La vérité, toute la vérité, rien que la vérité, vite (suite)

Etudiés de plus près, les deux « scandales » de Seegräben (ZH) et Windisch (AG) n’ont pas vraiment la portée que la presse semble leur accorder. Nous avons essayé d’y voir plus clair.

  • A Seegräben, il s’agit en réalité, selon le Blick du 25 février dernier, du cas d’un homme seul vivant depuis 2007 avec ses chats et sa tortue dans une maison de 5,5 pièces, avec un jardin, une cave et un grenier, le tout appartenant à la Commune. Avant de mettre fin au bail pour loger des réfugiés ou requérants d’asile, encore inconnus, y compris en ce qui concerne leur nationalité, la Commune aurait reçu le locataire lors d’un entretien personnel où la situation lui aurait été expliquée. Le locataire en question aurait parfaitement bien compris le problème et accepté la décision de la Commune, même s’il dit regretter de devoir quitter cette maison, où ses deux enfants avaient grandi et où ils ont encore chacun sa chambre. On ne précise pas l’âge des enfants, mais vu qu’il y a 16 ans déjà que leur père occupe la maison, et qu’ils y ont grandi, on peut supposer qu’ils ne sont pas loin de l’âge adulte.

Le locataire congédié préciserait n’avoir aucun ressentiment à l’égard des réfugiés qui lui succéderont, quels qu’ils soient.

Le moins que l’on puisse dire est que l’affaire ne mérite pas d’indignation et qu’une récupération pour en faire un casus belli friserait la mauvaise foi.

  • A Windisch, la situation est nettement plus compliquée et engendre un malaise parce qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a eu une sorte de récupération partisane à des fins politiques d’une situation mal gérée.

En combinant les récits du Blick (28.02.23 et 02.03.23), du Temps (01.03.23), de Watson (du 01.03.2023) et du Matin Dimanche (02.03.23), on croit comprendre le déroulement suivant :

La société privée propriétaire des immeubles à évacuer aurait – avec l’accord du Canton ? – écrit aux locataires une lettre de résiliation non motivée, et, selon elle, à seule fin de raser les logements vétustes et d’en construire de neufs. Cette société aurait dit au Canton qu’elle tiendrait ses immeubles vides à sa disposition pour en faire un centre de  réfugiés.  La Présidente de la Commune aurait eu vent de cela et publié un communiqué disant : « Afin de pouvoir accueillir les demandeurs d’asile, le propriétaire a résilié fin juin le bail des 49 locataires précédents » puis se serait excusée de cette erreur auprès du Canton – à qui elle reproche d’avoir mal communiqué. Le service social du canton, de son côté, serait parti du principe que les logements concernés étaient principalement des studios avec un délai de résiliation de 30 jours et n’aurait pas eu conscience qu’il s’agissait aussi de grands appartements avec familles. Il aurait d’ailleurs été induit en erreur par les réponses de l’ancien propriétaire des immeubles avec qui il avait pris contact. Le chef du département cantonal responsable de la gestion des réfugiés semble s’en être remis à son service social.

Négligence coupable ? Double langage ? C’est la « bouteille à l’encre » qui, telle que présentée dans la presse, ressemble à une sorte de « récupération politique et partisane » du malaise à l’égard de la politique d’asile fédérale et de la manière de transférer les charges d’accueil sur les cantons et, par les cantons sur les communes. Le hasard veut que la Présidente du conseil communal et le chef du Département soient tous deux UDC, que le président tessinois du parti UDC s’en soit aussi mêlé en dénonçant la politique fédérale d’accueil des réfugiés et que le tout se greffe sur une situation toute récente d’expulsion en Allemagne, pays dont s’inspire volontiers la Suisse allemande.

Dans la réalité, il s’agit probablement d’un banal licenciement justifiant éventuellement une procédure normale d’opposition et non pas du tout d’une scandaleuse mise à la rue d’honnêtes citoyens pour loger des réfugiés. Une presse professionnelle pourrait contribuer à calmer le jeu en enquêtant sur les faits réels plutôt que de laisser couver l’idée d’un scandale dans le domaine éminemment explosif du nombre actuel considérable de réfugiés.

 

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

16 réponses à “La vérité, toute la vérité, rien que la vérité, vite (suite)

  1. Vous avez raison, mais c’est le verre à moitié plein.

    Genève la progressiste a demandé de ne plus recevoir de réfugiés parce qu’elle n’a plus de place. Or des élus de ce canton, il y a 6 mois, avaient lancé une pétition pour accueillir des milliers d’afghans….

    Ce faux scandale rapporté par le Blick, met en évidence, que la politique d’asile ne suit plus, et que si ça se poursuit, la raréfaction des logements sociaux va augmenter.

    Ce que les gens retiennent, c’est que l’immigration participe à la raréfaction des logements, même si personne n’est expulsé. L’UDC va bénéficier de la crise du logement. Ce sujet peut même être central pour les élections d’automne.

    1. Rétablir la vérité gêne certains apparemment! L’honnêteté intellectuelle de Mme Sandoz à cette occasion peut au contraire être saluée.

    2. Dans le blog précédent, vous proposiez une solution pour que les Suisses alémaniques à la recherche d’un logement soient à chances égales avec les migrants : « devenir légalement polygames, et adopter les mauvais comportements » de ces chanceux qui vous volent votre bien-être.

      Je suis très content du travail de recherche effectué par Madame Sandoz, et qu’elle a réussi à si vite aboutir. Vous avez donc la réalité sous vos yeux, et après avoir tenté de manipuler les lecteurs pressés de se faire un facile avis, vous ne trouvez mieux que de nier évasivement des faits établis. Vous ne vous sentez pas rassuré ? Moi oui, parce que les personnes qui … profitent des occasions pour stimuler les préjugés fondés sur le racisme sont en ce moment invitées à baisser la tête. Je n’aurai rien à dire de plus.

  2. Chère Madame,
    Je me réjouis de constater que mes hésitations à commenter sans savoir ont été comprises, au moins par l’un de vos lecteurs, DOMINIC. Ce que je déduis de la suite de votre billet du 1er mars est qu’en fait tout est bon pour la presse lambda d’utiliser les faits divers afin d’en faire des polémiques d’ordre général et ainsi maintenir le petit peuple qu’elle méprise dans le brouillard.

  3. Il est malsain qu’une autorité publique gère son parc immobilier. Elle devrait remettre la gestion à des tiers privés. Argent et politique ne font pas bon ménage. Si le locataire avait les moyens de vivre dans 5,5 pièces, personne n’a rien à lui dire. Déloger pour loger est injuste. La Confédération surcharge la barque avec la misère sociale

  4. En préambule, je dirsis qu’un licenciement ou une résiliation, d’où qu’ils émanent et quel que soit le motif, ne sont pas “banals”. Une presse professionnelle… rêvons, s’empêcherait de faire mousser d’un côté et d’appeler à la livraison d’armes de l’autre. Ce qui me froisse et, je crois, nuit considérablement à tous les niveaux, c’est l’absence de position claire de la part de la nouvelle Conseillère fédérale en charge du département concerné; et qui n’appartient pas à l’UDC. Car accorder l’asile pour des motifs justement humanitaires n’empêche nullement d’inviter les médias à une conférence de presse donnant tout l’éclairage indispensable. Comme disait François Mitterrand, quand le pouvoir se prononce clairement, les journalistes cessent de se comporter comme des ch…..

  5. Deux “civilisations” se rencontrent !

    L’une qui a pour effet de voir 90% d’hommes arrivés aux territoires européens, provenant de pays où seuls les hommes sont considérés comme de véritables réfugiés, on pourrait même monter jusqu’à 95% ou plus pour certains pays d’origines.

    Et

    D’un autre coté, des millions de réfugiés dont 90% de femmes arrivent également en Europe de l’ouest, car les ukrainiens estiment que seules les femmes sont habilitées à remplir les conditions de réfugiées.

    Dans la plupart des cas, ces femmes sont accueillies dans les mêmes centres que ces hommes venant d’autres provenances et d’une autre culture !

    Derrière les apparences, n’assisterons nous pas à une sorte de plan machiavélique cherchant à créer des unions entre musulmans des pays concernés et des ukrainiennes ?

    L’acharnement européen en Ukraine n’est il pas concret vis-à-vis de l’insistance de l’UE afin de provoquer la venue de réfugiées des pays de l’Est afin combler le déficit de natalité en Europe ?

    Dans les cas où des réfugiés males s’unissent avec des réfugiées femelles, une fois que des couples se forment, ne faudra t’il pas offrir à ces derniers des logements à la hauteur pour créer des foyers familiaux semblables à ceux des des natifs de l’Europe de l’Ouest ?

  6. La vérité?
    Nos dirigeants sont dépassés par leurs propres promesses faites à leurs maîtres- kleptomanes.

    A mon humble conviction, si les réfugiés en masse représentent un problème économique et social pour les pays qui soutiennent à fond les guerres, cependant, ceux-ci n’ignorent pas que ce chaos savamment orchestré fait partie des stratégies de guerre.
    A savoir qui s’en tire le mieux n’est même pas à deviner. C’est celui qui a la barrière naturelle la plus infranchissable: Naturellement Les États d’Amérique Unis !
    Aucun réfugié ne s’avisera à traverser l’océan des grands requins à la nage ou en barcasse d’occasion. Les passeurs habituels n’y trouveront pas le moindre client. Sans compter que la Grande Ile des misérables Américains est gardée par des centaines de milliers de gardes-côte et de militaires prêts à tirer sur tout ombre non identifiée.

    A l’avenir, il faudra se faire à l’idée que les migrations font l’objet d’un grand programme inclusif des stratégies de développements économiques et des guerres permanentes et multiformes (On aime la magie de l’inclusion, c’est très à la mode). Le grand capital a intérêt à maintenir un volant de main d’oeuvre mobile, précaire, sans racines. Ce qui évitera toute semblance de cohésion sociale qui risque de cimenter les travailleurs entre eux dans des blocs de contestations ennuyeuses pour ceux qui les exploitent.

    Il y a déjà de grands trous dans l’appareil d’état tels que l’approvisionnement en énergie, en logement, en produits de base, en santé bien attaquée (cet autre programme inclus dans la culture des mentalités). Mais aussi la nourriture mentale et intellectuelle qu’est la presse financée par nous.

    Maintenant, le déferlement de migrants ou réfugiés nous est imposé pour que la mise à sac des nations tranquilles jusque là soit plus décisive.
    On est aveugle pour ne pas voir que c’est la moyenne bourgeoisie qui est attaquée. Cette moyenne bourgeoisie était notre rempart social. Elle l’a toujours prétendu. C’est l’ourlet de notre jupe qui s’effiloche. Cette jupe doit tomber! Sans pudeur! Elle est en train de tomber.

    Si les états n’y trouvent aucun intérêt, pourquoi laissent-ils faire?
    La solution serait de sortir du rang. Pour nous, Européen de l’UE, de sortir de l’OTAN. De nous retourner contre les commanditaires multimilliardaires du WEF. C’est eux, les capricieux mondialistes de nos maux, A nous de les sevrer du produit de leurs vols en les expropriant sans indemnités…. Et leur faire manger du papier et des chips électroniques.

    Ha!Ha!Ha! Quelle gageure! On a tous abandonné nos armes à leurs pieds depuis longtemps!
    Mais il nous reste encore bêches, fourches, marteaux, faucilles et bûchers! (…)

    Pour mettre fin à ces effets qui font souffrir nos nationaux d’Europe, il faut exproprier l’OTAN, mettre à la retraité anticipé le CEO Stoltenberg et installer notre propre défense commune (Organisation Européenne de Défense et de Sécurité – cela se fera sans aucun doute, il faut encore un peu de temps). Russie et Ukraine feront partie intégrante de cette organisation à l’égal de tous les pays du continent. Nous aurions gagné GROS. Ce sera une menace de plus pour Washington – parce qu’il est belliqueux, il voit des ennemis partout). Pas une menace pour son peuple. Les Américains sont plus sages et plus intelligents que les malades de leur Etat Fédéral parasite.

    1. La très longue frontière terrestre entre les États-Unis et le Mexique est-elle contrôlée par les garde-côtes des “misérables Américains” ?
      Pourtant, malgré le mur, de nombreux migrants d’Amérique Centrale pénètrent aux États-Unis, encore terre d’immigration, légale ou illégale.
      Le déferlement des migrants nous serait imposé ? Peut-être par la gauche bien pensante mais aussi par la Russie, avec son agression de l’Ukraine et son chantage aux migrants transitant par la Biélorussie.
      Toujours l’inversion marxiste…

    2. Votre vision de notre Europe que vous proposez dans votre dernier paragraphe ressemble fort à la vision qu’en avait le général de Gaulle quand il parlait d’une “Europe des Nations de l’Atlantique à l’Oural”.. un de Gaulle qui était persuadé qu’un jour l’URSS redeviendrait la Russie qu’il a toujours appelée “la grande Russie” avec qui il était vital pour notre vieux continent de coopérer…. Les USA avaient- et ont- une autre vision de l’Europe … et du monde…

    3. “Russie et Ukraine feront partie intégrante de cette organisation à l’égal de tous les pays du continent.”

      Vous auriez peut-être raison si tant la Russie que l’Ukraine d’aujourd’hui étaient encore celles de 1991, au lendemain de la chute de l’URSS. A cette époque, elles avaient toutes les chances de rejoindre non seulement l’UE mais aussi l’OTAN grâce, pour cette dernière, au Partenariat OTAN-Russie pour la Paix conclu entre les deux blocs adverses de la guerre froide. C’était un temps où l’on pouvait se laisser à rêver d’une entente sinon cordiale, du moins acceptable et durable entre eux au point que le Dalaï Lama avait même proposé de déplacer le siège de l’Organisation Atlantique à Moscou.

      Mais l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 a ruiné ce projet. L’OTAN a décidé de suspendre ses rencontres avec le gouvernement russe jusqu’à nouvel avis. On sait ce qu’il en est advenu: le 24 février 2022 la Russie a ruiné de manière unilatérale et quasi définitive toute possibilité d’entente avec l’Ouest par son invasion illégale et criminelle de l’Ukraine. Poutine et sa clique, qui avaient misé sur la faiblesse et les divisions occidentales, n’ont obtenu que les résultats contraires à ceux qu’ils attendaient: loin de s’affaiblir, l’Ouest s’est renforcé et les Etats neutres limitrophes de la Russie, la Finlande et la Suède, ont opté pour rejoindre l’OTAN à laquelle la Finlande offre dès maintenant les 1’300 kilomètres de sa frontière avec la Russie.

      Si l’invasion de l’Ukraine avait pour but de faire reculer l’OTAN, de la part de la Russie c’était plutôt mal calculé, ne trouvez-vous pas?

  7. Le premier volet de ce blog comptait 33 commentaires dont 21 manifestaient haut et fort leur ardeur à débattre d’un « dossier explosif » qui s’est rapidement transformé en pétard mouillé. Excepté un lecteur ayant l’art de s’affranchir des obstacles comme une anguille, pas un seul de ces vaillants défenseurs des pauvres Suisses « mis à la rue » n’est présent en cette suite de débat n’affichant que 9 commentaires… Ils reviendront à la prochaine occasion, se sentant forts d’être nombreux à partager leurs idées préconçues, ensuite se retireront discrètement, puis reviendront de nouveau pour rebondir haut comme des ballons de plage, faisant la démonstration de ce qu’ils savent faire chaque fois qu’ils sont gonflés de certitudes. Les idées sont plates et minces, mais en soufflant assez fort elles peuvent s’envoler haut !

      1. « Nous ?.. »
        Je parle des absents qui se sont dégonflés, les commentateurs ou commentatrices présents qui s’expriment en conservant leur cap ne sont pas concernés, indépendamment de leurs opinions (du moins celles qui ne les prédisposent pas à chavirer suite aux informations fournies par Madame Sandoz).

  8. En parlant de dispense suspecte, total soutien à ces policiers ! Bravo d’avoir fait leur travail, selon cette décision de justice, malgré la foule haineuse.

    ttps://www.tdg.ch/un-juge-relaxe-deux-policiers-desavoues-par-leur-hierarchie-197721097957

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