Comment une économie martienne pourra-t-elle fonctionner lorsque la population aura atteint plusieurs centaines de milliers d’habitants et si par malheur elle doit compter sur ses seules ressources? Répondre à cette question, c’est répondre à la question de la viabilité d’une colonie martienne. En reprenant pour l’illustrer la fable futuriste racontée la semaine dernière, je propose ici quelques pistes en fonction des contraintes que l’environnement très particulier va imposer à cette communauté.
NB : Je rappelle les particularités résultant de l’environnement martien : relativement faible population, barrière à l’entrée considérable en raison de la distance, du volume transportable par chaque vaisseau spatial et de l’espacement des dates possibles de voyage, nécessité d’autonomie très élevée pour des raisons de simple sécurité, possibilité d’exportations physiques extrêmement limitées, population nécessairement très éduquée sur le plan technologique, milieu très stimulant pour la recherche.
Reportons-nous donc à nouveau par la pensée dans une centaine d’année après la crise causée sur Terre par une pandémie virale très contagieuse et à la létalité élevée. La population martienne compte quelques 300.000 habitants, comme l’Islande au début du XXIème siècle, répartis en ceinture dans une trentaine de villes de tailles à peu près égales dans la zone intertropicale de la planète et dans le bassin d’Hellas (zone un peu plus éloignée (entre 30° et 50° de latitude Sud), à l’altitude la plus basse et à la pression atmosphérique la moins faible de la planète. La « Colonie » comme on l’appelle, a été fondée dans les années 2040 grâce à la technologie des lanceurs développée par Elon Musk. Elle a été financée par un consortium que je nomme la « Compagnie des Nouvelles Indes », initié également par Elon Musk et regroupant aussi bien des grands capitalistes américains (dont Jeff Bezos) que le public. Cette « Compagnie » a fini par rassembler une masse capitalistique suffisante pour entreprendre la réalisation de son projet, la Colonie, entourée d’une « Space Bank » et d’une « Space Insurance Company ». Le gouvernement américain, ravalant son propre projet de lanceurs, le SLS, techniquement irréalisable, et son programme lunaire ARTEMIS, trop complexe et trop long à voir le jour, a mis les installations de la NASA à sa disposition, du moins en ce qui concerne les vols habités.
Le développement du programme s’est fait à peu près comme prévu. La première base, « Alpha » (le nom que lui a donnée Elon Musk dès ses premières présentations en 2018), a bien fonctionné, créant le premier accueil planétaire pour la suite, moins difficile d’accès et périlleux, avec un astroport et tous les embryons nécessaires dans les divers domaines indispensables (production d’énergie, machines, extraction de glace d’eau et de minerais, serres, habitats…). A ce stade la « Colonie » tournait avec un millier d’habitants dont beaucoup ne restaient sur place qu’un ou deux cycles synodiques puis revenaient sur Terre. Les revenus de la Compagnie provenaient de l’offre de résidence (habitats et services) aux Terriens, qu’ils soient chercheurs dans divers domaines ou ingénieurs chargés de tester des technologies « fonctionnant à l’économie » dans les milieux extrêmes. Tout « marcha » très bien ce qui permit de passer ce stade ; les gens restèrent plus longtemps sur Mars dont les installations devenaient toujours plus efficientes et plus confortables. Un marché se développa pour toutes sortes de produits venus surtout de la Terre mais de plus en plus martiens (il fallait au maximum limiter les transports).
Les actionnaires attendirent beaucoup (pas plus que prévu cependant !) pour obtenir un retour sur investissement, mais 20 ans après l’engagement des premières dépenses (dans les années 2050), le cours des actions de la Compagnie montait en anticipation de rentrées sonnantes et trébuchantes car sur le plan économique, aussi bien que social, la colonie séduisait de plus en plus de Terriens (on parlait de « l’appel de Mars ») et la Compagnie devenait rentable (sa balance commerciale avec la Terre devenant positive).
Il n’était bien sûr pas question de raffiner des métaux rares extraits sur place ou dans les astéroïdes proches (ou plutôt « pas trop lointains ») de la « Ceinture », pour les exporter vers la Terre, comme certains en rêvaient au début du XXIème siècle, car le coût du travail sur les astéroïdes ou du transport des minerais concentrés vers la Terre, bien que théoriquement possible, restait totalement prohibitif et de toute façon les volumes transportables de Mars à la Terre restaient très faibles compte tenu de la capacité forcément limitée des vaisseaux spatiaux et des fenêtres de tirs par nature toujours étroites et rares. Mais Mars produisait toutes sortes de biens immatériels qui trouvaient un marché sur la Terre aussi bien que localement sur Mars. Elle avait été dès le début une pépinière d’innovations et d’exploitation de ces innovations, à l’initiative aussi bien de la Compagnie que d’entrepreneurs privés qui avaient voulu y développer leurs idées et en faire des « business ». C’est là qu’étaient conçus, testés et élaborés pour le marché interplanétaire, dans un environnement intellectuel et technologique extrêmement facilitateur et favorable, toutes sortes de logiciels pour le recyclage, le contrôle microbien, la rentabilité des cultures vivrières, les économies d’énergies, la robotisation de l’extraction ou de la construction, les modalités d’impression 3D les plus complexes, les appareils de télécommunication les plus robustes et les plus performants. Le capital pouvait provenir de la Compagnie si c’était ses projets ou si le projet des entrepreneurs privés l’intéressait ou, tout simplement, des entrepreneurs eux-mêmes et des personnes qu’ils avaient pu convaincre de se joindre à eux (car bien sûr il y avait un marché des capitaux, une bourse, sur Mars et on pouvait faire appel aux capitaux et aux bourses terrestres). Le double réseau (redondance!) Hyperloop martien sur monorail suspendu autour du globe, était devenu un modèle du genre et assurait très rapidement et sans encombre les liaisons physiques dans toutes les villes de la planète mais en réalité on en avait beaucoup moins besoin que les trains ou les bateaux sur Terre au XXème siècle du fait de tout ce qu’on pouvait faire à distance par télécommande à partir de chacune des villes. Les astronomes de la Terre, dégoûtés par la pollution du ciel terrestre et les obstacles posés par les groupes environnementaux les plus improbables, ne juraient plus que par le Nouveau-monde martien. Il était plus facile d’ériger de grandes structures sur Mars ou de lancer dans l’Espace à partir de la planète toutes sortes d’observatoires avec télescopes ou capteurs, étant donné la plus faible force de gravité exercée par la planète sur toute masse et donc la vitesse de libération beaucoup plus basse.
Au début les entrepreneurs, pour la plupart, étaient restés sur Terre et ne se servaient de Mars que comme plate-forme d’expérimentation. Avec le temps, il était devenu de plus en plus pratique et économique de faire sur place des analyses, des études, des preuves de concepts, puis de plus en plus les développements vers la commercialisation. Les installations informatiques étaient excellentes, parfaitement entretenues et organisées. La population très technophile et éduquée. Par ailleurs la surpopulation, la pollution, les problèmes épidémiologiques, le dérèglement climatique avaient rendu la vie sur Terre très difficile et beaucoup moins confortable pour les gens « riches » qu’elle avait pu être à la fin du XXème siècle. Les « villes » martiennes étaient propres, calmes, verdoyantes autant qu’il était possible (c’était une nécessité pour se nourrir et pour accepter psychologiquement la dureté des conditions extérieures), les bulles viabilisées de plus en plus importantes, fonctionnelles et esthétiques avec un climat interne régulé de telle sorte que les températures n’étaient jamais excessives (une nécessité pour l’équilibre sanitaire et biologique) avec certaines qui préféraient un peu plus de chaleur et/ou d’humidité, d’autres moins. Les « têtes pensantes » (concepteurs) et les dirigeants d’entreprises, étaient donc partis de la Terre pour aller sur Mars avec leur famille, rejoindre les chercheurs, les créateurs et les artistes, mais évidemment beaucoup de commerciaux avec tous les cadres et personnels nécessaires à la logistique étaient restés sur Terre, au plus près de la plus grande partie de leurs consommateurs.
Les plus « défavorisés » parmi les Martiens ne l’étaient pas tant que ça car la protection sanitaire avait toujours été « clé ». Les hommes étaient rares sur Mars et les robots très nombreux. Ils faisaient tout ce qui était répétitif, sale, dangereux, éloigné. Il fallait donc, sur le plan d’un intérêt économique bien compris, que les hommes soient en bonne santé et bien éduqués. Le principe était que la rémunération était fixée par le besoin (offre et demande) que l’on avait du travail fourni mais on planifiait autant que possible à l’avance ces besoins pour éviter aux jeunes de se lancer dans des voies sans issue ou avec peu d’issues. On ne leur interdisait pas de choisir des trajectoires marginales car certains pouvaient y trouver leur épanouissement et ouvrir de nouvelles voies insoupçonnées par la communauté mais on ne les encourageait pas, à la différence des métiers dont visiblement on aurait besoin lorsqu’ils seraient devenus productifs. De toute façon il était impensable de laisser qui que ce soit rester sans nourriture, sans logement, sans vêtements, sans soins, puisque cela aurait signifié la mort et en même temps la perte d’agents économiques potentiels, toujours rares. La seule contrepartie demandée à toute aide était un travail d’intérêt général. Par exemple, contrôler des robots peu sophistiqués, veiller que tous les capteurs fonctionnent bien, s’occuper des « anciens » ou remplir un vide temporaire quelque part.
Avec le temps, l’autonomie martienne s’affirmait de plus en plus, avec néanmoins un commerce très actif avec la Terre. Cela permettait aux Martiens de bien vivre et à la Compagnie de rembourser les emprunts qu’elle avaient contractés lors de sa phase de lancement, et de payer des dividendes enfin substantiels à ses actionnaires puisque les revenus d’exploitation devenaient largement positifs et qu’il n’était pas indispensable de tout réinvestir ou du moins qu’on pouvait d’autant mieux investir que les plus-values des actions aussi bien que les dividendes incitaient plus de personnes sur Mars ou sur Terre à acheter des actions de la Compagnie et des autres sociétés qui s’étaient développées à ses côtés.
Tout le monde semblait satisfait et c’est alors que survint LA fameuse pandémie du virus covid-142. Un énergumène d’un pays que je ne nommerai pas mais dont tout le monde se souvient, avait gagné beaucoup d’argent dans le commerce des fourrures de chauve-souris, le seul animal qu’il était encore permis de chasser (et l’un des rares animaux sauvages qui subsistait sur Terre avec les serpents, les araignées et les goélands, en dehors bien sûr d’autres animaux mythiques préservés dans certains zoos). Au sommet (pensait-il) de sa carrière, ce « Monsieur » avait décidé, pour raviver ses souvenirs de jeunesse, d’explorer lui-même une caverne extraordinaire par sa richesse en volatiles à fourrure, dans une région montagneuse du Sud presque inaccessible de son pays. Il portait à cette occasion une combinaison protectrice (car on était bien conscient du danger épidémiologique avant capture et traitement des animaux) mais elle était d’une couleur particulièrement brillante (et laide !). Lors de la visite, elle fut par mégarde, éclairée par le coup de projecteur d’un vice-président chargé de la communication, trop zélé, s’efforçant maladroitement d’éviter que son patron trébuche. Le résultat fut une chute bruyante et boueuse, l’agression d’une nuée de volatiles et plusieurs morsures qui passèrent au travers du tissu, quand même épais, de la combinaison. Le vice-président chargé de la communication s’était fait immédiatement renvoyer mais un certain nombre de virus avaient proliféré à l’intérieur de l’hôte illustre (NB: remarquez qu’on ne douta plus que la transmission directe entre la chauve-souris et l’homme était devenue possible). Certains virus, « tombés » sur des anticorps plus anciens du « Patron » (du covid-19 et autres) avaient disparu mais pas ceux de celui qui allait être connu comme le redoutable Covid-142. Compte tenu du statut social et du nombre des contacts du Patron, ce covid-142 s’était répandu comme une trainée de poudre, d’autant que pendant quinze jours Il ne ressentit aucun symptôme. Le virus était aéroporté dans les aérosols et manuporté, extrêmement résistant sur les surfaces, très contagieux avec un taux d’attaque très fort, létal à un niveau qu’on n’avait jamais vu pour un coronavirus. On n’avait pas eu le temps ni la visibilité de réagir, les symptômes divers et variés n’apparaissant qu’après une bonne semaine. Rapidement 70% de la population fut contaminée, 30% développèrent des symptômes respiratoires graves et très difficilement réversibles. Les hôpitaux étaient débordés, les médicaments antiviraux très insuffisants en quantité et insuffisamment puissants pour faire baisser suffisamment la charge virale. En quatre mois, plus de 10% de la population mondiale qui s’était stabilisée à 11 milliards d’individus au début du siècle, mourut. Le chaos était indescriptible. Les révolutions s’enchaînèrent même dans les pays les plus stables. Le Monde se dirigeait à grande vitesse vers la barbarie.
Mars sortit ainsi de la conscience des Terriens qui avaient simplement en tête le souci de survivre et des maîtres-à-penser anti-progrès qui voulaient profiter de l’occasion pour revenir à un âge d’or qui n’avait jamais existé mais qui excluait toute « machine » et toute transmission par « ondes » (évidemment « maléfiques ») et qui maudissaient cette excroissance technologique inutile qu’était à leurs yeux la Colonie. Presque du jour au lendemain, les Martiens se retrouvèrent seuls au monde. Sur le plan économique les conséquences se firent sentir très vite. Plus questions d’importer quoi que ce soit de la Terre mais aussi de lui vendre quoi que ce soit. Le marché des produits martiens se rétrécit instantanément de plusieurs milliards d’individus, à seulement 300.000 personnes. Le prix des produits martiens ne pourrait donc plus jamais être aussi bas pour les Martiens eux-mêmes et bien sûr il ne fallait plus compter sur les produits terriens, soit physiques, soit immatériels. Mais les technologies étaient connues et on pouvait se procurer sur place toutes les matières premières nécessaires. On pourrait donc « faire face » malgré les ajustements très brutaux qui s’annonçaient. La conséquence fut une restriction immédiate des marges des producteurs martiens qui vendaient leurs produits sur Terre aussi bien que sur Mars et la disparition évidemment totale des dividendes des actionnaires martiens des sociétés terrestres tandis que la valeur de leurs actions devenait immédiatement nulle. Le pendant positif fut que subitement les sociétés martiennes n’eurent plus rien à payer à leurs actionnaires terrestres puisqu’ils n’étaient plus « en ligne » et que la concurrence terrestre ayant disparu, ils purent porter leurs prix à un niveau suffisant pour couvrir leurs coûts.
La Compagnie des Nouvelles Indes propriétaire de fait d’une grande partie de ses actions (elle était devenue gestionnaire des actions des actifs martiens appartenant aux propriétaires terrestres disparus), supporta donc bien le choc et put réinvestir elle-même ou financer toutes sortes de projets de développement nouveaux sur Mars, ne serait-ce que pour remplacer la production terrestre tarie, et on s’intéressa à nouveau à la réalisation d’une île de l’espace comme l’avait conçue Gerard O’Neill au milieu du XXème siècle. On envisageait de la construire avec la matière de quelques astéroïdes de la « Ceinture » voisine. L’humanité était bel et bien sortie de son berceau.
illustration de titre: la préfiguration d’une ville martienne, à l’étude par Interstellar Lab dans le désert des Mojaves (Californie). Crédit Interstellar Lab.
Pour retrouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur:
Dépaysante et passionnante digression par les temps qui courent, même si elle ne s’éloigne pas totalement DU sujet à peu près unique traité aujourd’hui dans les médias. Pour l’anecdote, je ferais une réserve sur le nom «Compagnie des Nouvelles Indes» qui me semble mal choisi car rappelant trop les “comptoirs” européens de la deuxième moitié du second millénaire, pas forcément de très heureuse mémoire. Sans compter que reprendre une nouvelle fois l’erreur de Christophe Colomb d’avoir confondu l’Amérique avec les Indes ne paraît pas très heureux (on va finir par de nouveau traiter d’ “Indiens” les “Martiens” :-)!).
C’est vraiment un plaisir de lire votre blog. On a vraiment besoin d’optimisme par les temps qui courent.
Merci encore
Un blog qui pourrait être rafraichissant au vu des évènements actuel sur Terre. ça fait du bien de rêver un peu !
Le rêve tourne toutefois rapidement au cauchemar.: compagnie, actionnaires, rendement, exploitation, robot/travail, revenu minimum contre services. Décidement, la culture de cette colonie hi-tech reste très influencée par notre “homo economicus”.
La suite du texte suggère qu’il y a des gens très méchants sur terre qui manipulent des gentilles chauve souris… donc certains pays pourraient ne pas être totalement bienvenus dans la colonie: ça dérape ! Notre homo economicus a transformé notre monde en véritable dépotoir dépotoir (pétrole, pollution, pesticides, amiante, teflon, etc) …. mais la faute à la nature source de virus et l’avidité d’un homme un peu idiot et primitif. Un peu simplet… vous citez des millardaires comme fondateurs de votre projet: ils ne ce sont pas non plus enrichis en tant que philantropes.
Du coup, je me reveille et sursaute: je révais que les actionnaires avaient placé Mickey Trompette comme CEO de la colonie et que Elon a décidé de rester sur Mars car Mickey a réussi le tour de force de construire un golf la bas (pas virtuel car c’est réserve au simple colon).
Du coup, je me prépare un bon repas avec un verre de rouge bien terrien et ça va mieux maintenant !
“Le rêve tourne toutefois rapidement au cauchemar.: compagnie, actionnaires, rendement, exploitation, robot/travail, revenu minimum contre services. Décidément, la culture de cette colonie hi-tech reste très influencée par notre “homo economicus”.”
Oui il y a cette chose qui s’appelle réalité, celle qui continue d’exister même quand on ferme les yeux. Celle qui veut qu’un projet comme celui d’une colonie sur Mars ne va pas tomber toute cuit du ciel après des incantations politico-utopistes mais va nécessiter un travail titanesque. Et si vous croyez qu’une colonie dans un milieu aussi hostile que Mars peut se permettre de laisser ceux qui le désirent glandouiller plutôt que de participer au travail nécessaire a maintenir tout le monde en vie, vous rêvez doucement.
M’enfin, je me console en me disant qu’il y aura toujours de la place pour les doux rêveurs sur Terre, ou le rattrapage par la réalité est beaucoup plus doux. Laissons la conquête de nouvelles frontières a ceux qui sont prêt a se retrousser les manches.
Merci Raphael, vous avez tout compris: rien n’est gratuit; tout se paye et une vie en société doit être organisée, surtout dans un environnement aussi difficile que celui de Mars!
Je ne vois pas comment une société pourrait exister sans des investissements, une production, une consommation, des échanges, donc une économie.
Je ne comprends pas très bien votre surprise. J’annonce la couleur dans le titre, je propose de donner un scénario d’évolution socio-économique à une colonie martienne. Je vais donc devoir parler d’argent. Non ?
Oui il y a effectivement sur Terre des gens aussi bêtes que méchants qui traitent les animaux comme s’ils n’avaient aucune sensibilité et, qui plus est, pour satisfaire des besoins futiles. Ceci dit, je n’ai jamais envisagé de généraliser cette critique à toute une population ; il y a des idiots partout mais tout le monde n’est pas idiot.
Je cite des milliardaires comme fondateurs de mon projet car je n’imagine pas une seconde que des personnes sans argent puissent le réaliser ; les états sont actuellement très réticents pour le faire et établir une colonie sur Mars est le rêve d’Elon Musk. Logique, non ? Et je ne prétends pas du tout que les milliardaires le soient devenus en étant philanthropes (avant de s’enrichir). Cela aurait été difficile.
Quant à votre fantasme « disnéyque » (pourquoi Mickey ?!), j’avoue que je ne comprends pas son sens.
Pourquoi Mickey ? J’imagine que, si Richard avait cité “Donald”, l’allusion à qui nous pensons aurait été trop visible et Richard, Pierre Brisson et même ses lecteurs auraient été interdits de séjour aux USA.
Certains parlent aussi de “Canard orange” pour le même triste personnage, mais on a tous compris de qui il s’agit.
Vous avez, sans doute, tous raison et personne ne vous départagera.
Et en même temps, si des rois, certes, aidés par des banquiers lombards, n’avaient pas incité à découvrir le monde, on penserait toujours que la terre est plate.
Il faut laisser à Pierre Brisson, le bénéfice de rêver et de nous enchanter de Mars, alors qu’il apparait évident qu’il n’y ira jamais.
bien à vous et merci, cher Pierre
Merci Olivier!
Il est en effet fort probable que je n’irai pas mais je considère que mon rôle est de faire réfléchir les autres, plus jeunes, afin qu’ils puissent décider d’y aller. Je me sens un peu comme Henri le Navigateur sur le Cap Sagres. Je regarde l’espace comme lui l’Océan et je rêve. Cependant, dans les deux cas, le rêve est sérieusement étayé par la réalité.
Il me semble pourtant que le plus dangereux pour les astronomes terrestres sont justement vos initiateurs du projet martien avec leur projet de remplir le ciel de satellites de communication.
Il semble que développer Mars est encore plus absurde que prevu, la compagnie des Indes originale allait commercer avec des pays plus riches et civilisés (Inde, Chine) alors votre nouvelle compagnie des Indes veut juste faire de l’argent qui pourrait plus facilement être produit sur Terre. De ce point de vue les romans d’Andrew Weir sont plus réalistes que vos histoires.
Votre premier point:
Je suis tout à fait opposé aux “constellations” entreprises par Elon Musk car elles vont polluer l’orbite basse terrestre, c’est à dire créer un risque pour les autres satellites opérant dans ces altitudes et gêner considérablement les observations astronomiques depuis la surface terrestre. J’ai d’ailleurs écrit plusieurs articles à ce sujet. Je regrette qu’il persiste dans ce projet mais cela n’a rien à voir avec son programme martien. Les constellation sont un des moyens qu’il utilise pour gagner de l’argent et on peut soutenir un projet (l’établissement de l’homme sur Mars) sans approuver tous les moyens financiers utilisés pour parvenir à le réaliser. Elon Musk a d’autres moyens de réunir les fonds nécessaires à son projet martien et il devrait renoncer à ses constellations pour la télécommunication.
Votre deuxième point:
A la fin du 18ème siècle, certaines personnes considéraient que les “arpents de neige” du Canada ne valaient pas une guerre avec l’Angleterre. Vous êtes de ces gens là, vous manquez d’imagination. Mars du fait de son environnement particulier pourra être porteuse de nombreuses innovations (recyclage, contrôle microbien de l’atmosphère, productivité nutritionnelle, résistance des matériaux, efficacité énergétique, etc…) qui auront aussi beaucoup d’intérêt pour la Terre.
Votre troisième point:
Quant au “réalisme” du roman d’Andy Weir, ce n’est certainement pas ce qu’on peut en dire. L’auteur commence son roman par une tempête qui a des effets catastrophiques, ce qui est totalement impossible sur Mars compte tenu de la faible densité de l’atmosphère. Tout le roman est comme cela, plein d’inexactitudes et d’incohérences. Cependant il est vrai qu’avant de s’installer sur Mars, il faudra bien sûr y aller en missions d’exploration et préparatoires à la suite que j’envisage pour un siècle après. Si vous aviez lu mon blog vous sauriez que j’ai traité le sujet des missions initiales dans de nombreux articles (et ce n’est pas le sujet ici). Sur le plan de la recherche (qui est une raison très importante d’aller physiquement sur Mars), l’installation permanente (pour commencer par un “village martien”) aurait beaucoup d’avantage compte tenu de la distance qui nous sépare (impossibilité de commander nos machines en direct) et compte tenu de ce que les voyages ne sont possibles que tous les 26 mois.
Un dernier intérêt, et non des moindres. d’une colonie martienne est de permettre a une poignée d’humains éduqués, audacieux, intelligents, de faire exploser la créativité et l’innovation humaine, loin de la Terre qui étouffe sous le poids de la bureaucratie, des réglementations idiotes et de tous les médiocres jaloux et aigris qui veulent écraser la moindre tete qui dépasse.
Pour moi c’est de loin le principale avantage. L’humanité a désespérément besoin d’une Nouvelle Amérique.
Tout à fait d’accord avec vous. La société martienne devra être efficace et toute bureaucratie sera évidemment parasite. C’est dans ce sens que l’on peut-dire que Mars sera ce que les Américains appellent une “nouvelle frontière”.
Le projet de l’aventure spatiale repose sur un seul frein : Un systeme de propulsion efficient: = > à “c”.
Dès lors il n’y aura aucune limite à la grande migration stellaire car même si nous l’ignorons nous sommes programmés pour celà.
Je veux bien! Mais aller plus vite que la vitesse de la lumière (“c”) est totalement dans le domaine de la science fiction.
C’est pourquoi, pour le moment, je préconise d’aller sur Mars, le seul endroit où les technologies que nous maîtrisons aujourd’hui nous permettent d’aller, aujourd’hui. Ce serait déjà “pas mal”!
LHC
Non! La recherche sur les tachyons n’est pas au programme des recherches du LHC (Large Hadron Collider)!
Aujourd’hui le LHC permet d’accélérer des Protons famille des Hadrons soit des Particules de Matière à quasiment une vitesse relativiste “c”. La barrière pour passer > à “c” est de la même nature que le mur de Planck. Donc l’histoire de la technologie nous enseigne l’humilité ce qui n’est pas accessible aujourd’hui le sera bientôt. Cordialement
Soyons sérieux, la vitesse de la lumière est une limite absolue. Aucun corps en mouvement ne peut la dépasser puisque sa masse et l’énergie dont il serait animé du fait de cette vitesse, tendraient vers l’infini. Envisager une vitesse relativiste (fraction importante de la vitesse de la lumière) du fait d’une accélération très forte sur une masse très petite au prix de beaucoup d’énergie, est à la limite possible. Certaines particules à ultra haute énergie (UHECR) provenant d’événements catastrophiques dans l’espace relativement proche, sont animées d’une telle vitesse. Mais votre supposition (ou votre espérance) d’atteindre une vitesse supérieure à celle de la lumière, qui plus est avec une masse importante telle que celle d’un vaisseau spatial, n’est absolument pas réaliste et pour ma part je me refuse à construire quoi que ce soit sur cette hypothèse (votre “bientôt” est totalement fantaisiste).
À votre réponse si ce que vous alleguer est vrai alors l’espace au delà de notre système solaire nous est définitivement fermé !!! Vos commentaires en reponse aux participants à ce blog dénote une attitude psycho rigide et psycho centrée et non ouverte. Désolé de ne plus vous lire
Vous me lisez si vous voulez!
Mais avant que vous me quittiez définitivement, laissez moi vous dire que je trouve étrange que le seul sujet qui vous semble pertinent d’aborder à propos de mon hypothèse d’autonomie de Colonie martienne, soit le déplacement de vaisseaux spatiaux à une vitesse supérieure à celle de la lumière. C’est pour le moins hors sujet.
je pense que vous faites erreur, du moins si on considère un avenir prévisible (dans lequel envisager de sortir du système solaire reste de la pure science-fiction). Les lois de la mécanique spatiale étant ce qu’elles sont, on peut raccourcir un peu la durée des trajets vers Mars (sujet de ce blog) en dépensant plus d’énergie, mais pas énormément, et ce n’est certainement pas là que le “bât blesse”. Si le trajet est de 4 mois au lieu de 6, cela ne fait pas une différence fondamentale, et on s’éloigne en plus de trajectoires “sûres” permettant le cas échéant un “retour automatique” sur Terre. En fait, si on peut disposer de systèmes de propulsion plus efficaces, ce qui serait évidemment souhaitable, il sera plus intéressant de les utiliser pour amener plus de masse sur Mars, plutôt que de chercher à raccourcir la durée du trajet de manière significative.
Bonjour Monsieur, je ne suis pas aussi intelligent que vous l’êtes mais je suis très terre à terre. J’aime beaucoup notre planète la Terre. Mars, certains voudraient faire une sorte d’Arche de Noé avec des rescapés de la Terre qui aurait comme un bateau coulé et les rats quitteraient le navire.
Messieurs E. Musk – Tesla, Jeff Bezos – Amazone, Sundar Pichai – Google, Mark Zuckerberg et bien d’autres milliardaires aimeraient envoyer leurs descendants, les mettre à l’abris en quelque sorte. Je pense qu’ils devraient plutôt se préoccuper de la Terre avant de rêver de Mars, sans vouloir faire la morale.
Je n’ai pas le coeur à rêver mais comme des milliers de personnes sacrifiées aujourd’hui et encore demain nous avons le coeur à pleurer des larmes de sang nos morts, notre planète, notre écosystème, nos océans, nos forêts, notre climat, nos pauvres, tous ceux qui ont faim, les malades… C’est choquant d’aller sur Mars et dépenser des milliards alors que l’humanité et notre terre ont en tellement besoin !
Non, la Terre c’est là et maintenant, Mars c’est un roman de Jules Verne. meilleures salutations.
Madame, ce que vous ne voyiez pas c’est qu’on ne peut pas tous “faire la même chose en même temps”. En quelque époque que ce soit l’humanité n’a jamais consacré toutes ses ressources à un seul objet. Et vos bons sentiments partent d’une mauvaise connaissance de la situation et du coût du projet d’aller sur Mars. Actuellement les Américains (la NASA) ne consacrent chaque année que 0.5% des dépenses publiques des Etats-Unis à leur programme spatial et celui-ci recouvre bien d’autres objets que le seul programme d’exploration planétaire. Le projet d’aller s’installer sur Mars pourrait être mené à bien pour une fraction des dépenses annuelles actuelles de la NASA (et ce pourrait être largement des dépenses privées comme je le suggère).
Par ailleurs, les dépenses faites pour aller et vivre sur Mars pourraient avoir des retombées technologiques qui seraient utiles pour mieux vivre sur Terre. Cela a toujours été le cas pour les dépenses spatiales et ça continuera.
Pour ce qui est des intentions des “milliardaires”, je ne sais pas du tout s’ils ont envie d’envoyer leurs descendants sur Mars. Ce sera à ces descendants de décider ou non d’y aller. Ils n’en auront peut-être pas du tout envie.
Pour conclure il me semble que vous n’avez pas compris le sens de mon article. Pour mémoire, j’imagine comment en cas d’une pandémie créant le chaos sur Terre (hypothèse que je ne croie pas invraisemblable), Mars pourrait donner une seconde chance à l’humanité (et les Martiens ne seraient pas tous riches ni fils de riches!). Si cela ne vous intéresse pas, libre à vous mais moi ça m’intéresse plus que d’ajouter quelques dizaines de milliards inutiles pour résoudre des problèmes sociaux globaux qui ne seront pas solubles avec plus d’argent.
Nos ancêtres ont quitté l’Afrique pour s’installer dans le reste du monde. Était-ce un mal? Si non, en quoi le fait qu’une tribu d’humains s’installe sur Mars est différent?
[Rentabilité contre peuplement] // Le scénario de société martienne autonome présenté ici pose une problème irrésolu: Pourquoi est-ce que des investisseurs terriens voudraient investir dans le peuplement permanent de Mars? Dès lors qu’ils n’ont pas de raison d’investir dans un tel peuplement, pourquoi est-ce qu’une “Compagnie des Indes martiennes” créerait une société martienne qui, en soi, ne lui rapporte rien?
[Groupes sociaux hypothétiques] // Je pense qu’un peuplement de Mars reposerait en fait sur la coopération de deux types d’acteurs: les concessionnaires, les compagnies de tourisme et les communautés intentionnelles. Les concessionnaires exploiteraient une ressource martienne ou conduiraient des expérimentations dangereuses pour le compte d’actionnaires et avec l’accord des gouvernements. Les compagnies de tourisme entretiendraient une circulation limitée de riches entre la Terre et des infrastructures ludiques martiennes, lesquelles pourraient être fréquentées par l’élite martienne. Les communautés intentionnelles s’installeraient sur Mars pour s’affranchir des obstacles socio-politiques à la réalisation de leurs projets de société. Elles fourniraient une main d’œuvre locale aux deux autres acteurs, voire se substitueraient aux investisseurs terriens.
[Agora privée] // Une partie de la population martienne pourrait alors s’organiser en futarchies, les unes fondées sur les monnaies de thésaurisation en circulation, les autres sur les monnaies des monnaies de consommation. Une autre s’organiserait selon le modèle du technat d’Howard Scott en y intégrant éventuellement des programmes d’intrapreneuriat mis en œuvre par le biais de DAO interne.
[Mosaïque géopolitique martienne] // Il est improbable qu’une autorité politique réussisse à contrôler tout Mars. Sur base de ce qui est évoqué plus haut, il est aussi improbable qu’une autorité politique locale arrive à uniformiser la gouvernance au delà d’un certain point à moins de profiter d’une crise. A l’opposé, l’institution d’une panarchie favoriserait une diversification politique. Dans ce cas de figure, l’autorité locale permet aux administrés de s’autogérer dans le cadre d’organisation qu’ils créent librement et place les autres à la charge d’une organisation subsidiaire. Le maintien de l’ordre et l’arbitrage des litiges entre association relève reste à charge de l’autorité locale.
[Traitement des démunis] // Un des problèmes du peuplement martien, c’est que tout espace habitable est artificiel. Un tel espace est une structure artificielle dont la construction, l’entretien, le chauffage et le renouvellement de l’atmosphère repose sur le travail, pas sur la nature. Quel traitement pour les personnes à charge? Une option radicale consisterait à créer des “colonies de relégation”, des bases où seraient regroupés les individus qui ne peuvent être expulsée vers la Terre dans des délais acceptables. Ils seraient abandonnés à leur sort dans une certaine mesure, quitte à repeupler ou reconstruire chaque base périodiquement.
Désolé mais je ne vais pas répondre maintenant à votre long commentaire sur un article paru il y a un an!
Je note que vous n’avez pas compris mon argument sur la Compagnie des Nouvelles Indes. Son but serait évidemment lucratif. Elle financerait une installation qui produirait un retour sur investissement par la vente de service aux personnes qui viendraient séjourner sur Mars.
Je suis évidemment moralement opposé à votre idée de “relégation” des personnes à charge. On peut au minimum envisager un système d’assurance avec paiement de primes pour éviter que qui que se soit se trouve confronté à cette éventualité.