Une mère au foyer travaille

L’annonce du succès de la récolte de signatures de l’initiative pour un congé paternité ouvre les vannes des habituelles idioties relatives à la notion de « travail des femmes ».

Selon la terminologie à la mode, le parent à la maison, et tout spécialement la femme ou la mère, qui s’occupe du ou des enfants, de toute la gestion du ménage, ne « travaille » pas, il accomplit des tâches. Ces tâches, d’ailleurs, il s’agit de les liquider le plus rapidement possible en mettant son enfant dans une crèche ou éventuellement chez les grands-parents, pour que les mères « retournent au travail ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est 24H du 4 juillet, en p. 3 : « L’initiative sur le congé paternité permettrait non seulement d’installer les hommes dans leur rôle de père, mais aussi de favoriser le partage des tâches et le retour des mères au travail ».

« En moyenne, un homme passe par semaine 12, 3 heures de plus que les femmes au travail » (d’où la justification des différences salariales sans doute, a-t-on envie d’ajouter !)

Sauf le passage entre parenthèses, c’est toujours 24 H qui le dit, dans son édito.  En résumé, c’est le fin moment que les hommes aient congé, donc « travaillent » moins pour qu’on puisse enfin renvoyer ces « flemmes » (ça, c’est moi qui le dis, pour traduire un ressenti douloureux) de femmes au travail !

Quand je lis des inepties pareilles, je suis révoltée et ce d’autant que les deux passages cités ci-dessus sont dus à la plume d’une femme.

La vraie portée d’un éventuel congé paternité

Qu’un père ait quelques jours de congé professionnel pour aider son épouse au retour de la clinique et s’installer avec elle dans le rôle de parents, ou pour partager son travail au foyer si la famille a déjà un ou plusieurs enfants, c’est assurément souhaitable. Mais de grâce, qu’on cesse de sous-entendre qu’une mère au foyer ne travaille pas et qu’on abandonne ces commentaires insultant pour les femmes et les mères, voire pour les parents qui assument pleinement la responsabilité de leurs enfants !

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

9 réponses à “Une mère au foyer travaille

  1. En accord total avec cet article… j’ai aussi quelque chose à rajouter :j’ai 51 ans , mère de 4 enfants ( 29,23,16 et 12 ans) donc bientôt 30 que je suis mère et environ 23 ans mère au foyer.
    Je suis fière du travail que j’ai accompli, mes enfants sont en de bonnes voies pour être armé pour la vie .

    Ce qui me fâche en réalité, c’est d’entendre ces mères au foyer qui lorsque on leur demande si elles travaillent répondent automatiquement : NON je suis mère au foyer…. comment voulez-vous que cela change les façons de penser si elle-même ne sont pas convaincues qu’elles font une quantité incroyable de métiers.

    Lorsque on me pose la question je réponds que je suis responsable de service, conseillère communale et le plus important DIRECTRICE D’ENTREPRISE FAMILIALE…(et très fière de l’être )

    La réaction est immédiate … les femmes sourient et s’approprient ce titre …. j’adore …. je crée des personnes fièrent d’être ce qu’elles sont et enfin fièrent pour leur travaille…..

    Merci pour votre article car je suis convaincue que si le métier de DEF ( directrice d’entreprise familiale) et inscrit dans nos paroles, le congé paternité prend aussi tout son sens : les hommes ne prennent pas de vacances, mais secondent ou remplacent leurs épouses.

    Merci pour tout en merveilleuse journée

    Sandra schenkel

  2. Et qui soit dit en passant renoncent à un revenu propre, aux cotisations sociales y relatives, évitent des coûts pour la société (crèche, devoirs surveillés) et accompagnent volontiers la classe de leur enfant lors des activités scolaires).

  3. Merci Madame Sandoz, c’est véritablement un grand plaisir de lire vos réflexions si pertinentes et toujours teintées d’une pointe d’humour.

  4. Merci pour cette belle reponse , depuis si longtemps cela fait sourire … ma fille encore aujourd’hui avec 2 petites filles a ce genre de commentaire..son mari travail souvent le samedi , ne rentre pas toujours a midi et le soir n’a pas d’heure fixe de retour. .. comment faire ? Et dans 10 ans pleurer parce que ka famille craque? Et des psy . Pour aider les enfants… ah..le rôle des parents….

  5. Il serait peut-être utile de penser un salaire de personne s’occupant de la sphère domestique, et éducationnelle. Gestion des emplois du temps; taxi; achats; préparation des vacances; suivi de la scolarité; organisation des repas; suivi de la santé; coaching des devoirs; suivi des réparations du logis; hommes ou femmes ou foyer, c’est un job d’assistanat de production avec une mission d’aider à grandir et à s’épanouir de futurs citoyens et de beaux etres humains. Les personnes au foyer représentent des consommateurs au sein de cette sphère et auraient donc droit doublement à un salaire . Ils ne seraient ainsi pas pénalisés pour en sortir et y rentrer librement. Et la personne qui travaille au dehors n’assumerait pas elle seule la charge financière totale.

  6. C’est effarant de constater le gouffre qu’il y a entre les gens comme Mesdames Suzette Sandoz, Sandra Schenkel, Anne Challandes, Catherine Gasser et Daniele Paratte, qui honorent encore la belle fonction de mère de famille et “directrice d’entreprise familiale” et ces féministes qui vivent sur une autre planète, et qui sont tout sauf tolérantes envers celles qui ne partagent pas leurs obsessions et leur agressivité.

    Je ne voudrais pas médire des féministes. Elles sont sans doute très sincères, du moins certaines, et voudraient corriger certaines injustices. Mais ces idéologies de soi disant émancipation reviennent souvent à propager la haine, la guerre des sexes dirais-je. Notez, on pourrait accepter les revendications féministes mais alors il faudrait aussi que les féministes veuillent bien accepter la légitimité de celles qui désirent s’épanouir dans un rôle de mère de famille. Et le droit, pour celles qui le désirent , d’être des mères de famille au foyer, et même de seconder leurs maris sans recevoir pour cla un salaire, si elles sont heureuses ainsi comme ces dames susmentionnées. Malheureusement les féministes n’ont que mépris pour les mères de familles. La mère de famille est l’ennemi public numéro un dans notre societe post moderne post soixante-huitarde.

    Pour ma part j’ai eu la chance d’être élevé par une mère de famille professionnelle qui s’occupait de sa marmaille a plein temps. Je souhaite au plus grand nombre possible de mes concitoyens de jouir de cette chance et je pense qu’une société comme la nôtre qui cherche à supprimer les familles où les mamans restent à la maison, est un société inhumaine qui court à sa perte.

  7. En 1994, lorsque j’ai dû chercher un emploi – après 17 ans d’interruption -, les réponses étaient … “vous avez fait quoi pendant tout ce temps …” ….
    J’ai été une mère au foyer pendant 17 ans et ne le regrette pas : lorsque je vois le matin ces jeunes femmes pressées pour aller 1) chez la maman de jour 2) prendre le train et refaire les trajets en sens inverse l’après-midi ou le soir, j’avoue que j’ai le cœur serré.

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