Par peur de l’Islam, la politique du vide

Ainsi donc, le Conseil communal de Neuchâtel a décidé d’ôter la crèche de noël qui avait été placée sous le sapin de noël de la Ville ! Quelle manière « courageuse » de transmettre une culture, de montrer une capacité de dialoguer avec des personnes d’avis différents, de respecter une longue tradition de valeurs ! Il doit y avoir dans ce Conseil une majorité qui prend pour une guerre religion une éducation à la différence et à la connaissance d’une civilisation dont sont issues de très grandes valeurs. Nous voilà bien éloignés de la ferme affirmation de Mme Merkel, à Berne, le 3 septembre dernier, retransmise par Yves Petignat sur son blog du Temps : « il ne faut pas juste en appeler à la culture chrétienne, il faut la vivre. Le débat avec l’islam est une chance ».

A force de créer du vide on nourrit le fanatisme

Depuis près de deux mille ans, le christianisme a forgé la culture occidentale dans ses plus belles réalisations, mais aussi, certes, avec des dérapages et des violences, comme toutes les civilisations ; pourquoi l’occulter ? Pourquoi taire l’origine de Noël, cadeau à l’humanité ? Certes, cette fête souffre actuellement d’une dérive matérialiste, mais ce n’est assurément pas en vidant Noël de sa substance chrétienne que l’on corrigera les excès de la fête. Bien au contraire. C’est en créant le vide qu’on favorise tous les excès, y compris le fanatisme.

L’interdiction du voile n’est pas l’affirmation d’une valeur.

Dans le même ordre d’idée, l’UDC veut interdire le voile dans les écoles valaisannes. Tant qu’il ne cache pas le visage, le foulard ne porte pas atteinte à la communication avec autrui. Le christianisme est, par excellence, une religion de communication et non pas de kamikazes solitaires; insistons sur cette valeur de communication plutôt que d’interdire un habillement banal qui laisse le visage libre et n’empêche donc pas de sourire à l’autre, premier geste de contact. Répétons, montrons, vivons les capacités de contacts et d’échanges de notre civilisation forgée par le christianisme pour que nos jeunes ne cherchent pas à combler un vide en se jetant dans un fanatisme sécurisant de certitudes. Rien, en effet, n’est plus angoissant que le vide laissé par l’effacement des valeurs. L’interdiction du voile n’est pas une valeur.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

2 réponses à “Par peur de l’Islam, la politique du vide

  1. Chère Madame,
    Je partage votre point de vue sur la crèche de Neuchâtel. La conduite de la municipalité de cette ville est tout simplement honteuse. Mais je ne suis pas d’accord avec votre point de vue sur le voile des jeunes filles musulmanes vivant en Suisse. J’estime que les personnes accueillies dans un pays qui n’est pas le leur (ce qui est le cas de la plupart des mères de ces jeunes filles) doivent faire l’effort de se conformer aux mœurs de ce pays. Ne pas le faire exprime un refus d’intégration. Par ailleurs, le port de ce bout de tissu est généralement compris comme l’acceptation d’une condition inférieure de la femme par rapport à l’homme. En demandant à leurs filles de le porter, les mères (ou pire, les pères) veulent clairement perpétuer cette conception de la société ou encore exprimer un reproche à l’encontre des parents de la « communauté » qui ne l’imposeraient pas.
    Vis à vis des adultes, il est évidemment difficile d’interdire quoi que ce soit qui ne porte pas atteinte à l’ordre public mais pas vis à vis des enfants dont l’école a pour noble tâche de faire l’éducation et, par l’enseignement, de faire accéder à la liberté.

  2. La tradition ne doit pas nuire a la population,mais doit au contraire unir ! En plus ,a n`y rien comprendre,pendant des années la crèche a fait partie de Noel sans aucun problème,ni de religion,ni de politique,et il a fallu de quelques *louffoques* pour changer la donne !Ce n`est pas une référence pour Neuchatel et ni de bonne augure pour de futures élections.Ce mauvais épisode se trouve peut-être ailleurs ? Ces élus ont certainement une autre voie pour fêter Noel ou une certaine peur de *vexer* certaines personnes et certainement aucun respect de la tradition,et surtout un grand manque de reconnaissance du travail a la tronçonneuse pour tailler ces figurines et offert par cette personne !

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