Notre époque favorise le « devoir de mémoire ». Il serait en conséquence temps qu’elle se souvienne de l’histoire de l’empire ottoman en général et notamment aux 16e et 17e siècles, quand les troupes du sultan ont occupé la Hongrie et une partie de l’Autriche, puis ont enfin été arrêtées au dernier siège de Vienne.
On ne peut que comprendre les réactions austro-hongroises devant l’invasion actuelle venue de Turquie. Les temps ayant changé, cette invasion n’est pas directement militaire. Elle est provoquée par une guerre atroce en Syrie, mais récupérée ensuite par des gouvernements de la région qui se souviennent certainement de la défaite des siècles passés et voient dans une occupation « aux apparences pacifiques » des pays européens la juste vengeance des victoires de Poitiers (8e s.) et de Vienne (17e s.). Qu’on se souvienne que, contre l’invasion ottomane au 17e s., il y a eu une coalition groupant entre autres, la Russie et l’Autriche.
Se méfier de tout sentiment de culpabilité
Mais le problème d’une partie des Européens, et pire, de leurs autorités, à l’ouest notamment, c’est qu’ils occultent toute autre période de l’histoire que la dernière guerre mondiale, grâce à laquelle on entretient le délétère sentiment de culpabilité de l’Allemagne. C’est à cause de ce sentiment, sans doute, que Mme Merkel a pu provoquer l’appel d’air en faveur de la migration. Elle s’en est repentie ou en a pris conscience peu après, mais trop tard, le mal était fait. L’Europe se trouve maintenant fasse à un phénomène exceptionnel de conquête. Sa culture chrétienne l’incite à l’accueil – et c’est une fierté – mais sa connaissance de l’histoire devrait l’inciter à se méfier de l’angélisme, à voir, outre les problèmes purement pratiques, ceux d’intégration que pose l’arrivée en masse d’une population étrangère à ses traditions, à ses valeurs.
La démocratie est le résultat d’une culture du respect de la personne
Aussi inconscients que les Américains, les Européens s’imaginent qu’il suffit d’abattre un tyran local, dans certains Etats, pour que la démocratie y triomphe. La démocratie est le résultat d’une longue expérience et d’une culture du respect de la personne. Si nous voulons pouvoir accueillir des migrants de pays non démocratiques, nous devons exiger d’eux qu’ils adoptent notre culture. Pour cela, il faut que nous osions l’affirmer et la vivre. Si nous ne sommes pas sûrs de nous-mêmes, nous ne pourrons pas accueillir, et nous nous ferons seulement conquérir, avec des risques terribles de massacres civils.
Madame,
fidèle lecteur de vos rubriques depuis des années que je trouve pleines de bons sens et d’objetivité, je tenais à vous le dire, et voilà qui est fait !.
Merci beaucoup et à votre prochain article !.
Merci de votre commentaire qui me touche.
Bien à vous.
Suzette Sandoz
Vous avez raison, Madame, d’écrire ce que la plupart de nos contemporains ne réalisent pas. Au 4ème et 5ème siècles les Grandes invasions ont été, largement, le fait de pauvres gens qui n’étaient pas a priori hostiles à l’Empire Romain et à ses institutions. Ils voulaient profiter de sa protection et de sa relative prospérité. Il n’en reste pas moins que ces pauvres gens étaient porteurs de valeurs et de cultures très différentes. Leur arrivée par vagues massives dans l’Empire a eu pour conséquence l’effondrement des valeurs et de la culture gréco-romaine (devenues chrétiennes), et le retour à la barbarie, pour de très longs siècles.
C’est ce qui menace l’Europe aujourd’hui. Ou plutôt c’est ce qui est en train d’arriver à l’Europe aujourd’hui. La plupart des migrants sont des musulmans et ils n’ont aucune intention de s’assimiler aux populations anciennes imprégnées de valeurs chrétiennes évoluées en valeurs humanistes. Comme ils sont très nombreux, qu’ils ont beaucoup d’enfants et que les gouvernements européens sont trop respectueux des droits individuels à la « diversité », le Grand remplacement a effectivement commencé. C’est cela la vérité et la revanche des barbares sur les batailles de Poitiers, la reddition de Boabdil ou la bataille de Vienne.
Y aura-t-il un sursaut in extremis? En tout cas il faut le susciter, comme vous contribuez à le faire.
Merci, Monsieur, de votre précieux commentaire historique.
Votre analyse et celle de Pierre Brisson sont remarquables. Il faut juste rappeler en outre que sous Catherine II, puis sous Nicolas Ier et Alexandre II, la Russie a subi l’hostilité armée des Etats “chrétiens” d’Europe (Autriche, Prusse, France, Angleterre), alors qu’elle cherchait à libérer des Etats vraiment chrétiens du joug ottoman. L’histoire se renouvelle en permanence, aussi ne doit-on jamais l’oublier, pour profiter des leçons du passé.
Grand merci de votre commentaire fort intéressant.