Question de mode!

Le supplément du Temps du week end dernier était consacré à la mode. Pourquoi ne pas le feuilleter en cette période un peu sombre ? Festival de couleurs, de belles silhouettes, mais une question lancinante : pourquoi les défilés de mode montrent-ils avant tout des modèles impossibles à porter ?

Qui voudrait ressembler à une mongolfière ou à un lapin de Pâques à gros nœud derrière les oreilles ?

Ou encore à une volumineuse barbe à papa ?

Soyons objective ! Il y a quelques très beaux modèles « mettables » – certes pour une autre ligne que la mienne et pour un autre budget sans doute, c’est parfaitement normal -, mais pour le reste, pitié !

Ajoutons encore que la mode est immortalisée par des photographies d’art, si artistiques qu’on ne voit ni ne comprend la forme ou l’aspect des modèles présentés, malgré un commentaire marginal. Je me suis franchement demandé si le mot d’ordre avait été de divertir les lecteurs/trices pour un dimanche un brin morose!

Comme vous le constaterez, j’ai attendu quelques jours avant de vous faire part de mes états d’âme, dans l’espoir que vous ayez déjà mis le supplément aux vieux papiers et ne puissiez donc vérifier si peut-être, j’exagère un peu. Et si vous n’avez pas encore tout jeté, précipitez-vous sur ce fascicule. Je serais curieuse de connaître votre interprétation du contenu. Lâchons-nous un peu, mais poliment.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

5 réponses à “Question de mode!

  1. Je pense que la mode n’a pas être « portable ».
    Elle est à l’industrie textile et du vêtement ce que la Formule 1 est à l’industrie automobile : un banc d’essai.

    Je vous renvoie à cette tirade extraite du film « Le diable s’habille en Prada » qui décrit toute cette industrie en quelques phrases sur youtube (lien actif supprimé par Mme Sandoz, comme d’habitude).

  2. C’est vrai que pour les femmes qui veulent parvenir à s’asseoir, monter les escaliers, entrer dans un ascenseur… ces robes sont impossibles à porter ! Et pour moi, si j’étais encore jeune et beau, et que mon cœur battait pour l’une de ces superbes demoiselles, j’aurais de la peine à faire un baisemain si la manche est un bien trop long tuyau, ou même en étant plus hardi, offrir un baiser sur la joue si la tête est prise dans une coquille d’escargot !

    Je pense que ces robes ne sont ni du présent ni du futur, mais sont des désirs qui se lancent comme des fleurs géantes dont la durée de vie est celle de leur envol. Puis la fleur tombe très loin au bord du chemin, et elle repoussera plus tard moins grande, moins folle, mais toute nouvelle comme on ne l’aurait jamais imaginé. Il y a pourtant quand même des femmes qui commandent la sculpture en tissu à peine portable, dans un temps totalement libre qui échappe au présent et au futur, un temps qu’elles seules peuvent vivre et qui coûte très cher, parce que créé par le couturier qui veut évidemment toucher son argent dans le présent. Alors le créateur se moque peut-être un peu ou complètement des femmes qui se sentent exceptionnelles déjà toutes nues, debout sur un tapis de bain Ikea qui… dans le fond lui aussi pourrait faire une robe ! Comme les sacs d’Ikea reproduits par un bagagiste renommé et vendus cinq mille francs.

    Les robes que portent toutes les femmes sont la fleur cueillie au bout du chemin. La grande fleur magique qui ne pouvait pas vivre, lancée en l’air lors du défilé est déjà oubliée. Ainsi parmi les robes folles, je pense qu’il y en a qui font la vraie mode du futur, et parfois ce n’est pas même un grand couturier qui les a inventées le premier. Je ne doute pas qu’avant Paco Rabanne il y ait eu une jeune fille inventive qui se serait fabriqué une robe courte avec des petites plaques d’aluminium ramassées dans l’atelier de son père ferblantier, par exemple. Pour rire et se regarder toute seule dans la glace, peut-être même déjà en 1930 avant que les jeunes femmes ne découvrent ces jolies petites armures en 1969.

    Artiste sincère, artiste menteur, difficile de savoir, peut-être pour les plus célèbres les deux à la fois. C’est un peu triste… Alors parlons plutôt des jeunes filles sincères qui savent quelles robes elles peuvent porter pour être les plus jolies dans la rue ou à la fête au village, et pour cela allons guigner à la fenêtre entrouverte de la cuisine de la maison cachée derrière les arbres. La jeune fille en tablier à carreaux chante devant le fourneau, puis sur un ton moins gai parle au chat qui la regarde d’un air étonné : « Tu vois ce soir je ne sais pas quelle robe mettre au bal, si j’en choisis une trop belle on se moquera de moi, et si j’en mets une trop moche je serai quoi ?.. » Le chat lui répond : « Tu seras comme les deux sœurs de Cendrillon ! » La jeune fille pleure : « Alors je resterai ce que je suis ?.. » Le chat : « Et la robe que t’a tricotée ta grand-mère ?.. » La jeune fille : « Oh tu as tout trouvé ! J’étais si jolie quand grand-maman me l’a dit… »

  3. Ne ratez pas le prochain supplément.

    Il parait qu’il est consacré à la nouvelle tendance *Eco-Pompadour*.
    Des robes faites de bouteilles PET, à choix, remplies de CO2, de méthane ou de NOx.

    On prévoit une ligne corona pur (le virus, pas la bière en verre, trop lourde).
    C’est une tendance mode, bien sûr!

  4. quel scoop : Mme Sandoz vient de découvrir les défilés de mode , il était temps !
    La haute couture s’apparente plus à des oeuvres artistiques que l’industrie de production de masse et chacun devant une création originale peut ressentir différents sentiments ou d’indifférence .
    On n’imagine pas une jeune mariée allant soigner des malades du coronavirus vêtue d’une robe à froufrou pas plus qu’un défilé d’infirmières derrière leur masque et leur protection plastique …
    De même que les menus de dégustation n’ont pas le but de se nourrir …
    Un autre aspect de ces événements révèle les réunions sociales d’une certaine classe qui veut se montrer à cette occasion , histoire de souligner qu’ils ne sont pas tout le monde …
    Cela fait partie des civilisations humaines qui illustrent leurs talents par sous différentes formes : j’ai visité une tribu en Amazonie qui se présentait avec des paillettes et plumes d’oiseaux , certainement pas le style pour aller chasser le gibier …

  5. Ce qu’il y a d’épouvantable dans les défilés de mode, c’est que les mannequins ne sourient JAMAIS, elles font la gueule, pour dire les choses crûment, et cela déjà suffirait à dégoûter du système.

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