frisons carrément l’hérésie.
    Hélas, nous ne sommes pas au bout du chemin, bien au contraire, archi longue expérience oblige.
    Je me demande même s’il existe encore sur Terre des praticiens normaux, sachant faire la part des choses, en appréhendant les êtres humains comme un tout indissociable (pas seulement des organes distincts) et ne cherchant pas à – systématiquement – tout compliquer pour entretenir leurs égos surdimensionnés. Gardons intact un fol espoir, cela aide à avancer sainement.

    Ce type de prétention médicale (désir versus droit) existe aussi envers les femmes – mariées et/ou en couple avec un homme – tout à fait normales du point de vue gynéco-obstétrique mais avec une autre pathologie chronique sous-jacente disons « peinarde » et clairement non transmissible. Crûment dit, la pratique courante de gynéco-obstétrique veut que nous essuyions de très très graves insultes parce que, tout simplement, nous avons osé être ….. normalement enceintes. Ou le comble de l’absurde.
    Et l’heureux événement devient une sacrée gifle verbale que nous prenons en pleine figure. Aucune invention. La vulgarité des propos ne sera par reproduite ici.

    En d’autres termes, la toute simple routine clinique n’est pas assez simple. En un battement de cils, la pire des normalités peut donc devenir une affaire pathologique très complexe pour bon nombre de spécialistes. Et, propre en ordre, on vous éjecte de tout suivi gynéco-obstétrical en cabinet médical. Même si vos « capacités à enfanter » et « fonctions biologique primaires » sont tout ce qu’il y a de « normal dans la normalité » ! Ce n’est pas un polar noir écrit pas Jean-Christophe Grangé, c’est la réalité du terrain “médical” ou comment et à tout prix systématiquement chercher la petite bête.

    En conclusion, peut-être que ces 2 spécialistes en gynéco-obstétrique pourraient (avec l’aide de juristes) artificiellement aider à créer une future génération de docteurs normaux, bienveillants avec attitude consensuelle innée ? Qui sait …. ce serait peut-être très utile à toutes et tous, et pas seulement en gynéco-obstétrique.
    “Barba non facit philosophum”

    1. Bonjour,

      Je comprends vos propos mais la réalité n’est pas façonnée pas le droit mais bien par le Désir. Ce Désir qui nous fait avancer et explorer de nouveaux territoires.

      Le droit se plie et s’adapte. Il n’est qu’un simple outil et ne doit donc pas dicter nos choix, notamment dans la redéfinition de la parenté et des régimes familiaux.

      Cordialement,

      Jean

  5. Voilà de l’eau au moulin pour les antispécistes ! Accorder aux femmes les mêmes droits qu’aux vaches inséminées. Excusez ma grossièreté, mais j’ai de la peine à accepter de rabaisser ainsi la femme … et de la corrida, ne m’en parlez pas, quel beau destin ont leurs taureaux !

  6. Vous n’expliquez pas ce qui selon vous constituerait un “droit à l’enfant”, mais à lire vos billets récurrents sur le sujet, on serait tenté de penser que cela fonctionne plus ou moins comme ceci dans votre esprit:

    Ont droit à l’enfant ceux qui peuvent en faire un tout seuls. Autrement dit, les couples hétérosexuels.

    Les autres n’avaient qu’à être hétérosexuels. Peu importe d’ailleurs que le couple hétérosexuel en question soit stable, ait l’intention de s’occuper bien de l’enfant ou non. Qu’ils forment un couple aimant et stable ou un couple totalement dysfonctionnel n’a aucune d’importance. Dès lors qu’ils sont hétérosexuels, ils ont droit à l’enfant. Les autres, non.

    En fait, à bien y réfléchir, il ne faut même pas qu’ils soient vraiment hétérosexuels. Il faut et il suffit que ce soit un homme et une femme, même faisant semblant, par exemple pour éviter le qu’en-dira-t-on, comme ça se faisait beaucoup à l’époque. Eux aussi, ils y ont droit.

    Et les couples hétérosexuels souffrant d’une forme d’infertilité? Ils y ont droit aussi. Pourquoi? Parce qu’ils sont “normaux”, eux. Médicalement défaillants peut-être, mais leur sexualité est irréprochable, elle, et c’est tout ce qui compte.

    Du coup, dans ce cas de figure, ce n’est pas de la marchandisation de l’être humain que de leur donner accès à la PMA. Là, c’est juste venir au secours de gens “normaux” qui sont frappés par un malheur indépendant de leur volonté. Ils y ont Droit, et la Science leur donne les moyens de satisfaire leur Désir. Vive le progrès.

    Au fond, à vous lire, être infertile, c’est indépendant de la volonté et donc il faut aider ces gens. Normal. Par contre, ne pas être hétérosexuel, ce n’est pas indépendant de la volonté et donc ces gens ne sont pas assez méritants pour avoir droit à l’enfant. Sans compter qu’ils pourraient quand même faire un effort et faire des enfants avec quelqu’un qu’ils n’aiment pas, mais en toute légitimité. Si ça ce n’est pas de la mauvaise volonté! Tut tut, pas de droit à l’enfant pour vous. Ce serait de la marchandisation, et ça c’est très, très Mal.

    Où irait le monde si on donnait le droit aux gens d’accéder à un besoin élémentaire. Non mais!

    1. Personne n’a droit à l’enfant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai voté et plaidé, au Conseil national déjà, dans les années nonante, contre le don de sperme. Le don de sperme a été admis en Suisse, je le déplore, mais cela ne justifie à aucun moment l’extension de la déviance scientifique que constitue l’assimilation du désir d’enfant à un droit à l’enfant.

      1. Donc ce que vous dites est que si deux personnes ont un enfant même si ils n’en veulent pas, mais l’accident arrive alors il n’y a pas de problème, mais si un couple établi, hétérosexuel ou homosexuel, peu importe n’a pas la possibilité d’en faire un eux même, tant pis pour eux ?
        C’est triste cette vision des choses, non seulement c’est homophobe, mais en plus pour les couples stériles, ce que vous dites est traumatisant: vous ne pouvez pas faire un enfant et vous en voulez quand même ? Vous ne le méritez pas …
        Heureusement que la société évolue et que les idées rétrogrades reculent …

      2. “Personne n’a droit à l’enfant” dites-vous. Cela sonne bien, mais réfléchissons un instant à ce que cela veut vraiment dire.

        D’après l’Office fédéral de la statistique, en Suisse, parmi les personnes âgées entre 25 et 80 ans, environ sept femmes sur dix, et six hommes sur dix ont un ou plusieurs enfants.

        Si personne n’a le droit à l’enfant, de deux choses l’une. Soit il faut enlever leurs enfants à 70% de la population adulte, et je n’imagine pas un instant que ce soit votre propos, soit il faut laisser faire la Nature, la Providence, ou le Hasard, nommez-le comme vous voulez, pour déterminer qui a le droit d’avoir des enfants.

        Autrement dit, il y a un bien “droit à l’enfant” puisque 70% des adultes en Suisse en ont, et personne ne songerait à leur enlever (j’espère).

        Et on en revient à la définition suivante: Ont droit à l’enfant ceux qui peuvent en faire un tout seuls. Autrement dit, les couples hétérosexuels. Et sans aide médicale, s’ils ont le malheur d’être infertiles, apparemment (puisque vous êtes contre le don de sperme qui est une des formes de palier à certaines formes d’infertilité).

        Donc, seul les couples hétérosexuels parfaitement fertiles ont droit à l’enfant. Tant pis pour les autres.

        Mais pourquoi? Pourquoi?

        En quoi le fait d’être fertile et hétérosexuel, ou disposé à faire semblant d’être hétérosexuel, donnerait-il plus le droit qu’à un autre d’être parent?

        Prenons des cas hypothétiques: en quoi deux personnes fertiles mais instables, voire sadiques, feraient-elles de meilleurs parents que deux personnes stables et aimantes dont une est infertile? Au final, l’objectif socialement désirable n’est-il pas d’avoir des enfants épanouis et heureux dans des familles aimantes?

        Je ne trouve pas cet argument logique du tout. Et avec tout le respect qui vous est dû, je soupçonne, peut-être injustement (je l’espère), que derrière cet argument du “personne n’a droit à l’enfant”, se cache en fait quelque chose de beaucoup plus simple: que peut-être vous n’aimez pas l’idée que des gens différents de vous puissent aussi être des parents aimants.

        Je relève à ce propos votre usage fréquent du mot “déviance”, qu’on utilisait il n’y a pas si longtemps pour décrire les comportements non hétérosexuels. Certes, vous dites “déviance scientifique”. Mais tout de même… ne s’agit-il pas, sous ce vernis de rationalisation, tout simplement de bonne vielle homophobie?

        L’homophobie est moralement répréhensible (parfois légalement aussi), contraire à l’opinion publique en Suisse, si j’en crois les sondages, et en aucune façon un base rationnelle pour fonder une politique publique.

        1. C’est étonnant la difficulté qu’ont tant de personnes à faire la différence entre un enfant déjà né dont on souhaite qu’il soit élevé par une famille aimante, quelle qu’elle soit, mais si possible la sienne, et le bricolage médical et artificiel d’un futur enfant pour satisfaire un prétendu droit à l’enfant.

        2. …Je suis incapable de croire que vous n’arrivez pas à comprendre la teneur de l’article, puisque vous savez écrire. Le droit de fonder une famille ainsi que celui d’avoir des enfants n’est pas le sujet ici !

  7. A partir du moment où on transgresse les lois naturelles, la question se pose, jusqu’où ?
    Réparer une erreur de la Nature (infertilité, …), ça se conçoit. L’homosexualité est aussi une composante naturelle qui n’est pas exclusivement humaine. Mais, aucun bébé n’est conçu de ce genre de relation.
    Or les personnes les plus favorables à la “fabrication” d’enfants, sont les plus adeptes du naturel.

    Ainsi, je suis pour lorsqu’il s’agit de réparer, et je suis contre les méthodes comme la location d’utérus, que ce soit pour un couple hétéro ou pas.

    Pour moi, la déontologie, c’est de réparer et corriger les imperfections de la Nature, c’est tout.
    En fin de compte, il y a l’enfant qui aura des questions sur ses origines. L’enfant adopté, parfois, n’arrive jamais à se guérir de l’adoption. Le point central, c’est l’enfant, pas les envies de parents.

    Ma limite peut paraître restrictive, mais j’estime qu’il faut des limites claires pour éviter des dérapages. Si l’humain était en voie d’extinction, je serais plus ouvert.

    1. Les lois naturelles? C’est quoi?

      La “loi naturelle” c’est que quand vous avez l’appendicite, vous mourrez. Point. Quand il y a une pandémie comme la Peste Noire, c’est un bon tiers de la population européenne qui meurt. Pas 0.5% comme avec Covid-19.

      Les “lois naturelles” c’est ce qu’on disait quand on était confronté à un problème que nous ne savions pas résoudre. Les lois naturelles, c’est l’espérance de vie à 40 ans. On en revient aux lois naturelles du moyen-âge? Ou on regarde autour de nous et on se rend compte que l’humanité a fait un peu de chemin depuis, et globalement c’est tant mieux?

    2. Cher Motus,

      Je partage entièrement votre point de vue concernant la” location d’utérus” ou “mère porteuse”.
      De nombreux pédo psychiatres ont écrit sur les liens qui se tissent entre la mère et son futur bébé. Des liens que je dirais indéfectibles et je ne sais pas au nom de quoi, on pourrait décider que ce bébé qui vient au monde débute sa vie en étant abandonné par sa mère et ceci même avec les meilleures intentions du monde de ceux qui vont l’accueillir.

      Chantal Gétaz

  8. Enfin la PMA bien expliquée en Suisse ! Et ça fait peur ! Pour les générations futures. Référendums à signer sur ww.udf.ch et autres partis

  9. Espérons que le Droit bien compris et bien appliqué nous sauvera de ce nouveau délire,,, je dis “nouveau” parce que malheureusement, du délire il y en a dans bien d’autres domaines… Faudrait trouver un vaccin contre le “délire”, c’est urgent ..

  10. « Infertilité sociale » est donc une nouvelle expression qui désigne un phénomène en prétendant l’expliquer du même coup. Est-ce qu’il faut comprendre que l’impossibilité pour un couple d’hommes d’avoir un enfant est due à une cause d’origine sociale ? Il s’agirait alors d’une infertilité d’origine extérieure au corps humain, dite exogène, par opposition à l’infertilité endogène qui handicape l’homme ou la femme désirant procréer. Dans le sujet qui nous occupe, il semble que c’est la société que cette femme médecin de la clinique universitaire de Berne souhaiterait guérir, en l’appelant à être ouverte à la fourniture d’enfants aux couples du nouveau genre, constitués de personnes qui sont ainsi considérées comme saines, mais dans l’impossibilité d’être réellement un homme et une femme à cause de l’intolérance du monde qui les entoure. Eh bien je ne voudrais pas aller chez cette doctoresse si je commençais à perdre un peu mes cheveux, elle me conseillerait tout de suite de porter une perruque, ou un chapeau si la colle ne tient pas !

    L’enfant entre deux hommes, ça ne collera pas, il sera pris dans les courants d’air entre les portes qui claquent après les passages du Service de protection de la jeunesse.

    Je me sens bien dépassé par la vague de naturel qui balaye mes connaissances de la vie acquises en 69 ans. Mais il y a quand même de bonnes nouvelles. Les vraies tomates issues de la vraie terre vont réussir à s’imposer contre celles qui sont pleines d’eau, ces dernières sont le fruit d’un mariage que l’on a cru réussi entre la nature et la biologie agroalimentaire mais nous avons été déçus. Nous voulons de nouveau des tomates naturelles ! Et pour tout le reste c’est pareil, c’est pour notre bien-être et notre santé !..

    Et les enfants de la mère nature et des pères homos ?.. On verra plus tard ce que ça donne ? Vous trouvez que ce qu’on invente pour vaincre l’infertilité sociale, en cultivant de nouvelles formes inédites d’amour dans des serres gays a bon goût ?

    1. Bonjour et merci Dominic de votre très subtil et goûteux commentaire. J’ai adoré déguster vos lignes …. perso je préfère les framboises de pleine terre plutôt que les tomates. Quoique la couleur reste très similaire ! Affaire de goûts, comme dans la nature que l’humain s’amuse depuis trop longtemps à …. dénaturer. Excellente journée ensoleillée. eab

      1. Merci Eliane pour votre écho, j’apprécie aussi vos commentaires pour leur authenticité et les questions posées. Par exemple celle des médecins normaux. Le temps où les médecins étaient presque tous normaux était aussi celui où la fantaisie librement extériorisée était considérée comme une fuite pour nulle part, le signe d’une rupture avec la saine société attachée aux conventions. La fantaisie heureuse inquiétait ainsi le médecin, la famille du malheureux égaré avait honte, il faisait pitié… La société n’est pas devenue folle de se sentir émue devant ce que certains artistes méprisés à leur époque avaient créé, des gens normaux découvraient plus tard des peintures, des livres, des chansons qui les faisaient rêver sans les rendre malades… J’ai connu un médecin « peu normal » il y a quarante ans, qui mettait mal à l’aise quelques-uns de ses collègues à la clinique psychiatrique, à cause de sa vieille voiture qu’il avait repeinte lui-même en orange et blanc, ses pantalons en faux cuir ridé comme dans les anciens bus des TL, et d’autres originalités qui lui faisaient plaisir. Cet homme apparemment peu sérieux recevait à l’atelier de peinture qu’il avait créé à la clinique des personnes malades qui pouvaient s’exprimer de cette manière, c’était aussi l’époque où le public découvrait étonné le Musée de l’Art Brut à Lausanne, saisissant la solitude de personnes rejetées mortes dans l’isolement. Le psychiatre dont je parle avait un ego si peu dimensionné qu’il se contentait d’un salaire 12 francs l’heure à l’atelier, l’activité offerte aux patients n’étant pas jugée suffisamment utile pour entrer dans les comptes de l’hôpital. Aujourd’hui on ne lésine plus sur ces frais, c’est devenu “normal”, parce que les acteurs de la santé sont devenus eux aussi moins “normaux”. Tout ceci pour dire qu’il faut encore toujours des médecins pas comme les autres pour évoluer. Le bon médecin pour tout le monde n’existe pas, et à mon avis ce n’est pas à regretter, parce qu’alors il n’y aurait plus de médecin pour chacun, capable de comprendre les besoins différents de ses patientes et patients. Il n’y a, je pense, que le thérapeute en médecines parallèle qui a la situation la plus confortable, il offre ce que la nature sait, et ne peut ainsi pas se tromper. Il appréhende l’être humain comme un tout indissociable, mais dans la maladie ce tout se dissocie parfois, et il n’en connaît pas les parties pour espérer les faire fonctionner à nouveau bien ensemble. Les secrets de la nature se découvrent et s’étudient en six ans sur les bancs de l’uni et au laboratoire, pas en six mois dans les champs. Le médecin ne complique pas tout, il est simplement conscient que dans la complexité de la physiologie humaine le chemin est encore long pour espérer arriver à savoir tout soigner. Si je ne me gênais pas de prendre trop de place dans le blog de Madame Sandoz avec mes longs textes que les commentateurs me demandent assez souvent de raccourcir, je parlerais des mauvais médecins actuels, parce que jusqu’ici j’ai pesé sur la balance du côté opposé au vôtre. Mais croyez bien que je ne mets pas en doute les mauvaises expériences que vous avez faites. Et pour conclure en riant un peu : « Comment choisir le bon médecin ? » Pas comme moi quand j’avais pensé : « Je ne sais pas… Je vais fermer les yeux et poser le doigt au hasard sur la colonne dans l’annuaire… » Cela a été une catastrophe ! Alors que faire ? Demander à des amis si leur médecin est une perle ?.. Non, il est chaque fois merveilleux les premiers mois, ensuite complètement nul. La technique que j’ai alors choisie en dernier a été la bonne, ma généraliste que j’ai depuis six ans m’écoute, est sensible, a de l’humour, me prend au sérieux… Des qualités que j’avais déjà décelées lors de mon premier contact par téléphone pour prendre rendez-vous, qui avait duré un bon quart d’heure. Donc le médecin qui ne pousse pas à conclure, ou qui dit « rappelez à 18 heures », c’est déjà bien. Mais attention, pour chaque essai il faut avoir un peu de toupet au moment où répond la secrétaire médicale : « Bonjour Madame, je dois transmettre des informations à la doctoresse Narcissia, si elle est trop occupée demandez-lui quand elle peut être rappelée ». Et ne répondez pas à ses questions demandant qui vous êtes, mais dites « oui, oui » avec fermeté, et continuez à donner de l’importance à vos paroles pour qu’elle comprenne qu’elle ne doit pas inutilement vous faire perdre du temps… Après quatre essais, j’avais trouvé « la perle… »

        Bonne journée, je vais aller profiter moi aussi du soleil.

  11. En lisant tous les commentaires qui jugent négativement l’article, je réalise le niveau élevé de naïveté qui reste dominant chez les occidentaux. Les homosexuels sont majoritairement satisfaits de leurs vies sans enfants, mais les manipulants chez les LGBT et co. visent autre chose, ils veulent saper le modèle basé sur la composition naturelle des familles, dans le cadre d’un nouveau modèle social qui reste à inventer. Chacun est libre de ses convictions, mais la superficie et la légèreté n’ont pas la place sur un sujet aussi lourd de conséquences.

    1. Les « Occidentaux » seraient naïfs ? Influençables ? C’est une vision qui s’accorde avec l’esprit oriental où les populations se sentent « libres » d’obéir aux préceptes d’une religion, respectent à la lettre les traditions, et ceux qui s’en écartent sont montrés du doigt pour leurs dangereuses dérives : la vie à l’occidentale, assimilée à la déchéance. C’est dans ces pays que chacun et chacune obéit à un « père » ou une « mère » qui récompense ou punit, et dans ce dernier cas les circonstances atténuantes sont accordées pour les « victimes de mauvaises influences ». Ce sont bien les comportements sages des Orientaux, sous notre regard de personnes ayant eu la possibilité d’évoluer dans nos démocraties, qui peuvent apparaître comme étant d’une grande naïveté. Vous voyez bien qu’ici l’on n’accorde pas trop facilement notre confiance à des personnes promulguant leur savoir ancestral ou divin. Évoluer, dans nos sociétés occidentales, est une aventure source de difficultés, mais nous ne sommes ni soumis, ni en guerre pour faire valoir nos droits humains, au risque d’être emprisonné ou d’en mourir.

      Je considère les LGBTI comme étant des défavorisés de la nature, des abandonnés de longue date qui veulent maintenant prendre leur place dans une société qui les a rejetés. Ce combat a existé aussi pour les orphelins, les handicapés physiques ou psychiques, qui progressivement réussissent à mieux faire valoir leurs droits. Les LGBTI ont encore des droits à défendre, mais parmi ceux-ci il y en a qui répondent à des désirs irréalisables pour des questions physiologiques et psychologiques que la science peut contourner mais pas véritablement résoudre. C’est effectivement un problème de ne pas être comme les autres, alors que faire de cette différence ? La vivre tant bien que mal ? Accabler une société entière de cet état de fait ? LGBTI fait fausse route, mais l’assimiler à une organisation qui se réjouit de saper « le modèle de la famille naturelle » c’est attribuer de mauvaises intentions afin de n’avoir plus besoin de les respecter pour mieux les combattre. La famille telle que nous la connaissons d’un bout à l’autre du monde a rejoint le modèle le plus adapté qui soit favorable à notre croissance et notre survie : un père, une mère, et leurs enfants ou ceux des autres. Maintenant si un père bat sa femme et fait nouer des tapis ou transporter des briques à ses enfants de cinq ans, la nature ne s’en préoccupe pas beaucoup. Le modèle social idéal de la famille, que ce soit celui des Occidentaux ou des Orientaux n’obéit que partiellement à la nature. Lapider une femme adultère n’est pas une loi de la nature, mais il est des pays où le savoir de tous est celui du créateur de la nature : Allah. Chez nous le Dieu catholique n’approuve peut-être pas entièrement les clubs de rencontre, ou encore moins l’épanouissement des homosexuels… Alors qui a inventé le modèle idéal que vous défendez et en vous appuyant sur quoi ?.. La sagesse de l’Orient que vous avez héritée et su préserver ? Les bienfaits d’une vie plus libre qui vous a révélé ses secrets pour y accéder ? Tout cela est si bien naturel qu’il n’y a pas lieu d’en faire un problème. Là où il subsiste quand même un problème, c’est pour les autres qui n’ont pas suivi le même chemin que vous, que vous pensez avoir vécu hors de toutes influences pour vous permettre de juger de la « naïveté » du pauvre monde occidental…

      1. … Les LGBT ne sont pas des malades, vous les insultez injustement, ce type de sexualité a toujours existé mais d’une façon silencieuse, aujourd’hui c’est une arme pour détruire le passé des occidentaux. Je ne me sens pas concernée par vos commentaires sur les orientaux …. Meilleures salutations,

  12. Le problème soulevé par Mme Sandoz est en fait le problème des dérives de la science et de la médecine.
    Sans être opposé aux progrès de celles-ci on est en droit d’en condamner les excès.
    Le Pr Jacques Testart, l’un des pères du premier bébé éprouvette en France en 1982, est le premier à condamner toutes ces dérives dans le domaine de la PMA, qui initialement était destinée à venir en aide aux couples stériles de même que le diagnostic préimplantatoire était conçu pour prévenir de graves malformations transmissibles et non pas pour pouvoir choisir le sexe ou la couleur des yeux de son futur enfant.
    De façon générale la science et la médecine doivent servir à prévenir ou corriger les erreurs de la nature et non pas à l’améliorer dans sa normalité ou à “l’augmenter” comme l’aimeraient les transhumanistes dans leur délire.
    Il n’est pas question de nier les droits des LGBT hormis ce “droit à l’enfant” qui comme le dit Mme >Sandoz n’en est pas un, (pas plus qu’il l’est pour les couples hétérosexuels , ce n’est qu’un désir). Y répondre revient à accepter les dérives de la médecine que je condamne, notamment la gestation pour autrui ( location d’utérus, càd retour à une forme d’esclavage moderne).
    Par contre je serais tout à fait favorable à l’adoption d’enfants par les LGBT.
    Malheureusement je crains que dans un futur proche les comités d’éthique, qui souvent vont dans le sens du vent,; ne tolèrent ces dérives au nom du progrès. de l’ouverture d’esprit et du politiquement correct ; c’est d’ailleurs le cas dans certains pays.
    Pierre Flouck

    1. Dr P. Flouck, merci car excellent commentaire surtout sur l’éthique humaine. Vous êtes un ancien anesthésiste je crois bien…. portez-vous bien.

  13. «Mariage pour tous» :
    Ça y est, 65’000 signatures ont été récoltées ! Départ pour Berne samedi mais surtout réflexion sur l’avenir des générations futures !

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