Haro sur le second conseiller fédéral UDC !

Quelle joie ! Un éventuel « scandale à se mettre sous la dent » et qui ternirait l’image d’un conseiller fédéral UDC ! Le Blick savoure son succès ! Les médias fourbissent plume ou verbe pour faire leurs choux gras de ce que l’on appelle déjà « l’affaire Parmelin ». Et comme le Conseil fédéral n’a pas aussitôt mis au pilori ce « pelé, ce galeux d’où nous vient tout le mal », ni dénoncé toutes les situations où l’un de ses membres pourrait avoir un lointain intérêt personnel, on parle de son « hypocrisie ».

Heureux pays que celui où le plus gros « péché » d’un membre du gouvernement est d’avoir soutenu un projet de loi qui pourrait éventuellement lui être favorable ou à un membre de sa famille comme à des centaines d’autres citoyens !

Si Monsieur Parmelin n’avait pas été UDC, aurait-on relevé ce minuscule faux pas ? Il est évident que le membre de l’exécutif qui chercherait un avantage strictement et exclusivement personnel dans une affaire d’Etat serait malhonnête s’il ne déclarait pas ses intérêt ni ne se récusait. Mais devrait-on empêcher un conseiller fédéral marié de proposer ou défendre une taxation séparée des époux ? Un conseiller fédéral vivant en concubinage de lancer une réforme du droit des successions pour favoriser le concubin survivant ? Etc…

Allez, les mauvaises langues, gardez votre venin pour de bonnes causes et laissez le Conseil fédéral faire son travail !

 

Le 20 mai 2016

 

Les réseaux sociaux, fossoyeurs de la démocratie

La télévision française donne fréquemment la parole, ces jours, à des participants de « Nuit debout ». Ceux-ci racontent comment les réseaux alertent de nouveaux participants, favorisent  les réunions en nombre ; ils chantent les merveilles de ces moyens efficaces de créer des « vagues de fond ». Pour quoi ? Pour le changement ! Pour dire qu’on en a assez de ces politiciens, pour contester la loi travail. Comme en mai 1968, beaucoup de bruit et de désordre, pour « rien », car on ignore ce qui pourrait être construit en lieu et place de ce que l’on conspue. Aucune réflexion, aucune maturité politique, aucun projet, aucun programme, juste de l’excitation populiste ou populaire, puérile. On touche du doigt la force destructrice des réseaux sociaux : ils favorisent l’anarchie mais pas la réflexion. Ils permettent la pression du nombre, mais pas celle des idées. Ils encouragent le narcissisme révolutionnaire ou, chez certains peut-être, le « bonsauvagisme » moutonnier. Ils utilisent la liberté pour la détruire, parce qu’ils sont noyautés par des casseurs, parce que le désordre conduit irrévocablement à la répression, au recours aux moyens d’urgence violant parfois déjà la légitimité parlementaire – songeons au 49.3 !

Pour sauver la démocratie des ravages possibles causés par les réseaux sociaux, il faut plus que jamais des partis politiques crédibles, ayant un programme clair, des porte-parole convaincants, des penseurs visionnaires connaissant l’histoire et la nature humaine. C’est valable pour tous les pays, le nôtre compris. Que les partis se ressaisissent et mettent un peu de côté leur chasse aux sièges, aux honneurs, aux prébendes. Le temps presse ! Les réseaux sociaux sont en passe de détruire la démocratie.

 

Le 18 mai 2016

Enfin du travail bénévole payé!

La campagne de vote concernant le revenu inconditionnel permet d’entendre tout et n’importe quoi. Mais ce qui revient le plus souvent dans la bouche des défenseurs de cette utopie, c’est que ce revenu permettra enfin à certains d’offrir du travail bénévole. Alors, essayons de comprendre : quand on fait du travail bénévole, on offre son temps, ses compétences, sans y être obligé et sans recevoir de salaire en retour. Comme retraité, bénéficiant d’une retraite gagnée antérieurement par son propre travail, on jouit de temps libre et on a souvent le bonheur de pouvoir faire du bénévolat. Ce bénévolat est précieux notamment parce qu’il correspond à des activités nécessaires à la société (accompagnement ou transports de personnes seules, visites, accueil, écoute, conseils professionnels gratuits, activités associatives, etc…) pour lesquelles il n’y a pas les ressources financières permettant d’honorer le travail fourni.

Si, après le 5 juin, la société verse à une personne non encore retraitée un certain montant pour qu’elle n’ait pas besoin de le gagner par son activité professionnelle et que cela lui permette d’avoir un peu de temps libre qu’elle consacre à des tâches utiles à la société  mais que celle-ci ne peut plus payer parce qu’elle utilise l’argent nécessaire à ces tâches pour stipendier le temps libre des travailleurs, est-ce que l’activité sociale ainsi « préfinancée » est encore bénévole ?

 

Le 14 mai 2016

Marre de l’islamisme

Et si on parlait d’autre chose que d’islamisme, de musulmans etc…¨

On a déjà dû subir la campagne du maire londonien musulman dont on nous a expliqué qu’il était pratiquant mais soutenait le mariage pour tous et l’avortement, comme si on ne pouvait être un citoyen « éligible » que si on défendait des thèses qui ne sont même pas forcément majoritaires dans tous les pays de tradition chrétienne. C’est étonnant de constater à quel point la religion est devenue une « affaire publique » alors qu’elle est considérée par la majorité des gens comme une question « privée ». En fait, on le sait bien, la religion menace toujours de devenir une affaire publique quand elle est récupérée par ceux qui exercent ou veulent exercer le pouvoir. L’Etat islamique non content de semer la mort et la terreur au nom de je ne sais quelle aberration fondamentaliste menace de réussir à pervertir la démocratie occidentale dans la mesure où, pour mieux s’en distancier, on pourrait en venir à revendiquer un siège dans un des trois pouvoirs parce que l’on est juif, catholique, réformé ou musulman (modéré !). J’allais écrire : « Dieu nous en préserve ! »

La constitution vaudoise reconnaît, avec beaucoup de finesse, « la dimension spirituelle de la personne humaine » ; elle consacre ainsi le respect de la conviction religieuse éventuelle de chacun mais évite d’en faire une arme de guerre. Qu’on se le dise aussi dans la presse et qu’on laisse les services secrets faire leur éventuel travail pour arrêter les fous et les empêcher de nuire. Il y a des citoyens normaux et utiles dans tous les courants religieux.

 

Le 9 mai 2016

Le 5 juin sera-t-il un nouveau 9 février?

Le résultat du vote du 9 février  2014 – qui provoque encore constamment les pleurnicheries de certains – était dû en particulier à deux facteurs : d’une part, le texte même de l’initiative ne disait pas réellement l’enjeu des votations, d’autre part, les citoyens entendaient punir les autorités de leur incapacité à voir et admettre les problèmes humains – notamment de dumping salarial – liés à l’abondance de la main d’œuvre étrangère.

La votation du 5 juin prochain relative à l’initiative « en faveur du service public » risque bien de provoquer le même genre de résultat. Pour de très nombreux citoyens, il s’agit, en soutenant cette initiative, de lutter contre la déshumanisation du service postal, de permettre la sauvegarde des bureaux de poste de quartier, d’assurer le passage du facteur à domicile, dans l’exercice de sa fonction sociale essentielle pour des personnes âgées ou solitaires, bref, de sauver ce qui assurait une sorte de précieux lien social et dont la disparition affecte beaucoup de personnes sans que les autorités y prêtent la moindre oreille. Or l’initiative n’assure rien de tout cela. Elle  règle des niveaux de salaires et d’honoraires de collaborateurs dans la parfaite tradition de la jalousie financière, elle exige une transparence des coûts et recettes ainsi que de l’emploi des recettes, elle interdit tout but lucratif et toute subvention croisée ainsi que tout objectif fiscal. Elle utilise un vocabulaire technique dont on ne peut déduire aucune humanisation quelconque et dont les conséquences éventuellement néfastes à une capacité d’adaptation des services publics à l’évolution technique ne déboucheront sur aucune amélioration sociale par exemple de la poste.

Il est encore temps que les autorités reconnaissent publiquement la vraie altération humaine du service public et s’engagent à y chercher des solutions respectueuses des êtres humains si elle veulent éviter un oui massif à une initiative de fausse technique financière qui ne fera probablement que des dégâts.

 

Le 25 avril 2016

Incitation à péché

Pourquoi ne pas l’avouer ? J’ai horreur du principe des amendes d’ordre. Ce sont soit des taxes déguisées, soit  des ventes de droit à l’irresponsabilité, des incitations à péché.

Dans la mesure où certaines collectivités publiques inscrivent le montant supputé des amendes d’ordre à leur budget, elles les considèrent à l’évidence comme des taxes déguisées dont elles espèrent tirer un bon montant. Il est vrai que la surveillance des lieux de stationnement, des moindres petits dépassements de vitesse, sans danger – sinon par la distraction imposée au conducteur qui doit regarder son compteur plutôt que la route en particulier en ville – et autres causes mineures d’amendes d’ordre impliquent un travail administratif, donc du service public individualisé, des frais. Personne ne se soucie de savoir s’il y avait culpabilité ou non (à moins de refuser de payer l’amende et de passer alors à la vitesse pénale). Tant pis, ça rapporte !

Il y a évidemment des amendes d’ordre pour des actes un  peu plus graves. Il s’agit bien alors de payer après usage un droit à l’irresponsabilité. Dans ces cas aussi, le refus de payer fait passer à la « vitesse pénale », ce qui permet éventuellement de découvrir après coup qu’il n’y avait aucune faute, donc aucune raison de payer une amende !

De joyeux drilles de la politique fédérale semblent vouloir inciter le Conseil fédéral à proposer des amendes d’ordre pour « sanctionner » les personnes qui crachent par terre leurs mégots ou leurs chewing gums, jettent négligemment hors poubelles leurs déchets de toutes sortes ; le projet de loi comporterait une incitation à la délation de la part de ceux qui ont assisté à l’acte. C’est vrai que Lausanne notamment est devenue une ville plutôt sale, que les parcs et les lieux de pique-nique sont souvent dans un état de saleté répugnant. Mais plutôt que d’instituer des taxes déguisées avec incitation à la délation afin de  satisfaire aux budgets, ne faudrait-il pas prendre les choses en amont ?

Autrefois, l’école sanctionnait par des notes – des notes ? horresco referens ! – l’ordre et la propreté. C’était une manière de faire comprendre qu’ordre et propreté font partie intégrante de la formation qui conduit à la fin de la scolarité et qu’on ne devient adulte que si on a compris et intégré ce principe qui plonge ses racines dans le respect d’autrui. C’est évidemment très démodé, mais cela ne coûte rien d’essayer et des enseignants intelligents peuvent même en faire un jeu. Joli programme d’enseignement – enfin utile – pour la HEP !

 

Le 18 avril 2016

 

 

 

 

 

Une expérience-bidon

 « Lausanne pourrait tester le revenu de base », nous apprend Le Temps du 14 avril  (treize jours de retard pour les poissons !). Apparemment, 39 conseillers communaux contre 37 auraient soutenu un postulat demandant  « d’étudier la mise en place d’une expérience pilote de revenu de base ». On choisirait pour cela « un échantillon de personnes qui reçoivent déjà des prestations sociales »

Qui peut être assez naïf ou immature pour penser un seul instant qu’un tel système puisse être  « testé » sur un échantillon de personnes  et en particulier sur un échantillon de personnes appartenant toutes à une même catégorie sociale? Tout test aboutira à un résultat faux, parce que les personnes constituant un tel échantillon sont choisies en fonction de paramètres qui ne correspondent pas à la réalité sociale globale ; elles seront en outre plus que probablement motivées à se conduire comme le souhaitent ceux qui les ont choisies, si on les informe de la raison du traitement qu’on leur propose et si on leur demande leur accord (impossible assurément de procéder à une telle expérience sans tenir les cobayes au courant de leur rôle ni solliciter leur consentement ou alors on est en dictature !).

Un régime comme celui du revenu de base inconditionnel ne peut pas être testé. Il implique un changement complet de système financier public, une réorganisation administrative intégrale, une transformation radicale de la société, de l’éducation, de la culture, en conséquence des investissements considérables et une domestication de la pensée.

Puisse le rejet de l’initiative fédérale à l’origine du postulat d’une très faible majorité du conseil communal lausannois être si massif que cela permette en toute légitimité à la Municipalité de la « Grand’ville » de renoncer à une expérience-bidon, mais assurément déjà coûteuse.

 

Le 14 avril 2016

 

Danse du ventre en mai prochain à Dorigny

Les milieux sociaux et juridiques suisses s’excitent au sujet de la gestation pour autrui (mères porteuses) notamment depuis les deux arrêts du Tribunal fédéral rendus l’année dernière  et qualifiant de fraude à la loi l’utilisation à l’étranger, par des citoyens suisses domiciliés en Suisse, de ce mode de procréation pour tourner l’interdiction du droit suisse. Ces deux jugements fédéraux sont, à nos yeux, excellents. Ce n’est pas l’avis de tout le monde. Les 26 et 27 mai prochain, à l’Université de Lausanne, la faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique et celle des sciences sociales et politiques organisent deux jours de colloque public et international sur la question de la gestation pour autrui. Le papillon publicitaire mentionne que « la Suisse a adopté une des lois européennes les plus restrictives » dans le domaine et que « le Tribunal fédéral vient de rendre une jurisprudence restrictive » alors que, « en 2013, la Commission nationale d’éthique a publié… un document… qui remet en question les multiples interdictions actuellement en vigueur ». On devine que le débat auquel participeront des intervenants suisses et étrangers sera animé.

Afin de clarifier d’entrée de cause la situation en cas de gestation pour autrui, nous décrivons ci-dessous les cas dans lesquels il y a recours à une mère porteuse (=, pour nous, un ventre porteur ou un ventre loué) :

  • Ovule plus sperme provenant de donneurs anonymes, embryon implanté dans l’utérus d’une femme qui s’est engagée à remettre l’enfant, à la naissance, à un couple hétéro- ou homosexuel précis en tant que parents exclusifs. Il n’y a aucun lien génétique ni biologique entre le couple et l’enfant. Père et mère génétiques sont  Seul le ventre porteur est connu. C’est un des deux cas jugés par le Tribunal fédéral : le couple acheteur de l’enfant était marié.
  • Ovule provenant d’une donneuse anonyme, sperme d’un homme connu quelconque, embryon implanté dans l’utérus d’une femme qui s’est engagée à remettre l’enfant à la naissance à un couple hétéro- ou homosexuel précis en tant que parents exclusifs. Il n’y a aucun lien génétique ni biologique entre le couple et l’enfant. Le père génétique connu est ignoré, le ventre porteur est connu.
  • Ovule provenant d’une donneuse anonyme, sperme d’un homme connu qui est un des membres d’un couple hétéro- ou homosexuel, embryon implanté dans l’utérus d’une femme qui s’est engagée à remettre l’enfant à la naissance à ce couple en tant que parents exclusifs. Il existe un lien génétique avec un des membres du couple qui est le père génétique, mais aucun lien biologique. La mère génétique est inconnue, le ventre porteur est connu. C’est l’autre cas jugé en Suisse : le couple loueur du ventre était homosexuel.
  • Ovule provenant d’une donneuse connue quelconque, sperme d’un donneur anonyme, embryon implanté dans l’utérus d’une femme dont l’ovule ne provient pas et qui s’est engagée à remettre l’enfant à la naissance à un couple hétéro-ou homosexuel précis en tant que parents exclusifs de l’enfant. Il n’y a aucun lien génétique ni biologique avec les membres du couple, la mère génétique est connue mais ignorée, le ventre porteur est connu, le père génétique est inconnu.
  • Ovule provenant d’une donneuse connue, qui est un des membres d’un couple hétéro- ou homosexuel (lesbiennes), sperme d’un donneur anonyme, embryon implanté dans l’utérus d’une femme qui s’est engagée à remettre l’enfant à la naissance à ce couple en tant que parents exclusifs. Il existe un lien génétique avec un des membres du couple qui est la mère génétique mais non pas biologique, le père génétique et inconnu, le ventre porteur est connu.
  • Ovule provenant d’une donneuse connue qui est un des membres d’un couple de lesbiennes, sperme d’un donneur anonyme ou connu, embryon implanté dans l’utérus de la femme qui vit en partenariat avec la donneuse d’ovule et s’engage à partager avec cette dernière l’enfant qui viendra au monde afin qu’il ait les deux femmes pour parents exclusifs. Il y a un lien génétique avec une des partenaires, un lien biologique avec l’autre (c’est le ventre), le père génétique est, selon les cas, connu mais ignoré ou inconnu.
  • Partenaires homosexuelles dont l’une se fait inséminer par le sperme d’un donneur anonyme ou connu et s’engage à partager avec l’autre, dès la naissance, l’enfant dont elles seront les parents exclusifs. Il y a alors une mère génétique et biologique (mère et ventre), une partenaire sans aucun lien ni génétique ni biologique avec l’enfant mais loueuse du ventre de sa partenaire et un père génétique, selon les cas inconnu ou connu mais ignoré.
  • Ovule et sperme provenant de donneurs connus, un couple hétérosexuel, embryon implanté dans l’utérus d’une femme qui s’engage à remettre à ce couple, dès la naissance, en qualité de parents exclusifs, l’enfant qui provient des ovocytes dudit couple. Dans ce cas seulement, l’enfant est bien génétiquement l’enfant des deux parents, mais il n’est pas l’enfant biologique de sa mère génétique, le ventre porteur est néanmoins connu. C’est évidemment pour l’enfant le cas le moins injuste de tous.

 

La présentation ci-dessus qui tient du herd book des meilleurs cheptels illustre tristement ce que peut représenter le fantasme d’enfant en cas de gestation pour autrui. Que des Etats autorisent ces trafics d’enfants, que des médecins acceptent de se livrer à ces manipulations échappe autant à l’entendement qu’à l’éthique et au respect des droits de l’homme. Mais il est clair qu’une fois l’enfant venu au monde, il faudra chercher le meilleur moyen juridique de lui assurer une protection efficace tout en décourageant et en condamnant sa marchandisation et la danse du ventre porteur. Puisse le colloque lausannois de mai prendre de la hauteur dans le débat et ne pas céder à la tentation du modernisme !

Panamapapers ou la fin de la séparation des pouvoirs

Le journalisme d’investigation joue probablement un rôle important en matière de lanceurs d’alerte. Il peut contribuer à assainir une situation sociale, économique, voire politique, mais à une condition seulement : qu’il ne néglige pas un principe essentiel de la démocratie, la séparation des pouvoirs. Que la police (= la presse d’investigation) mène une enquête, en secret, puis que la population en soit informée, de manière que l’affaire ne puisse pas être discrètement étouffée, que des faits généraux soient rendus publics, c’est sans doute bien. Mais que la même police donne déjà des noms en pâture, en les associant à des probabilités d’actes délictueux, c’est le triomphe de l’arbitraire et cela sent son Robespierre. Quand la police rend la justice elle-même, en se donnant des airs de chevalier blanc, la démocratie a des relents de charnier.

Et qu’on ne vienne pas roucouler en invoquant que l’on a naturellement rappelé le principe de la présomption d’innocence au moment où l’on sous-entendait que telle personne nommée avait accompli les pires exactions. C’est cette présomption d’innocence précisément qui veut qu’on ne rende aucun nom public tant que la culpabilité n’a pas été prouvée, donc tant que la justice ne s’est pas prononcée, en dehors d’un très éventuel flagrant délit. La police enquête, le juge condamne ou acquitte.

Je n’ai aucune sympathie ni pour le blanchiment d’argent, ni pour la fraude, ni pour l’évasion fiscale, ni pour quelque tricherie que ce soit en général, mais les pires régimes politiques sont ceux où la police et la justice sont exercées par les mêmes personnes, par les mêmes autorités ou par les mêmes groupes de pression. Ces régimes-là sont liberticides.

 

Le 8 avril 2016

Une occasion manquée

On apprend aujourd’hui aux nouvelles qu’une école de Bâle-Campagne aurait accepté de dispenser deux adolescents musulmans de serrer la main de leur maîtresse de classe pour la saluer, au nom de la liberté religieuse. La réaction des autorités à cette dispense est très négative, c’est rassurant. Mais ce qui ne l’est pas, c’est le manque de sens pédagogique des enseignants concernés.

L’attitude des deux élèves demandait une réaction ciblée immédiate : un entretien individuel, avec un maître (et pas directement avec une maîtresse), pour expliquer ce que représente une poignée de mains, dans nos valeurs culturelles, de surcroît en regardant la personne dans les yeux. C’était l’occasion rêvée d’aborder avec un adolescent des questions de la vie de tous les jours. De l’aider à sortir peut-être de préjugés, voire d’établir un contact avec ses parents.

Selon le déroulement de l’entretien, on pouvait même concevoir, après cela, une discussion en classe avec la maîtresse au sujet des différentes manières d’exprimer la politesse et le respect d’autrui selon les cultures (tous nos adolescents, même non musulmans, ne sont pas forcément bien élevés !). Il est évident que le refus de serrer la main d’une personne parce que c’est une femme constitue une forme de mépris. Il est donc totalement exclu de l’admettre selon nos valeurs. C’est une  impolitesse à ne pas confondre avec des cultures dans lesquelles on ne touche la main à personne parce que le contact physique doit être évité.

Le véritable sujet de scandale, en l’espèce, ce n’est pas le refus des deux gosses de toucher la main de leur maîtresse, c’est l’incapacité des responsables locaux d’y réagir avec intelligence.