Du mauvais usage de l’anti-machisme par certaines féministes

L’émission Infrarouge du 21 juin était précédée du film remarquable réalisé au sujet du viol des deux jeunes femmes belges sur un plage de France il y a quelques années. La discussion qui a suivi était très peu intéressante, à part les interventions de Mme Myret Zaki, et j’ai coupé rapidement l’émission. Mais le sujet abordé incite à un certain nombre de réflexions en relation avec deux autres événements actuels : l’affiche – pour le moment censurée – représentant Simone de Beauvoir, nue, de dos, et les défilés de certaines féministes, éventuellement dépoitraillées, portant panneaux avec représentation de vagins et de clitoris, au nom de je ne sais quelle émancipation ou égalité.

 Subordonner le placardage de l’affiche de Simone de Beauvoir à une autorisation est une marque de respect de la personne

La mode actuelle est au nu public. Ce n’était pas le cas du temps de Mme de Beauvoir. Il est donc élémentaire de ne pas utiliser pour de la publicité une photo que le modèle n’eût pas voulu voir sur les murs, et que des proches éventuels ne souhaitent pas non plus contempler à chaque coin de rue. On ne peut déjà qu’en déplorer la présentation à la télévision.  Que Simone de Beauvoir en ait connu l’existence et n’en ait pas immédiatement exigé la destruction ne signifie pas pour autant qu’elle ait souhaité que le monde entier la vît. Le respect de sa personne exige de la retenue.

Quand des féministes se promènent plus ou moins nues ou/et portant des panneaux avec des organes féminins géants, elles font beaucoup de mal

Pensent-elles un seul instant au malaise et au dégoût qu’elles provoquent chez bien des femmes et des adolescents des deux sexes ? Pensent-elles à l’excitation qu’elles génèrent chez les machistes malades ou déséquilibrés ? Parce qu’il y en a hélas ! toujours eu et il y en aura toujours. Il est étonnant qu’on nous recommande de fermer soigneusement à clé nos logements et nos voitures et de ne pas laisser nos sacs et ordinateurs dans nos voitures pour ne pas tenter les voleurs et qu’on ne se rende pas compte que la débauche d’images sexuelles dont se repaît notre société est une tentation constante pour les déséquilibrés sexuels.

Notre époque d’infantilisme sexuel est aussi déplorable que celle de la pudibonderie religieuse. On a simplement passé d’un fétichisme à un autre sautant à pieds joints l’indispensable respect des personnes.

Le 23 juin 2017

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

5 réponses à “Du mauvais usage de l’anti-machisme par certaines féministes

  1. Chère contemporaine,
    Ce n’est sans doute pas dans infra-rouge qu’il faille chercher de l’intérêt dans les débats. Émission animée la plupart du temps par des féministes affichées qui cherchent à rendre populaires des thèmes qui n’ont de sociétaux que leur côté tendance.
    L’orgie des images dites sexuelles, que ce soit sur les chaines télévisuelles ou sur internet n’est pas seulement une tentation constante pour les déséquilibrés sexuels mais aussi une incitation à convertir des esprits purs à le devenir.
    La société se repaît d’images violentes mais elle les oublie aussitôt, inconsciente des traces parfois indélébiles qu’elles laissent.
    Cartago delenda est.

    1. Vous écrivez “… L’orgie des images dites sexuelles …” puis “…La société se repaît d’images violentes…”. Dois-je en conclure que vous les considérez identiques et de même gravité ?

  2. Je ne partage pas en tous points votre analyse mais vous remercie d’avoir rappelé dans ce débat une notion fondamentale, absente des discours du moment : le respect de la personne.

  3. Madame,

    J’aime votre regard sur les choses. Il est plein de sagesse et d’expérience. Vous avez le talent de pointer l’essentiel. Chacun de vos textes est une contribution à l’élaboration des idées et à la recherche d’équilibre.

    Merci, mille fois merci.
    Claire Bricteux

  4. Je n’ai pas compris ce qu’était exactement un déséquilibré sexuel ? Je retiens aussi votre phrase “…malaise et au dégoût qu’elles provoquent chez bien des femmes et des adolescents des deux sexes ?…” donc vous excluez les mâles adultes de ces “malaises”. Seraient ils donc tous déséquilibrés pour apprécier la nudité féminine ? Vous me rappelez, par vos jugements sévères, une observation perspicace d’André Breton : “La pornographie, c’est l’érotisme des autres.”

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