Mon robot, mon chien, mon humain

D’un voyage en Italie, au début des années cinquante, mes parents avaient rapporté un cendrier dans le fond duquel était écrit : « ma pipe, mon chien, ma femme ». Mon père fumait la pipe et nous avons tous bien ri de ce petit clin d’œil au machisme alors ambiant.
Les temps ont changé. La fumée est devenue un paria, donc mort à la pipe et au cendrier, et l’égalité voudrait que l’on ne parlât plus de femme ni de mari. En français, on pourrait bien mettre « homme », en accord avec l’Académie, mais certains sourcils féministes se fronceraient au grand dam des puristes et puis, « mon homme » a un autre sens ! Force est donc d’adapter le texte du fond de ce qui a dû cesser d’être un cendrier et devenir un petit vide-poche et d’y mettre : « Mon robot, mon chien, mon humain ». Exit l’humour, resterait un message !

Quel message dans cette nouvelle trilogie ?
L’échelle des valeurs subsiste : Tout en haut, la chose, ensuite l’animal, enfin l’homme. Mais en fait, le message a changé, car la pipe n’était qu’un objet inanimé dont la qualité dépendait essentiellement de l’utilisateur et qui faisait corps avec lui. Le chien était un compagnon de vie et « la femme », une moitié de soi-même. Le robot, bien que « chose » – dont LT du 4 novembre nous apprend que certaines personnes s’y attachent d’affection – a une sorte de « volonté technique » indépendante de celle de l’utilisateur. Il échappe au contrôle strict de son propriétaire. Il lui confère peut-être le sentiment d’exercer une toute-puissance sur une espèce d’esclave, ce qui satisfait son ego, mais il ne rend aucun service en étant mu par un sentiment quelconque. Il trompe toutefois par son apparente vitalité, ce que la pipe ne faisait pas, et c’est sans doute cet aspect trompeur qui fait naître les sentiments d’attachement que l’homme peut apparemment éprouver pour le robot. Mais quelle vacuité ! L’animal au moins a une vraie vie. Il est cependant plus bas dans l’échelle que le robot car il a parfois une volonté propre et peut faire échec à celle de son maître, surtout quand ce dernier pratique l’anthropomorphisme et confond l’animal avec un humain.
Enfin, si l’être humain est tout au bas de l’échelle des valeurs, c’est parce que notre époque s’obstine a répéter que l’homme est le pire ennemi de l’homme et que le vide spirituel ambiant (voir LT du 2 novembre, article de l’écrivain français et philosophe Abdennour Bidar : La pire menace : le vide spirituel) tend à le priver de toute transcendance.
Par chance, je n’ai pas trouvé de vide-poche avec la nouvelle trilogie ! A vrai dire, je n’ai pas cherché non plus.

Lukas Lehmann

Et si on remplaçait aussi M. Maurer?

La démission de Mme Widmer-Schlumpf n’a pas vraiment surpris, après que l’on avait entendu les propos de M. Darbellay au sujet du droit de l’UDC à deux sièges. On pouvait se douter que le PDC, pour des raisons peut-être liées à l’avenir cantonal de son président, n’hésiterait pas à lâcher celle qu’il avait fait élire en 2007, d’accord avec le parti socialiste, par des manœuvres peu élégantes. D’ailleurs, le PDC hésite rarement à lyncher une femme, même dans ses propres rangs, si l’on se souvient du sort de Mme Metzler face à M. Deiss.
Comme Mme Metzler, Mme Widmer-Schlumpf montre beaucoup de dignité. C’est une source d’estime et de respect et l’on eût souhaité que M. Blocher en fît aussi preuve. Mais laissons là les commentaires du passé et voyons l’avenir.

Deux nouveaux élus UDC?
Du moment que l’UDC peut présenter deux candidats, ne pourrait-on pas songer à élire deux candidats nouveaux et donc à remplacer M. Maurer ? Ce pourrait être dans l’intérêt de l’armée, partant, de la sécurité du Pays. En général, la tête du département de la défense (donc de l’armée), de la protection de la population et des sports est confiée à un nouvel élu, pour de multiples raisons, notamment parce que c’est un département dont peu de conseillers fédéraux ont envie. Mais en cette période de grande insécurité mondiale, il serait sans doute heureux qu’il y ait un chef de département dont le nom n’est pas attaché à une votation malheureuse.

Et si l’on pouvait trouver un candidat assez jeune pour s’inspirer des propositions de M. Fathi Derder dans son ouvrage « Le Prochain google sera Suisse » (p. 128) donc capable de « Réformer l’armée et lui donner une mission de développement de solutions de cybersécurité en créant une unité d’élite et un incubateur de start-up », ce serait excellent pour le Pays ; un candidat assez lucide pour savoir que l’armée doit aussi continuer d’être capable de défendre concrètement le territoire, parce que la guerre ne sera pas que cybernétique (le monde actuel le prouve) ; un candidat assez intelligent pour s’entourer de personnes compétentes et indépendantes de certains lobbies ; un candidat assez crédible pour obtenir les fonds nécessaires à la reconstitution d’une armée forte y compris dans la couverture aérienne ; un candidat assez subtil pour savoir communiquer dans un domaine où les sourds et les aveugles sont très nombreux ; un candidat assez respectueux de ceux qui honorent l’obligation de servir pour ne pas les traiter comme des assassins potentiels et leur retirer leurs armes ; un candidat….. ou peut-être une candidate…

Après tout, on peut bien rêver.

Photo: Keystone

Moins d’éducation = plus de lois

« Trois cents francs pour un chewing gum jeté » titrait Le Temps du mardi 10 mars rapportant l’avis de la Commission de l’environnement du Conseil national qui envisagerait une révision de la loi sur l’environnement pour « éduquer » la population.
Autrefois, – certains « vieux » Lausannois s’en souviennent peut-être – une inscription en mosaïque sur le trottoir au nord de l’église St François indiquait : « Ne crachez pas sur les trottoirs ». Belle époque que celle où la seule pollution était un risque de crachat ! Certes, la tuberculose alors régnante justifiait particulièrement une telle interdiction. On n’en avait cependant pas fait une loi. Etait-on à cette époque plus sage – on sait qu’une loi est faite, selon certains, pour être contournée – ou mieux élevé ? A vrai dire l’habitude ne s’était pas encore prise de ruminer du chewing gum à longueur de journée, de fumer dans la rue, de consommer tout et n’importe quoi n’importe quand et n’importe où et de se délester de ses restes et déchets, de la même manière, sans se préoccuper le moins du monde de ses voisins ni d’ailleurs de l’environnement. Autres temps, autres mœurs !

Le lavage de cerveau ne remplace pas l’éducation
Il est pour le moins étonnant de constater que plus on nous incite à la protection de l’environnement – et à l’école déjà – plus les villes sont sales ; plus on insiste sur le respect des droits de l’homme, plus on ignore le respect du voisin. Ceci tendrait à prouver que même le lavage de cerveau est incapable de remplacer l’éducation et du moment que cette dernière n’est souvent plus transmise par les parents – qui n’ont plus le temps de donner le bon exemple – ni par les enseignants – dont beaucoup ne croient plus à la valeur de l’exemple – on en est réduit à faire des lois munies de sanctions pécuniaires ou privatives de liberté pour compenser l’absence d’éducation.
Comble d’ironie, ces lois non seulement n’enseigneront pas le goût du respect des autres et de l’environnement, mais seront ressenties comme une atteinte à la liberté, engendrant la révolte. Et puis évidemment qu’elles sont fédérales, ces lois, car il n’est rien de moins fédéraliste que la fibre éducative de certains parlementaires fédéraux en année électorale ! Puissent les nouveaux élus redresser la barre !

 

Arrêtez de pleurnicher et réfléchissez

Depuis dimanche soir, les socialistes n’arrêtent pas de pleurnicher, disant que la campagne électorale n’a pas permis d’aborder les « vrais » problèmes : l’égalité, l’AVS, les primes des assurances maladie, les logements bon marché etc…Pourquoi n’ont-ils pas mis ces sujets en rapport avec les questions de migrations dont ils ne pouvaient ignorer l’importance pour les électeurs ? En effet, il serait intéressant de savoir comment chaque canton peut faire face à l’arrivée de centaines de migrants, ou de réfugiés, en matière de logement, de scolarité, de soins hospitaliers, etc… Même si nous n’avons pas des flots migratoires aussi massifs que ceux invités par Mme Merkel en Allemagne, les quelques milliers de personnes que nous nous engageons à accueillir nous obligent – et c’est normal – à trouver des solutions pour tous les domaines de la vie de tous les jours qui sont ceux préoccupant les citoyens. Quant à l’égalité, elle concerne non seulement les relations hommes-femmes, mais aussi les rapports entre ceux de nos concitoyens qui ont beaucoup de peine à se loger ou à nouer les deux bouts et les réfugiés ou migrants que l’on aide.

Aucun parti, d’ailleurs, n’a abordé ces sujets sous l’angle de l’accueil des migrants et réfugiés. C’est très facile de se gargariser de la tradition humanitaire du pays, mais de futurs élus, qui devront contribuer à gérer la communauté nationale, doivent réfléchir à la manière de faire face à un accroissement assez subit de population, en évaluer le coût, en maîtriser l’accueil sur le moyen terme au moins – si l’accueil n’est que provisoire comme le propose le PLR.

La seule autorité que j’aie entendue mentionner ces problèmes et la préoccupation que cela représente, c’est notre conseiller d’Etat vaudois, M. Philippe Leuba, non candidat aux élections fédérales, lors d’un exposé, le 8 octobre dernier, à la société vaudoise de théologie. Je rends hommage à sa lucidité et à son courage.

Devant les pleurnicheries de la gauche, on comprend qu’une partie de l’électorat dit « de gauche » ait voté UDC. Pour eux, ce parti avait au moins l’air de savoir que les migrations de masse représentent un problème. Mais vu l’ampleur du phénomène – nous n’échapperons pas à un accueil important étant donné notre rapport avec l’Union européenne – il serait temps que cessent les gloussements post électoraux et que l’on ose regarder la réalité en face et empoigner les problèmes pratiques. La générosité n’ exclut ni l’intelligence, ni la lucidité. Il n’est jamais interdit de réfléchir, au moins après les élections !

Les leçons de l’histoire

Notre époque favorise le « devoir de mémoire ». Il serait en conséquence temps qu’elle se souvienne de l’histoire de l’empire ottoman en général et notamment aux 16e et 17e siècles, quand les troupes du sultan ont occupé la Hongrie et une partie de l’Autriche, puis ont enfin été arrêtées au dernier siège de Vienne.
On ne peut que comprendre les réactions austro-hongroises devant l’invasion actuelle venue de Turquie. Les temps ayant changé, cette invasion n’est pas directement militaire. Elle est provoquée par une guerre atroce en Syrie, mais récupérée ensuite par des gouvernements de la région qui se souviennent certainement de la défaite des siècles passés et voient dans une occupation « aux apparences pacifiques » des pays européens la juste vengeance des victoires de Poitiers (8e s.) et de Vienne (17e s.). Qu’on se souvienne que, contre l’invasion ottomane au 17e s., il y a eu une coalition groupant entre autres, la Russie et l’Autriche.

Se méfier de tout sentiment de culpabilité
Mais le problème d’une partie des Européens, et pire, de leurs autorités, à l’ouest notamment, c’est qu’ils occultent toute autre période de l’histoire que la dernière guerre mondiale, grâce à laquelle on entretient le délétère sentiment de culpabilité de l’Allemagne. C’est à cause de ce sentiment, sans doute, que Mme Merkel a pu provoquer l’appel d’air en faveur de la migration. Elle s’en est repentie ou en a pris conscience peu après, mais trop tard, le mal était fait. L’Europe se trouve maintenant fasse à un phénomène exceptionnel de conquête. Sa culture chrétienne l’incite à l’accueil – et c’est une fierté – mais sa connaissance de l’histoire devrait l’inciter à se méfier de l’angélisme, à voir, outre les problèmes purement pratiques, ceux d’intégration que pose l’arrivée en masse d’une population étrangère à ses traditions, à ses valeurs.

La démocratie est le résultat d’une culture du respect de la personne
Aussi inconscients que les Américains, les Européens s’imaginent qu’il suffit d’abattre un tyran local, dans certains Etats, pour que la démocratie y triomphe. La démocratie est le résultat d’une longue expérience et d’une culture du respect de la personne. Si nous voulons pouvoir accueillir des migrants de pays non démocratiques, nous devons exiger d’eux qu’ils adoptent notre culture. Pour cela, il faut que nous osions l’affirmer et la vivre. Si nous ne sommes pas sûrs de nous-mêmes, nous ne pourrons pas accueillir, et nous nous ferons seulement conquérir, avec des risques terribles de massacres civils.

Du danger de dire la vérité

Toute vérité n’est pas bonne à dire. Mme Morano vient de l’apprendre à ses dépens. Elle a osé affirmer que la France était un pays de race blanche. La formule était peut-être un peu courte. Eût-il fallu plutôt dire « un pays peuplé d’une majorité de blancs » ?
Je me rappelle qu’au cours de géographie, on nous enseignait, dans les petites classes, que l’Europe était principalement le continent de la race blanche, l’Afrique celui de la race noire et l’Asie, de la race jaune. C’était un fait notoire auquel on ne prêtait pas plus d’attention qu’à n’importe quel autre fait notoire. Mais cela amenait tout naturellement à se poser la question des migrations, des colonisations, de la population des deux Amériques, de l’Australie et la curiosité scientifique était ainsi éveillée, pas le racisme.
Qu’est-ce qui a donc changé ?

Pourquoi ce procès à Mme Morano ? Parce qu’on a vu dans sa remarque un acte raciste et l’expression d’un mépris pour qui n’est pas, en France, « de race blanche ». La susceptibilité raciste, sexiste, religieuse devient un vrai fléau. Si vous vous permettez de critiquer la politique de l’Etat d’Israël comme vous le faites de la politique de votre propre Pays, voire des Etats-Unis ou de la Russie, vous être accusé d’antisémitisme ; si vous avouez n’être pas favorable au « mariage pour tous », vous êtes traité « d’homophobe » ; si vous vous permettez de dire que la civilisation européenne est une civilisation du visage découvert, vous être islamophobe.
La langue est devenue un instrument de guerre. Le vocabulaire est sous contrôle, à l’exception des mots vulgaires qui triomphent, appauvrissant l’esprit, l’intelligence et l’humanité. Les procès d’intention couvent. Jamais la fontaine des singes du Parc Denantou à Lausanne n’a été plus adaptée à la réalité : « Ne voir que d’un œil, n’entendre que d’une oreille, savoir se taire », pour végéter en paix !

L’élection à la proportionnelle tuée par l’ego des candidatss

Lors de ma première campagne au National, en 1987, où je n’ai d’ailleurs pas été élue, la majorité des partis présentait chacun en général une liste unique, comptant autant de candidats qu’il y a de sièges à repourvoir et nous avions bien le sentiment, entre candidats, de tirer à la même corde. On ne mettait de sa poche qu’une modeste cotisation de parti. Il y avait d’ailleurs un vrai programme de parti et même si on n’était peut-être pas d’accord avec un élément ou un autre dudit programme, on en défendait les valeurs de base et les lignes de force. D’ailleurs, c’est là la raison d’être des partis politiques en démocratie. Ils permettent d’ordonner les lignes de force politique afin d’éviter l’anarchie et de limiter les abus individuels. On notait cependant déjà qu’un parti ou un autre, dans un canton, ici ou là, pratiquait la présentation individuelle des candidats d’une liste, avec groupe de soutien personnel.
Des candidats rivaux sur une même liste ; très peu d’idées
Hélas ! Cette méthode détestable a commencé à faire florès dès 1991 pour le Conseil national et n’a qu’empiré depuis lors, gagnant également les élections cantonales.
L’habitude s’est donc prise, contre l’intérêt de la représentation proportionnelle, contre la notion même de loyauté partisane et de loyauté à l’équipe en liste, de faire campagne individuellement. Il faut se chercher un groupe de soutien, des fonds – les partis eux-même n’ayant plus qu’une mise de fonds de base à faire pour quelques prestations générales. Je me suis toujours refusée à payer de ma poche pour être élue, car le vote ne s’achète pas. Mais je ne saurais dire à quel point une campagne au National, devenue campagne individuelle, perd de sa saveur et de sa valeur démocratique. Les candidats sont des rivaux les uns par rapport aux autres ; c’est à qui aura le meilleur groupe de soutien, récoltera le plus de fonds, s’offrira le plus d’affiches, et autres colifichets. Les candidats au Conseil national n’indiquent même pas les noms de leurs autres colistiers sous leur binette. Ils oublient d’inviter à voter pour tel et tel au Conseil des Etats. On ne sent aucun esprit de groupe, aucune chaleur, aucun intérêt commun : c’est moi, ma petite affiche, mon succès, mon groupe et mon repas de soutien, mon argent, mon siège. Il y a très peu d’idées.
Il n’est pas nécessaire de publier les budgets des partis
Ce qui importe, ce n’est pas de publier les budgets de campagne, c’est d’en revenir à des campagnes dans un vrai esprit de groupe d’un parti, afin de chercher à transmettre des idées plutôt qu’à flatter des « ego ». La bonne gestion du pays y gagnerait et il se pourrait même qu’on voie diminuer le nombre de lois votées !

Le 5 octobre 2015

Marchands d’enfants, ça suffit!

Le Tribunal fédéral vient à nouveau de rendre un arrêt concernant une commande d’enfant par procréation médicalement assistée. Il s’agit de jumeaux nés d’une mère porteuse. Un couple (hétéro, cette fois) a « commandé » un enfant à une mère porteuse américaine, enfant provenant d’un ovule et de sperme anonymes. Les « acheteurs »  sont allés chercher l’enfant aux Etats-Unis une fois la gestation terminée et, rentrés en Suisse, ont prétendu faire inscrire cet enfant comme le leur, conformément à l’acte de naissance américain. Certains Etats américains admettent en effet qu’un enfant né d’une mère porteuse inséminée avec des ovocytes de donneurs anonymes soit inscrit comme enfant de la femme et de l’homme qui ont passé la commande.

Fidèle à sa jurisprudence, le Tribunal fédéral a, à juste titre, refusé l’inscription et rappelé qu’une telle forme de procréation est contraire à l’ordre public suisse. Il va de soi qu’une éventuelle procédure d’adoption est la solution normale et que l’enfant est pour l’instant protégé par un curateur et placé chez le couple, en tant que parents nourriciers.

Peut-on commander la fabrication d’un enfant ?

Je m’abstiendrai de qualifier l’Etat américain qui peut légaliser ce genre de fabrication d’enfants sur commande et les adultes qui usent du droit de passer la commande. C’est l’expression d’un tel mépris de la personne de l’enfant que les mots manquent pour le dire.

Mais qu’on ne vienne pas verser un pleur sur le fait que ce marché n’est réservé qu’aux riches et qu’il faudrait donc le développer en Suisse aussi pour assurer l’égalité. Et qu’on ne prenne pas non plus l’enfant commandé puis acheté comme prétexte pour légaliser le système chez nous. En effet, le malheureux enfant issu de la commande de soi-disant parents n’est heureusement pas privé de protection chez nous. Il a le sort d’un enfant trouvé, notion régie par le code civil, et peut être placé chez des parents nourriciers – le couple qui l’a commandé, par exemple – en attendant qu’une éventuelle procédure d’adoption ait abouti. Sa situation d’abord incertaine est la conséquence de l’irresponsabilité de ses acheteurs!

Combien de temps faudra-t-il encore pour que l’on proclame urbi et orbi que le mode de procréation auquel a recouru le couple en question ici est totalement incompatible avec la dignité humaine?

 

Pour conserver votre permis de conduire, pesez-vous tout nu!

Les joyeux septuagénaires conducteurs dont je fais partie reçoivent tous les deux ans, du Service des automobiles, l’aimable et chaleureux rappel qu’ils sont peut-être déjà en train de souffrir de la maladie d’Alzheimer ou, à ce défaut, peuvent être atteints de démence sénile. Afin de vérifier leur état de santé mentale et, accessoirement, physique (ouïe, vue, rotation du torse, de la nuque, etc…), il convient de connaître leur poids et leur taille.

Dans les ordinateurs de la Blécherette, la phrase « poids du véhicule à vide » est donc traduite, sur le formulaire destiné aux conducteurs, par un fonctionnaire spéciste sans doute, par « poids (sans vêtements) » et celle de « hauteur du véhicule sans les roues » par « taille (sans chaussures) ». Encore une chance qu’il ne faille pas joindre une photo pour prouver le respect de ces injonctions, mais cela viendra sans doute, car les ordinateurs ont parfois des fantaisies…. !
Je me suis laissé dire que les renseignements relatifs au poids et à la taille préparaient la mise en œuvre d’une prochaine directive européenne exigeant des sièges spéciaux pour conducteurs dès 70 ans, selon, précisément, le poids et la taille. Tout est possible, après tout, et prévenir vaut mieux que guérir.

 

Moi candidat, je téléphone n’importe où

S’il faut en croire la chronique de M. Derder dans Le Temps du 15 septembre, les élus fédéraux téléphonent même dans la salle des Conseils, pendant les débats. Est-ce une plaisanterie ou bien les élus sont-ils vraiment assez mal élevés, imbus d’eux-mêmes, et indifférents à la chose publique pour coller leur petite oreille à leur petit téléphone dans la salle où ils devraient s’occuper des affaires du pays et non pas de leur petite personne ? Si c’est vrai, alors on comprend mieux que la Télévision ait intitulé l’émission de présentation des candidats aux élections fédérales, « moicandidat.ch ». En effet, en singeant la tirade des « moi président » du candidat Hollande, elle présume l’incompétence et la fatuité des candidats.

Yannick Buttet, CVP-VS, spricht am Telefon, in der Wandelhalle des Nationalrats, am Donnerstag, 20. Maerz 2014 an der Fruehlingssession der Eidgenoessischen Raete in Bern. (KEYSTONE/Alessandro della Valle)
Dans la salle des pas perdus, oui, mais pas dans les salles du Parlement! (Keystone)

Une question de respect

Peut-être qu’un journaliste plus malicieux que les autres dressera tout prochainement la liste des élus actuels vus dans la salle d’un des Conseils en train de téléphoner pendant les débats. Cela permettrait de savoir qui ne pas réélire. Et puis, pendant la campagne, plutôt que de provoquer les promesses folles de certains candidats, on pourrait simplement leur proposer de s’engager, s’ils sont élus, à ne pas téléphoner dans une salle des Conseils pendant les débats. Après tout, s’assurer de la capacité d’un candidat à respecter et la personne qui préside et aussi ses électeurs, ce ne doit pas être contraire à la démocratie.