Un Synode soucieux de l’unité et de la cohésion de l’Eglise vaudoise

Réuni les 9 et 10 mars derniers le Synode (= Parlement) de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV) devait décider de la manière de répartir la diminution des postes subventionnés par l’Etat. Deux conceptions fondamentales étaient en opposition : l’une, celle du Conseil synodal (gouvernement de l’EERV)l, qui estime qu’une Eglise plus centralisée serait plus apte à faire face aux changements de la société, l’autre, celle de nombreux paroissiens qui s’étaient adressés aux membres du Synode, jugeant que les paroisses, au sein des régions, restent le noyau vital d’où l’Eglise doit rayonner « au service de tous ».

La société vaudoise n’est pas la société anglaise

Une discussion nourrie et très fraternelle a permis de développer chacune des conceptions, mettant d’ailleurs en évidence la particularité d’une Eglise traditionnellement et réglementairement presbytéro-synodale comme la nôtre, qui s’appuie premièrement sur les paroisses, éventuellement groupées dans une région, par rapport à une Eglise de type épiscopal, beaucoup plus hiérarchisée, éventuellement inspirée, même inconsciemment, du modèle anglais. En effet, le Conseil synodal a longuement étudié les œuvres d’un sociologue anglais Zygmunt Bauman dont il s’inspire abondamment. Il a d’ailleurs envoyé un pasteur en Angleterre pour voir les choses de plus près. Si l’évolution actuelle de la société est peut-être la même dans les deux cultures, anglaise et vaudoise, il est certain qu’elle ne s’opère pas à partir de la même histoire ecclésiologique ni de la même société de base. Le tempérament britannique n’est pas celui des Vaudois. C’est peut-être là que réside, même inconsciemment, la cause du profond malaise ressenti ici par la base.

Le Synode, responsable de la cohésion de l’EERV

Le Synode est chargé, selon son règlement d’organisation approuvé par le Conseil d’Etat, de « veiller à préserver l’unité et la cohésion de l’EERV ». Il a jugé que la divergence de conception ecclésiologique entre le Conseil synodal et les très nombreux paroissiens qui, par des lettres collectives, lui avaient fait connaître leur point de vue, serait à l’origine d’une fracture au sein de l’EERV si on ne demandait pas expressément au Conseil synodal de revoir ses propositions et de les adapter à notre Eglise vaudoise. Le Synode a donc refusé, par 47 voix contre 27 et 2 abstentions, d’entrer en matière sur les propositions du Conseil synodal et lui a renvoyé le dossier.

C’est peut-être une des premières fois que cela arrive, mais une église ne peut se permettre d’être divisée si elle veut rayonner, donc remplir sa mission, dans une  société toujours plus déchristianisée.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

2 réponses à “Un Synode soucieux de l’unité et de la cohésion de l’Eglise vaudoise

  1. Excusez, chère Madame Sandoz, mais ce Zygmunt Baumann est un ancien communiste qui dit que nous vivons dans une société liquide. Ce n’est pas faux étant donné que tout fout le camp. Mais une chose est sûre, c’est que si votre Eglise Évangélique Réformée veut survivre elle aurait intérêt à avoir une structure un tant soit peu solide, et non liquide. Donc quand on apprend que les huiles de la dite Église cherchent leur inspiration chez l’athée subversif Zygmunt Baumann, on est en droit de s’inquiéter. Pour moi, s’ils continuent comme ça, l’Église Évangélique Réformée Vaudoise va continuer à se liquéfier.

  2. Très bon article, Mme Sandoz.
    Sur la dérive du Conseil synodal, nous pouvons aussi lire l’éditorial d’Olivier Delacrétaz dans La Nation, intitulé ” Un tournant”, dont je cite un passage : « C’est ce mouvement de protestation venu du fond de l’Église qui explique probablement la netteté du vote et indique le mieux la voie à suivre ».
    Voir lien ci-dessous :
    https://www.ligue-vaudoise.ch/?nation_id=3859

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