Responsable de l’image

Le terrible massacre de Charlie Hebdo avait incité à se poser la question de la liberté de l’humour. Et si la réponse était claire en ce sens que l’on peut rire de tout, en revanche, des nuances avaient été apportées par beaucoup de personnes sur deux points : il faut tenir compte de la réception par le public et de l’impact propre à l’image. C’est à ces deux points de vue que la responsabilité de l’humoriste, voire de l’artiste, est engagée.

Certaines formes d’humour sont réservées au cercle des intimes, d’autres, à un public de connaisseurs, d’autres encore au grand public. L’humoriste de talent sait faire la différence et mesure éventuellement à l’avance la réception de ses plaisanteries.

L’image peut être une agression

Mais la responsabilité est beaucoup plus grande encore quand l’humour est concrétisé par l’image.

Le texte respecte la liberté du lecteur qui peut très vite sauter des lignes, éviter un sujet, prendre de la distance par rapport à des mots.

L’image est une agression, une atteinte à la liberté du « lecteur », car il ne peut pas ne pas la voir. Il peut certes ne pas s’y attarder, tourner rapidement une page, mais il aura vu et même, parfois, aura eu le temps d’être blessé.

L’usage de l’image exige intelligence et doigté

Celui qui veut s’exprimer par l’image doit être particulièrement attentif au message qu’il veut faire passer donc au public qu’il veut atteindre. L’image-choc peut être l’indice d’une incapacité de dépasser son propres fétichisme ou sa propre idée fixe. La réaction négative en chaîne que vient de déclencher la rédaction du mensuel Réformés en publiant une photo extrêmement provocante sous prétexte “d’accueil de la Différence sexuelle” illustre cette affirmation. Celui qui manie l’image doit réfléchir deux fois avant de se croire génial ou pédagogue.

Un grand Monsieur et deux gamins mal élevés

L’interview du Président de la Confédération rapportée par Le Temps de la fin de la semaine dernière révèle la stature humaine et personnelle de M. Berset : Un grand Monsieur. Ses réponses aux questions sont celles d’un politicien à la recherche du meilleur service du bien public et de son pays.

Le même numéro du Temps nous informe que MM. Junker et Macron se rendront à Davos mais n’auront pas le temps de saluer le Président de la Confédération voire un autre conseiller fédéral.

 

Deux gamins mal élevés

Quand j’étais gosse, mes parents me rappelaient que si je me rendais chez une amie, je devais avant toute chose saluer sa mère ou son père ou l’adulte présent responsable. Simple question de politesse à l’égard du maître des lieux. Je dois constater que cela se pratique moins de nos jours, c’est sans doute pour cela que nos voisins européens de France et d’Allemagne estiment qu’ils peuvent venir à Davos pour serrer les mains qui leur plaisent ou leur semblent utiles et faire leur show sans se soucier de saluer aucun des responsables du pays d’accueil. Mais peut-être que le journal se trompe et que ces deux politiciens européens ne seront pas aussi mal élevés !

Mais pitié! Laissez-nous être normales!

Si j’étais un homme, j’en aurais marre des femmes ! Mais je peux dire que, comme femme, j’en ai marre aussi !

C’est vrai qu’il y a des hommes qui abusent de leur position de pouvoir pour profiter des femmes, c’est vrai qu’il y a des femmes qui n’osent pas se plaindre parce qu’on ne les croit pas et c’est désolant. Puissent les scandales récents contribuer à modifier les conduites et à faire rendre justice aux victimes, mais maintenant, tournez la page, s’il vous plaît.

Arrêtez de vous promener à moitié nues ou dépoitraillées sous prétexte de droit des femmes ! Arrêtez de pleurnicher sans cesse pour une égalité (en nombre !) de sièges, de fonctions, d’honneurs ou de pouvoirs. Arrêtez même de revendiquer une forme stupide de liberté sexuelle. A ma connaissance, en dehors de la masturbation, les relations sexuelles impliquent deux personnes. La liberté n’existe que si les deux sont responsables et se respectent.

Alors plaidez pour la responsabilité et le respect réciproques, pas pour la vulgarité réciproque.

Admettez que les femmes, comme les hommes, peuvent ne pas être élues, car il n’y a pas que des femmes qui ne sont pas élues.

Je rêve du temps où les femmes seront considérées comme des êtres normaux. Mais pour cela, il faut essayer de se conduire comme tel.

La gratuité pour les gogos

Comme le disait avec son humour caustique l’ancien Conseiller aux Etats libéral et professeur de droit constitutionnel Jean-François Aubert : « Si les CFF étaient gratuits, ils ne seraient pas déficitaires ».

La formule peut surprendre mais elle est riche de sous-entendus.

Il y a gratuité et gratuité

Mettons tout de suite à part la vraie gratuité, celle du don sans restriction ni calcul intéressé. Ce n’est pas de celle-ci que parlait M. Aubert. Celle qu’il envisageait, c’est la gratuité factice, celle qui prétend éviter la responsabilité (dans l’exemple ci-dessus, fin de la responsabilité budgétaire ou professionnelle), celle qui excite la convoitise et crée les besoins factices, puis tue la concurrence.

Créer des besoins factices

Dans tout le monde virtuel, les offres gratuites ou très bon marché se multiplient qui tentent les faibles et accélèrent leur addiction. D’ailleurs – et c’est bien une cause d’inquiétude – les grandes régies, les banques, les assurances, etc… incitent à acquérir toute sortes de biens superflus car elles conditionnent peu à peu leurs prestations à l’utilisation du numérique, partout et n’importe quand. Elles assument une très lourde responsabilité dans la création des besoins factices et le gaspillage d’énergie.

La concurrence déloyale par la gratuité

L’astuce est courante : le meilleur moyen de concurrencer un rival, c’est la gratuité. Les journaux se font concurrence aujourd’hui par la gratuité et non pas forcément par la qualité. Les média en général procèdent ainsi. Vu que la gratuité attire le chaland comme la pourriture les mouches, la publicité favorise le support gratuit plutôt que le support payant qui périclite peu à peu et récolte donc toujours moins de publicité. Ne nous couvrons pas les yeux, la gratuité peut être un moyen de concurrence déloyale dans la mesure en particulier où elle attire à elle toute la publicité parce que la gratuité du support plaît à un nombre maximum de gogos susceptibles de succomber aux réclames. Ce qui attire le plus de gogos, ce n’est pas la qualité mais la perspective d’un petit cadeau, d’une offre hyper avantageuse, d’une « prétendue » bonne affaire, d’une fausse économie.

Se méfier de la gratuité car elle se paie

Si on supprimait tous les petits cadeaux inutiles de certains fournisseurs (qui sont en fait «payés grâce aux prix habituels ») pour payer simplement le prix réel des biens, peut-être que le coût de la vie baisserait.

Mais surtout, et on le sait, plus les offres en matière numérique sont alléchantes et gratuites, plus elles se paient en harcèlement publicitaire. Le « tout à la publicité » est un danger redoutable.

En outre, le fournisseur de services ou de tout autre bien qui aura attiré le plus de gogos par ses offres gratuites ou sa publicité pourra, après avoir tué la concurrence, fixer les prix librement et exercer une toute-puissance.

A moyen ou même court terme, la gratuité tue la liberté. C’est un prix très lourd.

Fédéralisme officiel fédéral: une trahison et une lourde erreur

Un accès de curiosité ou plus exactement une recherche mal dirigée m’a fait aboutir sur le site de la Confédération relatif au fédéralisme suisse (http ://www.ch.ch/fr/democratie/fédéralisme/le-federalisme-suisse). Le site évoque évidemment l’origine napoléonienne de notre fédéralisme dans l’Acte de Médiation après l’échec de la République helvétique. C’est correct même si le ton est un peu énervant. Mais ce qui heurte c’est une trahison d’abord, puis une lourde erreur.

Trahison de la constitution

D’abord, le site fédéral dit que : « La Confédération accomplit les tâches que les cantons ne peuvent pas remplir eux-mêmes ». C’est le principe de subsidiarité à l’européenne. En Suisse : « Les cantons exercent tous les droits que ne sont pas délégués à la Confédération ». C’est bien différent comme principe politique et la citation exacte de la constitution fédérale, que nous avons reproduite, est seule correcte, car précisément elle met en évidence la différence fondamentale entre la constitution européenne et celle de notre pays.  Les cantons et le peuple décident de ce qu’ils transmettent comme compétences à la Confédération. On se demande de quel droit le site officiel n’a pas cité la constitution. Erreur, ignorance ou volonté d’européanisation ?

Une lourde erreur

Le même site officiel fédéral montre l’existence d’une division du pouvoir en Suisse sur 3 plans, fédéral, cantonal et communal mais sans préciser que le plan communal existe au sein des cantons et non pas directement au sein de la Confédération. Il n’y a pas de communes directement fédérales, c’est le droit cantonal qui détermine le droit communal. On sait que la question est discutée, sur le plan fédéral, de conférer peut-être un pouvoir spécial aux grandes communes, mais il ne s’agit que d’une discussion et il serait parfaitement concevable que les cantons règlent le problème à l’interne sans sucer le lait de Maman Confédération. Erreur fédérale, ignorance ou volonté de mise au pas ?

 

Puissent les autorités fédérales corriger rapidement cette trahison et cette erreur qui expriment un vrai mépris (ou peut-être simplement une ignorance crasse) de l’authenticité du fédéralisme suisse ! Il serait même sage de faire cette correction avant une votation sur un accord institutionnel avec l’Union européenne car on ne peut que douter du sérieux de nos représentants à Bruxelles s’ils ont une connaissance aussi erronée de l’identité de notre Pays.

 

 

L’école à reculons

Le Temps du 15 décembre 2017 a consacré un article à la suppression des notes à l’école qu’il résumait en titre de la manière suivante : « La plupart des institutions scolaires persistent à vouloir attribuer une note à toute production scolaire. » Puis l’article citait un sociologue français, Pierre Merle, qui recommande précisément une forme « littéraire » d’appréciation soit l’évaluation par « acquis », « en cours d’acquisition » ou « non acquis ». Pire encore, l’article indiquait que « en France, certains établissements évaluent les compétences à l’aide d’un code couleur allant du vert (acquis) au rouge (non acquis) en passant par l’orange (en voie d’acquisition) ».  Sans doute l’auteur de l’article et M. Merle vivent-ils dans le passé. Sans cela, ils sauraient que c’est l’échec avéré de cette méthode d’appréciation « littéraire » et parfois « colorée » qui explique, chez nous en tous les cas, le retour aux notes lesquelles n’excluent nullement une explication claire donnée à l’enfant.

Il y a apparemment des erreurs qui ont la vie dure et des sociologues scolaires qui marchent à reculons.

 

De la vraie nature de l’Union européenne

Démesurément agrandie après l’époque des six (Belgique, Allemagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas) puis des douze (les six précédents auxquels se sont joints le Danemark, la Grèce, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la Grande-Bretagne), l’Union européenne est actuellement uniquement un marché où la concurrence fait rage. La crise monétaire et économique de ce début du 21e siècle a plus que jamais réduit à la portion congrue l’idéal européen de sauvegarde de la paix et de la liberté proclamé par le Traité instituant la Communauté européenne en 1957. Les manœuvres d’intimidation dirigées actuellement contre le pays non-membre qu’est la Suisse sont moins l’expression d’une recherche du bien commun européen que celle d’un acharnement à détruire une concurrence et à récupérer par tous les moyens des fonds qu’une mauvaise gestion interne à l’Union a contribué à dilapider.

L’Union européenne, par ses quelques dirigeants potentats, sait que notre pays vit notamment de sa réputation – alors qu’elle a perdu la sienne – et que toute notre politique même étrangère est dépendante de la démocratie directe. Elle n’hésite donc pas à mettre la Suisse sur une liste grise sur le plan fiscal – en ignorant les brebis galeuses en son sein – et à tenir la dragée haute au Conseil fédéral en se moquant de la démocratie directe. Le Conseil fédéral a réagi avec énergie au dernier coup tordu. Puisse-t-il se sentir soutenu par la majorité de la population !

Le peuple n’a pas forcément raison, certes, c’est le risque de la démocratie directe. Celle-ci garantit la paix et la liberté par la stabilité mais elle exige du temps et la capacité de communiquer et de convaincre. Rouler les mécaniques et manier la trique sont étrangers à la démocratie.

Une société ultra-dénonciatrice

Dans son article du Matin Dimanche du 3 décembre dernier, M. Lionel Baier, commentant l’affaire Buttet, constate que : « Dans une société devenue ultraconservatrice, les électeurs traquent chez ceux qu’ils ont élus la probité à laquelle il se sont ou ont été soumis ».

On a quelque peine à suivre le raisonnement.

En réalité, la société n’est pas devenue ultraconservatrice, mais au contraire tellement laxiste, individualiste et vulgaire qu’il n’y a plus que la dénonciation pour essayer de sauver le respect de la personne et de soi-même qu’enseignait autrefois la politesse, éventuellement aussi le christianisme. En fait, la société est devenue ultra-dénonciatrice.

Quelques exemples ? Comme un nombre important de personnes trichent avec le tri des déchets, les sacs poubelles sont ouverts et fouillés afin de découvrir le nom d’éventuels tricheurs et de les dénoncer.

Comme des personnes se conduisent de plus en plus mal dans les trains ou les lieux publics, il faut des caméras capables de dénoncer les coupables.

Vu les abus de toutes espèces commis dans certaines entreprises, on crée la notion de « lanceurs d’alerte », et on protège, voire – en matière fiscale internationale notamment ! – on soudoie leur délation.

Et d’aucuns proposent systématiquement d’enrichir le code pénal de quelques nouvelles infractions que l’éducation moyenne rendait jusqu’alors inutiles.

Il ne s’agit pas de croire ni de prétendre que tout était parfait autrefois et que tout est devenu affreux. Non ! En revanche, on doit constater que plus une société se montre « permissive » et prétendument « ouverte à tout » plus elle doit se protéger des abus en devenant policière.

Le devoir de délation serait-il la règle de politesse des sociétés laxistes ?

 

 

 

 

Si c’est vrai, cela donne des frissons

Le Temps de ce 22 décembre nous informe qu’un embryon congelé en 1992 et provenant d’un couple a pu être porté en 2017 par une femme mariée, née  en 1991, et naître vivant. L’Association nationale pour le don d’embryons se vante : « Il pourrait s’agir d’un record mondial » ! Beau record, vraiment !

Qu’une femme puisse, avec l’accord de son mari, porter un embryon dégelé – dont elle ignorait apparemment l’âge exact – dénote déjà un grave déséquilibre mental et une carence morale plus qu’inquiétante. Mais qu’un médecin puisse se livrer à une telle expérience est révulsant.

Une éthique proche du néant

L’article du temps précise que « la femme et son mari avaient sélectionné l’embryon sur la base de ses caractéristiques génétiques, sans savoir depuis combien de temps il avait été congelé ». Faut-il comprendre de cette précision, d’une part que l’achat d’embryon correspond bien à une forme d’eugénisme et que, de surcroît, le médecin n’avait pas informé avec précision le couple de la vétusté exacte de l’embryon congelé ? Grave malhonnêteté qui s’ajoute à son absence de déontologie.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

A quand la découverte, lors de la fonte d’un glacier, d’une pré-hominienne enceinte et congelée dont on prélèvera l’embryon ou le fœtus pour qu’un médecin fou et irresponsable l’implante dans une femme hystérique ?

 

La guillotine

C’est fait ! La curée est achevée, M. Buttet est mort politiquement, peut-être personnellement aussi et on n’ose imaginer ce que vit sa famille.

Mais le procès médiatique sans droit à la défense, sans aucun égard pour la personne, a été mené rondement, en violation de toutes les règles élémentaires des droits de l’homme (un procès équitable), avec l’acharnement du lâche qui n’a plus rien à craindre. Oh ! je ne cherche pas à protéger un harceleur mais je constate simplement que la vengeance a été terrible, meurtrière, et qu’à aucun moment on n’a songé aux proches de M. Buttet. C’est peut-être là que réside la plus grande perversité des procès publics et hors justice. La joie vicieuse de ceux qui se sentent soudain plus forts, qui se prennent pour des justiciers, telle un rouleau compresseur, écrase tout sur son passage. Et ce ne sont pas les « victimes » du harceleur qui sont les pires, mais, il faut le dire, des journalistes en mal de papiers. Le Temps a fait très fort sur ce plan-là.  Les petits Robespierre – dont on finit par se demander s’ils sont heureux de détourner l’attention sur un bouc émissaire – se sont déchaînés. Espérons qu’après la curée, les vainqueurs repus se mettront à réfléchir. Le procès sur la place publique est frère de la guillotine !