La grande bataille des boucs émissaires?

Confronté à des catastrophes, l’être humain a besoin, pour se rassurer, de désigner un ou des boucs émissaires qu’il déclarera cause des malédictions ; il pense alors qu’il lui suffira d’éradiquer les boucs émissaires (par différents moyens, selon la malédiction à éviter, ou peut-être selon la civilisation du moment) pour anéantir le mal. La pandémie qui ronge notre monde n’échappe pas à la règle. Depuis quelque temps, à l’évidence, les boucs émissaires sont les personnes non-vaccinées ou n’ayant pas (encore) fait vacciner leurs enfants.

Le problème c’est que, dans un pays démocratique, les boucs émissaires risquent de se révolter et – qui sait ? – de chercher d’autres boucs émissaires, ce qui débouche sur des batailles d’anathèmes. Le Temps de ce 28 juillet en donne un magnifique exemple en page Débats (p. 5), grâce à l’article de monsieur Grégoire Gonin, article intitulé « Pour un << non>> écologiste à une vaccination systématique ». On y lit entre autres :

« C’est la double empreinte millénaire de la matrice chrétienne de la domination de l’humain sur la nature et séculaire de capitalisme prédateur, de foi suicidaire dans le <<progrès>> technique et scientifique qu’il faut revisiter. Et rompre avec l’anthropocentrisme au profit d’un biocentrisme… »

Enfin on a trouvé deux boucs émissaires : le christianisme et le capitalisme, et on pourrait remplacer une religion « l’anthropocentrisme » par une nouvelle, le « biocentrisme ».

L’auteur a partiellement raison quand il écrit que « la pandémie a révélé … l’origine sociétale plus qu’individuelle des comorbidités » ainsi que « la foi suicidaire dans le progrès technique et scientifique » et lorsqu’il relève que la vaccination de masse profite aux pharmas et que la médecine est à la solde de ces dernières, mais il tombe dans le piège de la bataille des boucs émissaires.

Quand les autorités ne sont pas sûres du bien-fondé de leur décision et cèdent peut-être à la pression de très gros intérêts peu humanistes, elles cherchent à rassurer la société civile en lui désignant un bouc émissaire. Elles infantilisent alors la population par un lavage de cerveau avec menace de sanction et promesses de récompense. Si la réaction à cette infantilisation est forte, elle favorise la recherche d’autres boucs émissaires et la pandémie se double d’une scission sociale grave aux conséquences dommageables durables.

 

 

 

 

Assurer le bien de l’enfant

 

La campagne au sujet du mariage pour tous et du droit à l’enfant par PMA pour les couples mariés de lesbiennes a été lancée l’autre jour, sans beaucoup de bruit d’ailleurs, vu que la période estivale est consacrée à bien d’autres occupations. Le Conseil fédéral va, selon sa mauvaise habitude, se lancer dans la campagne bien que l’adjonction, dans la loi, du droit des lesbiennes à l’enfant par PMA n’ait pas du tout été sa proposition. On pourra déplorer une fois de plus l’erreur de mêler les conseillers fédéraux aux débats des votations alors que le texte soumis n’est pas le leur mais celui du Parlement, mais ce n’est pas le sujet ici.

Pourquoi étendre la PMA aux couples de lesbiennes d’une part, mais à la condition exclusive qu’elles recourent à la PMA en Suisse ?

Réponse : pour protéger le bien de l’enfant !

Alors quelle protection ? Elle se décline en trois étapes :

  1. Première étape

Ce que veut un couple de lesbiennes, c’est que chacune soit le parent juridique de « leur » enfant dès la naissance. Ce n’est pas possible si elles recourent à une  PMA à l’étranger. Dans ce cas, seule la mère physiologique est reconnue mère juridique, en droit suisse, dès la naissance, alors que sa compagne devrait adopter l’enfant pour devenir son « second parent » juridique. L’adoption en Suisse exige au moins un délai d’une année, année pendant laquelle l’enfant est celui d’un couple monoparental. Ceci est évité si le droit suisse donne à un couple marié de femmes – et non plus seulement à un couple marié hétérosexuel – la faculté de recourir à la PMA. Ainsi, le « conjoint », homme ou femme, de l’épouse qui accouche serait automatiquement, dès la naissance, le « père juridique », ou le « parent juridique » de l’enfant. Pas de monoparentalité pendant une année pour le couple de femmes.

  1. Deuxième étape

Quand un couple de lesbiennes recourt à la PMA à l’étranger, le donneur de sperme est généralement anonyme et l’enfant n’aura jamais la moindre idée de sa généalogie paternelle. En droit suisse, c’est différent puisque la PMA inclut le « droit de connaître ses origines ». En effet, à 18 ans révolus, l’enfant peut obtenir officiellement des informations concernant l’identité du donneur de sperme (nom, prénom, date et lieu de naissance, domicile d’origine ou nationalité, profession et formation) et son aspect physique. Si le donneur refuse de rencontrer l’enfant, celui-ci doit en être avisé et doit être informé des droits de la personnalité du donneur et de sa famille. Si l’enfant maintient sa demande, les données lui seront communiquées.

  1. Troisième étape

Une fois que l’enfant sait qui est l’homme dont il est issu, il n’a pas, selon la PMA suisse, le droit de demander en justice que cet homme soit déclaré son père juridique et l’homme non plus ne le peut pas. L’enfant n’a pas le droit d’avoir un père, il a juste le droit de savoir qui est le donneur de sperme.

 

Une question éthique se pose à chaque étape :

  • Serait-ce pour assurer le bien de l’enfant à naître que nous donnerions à sa mère le moyen légal de lui refuser un père pour lui imposer deux mères ?
  • Serait-ce pour assurer le bien de l’enfant à naître que nous ne lui permettrions de connaître son père que sous le label de « donneur de sperme » ?
  • Serait-ce pour assurer le bien de l’enfant que nous lui interdirions d’avoir jamais un père juridique ?

Ces questions peuvent recevoir des réponses différentes, mais on ne peut les ignorer sachant qu’en droit suisse, « la procréation médicalement assistée est subordonnée au bien de l’enfant ».

Bonnes nouvelles du front

« Roche cède le brevet de son médicament contre le Covid-19 »

Le Temps du 8 juillet a annoncé cette magnifique nouvelle qui semble n’avoir pas été largement reprise – mais je n’ai pas écouté toutes les nouvelles !

Je cite Le Temps : « Au lendemain de la recommandation de l’OMS en faveur de son médicament contre le coronavirus, le géant pharmaceutique bâlois inscrit son brevet dans le domaine public et organise le transfert de technologie et d’expertise dans les pays à revenus bas et intermédiaires pour augmenter l’offre mondiale » ….  « Ce produit n’est pas nouveau sur le marché ; il est utilisé depuis 2009 contre les maladies rhumatologiques. Il a toutefois été largement utilisé avec succès au cours de cette pandémie ».

Certes le prix en est encore élevé (« Selon un document des Hôpitaux universitaires genevois, il coûte 900 francs pour 400 mg en Suisse »), mais Roche précise : « Dès l’approbation d’Actemra/RoActemra pour son utilisation contre le Covid-19, nous prévoyons d’améliorer l’accessibilité financière pour tous les marchés des pays à revenu moyen supérieur, des pays à revenu moyen inférieur et des pays à faibles revenus ».

Cela signifie donc qu’il y aura un médicament “officiel” contre la covid-19, que Roche, pour lutter contre la pandémie a l’intention d’en baisser le prix, voire de favoriser spécialement les pays à revenus bas et intermédiaires (c’est évidemment d’autant plus possible que le produit est vendu – à d’autres fins, certes – sur le marché depuis 2009 ; on en connaît en outre les contre-indications). Voilà qui donne un certain espoir en relation avec la 4e vague annoncée. Combiné avec la vaccination, le traitement permettra peut-être d’éviter des morts, un nouveau confinement, et de redonner courage à la population et aux politiciens. On attend avec intérêt et impatience chez nous la décision de Swissmédic et des assurances.

 

J’accuse

Dans le numéro de juillet de « contact », le magazine de l’Hôpital du Valais (p. 5), on lit ce qui suit : « Après les deux vagues de l’épidémie de COVID-19 qui ont mis à forte contribution les services hospitaliers aigus, les séquelles du COVID-19 affectent une proportion non négligeable des patients. << Avec plus de 560’000 cas de covid-19 en Suisse, nous pensons que le COVID long va devenir un problème de santé publique>>, souligne le Prof. Nicolas Garin, chef du Service de médecine de l’HRC. <<Même si les symptômes se résolvent dans la majorité des cas, nous savons d’une vaste étude en Chine que 6 mois après une hospitalisation, trois patients sur quatre présentent des symptômes résiduels>>. Fatigue excessive, difficultés respiratoires, douleurs thoraciques, anxiété, dépression, troubles de la concentration ou du sommeil, difficultés à reprendre une vie active sont fréquemment rapportés par les patients touchés par le COVID-19. Si ces symptômes sont plus fréquents chez les personnes ayant été hospitalisées, en particulier aux soins intensifs, ils sont également présents chez des personnes jeunes, auparavant en bonne santé ou n’ayant pas été hospitalisées.>>

Les symptômes psychiques (anxiété, dépression, troubles de la concentration ou du sommeil, difficultés à reprendre une vie active) sont-ils une séquelle de la Covid-19 ou une conséquence de l’atmosphère délétère distillée par les spécialistes de la santé publique ?

Ces symptômes psychiques ne concernent – et de loin – pas que d’anciens malades de la Covid-19. Les médias se sont faits à plusieurs reprises les porte-paroles des milieux psychiatriques qui signalent les méfaits des mesures sanitaires en tout genre. Il faut en effet un moral d’acier et une volonté de fer pour ne pas se laisser abattre par l’atmosphère de peur, de menace, de culpabilisation, de dénonciation, de surveillance policière ou sanitaire qui règne depuis des mois. La crainte d’être mis en quarantaine à tout bout de champ, sans la moindre empathie, ou condamné à l’isolement, comme au Moyen-âge les lépreux, sans suggestion de soins, même parfois avec l’injonction de ne pas suivre les conseils de son médecin de famille, ne sont pas des causes d’optimisme. L’indifférence scientifique au manque de traitement de base, l’acharnement contre les médecins qui cherchent à soigner leurs patients, la guérison rapide et inexpliquée de MM. Trump et Johnson, ouvrent un abîme de perplexité.

Et l’on peut comprendre que les « jeunes » – à qui l’on reproche le moindre relâchement – souffrent peut-être encore plus que les autres.

Que le rapport évoqué dans le magazine valaisan soit chinois ne surprend guère – on connaît l’atmosphère « détendue » qui règne en Chine –  mais il faut reconnaître que peu à peu, chez nous, à cause de l’atmosphère délétère que font régner des scientifiques de la santé publique – et si l’on y ajoute une pincée de « collapsologie » climatique – il y a de quoi rendre neurasthénique la majorité de la population, sans recourir au Covid long.

 

 

 

La démocratie dévoyée

Il y a un bon nombre de mois déjà que nous savons quels sont les avions de combat entre lesquels le Conseil fédéral devra choisir. Si vraiment le GSSA, les Socialistes et les Verts voulaient exclure l’avion américain, ils devaient lancer une initiative sitôt le principe de l’achat admis en votation. En effet, c’était la seule manière d’agir de bonne foi. On aurait alors pu prendre ou attendre de prendre des décisions en connaissance de cause.

Faute de bonne foi, l’abus de droit

Annoncer une initiative pour « corriger » la décision du Conseil fédéral, deux ans après le vote populaire, alors que toute la procédure de vote était officiellement et ouvertement organisée en excluant un référendum contre le choix de l’avion, c’est dévoyer la démocratie. C’est du pur abus de droit et la règle veut qu’on ne protège pas le droit de celui qui en abuse. L’initiative ne permet ni de suspendre une décision ni de l’abroger rétroactivement. C’est le référendum qui a cet effet – sauf l’exception si particulière du droit d’urgence que nous venons de tester, mais la décision en matière d’avions ne relève pas du droit d’urgence !

Une initiative dirigée contre la décision du Conseil fédéral doit être déclarée nulle parce que contraire au droit

A aucun moment le dépôt annoncé de l’initiative ne doit ralentir le processus déclenché par le vote positif du peuple en faveur de l’achat d’avions de combat  et d’un choix soustrait au référendum – avec l’accord populaire lors du vote du 26 juin 2019 – parce que soumis au seul Parlement dans le cadre du programme d’armement; la procédure prévue dès le début de la démarche de renouvellement de notre couverture aérienne doit se poursuivre conformément au vote populaire et aux décisions ultérieures de l’exécutif voire du Parlement. Une initiative qui voudrait maintenant violer toutes les règles du jeu est la plus malhonnête des démarches.  Si par hasard elle était vraiment lancée et parvenait à réunir les 100.000 signatures, elle devrait être déclarée nulle car contraire au droit. Il y a des moments où la survie de la démocratie demande un peu de courage politique.