Les éditions Cabédita viennent de publier le premier roman de Lise Favre, docteur en droit, notaire émérite et surtout historienne, qui nous invite à suivre, dans un carnet intime, la vie d’une Bellerine, « Constance » – c’est le titre du roman – dans son « itinéraire vers la liberté » – sous-titre du roman.
D’un style agréable et direct, le roman se lit sans lever le nez.
Née en 1885, orpheline de mère à cinq ans, Constance est élevée par son père, pasteur à Bex. Dès les premières phrases, on change de siècle et de milieu, on est plongé totalement dans l’atmosphère de l’époque. Tout est vraisemblable, les détails historiques sont exacts sans prétention. Ils font simplement partie du cadre du roman du début à la fin. Sans même s’en rendre compte, on entre dans cette vie d’une Suissesse partie en Russie en 1905 pour devenir la gouvernante des enfants d’une famille noble. Elle revient au pays quatre ans plus tard, dans des circonstances particulières qui la conduisent vers un nouveau destin de « liberté » jusqu’à son décès en 1940.
Constance est-elle une héroïne sympathique ? Je ne sais pas. Elle est surtout vraisemblable pour son époque, touchante dans son amour filial, irritante dans son féminisme qui n’éprouve pas d’amour maternel pour son fils, délicatement nuancée dans son jugement sur les hommes.
« Constance », un roman à lire pour se rappeler que les femmes émancipées ne sont pas seulement nées après la 2e guerre mondiale !
Constance n’a peut-être pas pu organiser sa vie comme le font les féministes actuelles : « Un enfant si je veux et quand je veux ». Mais peut-être le voulait-elle, cet enfant pour lequel elle n’éprouvait ensuite pas d’affection. Son père l’a vraisemblablement envoyée en Russie pour qu’elle apprenne le métier de mère, nourrie, logée, et gratifiée d’argent de poche. Puis elle a eu un mari comme nouveau maître lui offrant aussi un logement, un tablier, une cuisinière et deux sacs à commission pour aller à l’épicerie. Et pour son travail de mère ? Elle ne touchait sûrement pas même un Rouble !
Les femmes émancipées (ou qui souffraient de ne pas se sentir libres), existaient déjà avant la 2e guerre mondiale… Ne faudrait-il pas plutôt dire que les mauvaises mères ont existé de tout temps, sans amour de la famille ni conscience de leurs devoirs ? Ces carences sont à notre siècle accueillies dans la joie entre femmes émancipées. Puisse la mystérieuse nature redonner de sages forces à toutes les malheureuses qui ont abandonné ce qu’elles possédaient de plus précieux : être irremplaçables dans les tâches les plus simples que leur dicte leur grand et bon cœur que nul homme ne possède.
N’interprétez pas la cause du peu d’intérêt de Constance pour son enfant sans avoir lu le livre. Vous seriez très surpris de la réalité.
Juste avant d’envoyer ce commentaire, j’avais effacé la dernière ligne : “Je lirai le livre, puis ferai un deuxième commentaire…” Cette ligne n’était pas en trop, merci de votre réaction.
Merci de partager votre intérêt pour ce livre que je me réjouis de découvrir. Les violettes d’aujourd’hui, souvent univoques ou fragiles, ne devraient pas se couper de glycines solidement ramifiées dès le XIXe siècle. Comme vous le soulignez, la résistance féminine a une histoire plus ancienne qu’on imagine généralement. Ma grand-tante Berthe, des Geneveys sur Coffrane a connu une expérience parallèle comme préceptrice à Vladivostok, avec retour par l’un des premiers Transsibériens, propos savoureux le dimanche autour du samovar, grand-mères et autres tantes ouvrières présentes, les messieurs aussi, admiratifs et respectueux des idées et des libertés réalisées. Il faut dire que cela se passait dans un monde ouvrier et artisan, peut-être plus enclin au partage parce que durement éprouvé dans ses conditions de vie? Bon dimanche et encore merci!
Merci !
À signaler aussi, écrit en 1940, « Le destin vanne », un roman d’Eléonore Niquille (1897-1957), Editions La Sarine, 1997. De mère russe, elle naît à Vitebsk, son père Aloys Niquille, Gruérien d’origine, étant précepteur de neveux du tsar Nicolas II. Comme le dit sa préfacière : « Dans la fable, Cendrillon devient princesse, pour Eléonore ce fut juste l’inverse ! ». À découvrir !
Est-ce que cette Eléonore Niquille était la soeur ou la cousine de Jeanne Niquille, exceptionnelle historienne et archiviste fribourgeoise, d’une grande érudition, et qui n’a jamais pu être nommée professeur à l’université ni présidente des archives cantonales ce qu’elle aurait mille fois mérité. Je ne suis pas féministe et je n’aime pas le féminisme, mais là je dois dire que c’était vraiment une injustice criante.
Merci de signaler ce roman d’Eléonore Niquille, qui était la demi-soeur de ma grand-mère maternelle, Hélène ! Je compte bien découvrir ce roman et ses autres écrits.
Pour répondre à la question du 7 novembre, Jeanne n’était pas l’une des demi-soeurs d’Eléonore. J’ignore quel était leur lien de parenté, s’il y en avait un (mais certainement).
Ca vaudrait sûrement la peine de lire ce livre, aussi pour serappeler que tant de jeunes Vaudoises et Suissesses ont été gouvernantes comme ça dans des grandes familles, en Allemagne, en Pologne, en Russie… Pendant très longtemps c’était le seul débouché pour une jeune femme, souvent aussi pour un jeune homme de chez nous. Les “schweizer Fraülein” étaient très appréciées.
Ma grand maman maternelle et sa sœur, toutes deux institutrices, sont parties en 1900 en Russie dans deux familles d’aristocrates pour l’éducation des enfants. Dans la seconde moitié du 18ème siècle, de jeunes institutrices suissesses romandes de religion protestante étaient très recherchées. Sa soeur est rentrée fiancée à un jeune Russe blanc….elle m’a raconté qu’elle avait fait un mariage humanitaire. J’ai quelques écrits de ma grand-maman de ce voyage aller et retour par ce qui était alors La Prusse. J’ai toujours sa malle en souvenir.
Il est vrai qu’elles ont fait preuve d’émancipation! Elles étaient curieuses et ont pu voyager en Russie. Leurs valeurs étaient la liberté, l’humanisme, la culture, la simplicité et la nature.
Très intéressante histoire, car ma mère m’a fait une vie de m… sous l’emprise d’une jalousie viscérale cultivée à mon égard, tout en faisant de l’obstruction à pouvoir contacter la famille de mon père qui s’était suicidé tellement elle était trop gentille. C’est donc à plus de 73 ans que j’ai commencé par comprendre et découvrir qu’une grand-tante, tante de mon père, d’origine, allemande et vraisemblablement aussi suissesse, était partie en Russie pour s’occuper des enfants d’un noble Russe, tout en me rappelant qu’elle m’avait fait bénéficier d’un don pour mes futures études. Naturellement aucun document n’existe à ma disposition, vu le peu de collaboration possible avec ma mère. Me rappelant que mon père avait été très vraisemblablement le premier Suisse à rouler en Ferrari, j’ai pris cette piste pour découvrir d’autre lien historiques avec son premier propriétaire qui avait acheté ou loué trois de ces bolides pour faire des courses et les gagner.
Un monopole vite abandonné à cause des chicaneries d’homologation pour les futures courses à venir, tellement ces barquettes étaient efficaces. Alors qu’elles avaient déjà permis à leur propriétaire, éventuellement locataire, de glaner plusieurs victoires à l’origine de lancement de la marque et de la réputation de Ferrari. C’est ainsi que j’ai retrouvé un lien évident avec la famille du Prince Igor Nikolaevich Trubetskoy qui était aussi un artiste peintre dont une oeuvre est encore en possession de la famille de mon père, ce qui est propre à renforcer l’hypothèse que ma grand-tante avait bien travaillé pour cette famille. Un famille en fuite à la Révolution bolchévique, alors que ma tante a pu être libérée grâce à son origine allemande. C’est donc vraisemblablement grâce à cette grand-tante qui avait maintenu des liens avec le Prince, que mon père a pu obtenir une Ferrari et que j’ai pu très miraculeusement faire quelques études. Malheureusement j’ignore tout de cette femme, sinon qu’elle ne devait pas être en odeur de sainteté, puisque la famille de mon père n’avait gardé aucun document ni photographie à son sujet, ce qui pourrait aussi suggérer qu’une jalousie auto-destructrice existait dans les deux côtés de ma famille.
Grâce à ces recherches, j’ai aussi compris que l’esclavage n’était pas seulement un monopole de la négritude, comme le veut le mensonge de l’exercice actuel de culpabilisation quotidienne, qui nous est imposé par des médias scélérats tout comme nous imputer le réchauffement de la planète. Les mêmes qui soutiennent Zelinsky contre Poutine ou Biden contre Trump. Ce qui devait aussi réveiller nos bonnes consciences. Car j’ai appris qu’à cette époque lointaine, lors d’un mariages princier, la future mariée amenait comme dote 50’000 esclaves. Donc des slaves biens blancs, comme le mot esclave le suggère sans aucune contestation.