7 millions pour le lavage scolaire de cerveau des jeunes Vaudois!

Le Conseil d’Etat vaudois vient de saisir les députés d’un projet de décret proposant notamment de consacrer 7 millions pour « financer des projets pilotes pédagogiques en lien avec les enjeux environnementaux et climatiques, un des cinq axes de la politique école durable » et pour assurer le « renforcement du réseau de référent-e-s durabilité au sein des établissements de l’enseignement obligatoire et post obligatoire » (p. 5 du projet).

Pour justifier cette dépense, le Canton rappelle les trois contextes international, national et cantonal.

Contexte national

Il comprend l’actualisation, par la Conférence suisse des Directeurs de l’instruction publique (CDIP), du plan d’études cadre de la maturité gymnasiale, afin d’y « inscrire la durabilité comme un axe transversal à aborder dans l’ensemble des disciplines ». Selon le plan d’études romand, il faut « permettre aux élèves d’appréhender de manière systémique la complexité du monde dans ses dimensions sociales, économiques, environnementales, scientifiques, éthiques et civiques » (p. 7).

Question : est-ce qu’une solide formation en littérature, arts, histoire, philosophie, géographie, mathématiques, physique, biologie et botanique, chimie, latin, grec ne seraient pas un excellent moyen d’atteindre ce but, sans passer par des « référent.e.s durabilité » ?

Contexte cantonal

Le Conseil d’Etat évoque la stratégie de son Plan climat dont « le DFJC est un acteur précieux » (sic) car il va mettre en œuvre une politique comprenant cinq axes d’actions dont les quatre suivants (p. 8) :

  • « soutenir des projets pédagogiques pilotes en lien avec les enjeux environnementaux et climatiques ;
  • renforcer les capacités des enseignants.e.s, des formateur.rices.s (sic) et des directions à intégrer la durabilité à leurs pratiques professionnelles… ;
  • faire évoluer les contenus, les méthodes et les outils pédagogiques pour permettre de traiter l’enseignement des enjeux environnementaux et climatiques ;
  • favoriser la mise en place de pratiques et d’environnements d’apprentissage climatiquement exemplaires (végétalisation, énergie, mobilité, alimentation, etc…) ».

Contexte international

Toutes les adaptations prévues sont obligatoirement conformes au Programme 2030  de l’UNESCO énoncé dans l’Education en vue d’un Développement Durable (EDD) dont l’une des cibles prévoit de « faire en sorte que tous les élèves acquièrent les connaissances et compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation en faveur du développement et de modes de vie durables, des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, de la promotion d’une culture de paix et de non-violence, de la citoyenneté mondiale … » (p. 6).

Conclusion

Il ne s’agit ci-dessus que de quelques extraits du projet d’investissement de 7 millions, mais on peut garantir que les enfants seront sursaturés d’environnement et de climat. Seront-ils encore libres d’apprendre autre chose ?

Afin d’éviter des dépenses inutiles et un bavardage, on pourrait se contenter de leur enseigner qu’aucun progrès ne peut se réaliser sans le principe fondamental du respect d’autrui qui inclut naturellement celui de l’environnement. Ce respect tend à éviter les abus de toutes espèces. Il est compatible avec toutes les cultures, c’est une valeur durable connue depuis des siècles, malheureusement souvent méprisée parce que confondue, par beaucoup de personnes, avec la morale, et aujourd’hui de plus en plus bafouée à cause de la puissance des GAFAM.

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

35 réponses à “7 millions pour le lavage scolaire de cerveau des jeunes Vaudois!

  1. Bientôt, les écoliers vaudois auront atteint le niveau zéro de capacité de réflexion ainsi que de connaissances.

  2. Le but de l’école est la soumission des élèves aux modes intellectuelles de l’époque, pas l’esprit critique, hélas.
    Dans le but de former des soldats de demain. Il y a longtemps, c’étaient des militaires qui étaient formés. Puis des soldats de l’économie. Maintenant que l’économie est morte avec les mesures anti-Covid, ce sera de petits soldats de la nouvelle pensée verte, religion faite de culpabilité et d’austérité. Bien sûr en promettant le paradis vert en 2050 ou 2100.
    Passent les époque et meurent les petits soldats pris au piège dans des guerres absurdes.

  3. Évidemment que le respect est une valeur qui doit être enseignée, et peut-être que je vais vous étonner, elle l’est déjà, soit on peut toujours faire mieux. Cependant le respect sans connaissance ne suffit pas. La plupart des personnes ont un comportement respectueux les unes envers les autres, mais peuvent avoir des attitudes catastrophiques pour l’écologie car, elles sont simplement ignorantes sur bien des sujets.

    J’avoue que je ne comprends pas très bien votre peur, celle où les enfants n’étudieraient plus que l’écologie à l’école. Pour l’instant c’est un sujet qui n’est pas abordé à moins que l’enseignant le veuille. Alors, n’ayez crainte, ce n’est pas pour demain que ça sera le seul sujet enseigné à l’ecole.

  4. Il etait temps que la durabilite et la reflexion sur ce sujet se fasse !
    Qui est d ailleurs dans les premiers articles de la constitution.
    Respect des autres, respect de la Terre.

  5. L’enseignement des branches que vous citez, enseignées au collège, puis reprises à un niveau plus élaboré au gymnase, va finalement dans une seule direction : connaître la vie. L’une de ces branches sera choisie par celles et ceux qui poursuivent à l’EPFL ou l’Uni. Ainsi les diplômés pourront apporter chacun leur part dans l’évolution de notre connaissance de la vie. Les écologistes ont réussi petit à petit à se faire une place, d’abord en tant que visiteurs dans les salles de cours, puis assez vite aux côtés du professeur, puis ont pris l’ascenseur où ils ont tapé à je ne sais quelles portes de bureaux pour que soit prise la décision de créer une nouvelle discipline universitaire : les Sciences de la Terre. C’était la première fois que l’on pouvait concevoir des études menant à un diplôme issu de différentes branches universitaires. Et pour prétendre ensuite à quel savoir ? Ou s’agit-il de la gestion des savoirs ? Quelque part, j’ai l’impression que nous revenons aux temps anciens où une seule personne pouvait être reconnue comme détenant un savoir dominant, et être appelée à l’enseigner… C’est bien la prétention des écologistes qui, sans avoir tous leur diplôme des Sciences de la Terre, ou même aucun autre, savent déjà tout ce que nous devons croire et faire pour sauve l’humanité. Dans cette nouvelle approche des savoirs, je proposerais alors d’autres changements en rapport qui pourront être bénéfiques dans les programmes scolaires et universitaires. Un vrai cours de chimie doit inclure l’alchimie trop longtemps oubliée. La physique ne peut ignorer, dans l’étude de l’électricité, que la foudre a une origine céleste, il faudra donc qu’un curé vienne compléter les connaissances du professeur. À plus haut niveau, la faculté de médecine ne peut continuer à ignorer que sans les coiffeurs du Moyen Âge, le médecin n’aurait jamais existé. L’étudiant en médecine devra donc savoir se servir d’un peigne, d’une lame à manche d’ivoire, et savoir fabriquer de la mousse à raser.

    L’écologie enseignée dès le plus jeune âge est le nouveau catéchisme destiné à former la pensée, les cours sont obligatoires, les mauvais élèves seront montrés du doigt. Qui aurait cru, durant le XXè siècle où l’on a favorablement évolué, que nous entamerions ensuite pareille régression !

    1. @Dominic
      Les Sciences de la Terre concernent fondamentalement la géologie, l’écologie se rapportant aux Sciences de l’Environnement (littéralement en grec, écologie signifie “oïkos”/habitat et “logos”/science, soit la “science de l’habitat”). Le scientifique qui étudie l’écologie est un écologue, le terme “écologiste” a une connotation politique outrepassant le domaine de la science (et souvent pas de façon très heureuse). Par rapport aux problématiques actuelles, il est très important de savoir nommer correctement les choses et d’avoir des idées absolument claires à ce sujet. Concernant les méthodes d’enseignement, il est beaucoup plus utile d’avoir des “têtes bien faites” que des “têtes bien pleines”, ce qui signifie qu’il vaut mieux apprendre aux jeunes à réfléchir et à raisonner de manière autonome en leur fournissant une méthode pour “apprendre à apprendre”, plutôt que de leur bourrer le crâne (ils oublieront rapidement tout ce qu’ils n’aiment pas ou n’utiliseront pas dans la vie courante). Cela dit, une bonne instruction et éducation est un bagage extrêmement utile dans la vie, en toutes circonstances. Je n’ai jamais regretté d’avoir étudié le latin, une langue “morte”, mais fondamentale pour connaître et comprendre les origines, la nature et le fonctionnement du monde contemporain.

      1. @ Pierre-Olivier Mojon

        Merci de m’apporter des précisions utiles sur la définition des termes écologie, écologue, écologiste, cela me permettra de mieux savoir qui parle de quoi et dans quel contexte.

        Je rejoins assez vos avis donnés sur les méthodes d’enseignement, apprendre à réfléchir de manière autonome était ce que je souhaitais le plus pour mes élèves, mais à l’époque c’était un écart au règlement qui surprenait. Ceux-ci n’étaient pas habitués à être invités dans la cabine du capitaine pour poser durant cinquante minutes les mains sur la barre en choisissant un cap, puis au prochain cours discuter de leurs craintes, leurs satisfactions ou découvertes lors de ces « dérives » où les foufous étaient vite remis à l’ordre par leurs camarades…

        Vous parlez des branches où l’on nous bourrait le crâne (et peut-être encore aujourd’hui je n’en sais rien). Des branches que nous oublions facilement si elles ne nous touchent pas ou sans d’utilité dans notre profession. Rétrospectivement, quand je pense à la période où j’étais élève (1960-1969), je déplore que toutes les branches faisaient l’objet de contrôles, pour être souvent noté sur sa capacité de mémoriser. Ce n’était pas ce qu’il fallait pour avoir envie de connaître. Plus tard à mes élèves je disais : « Jamais je ne vous donnerai une poésie à apprendre par cœur, mais beaucoup de poésies à lire. Celles que vous aimerez, c’est votre cœur qui s’en souviendra, vous aurez alors une bonne note rien que pour vous, elle ne figurera pas dans le carnet » (le directeur fronçait les sourcils).

        Un jour un collègue m’avait dit, en tapant sur son front : « Moi qui aime enseigner, j’ai affaire à ces sales gamins qui me chahutent !.. » Je lui avais répondu : « Renonce à leur enseigner qu’ils sont de sales gamins, ils auront moins besoin de te rendre la vie difficile et feront de meilleures notes ».

        1. Que de bon sens ! Mais je ne pense pas qu’il faille culpabiliser les générations 1960 et suivantes, dont je suis. A titre personnel, je n’ai pas donné dans les surenchères dont vous parlez, et j’ai vu bien des personnes de votre âge et de l’âge de mes parents (nés dans les années 1920) donner à fond dans l’économie et la consommation comme mantra et nouvelle religion. Et à l’époque de mes 20 ans, c’est contre eux que nous étions révoltés en voyant le Rhin pollué ou les pluies acides. Rien n’est simple, c’est juste qu’entre la vie facile, et la discipline rigoureuse, 90% des humains choisissent la facilité vu que notre cerveau est programmé pour cela. Lisez aussi Philippe Muray, il analyse bien comment nous sommes tombés dans l’ornière. Je vous souhaite une bonne journée.

  6. L’école fait partie des outils de l’ingénierie sociale visant à la reproduction des inégalités sociales….
    J’ai entière confiance dans notre beau pays qui sauvera le climat et la planète grâce à la multiplication des taxes environnementales (par définition injustes car pas en lien avec le revenu des personnes) et une pression sociale croissante sur les individus (à faibles revenus).

    1. L’école n’est pas que formatage, grâce à elle les premiers de classe payeront d’importants impôts pour aider celles et ceux qui faisaient de mauvaises notes. De plus, à côté de cette triste école, il y a en a des complètement libres où les enfants partent à la découverte de soi avec les autres, ils ne reçoivent ni de bonnes ni de mauvaises notes, mais y trouvent forte motivation et grand plaisir. Voyez les blogs et peintures de Joëlle Gagliardini, les jeunes personnages qu’elle saisit seront des adultes qui demain feront la vie moins en gris.

  7. « aucun progrès ne peut se réaliser sans le (…) respect d’autrui, qui inclut naturellement celui de l’environnement ». Ce qui pour vous est « naturel », Madame Sandoz, ne l’est pas en soi, ne l’est pas pour tous, ne l’est pas pour la majorité de la population suisse. Pour elle en effet, le « progrès » n’est que croissance, l’éducation traditionnelle lui ayant fait croire que celle-ci pouvait être perpétuelle et qu’il convenait de tout lui sacrifier ou presque. Aussi une rupture s’impose-t-elle, désormais, si l’on entend sauvegarder le vivant sur Terre. Et puis, il ne s’agit pas tant de « respecter l’environnement » que de comprendre que nous sommes nous-mêmes partie d’un système naturel fragile et que, si nous le détruisons, nous nous condamnons nous-mêmes. Pour vous un lavage de cerveau, pour d’autres une sensibilisation urgente !

    1. Je pense comme vous, Monsieur Cornut : hélàs, aujourd’hui, même le respect aux humains n’est pas forcément évident pour tous. Ecoutez les yaka – faukon et ceux qui vilipendent “tous les autres qui ne pensent pas comme moi”. Bon courage aux enseignantes et aux enseignants, aux familles etc. !

  8. Si les Vaudois continuent de voter à gauche et surtout pour les verts c’est parce que on leur fait peur avec des théories exagérées de destruction de la terre et le changement climatique. Ils vont aller de plus en plus loin !
    Sans parler de la liberté extrême dans les mœurs qui va créer de plus en plus de problèmes dans les familles. Pas étonnant que les jeunes se suicident car ils sont seuls et sans espérances. Les adultes aussi. Et la solitude due à l’individualisme extrême si on balaye les religions (qui veut dire ce qui relie les gens) Et si on néglige l’engagement. Dur l’avenir !
    Ne pas s’accrocher à ces extrêmes et mais voir les problèmes réels ! La Suisse est petite …

  9. Les commentaires à ce blog sont pour l’instant tous empreints de bon sens. J’ajoute mon grain de sel au grain de sable: notre génération (à Mme Sandoz et moi, notamment) a vécu les années d’abord difficiles d’après la guerre, puis les “Trente Glorieuses” (où je ne vois pas ce qu’il y a de glorieux, mais passons !). Là était le piège, dans lequel sont tombées les générations nées entre 1960 et 1985. Ce sont ceux-là qui ont commencé à gaspiller toutes les ressources, tous les produits, à faire des voyages partout dans le monde, et à enseigner à leurs enfants la facilité, l’égoïsme, le tout-tout-de-suite et le gaspillage systématique. Ce sont ceux-là qui ont inventé le mythe dangereux de la croissance à tout prix. On le paie maintenant. Donc la réaction des écolos de maintenant, tout en m’agaçant par leurs méthodes, ne me surprend pas, et ils ont en partie raison. Le projet à 7 million et une ânerie dans les faits, mais sur le plan de la réflexion, il est grand temps de réviser nos modes de vie, mais évidemment pas à coup de taxes stupides ou de programmes scolaires disproportionnés.

    1. « La faute à la génération 60-85 » ?

      Pas plus que celle d’avant, pas moins que celle d’après. Ce sont les circonstances qui ont mené ces personnes à vivre comme elles ont vécu.

      Je pourrais dire que la génération 1900-1920 nous a mené à la seconde guerre mondiale. Est- ce aussi simple que cela ? Je ne crois pas.

  10. Bonjour Madame Sandoz,
    Permettez-moi de résumer votre article pour faire une réponse tout-en-un:
    A la volonté de la CDIP d’ « inscrire la durabilité comme un axe transversal à aborder dans l’ensemble des disciplines » et de « permettre aux élèves d’appréhender de manière systémique la complexité du monde dans ses dimensions sociales, économiques, environnementales, scientifiques, éthiques et civiques » vous répondez par la question suivante:
    Est-ce qu’une solide formation en littérature, arts, histoire, philosophie, géographie, mathématiques, physique, biologie et botanique, chimie, latin, grec ne seraient pas un excellent moyen d’atteindre ce but, sans passer par des « référent.e.s durabilité » ?

    Selon moi la réponse est tout simplement: Non! Qu’est-ce que les arts, les maths, la physique (scolaire), les langues mortes ont à nous apprendre quant au fait que notre planète à des ressources finies, que la pollution cause des dégâts considérables, que les échanges thermiques entre notre planète et l’univers qui l’entoure sont influencés par l’activité humaine, que notre économie actuelle crée des inégalités et des gaspillages considérables?

    Les temps changent. Les enseignements s’adaptent pour apporter aux élèves des connaissances qui soient adaptées à la société dans laquelle ils vivent. En géographie, mon père a appris que l’Albula est entre le Julier et la Flüela, et mes fils, dans ce cours, ont été confrontés à la désertification due à la culture du coton. Quel progrès!
    Ayez confiance, non seulement les élèves seront libres d’apprendre autre chose, mais ils le devront. Je suis étonné de voir combien de livres un(e) gymnasien(ne) lit de livres français/italien/anglais en une année scolaire. Si vous suggérez qu’ “autre chose” c’est la possibilité de se voir enseigner qu’il est invraisemblable que l’humain puisse influencer le climat comme vous le disiez il y a quelques mois, alors je pense que vous serez déçue. On enseigne pas non plus que l’humanité a commencé avec Adam et Eve ni que deux et deux font cinq.

    1. Peut-être que ces matières que vous décriez permettent de comprendre que l’environnement se modifie, mais pas l’être humain et que tous ceux qui rêvent de le formater selon leur conception du bonheur n’ont jamais recouru à d’autres moyens que la peur, la culpabilisation, le lavage de cerveau, etc…. Ce sont les moyens qu’utilisent les dictateurs qui se drapent généralement dans leur moralité.

      1. Je ne décrie pas l’enseignement des matières en question, je dis simplement qu’elles ne suffisent pas pour aborder les problèmes auxquels le monde moderne fait face. Par ailleurs les personnes qui s’inquiètent des problèmes de pollution et de climat n’essaient pas d’imposer leur conception du bonheur, elles essaient d’éviter une dégradation qui touchera chacun(e) de nous sans prétendre que les mesures à prendre vont nous rendre heureux. Toutes les sociétés ont des règles, et elles évoluent avec le temps.

        1. Il va de soi qu’on n’attend pas d’une historienne de l’art ou d’un papyrologue qu’ils résolvent les problèmes du réchauffement climatique. En revanche on voit mal ce que peuvent faire les climatologues sans avoir suivi au moins des cours d’introduction en mathématiques, physique et chimie, les trois disciplines traditionnelles de base, ou sciences dites “dures”.

          Même les littéraires reçoivent une introduction à la logique, qui unifie aujourd’hui l’ensemble des mathématiques – en fait, c’est en lettres, en philosophie, qu’elle est enseignée et non en Facultés des Sciences. C’est d’ailleurs ma formation en lettres qui m’a permis d’obtenir un diplôme d’ingénieur informaticien EPF à l’âge respectable de cinquante ans où, d’habitude, on est réputé bon pour la casse dans ce domaine (j’ai toujours été en retard à l’école).

        2. Monsieur Wildi,
          Si je suis votre réflexion : que les matières fondamentales actuellement enseignées ne suffisent pas pour aborder les problèmes auxquels le monde moderne fait face, cela veut dire que vous préconisez la diminution du nombres d’heures de ces matières à enseigner, ou que vous souhaitez faire venir les enfants à l’école également le week-end et les jours fériés ?

          Sachant que si l’on réduit par exemple le nombre d’heures de math à enseigner, on se retrouvera forcément avec un moins bon pourcentage de jeunes adultes qui sauront effectuer une règle de trois.
          Le nivellement par le bas appliqué depuis 15 ans dans les écoles vaudoises démontre aujourd’hui que les étudiants vaudois ne sont plus du tout à l’hauteur pour faire des études à l’EPFL sans passer par un programme de renforcement en mathématiques qui dure 1 – 2 ans.
          Pensez-vous que ces étudiants vaudois seraient par contre dignes de faire face aux défis écologiques ?

          Le même raisonnement s’applique bien sûr pour les autres matières.

          1. Monsieur Besson,
            Comme il est écrit explicitement, le but de la CDIP est d’ « inscrire la durabilité comme un axe transversal à aborder dans l’ensemble des disciplines ». Point n’est donc besoin de diminuer le nombre d’heures dans les branches traditionnelles, il faut adapter un peu leur programme comme on le fait en permanence. Je pense pas que mes enfants souffriront dans leur vie de n’avoir pas fait comme moi des “épures” à l’encre de chine, ni de n’avoir pas appris l’utilisation de la règle à calcul. Certains, dans ce forum, m’attribuent à tort l’intention de casser l’enseignement actuel, voire d’en dénigrer tout ou partie. J’essaie juste de dire que les problèmes d’environnement au sens large vont devenir de plus en plus importants et qu’il est important que l’école puisse aider à prendre conscience que nous n’avons qu’une seule planète, pour nous tous.
            Par ailleurs j’ai autour de moi de nombreux étudiants vaudois qui ont réussi l’EPFL, certains même brillamment. Sans doute que la statistique montre que le taux de réussite de ces étudiants vaudois est à la baisse et je ne dis pas que ce n’est pas dû en partie à une baisse de niveau. Cela m’a même été confirmé personnellement par un des professeurs sur place. Mais n’oublions pas non plus que l’EPFL a délibérément augmenté son niveau d’exigence et sa réputation. En conséquence notre jeunesse locale fait à la fois face à une exigence plus élevée et une concurrence mondialisée.

        3. Bien au contraire, les militants écologistes veulent un changement profond de société, et exploitent toute cause pouvant être attribuée au réchauffement pour justifier leur combat. Et ne dites pas que les rêves de bonheur sont absents, toutes les manifestations de masse le montrent clairement ! Est-ce que le travail de persuasion pour mettre en œuvre des remèdes estimés nécessaires et urgents, les inquiétudes exprimées, dans quelque domaine que ce soit, donne lieu à des larmes d’émotions suivies de sourires pleins d’espoir ? Ce pourra être de nouveau l’inverse puisque l’histoire ne fait que commencer. Entre les informations et opinions données par un Bertrand Piccard placide, et les démonstrations d’un Jacques Dubochet qui fraternise avec la jeunesse contestataire, il y a un gouffre ! Le premier n’est pas un enthousiaste militant pour le bonheur d’une société nouvelle, le second oui, Prix Nobel et… adolescent dans l’âme.

          Quand vous dites que l’instruction des matières scolaires ne suffit pas pour donner une vision des problèmes que nous affrontons, évidemment, puisqu’un enfant ne peut qu’accéder à un enseignement ajusté à son niveau de compréhension. Vous désirez donc le faire grandir plus vite en lui montrant un désert où ne pousse plus le coton, commentaires choisis à l’appui, avant qu’il n’ait l’âge d’aborder son premier cours de Science naturelle. Vous le conditionnerez au mieux pour que plus tard il sache agir fort sans perdre de temps à réfléchir. Il saura alors, pleinement convaincu, que le système économique du passé a créé « des inégalités », une autre forme de destruction (qui vous tient à cœur) que celle du climat ? Tout cela est très discutable, vous le savez bien, mais ne désirez pas vous attarder, pressé de créer un nouveau monde. Pensez-vous réussir ? Les casseurs de modèles d’éducation qui leur déplaisent n’ont encore jamais réussi pleinement à atteindre leur but, ils ont eu pour obstacle des personnes instruites n’agissant pas comme des soldats ivres qui attendent leur récompense, mais des personnes qui connaissent mieux la vie que vous, et capables aussi d’exercer une influence. Celles-ci ont étudié les disciplines que vous estimez inutiles dans l’urgence, sans ces opposants bien armés intellectuellement les gouvernements totalitaires n’auraient pas basculé.

          En conclusion : l’instruction vous gêne quand elle est trop vaste, donne trop l’occasion de réfléchir librement ; vous la voulez claire, restreinte au « nécessaire et suffisant », et surtout ciblée dans le milieu de la scolarité obligatoire des tout jeunes. Je ne crois pas à la sincérité de vos justes inquiétudes.

          1. Cher Dominic,
            Je suis heureux pour vous, car vous avez la Connaissance.
            a) vous savez que les gens qui se préoccupent du climat veulent notre bonheur (je ne vois pas en quoi les manifestations de masse en seraient la démonstration).
            b) vous savez que j’ai envie de casser le système d’éducation (avez-vous lu ce que j’ai écrit?).
            c) vous savez que je connais mal la vie.
            d) vous connaissez les disciplines que j’estime inutiles.
            e) vous savez qu’une instruction vaste me gêne.

            En lisant les quelques phrases que j’ai écrites, vous m’avez percé à jour! Vous êtes supérieurement intelligent.

          2. @Monsieur Wildi,

            Le dernier recours pour ne pas perdre la face lorsqu’on est à cours d’argument : s’indigner.

            Dommage que vous n’ayez pas voulu répondre à mes questions alors que je cherchais justement à comprendre votre raisonnement jusqu’au bout.

  11. Je vois dans l’enseignement des principes de durabilité un pont entre les sciences classiques et surtout un moyen de “convaincre” notre futur au lieu de devoir justemment “imposer” une future dictature verte.

    Je vois dans cet enseignement les possibles et premières étincelles d’un changement de paradigme dans le récit de note futur.

    Je vois dans les grains de sable qui bêlent religieusement leurs mantras “anti-tout” de la poussière attérée devant son impuissance à affronter un changement profond de société, apeurée de perdre un peu de sa litière aigre-douce.

    Et quitte à me tromper sur toute la ligne, je prefère encore souffrir de mes choix que de rester dans ce bonheur non gagné! Au final, j’en sortirai grandi.

    M.Jaccottet

    1. Un changement profond? Certes, mais heureusement, il en sera jamais enseigné par quiconque à l’école!
      Le bonheur ne se gagne pas ainsi – c’est une illusion.
      C’est juste une énième réforme, artificielle et coupée de la vie – avec un peu de peinture verte comme nouveau catéchisme et nouvelle ascèse moralisatrice. Et toujours plus de sacrifices humains pour satisfaire l’idole de Babylone. Et quand on voit que tous les puissants de ce monde confessent le nouvel évangile, on est en droit de se demander si c’est vraiment pour le bien de la jeunesse…
      Mais où vous avez raison, c’est qu’un changement complet de paradigme se prépare à l’abri des regards. Et je m’en réjouis en secret. Mais ce n’est pas l’école qui le portera, ni aucune société organisée, ni aucune religion, ni aucune technologie. Il s’agit de mouvements imperceptibles, qui transcendent les générations, à la périphérie. L’Esprit souffle où il veut. Ainsi va la vie.

  12. Franchement, je vois pas où est le problème. Mettre à jour l’enseignement pour combler des lacunes et préparer aux défis de demain, c’est assez sensé.

    En terme de lavage de cerveau, je trouve bien plus inquiétant la surexposition aux contenus sur les smartphones et autre écrans (publicité sans limite, fake news, théoriques conspirationistes, contenus violents, pornographie extrême), qui poussent même certains au suicide.

    Vous vous donc trompez de cible: dans un monde où une partie de la jeunesse croit que la terre est plate et que Michael Jackson est encore en vie, un enseignement de qualité sur l’environnement pourrait s’avérer salutaire et anti-toxique.

    1. Le problème, c’est que le lavage des cerveaux avec les écrans et la vision religieuse verte du futurs sont les deux faces d’une même pièce.
      C’est exactement la vision des géants du Net – qui ont besoin de toujours plus d’énergie pour assurer leur développement technologique. Cette énergie doit être prise chez les simples gens, qui devront se serrer la ceinture et passer leur temps devant des écrans (ce qui utilise moins d’énergie que de travailler et se déplacer, d’aller en vacances, etc.). La religion verte est là pour imposer cette nouvelle réalité – consciemment ou non.

  13. Au fronton de feu le Collège classique cantonal, à Lausanne, on lisait “Non scholae sed vitae discimus” (nous n’apprenons pas pour l’école, mais pour la vie). Maxime à rappeler peut-être aux bureaucrates qui nous gouvernent.

    Daniel Mange, un ancien du CCC

  14. Chère Madame,

    Je vous remercie pour ce moment de lecture fort agréable !
    Étant mère de deux filles, l’une au gymnase et l’autre récemment entrée dans la (ou sa) vie professionnelle et ayant une maman née en 38, je me situe donc dans la génération sandwich. Ceci étant, je ne peux que constater que la culture générale s’amoindrit, le nombre de mots connus et utilisés se réduit…la nuance disparaît, l’art oratoire, les joutes verbales…disons, sont différentes. Le contenu se diversifie, certes.
    Néanmoins, l’octroi du premier emploi se fait toujours sur les mêmes critères, un CV structuré, une lettre de motivation impeccable. Si ce n’est pas le cas, pas d’entretien. Une fois cette première étape passée, l’entretien virtuel ou présentiel est l’étape suivante avant le sésame, et de nouveau les mêmes critères, l’aisance orale, la posture, la politesse, l’écoute…les soft skills et les hard skills seront évalués ainsi que le potentiel du jeune.
    Alors, sans les bases évoquées par Madame Sandoz, sans esprit critique, comment reconnaître le vrai, du presque vrai, du à moitié dit….comment digérer ce flux d’informations courtes et écourtées…comment prendre du recul, de la distance et être son propre juge de ses propres pensées…comment affronter la vie professionnelle qui elle évolue peu…
    Je suis le maître de mon destin, le capitaine de mon âme…
    Avec les bases littéraires et scientifiques, linguistiques et digitales…les enjeux climatiques pourront être connus, analysés et décryptés sans effroi…pour échapper au « business de la peur ».

    Merci Madame pour votre alerte
    Je vous rejoins

    Bien à vous

  15. 7 million c’est énorme pour enseigner le respect qu’il soit de l’humain, de la nature ou de la planète dans sa globalité, bref de la vie et du vivant. On peut aisément supposer que c’est encore une orientation voulue par des personnes comme Soros, grand influenceur parmi les influenceurs, qui pensent pouvoir contrôler et orienter les modes de pensées de tous les humains. Bref mode de manipulation et de ralliement à une cause presque unique, comme on en voit régulièrement depuis des décennies voir plus.

  16. “Question : est-ce qu’une solide formation en littérature, arts, histoire, philosophie, géographie, mathématiques, physique, biologie et botanique, chimie, latin, grec ne seraient pas un excellent moyen d’atteindre ce but, sans passer par des « référent.e.s durabilité » ?”

    Réponse possible (sous forme de questions): ne suffirait-il pas de vérifier quelles sont les connaissances des promoteurs du développement durable, version Ecole Vaudoise en Mut(il)ation permanente, dans ne serait-ce qu’un ou deux des domaines que vous citez? Pour un(e) diplômé(e) dans les disciplines dites dures (mathématiques, physique, chimie) ou traditionnelles (langue et littérature, histoire, philosophie) combien l’université sauce bolognaise ne produit-elle pas chaque semestre de psychologues, sociologues, politologues, environnementalistes, économistes et autres avatars des sciences dites humaines et sociales – autant de “transversaux” en puissance capables de discourir sur tout sans rien avoir étudié?

    L'”axe transversal à aborder dans l’ensemble des disciplines” ne sert-il pas d’alibi commode pour évacuer les disciplines en question et permettre ainsi, non pas aux élèves “d’appréhender de manière systémique la complexité du monde dans ses dimensions sociales, économiques, environnementales, scientifiques, éthiques et civiques” – belle fumisterie! – mais d’occuper les dits “transversaux”, incapables de trouver de l’embauche ailleurs que dans l’enseignement, métier que l’on exerce quand on ne sait rien faire d’autre – “those who can, do; those who can’t, teach” -, dans les services sociaux et, pour les plus désespérés d’entre eux, dans le journalisme – bref, dans les filières les plus en crise et sans autres débouchés qu’elles-mêmes?

    Ce n’est ni une critique, ni un jugement, mais un constat, dont il serait facile de donner des exemples.

    Comme toujours et encore, l’enjeu n’est-il pas d’assurer, non pas la durabilité du climat et de l’environnement, mais bien celle de l’école, dont on peut calculer au franc et à la photocopie près combien elle coûte mais jamais combien elle rapporte?

    “Je crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique.” – Denis de Rougemont

  17. Mme Sandoz, … toujours fidèle.

    Je vous propose une lecture où l’on parle justement de respect, mais qui ne se limite pas à celui de nos aînés, à la hiérarchie très aristocratique ou à l’ordre établi et c’est Daniel Curnier, référent scientifique pour la durabilité à l’école qui fait le tour de la question dans:
    Éducation et durabilité forte : considérations sur les fondements et les finalités de l’institution
    ttps://www.cairn.info/revue-la-pensee-ecologique-2017-1-page-252.htm

    “Il s’agira non pas d’affronter la fin du monde, mais de consentir à la fin d’un monde.” Peggy Colcanap / Jean- Michel Zakhartchouk Cahiers pédagogiques N°560 Urgence écologique: un défi pour l’école

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