Moins d’éducation = plus de lois

« Trois cents francs pour un chewing gum jeté » titrait Le Temps du mardi 10 mars rapportant l’avis de la Commission de l’environnement du Conseil national qui envisagerait une révision de la loi sur l’environnement pour « éduquer » la population.
Autrefois, – certains « vieux » Lausannois s’en souviennent peut-être – une inscription en mosaïque sur le trottoir au nord de l’église St François indiquait : « Ne crachez pas sur les trottoirs ». Belle époque que celle où la seule pollution était un risque de crachat ! Certes, la tuberculose alors régnante justifiait particulièrement une telle interdiction. On n’en avait cependant pas fait une loi. Etait-on à cette époque plus sage – on sait qu’une loi est faite, selon certains, pour être contournée – ou mieux élevé ? A vrai dire l’habitude ne s’était pas encore prise de ruminer du chewing gum à longueur de journée, de fumer dans la rue, de consommer tout et n’importe quoi n’importe quand et n’importe où et de se délester de ses restes et déchets, de la même manière, sans se préoccuper le moins du monde de ses voisins ni d’ailleurs de l’environnement. Autres temps, autres mœurs !

Le lavage de cerveau ne remplace pas l’éducation
Il est pour le moins étonnant de constater que plus on nous incite à la protection de l’environnement – et à l’école déjà – plus les villes sont sales ; plus on insiste sur le respect des droits de l’homme, plus on ignore le respect du voisin. Ceci tendrait à prouver que même le lavage de cerveau est incapable de remplacer l’éducation et du moment que cette dernière n’est souvent plus transmise par les parents – qui n’ont plus le temps de donner le bon exemple – ni par les enseignants – dont beaucoup ne croient plus à la valeur de l’exemple – on en est réduit à faire des lois munies de sanctions pécuniaires ou privatives de liberté pour compenser l’absence d’éducation.
Comble d’ironie, ces lois non seulement n’enseigneront pas le goût du respect des autres et de l’environnement, mais seront ressenties comme une atteinte à la liberté, engendrant la révolte. Et puis évidemment qu’elles sont fédérales, ces lois, car il n’est rien de moins fédéraliste que la fibre éducative de certains parlementaires fédéraux en année électorale ! Puissent les nouveaux élus redresser la barre !

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.