Responsable de l’image

Le terrible massacre de Charlie Hebdo avait incité à se poser la question de la liberté de l’humour. Et si la réponse était claire en ce sens que l’on peut rire de tout, en revanche, des nuances avaient été apportées par beaucoup de personnes sur deux points : il faut tenir compte de la réception par le public et de l’impact propre à l’image. C’est à ces deux points de vue que la responsabilité de l’humoriste, voire de l’artiste, est engagée.

Certaines formes d’humour sont réservées au cercle des intimes, d’autres, à un public de connaisseurs, d’autres encore au grand public. L’humoriste de talent sait faire la différence et mesure éventuellement à l’avance la réception de ses plaisanteries.

L’image peut être une agression

Mais la responsabilité est beaucoup plus grande encore quand l’humour est concrétisé par l’image.

Le texte respecte la liberté du lecteur qui peut très vite sauter des lignes, éviter un sujet, prendre de la distance par rapport à des mots.

L’image est une agression, une atteinte à la liberté du « lecteur », car il ne peut pas ne pas la voir. Il peut certes ne pas s’y attarder, tourner rapidement une page, mais il aura vu et même, parfois, aura eu le temps d’être blessé.

L’usage de l’image exige intelligence et doigté

Celui qui veut s’exprimer par l’image doit être particulièrement attentif au message qu’il veut faire passer donc au public qu’il veut atteindre. L’image-choc peut être l’indice d’une incapacité de dépasser son propres fétichisme ou sa propre idée fixe. La réaction négative en chaîne que vient de déclencher la rédaction du mensuel Réformés en publiant une photo extrêmement provocante sous prétexte “d’accueil de la Différence sexuelle” illustre cette affirmation. Celui qui manie l’image doit réfléchir deux fois avant de se croire génial ou pédagogue.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

3 réponses à “Responsable de l’image

  1. C’est magnifique votre photo du palais fédéral, même si à l’intérieur ils font au mieux, quel architecte de génie 🙂

  2. La photo dans le mensuel Réformés à laquelle vous faites allusion était horriblement choquante, obscène, dégoûtante, et blasphématoire même pour un non-protestant. A force de vouloir faire moderne et tolérant, on donne dans le grotesque et l’ignoble.

  3. Je n’avais pas connaissance de cette photo scandaleuse. Grâce à Google je l’ai trouvée. Écoeurante en effet. Je trouve plutôt réconfortant qu’elle ait causé un tollé.
    À part ça, je constate qu’une fois de plus je me trouve au diapason de madame Suzette Sandoz et de ce cher avocat Santschi. En tant que catholique romain, pas très pieux mais quand même, je suis très déçu par l’Eglise parpaillote de notre beau pays. J’appréciais son implantation locale, ses belles cures aux volets verts et blancs, ses ministres dignes en costume foncé, les jolies croix huguenotes au cou des “”mômières”, etc. Avec cet ancrage et ces traditions identitaires, l’institution était respectée, y compris par les non protestants. Mais aujourd’hui il paraît que dans ses document officiels l’Eglise Évangélique Réformée Vaudoise a choisi comme nouveau maître à penser Zygmunt Baumann, ce sociologue tout sauf chrétien qui a inventé le concept de “société liquide”. Alors évidemment, avec des références comme ça, pas étonnant que tout aille à vau-l’eau.
    Je pense que l’on devrait avoir le courage de rappeler que dans notre législation le blasphème reste interdit (art. 261 CP). Et les tribunaux devraient appliquer la loi, ou alors l’abroger et donc ouvrir le débat sur la question.
    Quand le théâtre de Vidy avait présenté il y a environ deux ans une pièce totalement blasphématoire, celà avait ému des personnes que je connais et je leur avais suggéré de se fonder sur cet article 261 pour agir. Je ne pense pas qu’ils l’aient fait et de toute façon on peut être sûr que les tribunaux se seraient bien gardé d’appliquer la loi comme c’est pourtant leur devoir.

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