Regrettable confusion

Le Conseil des États a voté hier la ratification de la Convention du Conseil de l’Europe, dite Convention d’Istanbul, sur la « lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ». A première vue, on ne devrait que s’en réjouir. Mais la Convention glisse, sous le chapeau de cette lutte, de petites phrases précisant que les Parties à la Convention doivent « promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes » et prendre les mesures nécessaires à « éradiquer les coutumes, les traditions et toute autre pratique fondées sur un rôle stéréotypés des femmes et des hommes ». Il convient, à cette fin d’adapter le « matériel d’enseignement sur des sujets tels que l’égalité entre femmes et hommes, les rôles stéréotypés des genres ».

On ne peut que s’étonner que la Convention mette sous le même chapeau les violences physiques faites aux femmes, contre lesquelles les mesures à prendre sont immédiates, de nature pénale souvent, et la promotion de l’égalité qui implique d’autres démarches.

La violence faite aux femmes et la violence domestique ne dépendent, et de loin, pas exclusivement de l’inégalité entre hommes et femmes. On sait qu’elles relèvent principalement – en tous les cas en Suisse – de problèmes psychiques et que les auteurs devraient être soignés plus encore que punis. Certes, l’excision et les mariages forcés, mentionnés expressément par la Convention, dépendent avant tout de tristes coutumes et traditions qui, par bonheur, ne sont pas suisses, ni même européennes. Mais peut-on vraiment mettre dans le même panier des problématiques aussi différentes que la lutte contre la violence et la promotion de l’égalité ? En fait, la Convention ne concerne probablement pas les mêmes pays, pas les mêmes traditions, pas les mêmes mœurs. Que vise-t-elle ou qui vise-t-elle précisément ? Peut-être a-t-on voulu faire croire que la cause des problèmes est partout identique. C’est évidemment faux. Il aurait été judicieux d’étudier plus soigneusement cette Convention avant d’en voter la ratification.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

Une réponse à “Regrettable confusion

  1. Vous allez vous faire taper sur les doigts par les fanatiques de l’égalité, et c’est fatal, car ils sont aveuglés par l’idéologie, alors que votre clairvoyance dérangeante vous attire souvent des commentaires hostiles. Bravo pour votre courage !

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