Depuis que la Vie est apparue sur Terre, son parcours jusqu’à nous n’a pas été celui d’un « long fleuve tranquille ». Il a fallu qu’elle surmonte les assauts féroces de plusieurs extinctions de masse tout en suivant un « train-train » d’évolutions darwiniennes portées par la compétition avec les autres formes de vie et l’adaptation constante au milieu. Ces extinctions ont eu plusieurs causes. Ce ne furent pas, comme certains pourraient le penser, uniquement des impacts d’astéroïdes qui rebattirent les cartes. Ce furent plusieurs fois des épisodes volcaniques démesurés pour la Terre hôte ou des configurations défavorables d’assemblages de terres émergées, ou encore des détériorations dramatiques de l’environnement résultant d’une prolifération de la vie elle-même. Ce furent in fine toujours des variations fortes de la composition de l’atmosphère et en particulier de l’évolution du taux d’oxygène, gaz rare à l’état moléculaire, que certains individus de cette vie même avaient eux-mêmes généré.
Ainsi l’extinction fut soit dans la logique de l’évolution de la vie elle-même (le balancier de la « prospérité » allant toujours trop loin vers l’« exubérance »), soit simplement le fait du hasard (volcanisme, jeu de la tectonique des plaques, faille dans la protection magnétique, astéroïde). Toujours, elle survint à un moment de l’évolution de la Terre et en parallèle, de la vie, qui n’existait pas avant et ne pouvait se répéter après. Depuis les origines, la Terre a évolué. Sa croûte s’est refroidie et durcie, les effets de marée de la Lune se sont adoucis avec son éloignement, sa vitesse de rotation sur elle-même s’est ralentie, la densité de son atmosphère s’est réduite, la composition de cette atmosphère a profondément changé, l’acidité de l’eau de ses océans s’est atténuée (ces deux derniers caractères en partie du fait de l’évolution de la vie elle-même).
Ce qu’on peut dire sur les conséquences de cette succession d’extinctions, c’est qu’elles ont modelé profondément notre arbre phylogénétique, mettant fin à des situations dominantes, favorisant d’autres espèces plus adaptées aux nouvelles conditions environnementales, forçant une évolution darwinienne quand la Vie était « au pied du mur » et qu’elle pouvait s’engager dans le « trou de souris » que lui permettait d’utiliser ses gênes. Le résultat c’est que nous avons aujourd’hui, aux extrémités actuelles de notre arbre phylogénétique, une floraison « à nulle autre pareille », à supposer qu’un autre arbre ait pu croître ailleurs et y donner des fleurs.
Depuis 1982, sous l’impulsion des paléontologues Jack Sepkoski et David Raup (tous deux de l’Université de Chicago), on met communément en exergue cinq extinctions de masse.
La « première » est celle de l’Ordovicien/Silurien. Elle eut lieu il y a 443 millions d’années. Elle supprima 85% des espèces ; 57% des genres et 27% des familles*. Les événements l’ayant causée sont encore discutés mais il pourrait s’agir d’une phase de volcanisme basaltique intense ou bien de la libération brutale d’énormes poches de gaz carbonique à partir de sédiments marins constitués par une prolifération d’algues dans l’Océan. Ces événements auraient provoqué une glaciation donc une baisse du niveau de la mer très sensible sur la plateforme continentale et la disparition de l’habitat des formes de vie concernées. Rappelons qu’à l’époque il n’y avait pas de vie hors de l’eau. Les victimes furent donc des trilobites, des planctons, des brachiopodes, des coraux.
*Pour mémoire, les êtres vivants sont hiérarchisés en neuf « taxons » (rangs taxonomiques), soit : monde vivant / domaine / règne / embranchement ou phylum / classe / ordre / famille / genre / espèce. Pour donner un ordre d’idée de cette hiérarchie, c’est au niveau du « règne » que l’on distingue horizontalement : bactéries /archées / protistes / champignons / végétaux / animaux ; c’est au niveau du genre que l’on distingue horizontalement les types d’animaux ou de végétaux : Homo (Homo Sapiens et ses ancêtres ou cousins comme Homo Neanderthalensis) ou Quercus (chêne) ; c’est au niveau de la famille (celle des Hominidés) que l’homme peut cousiner avec les grands singes.
La « deuxième » extinction est celle du Dévonien. Elle eut lieu il y a 367 millions d’années (en trois phases, entre 380 et 360). Elle supprima 75% des espèces, 35% à 50% des genres et 19% des familles. La cause n’est toujours pas connue mais elle entraina une anoxie des océans. Les métazoaires les plus touchés furent encore des coraux, mais aussi les céphalopodes (ammonites et nautiles), les trilobites, des poissons.
La « troisième » extinction fut celle du Permien/Trias, il y a 252 millions d’années. C’est la plus importante ayant affecté la biosphère. Elle supprima énormément de végétaux et d’insectes en surface du continent et aussi de vie marine, 50 % des familles, 95% des espèces marines et 70% des espèces terrestres. Elle fut causée par une grande chaleur (températures supérieures à 50/60°C sur Terre, 40°C à la surface des Océans), elle-même provoquée par des flux volcaniques basaltiques considérables en Sibérie (Trapps de Sibérie), et aussi par un autre dégazage massif de CO2 accumulé dans les sédiments d’algues marines. Le phénomène fut aggravé par la réunion des terres émergées en un seul continent (et un seul plateau continental), la Pangée. Sur Terre Les phylums qui résistèrent le mieux furent les archosauriens (crocodiliens, dinosauriens, ptérosauriens) et les synapsides dont les cynodontes, ancêtres des mammifères, dans l’Océan, les poissons osseux (par rapport aux poissons cartilagineux, durement éprouvés).
La « quatrième » extinction est celle du Trias/Jurassique. Elle eut lieu il y a 201 millions d’années. Elle supprima 50% des genres, 80% des espèces marines et la plupart des grands vertébrés terrestres. Elle fut due à une rupture d’équilibre résultant de la dislocation de la Pangée et peut-être à un impact d’astéroïde. L’extinction favorisa les dinosauriens et les ancêtres des mammifères.
La « cinquième » extinction est celle du Crétacé/Paléogène (« K/T »). Elle eut lieu il y a 66 millions d’années. On en connait bien l’histoire : déferlement des laves du Dekkan, conclusion par l’impact de l’astéroïde de Chicxculub, et les conséquences : émergence des mammifères profitant de la disparition des dinosaures.
Cette histoire des « cinq extinctions » a conduit à qualifier la dégradation écologique en cours causée par la profération humaine et son action/effet sur l’environnement, de « sixième extinction ». On aurait pu/dû lui attribuer un rang beaucoup plus élevé car en réalité les cinq-extinctions déjà citées ne s’appliquent qu’à la vie des métazoaires (organismes dont chaque groupe de membres unicellulaires assure une fonction spécialisée et coordonnée) et encore elle oublie le début de l’histoire de cette vie. Elle omet également toutes les extinctions qui ont frappé la Vie alors qu’elle n’était encore que microbienne (tout autant que les cataclysmes ayant préparé la Terre à générer la vie). Pourtant elles ont, elles aussi, façonné ou forgé l’ADN de nos ancêtres eucaryotes et procaryotes.
Pour être plus exact, il faudrait donc prendre en compte aussi les grandes extinctions suivantes :
La première Grande-Oxydation (« huronienne »), entre -2,35 et -2,22 milliards d’années a été une véritable catastrophe car elle a provoqué la glaciation quasi-totale de la surface de la Terre, donnant ce qu’on appelle la première « Terre boule de neige » (« Snowball Earth »), évidemment mortelle pour la Vie aérobie. Pour déclencher cette oxydation, les cyanobactéries photosynthétiques, premiers êtres vivants hégémoniques de notre planète, avaient « abusé » de leur invention, l’exploitation des électrons de la molécule de l’eau, en utilisant l’énergie solaire et en rejetant l’oxygène. En moins d’un million d’années, elles détruisirent suffisamment de gaz carbonique et répandirent un pourcentage élevé (mais nettement moins qu’aujourd’hui) d’oxygène dans l’atmosphère. L’irradiance du jeune Soleil n’étant pas encore assez puissante pour, seule, inscrire la Terre en zone habitable, l’allègement/éclaircissement qui en résultat réduisit considérablement l’effet de serre maintenu autour de la Terre par ces gaz qui permettait l’eau liquide en surface. La glaciation planétaire ne disparut qu’après qu’un volcanisme puissant rétablisse l’effet de serre par de nouvelles injections de gaz carbonique, de sulfure et de méthane dans l’atmosphère.
Mais l’innovation était faite et elle introduisit le règne des eucaryotes, ces êtres monocellulaires résultant de la symbiose d’une archée avec une petite bactérie marginale qui avait l’immense avantage de pouvoir respirer l’oxygène malgré la violence de son « feu » (ce qui « au début » avait été très peu exploitable puisqu’il n’y avait pratiquement pas d’oxygène libre dans l’atmosphère). Cette symbiose mis à disposition des eucaryotes une énergie à laquelle ne pouvait prétendre aucun autre être vivant procaryotique. Dans le monde d’après la Grande Oxydation, les cyanobactéries photosynthétiques reprirent des forces, c’est-à-dire du nombre, et continuèrent à produire leur oxygène, tandis que les eucaryotes devinrent les rois du monde en l’exploitant. Par ailleurs les procaryotes qui ne respiraient pas l’oxygène ne purent continuer à vivre en surface de la Terre qui pour eux était devenue un monde empoisonné et ne persistèrent que dans le sol. Ce sont les eucaryotes qui purent ainsi évoluer pour former un jour les métazoaires (après plusieurs tentatives), ces métazoaires se divisant ensuite en végétaux, animaux et certains champignons.
Le grand saut jusqu’aux métazoaires ne se fit pas tout de suite mais après une autre série d’épisodes Terre-boule-de-neige qui eut lieu entre -717 et -635 millions d’années. Pendant ce temps, lentement, la fusion nucléaire du Soleil montait en puissance et une meilleure irradiance solaire à la distance de la Terre permis de conserver l’eau liquide en surface avec un effet de serre de moins en moins puissant.
Lorsque les glaces se furent retirées apparut la première population métazoaire, celle de la Faune d’Ediacara, ancêtre de nos méduses (entre autres). Comme toujours cette floraison ne put durer et l’extinction de cette première faune intervint il y a 545 millions d’années. La raison en est inconnue. Peut-être simplement fut-ce que les nouveaux venus, composant la faune cambrienne, disposaient d’une puissance de prédation. Ils l’exercèrent facilement au détriment des édiacariens totalement impuissants. Ou bien ce fut un changement de l’environnement auquel les édiacariens ne purent résister.
La faune cambrienne fut d’une exubérance extraordinaire, la plus créative de l’histoire de la Vie (cf faune de Burgess au Cambrien moyen). Comme les autres, elle fut dévastée par plusieurs extinctions dont la plus sévère intervint il y a 485 millions, à la jonction des périodes géologiques* du Cambrien et de l’Ordovicien, détruisant de nombreux phylums qui était apparus au cours de la période. Là encore on ne sait ce que fut la cause. Certains paléobiogéologues évoquent la possibilité d’un puissant sursaut gamma provenant d’une supernova située à 6000 d’années-lumière qui aurait détruit presque instantanément la couche d’ozone.
* la classification de l’écoulement du temps géologique distingue éons / ères / périodes /époques / âges. Le Cambrien fait partie de l’ère Paléozoïque, elle-même marquant le commencement de l’éon Phanérozoïque, au sein duquel nous évoluons toujours.
Si on ignore souvent les causes ultimes de ces extinctions, on en voit bien les causes directes que sont les fluctuations des composants de l’atmosphère, notamment celles des taux d’oxygène. Mais aussi celle des taux de certains gaz insupportables pour les êtres vivants utilisant l’oxygène (selon les époques et le degré d’évolution), tels que méthane, sulfure d’hydrogène ou gaz carbonique. Ou encore les variations de températures ou du cycle de l’eau. Le pire ce sont bien sûr les changements brutaux qui rendent l’adaptation de certaines lignées de vie difficile sinon impossible et ceci d’autant plus qu’elles étaient particulièrement bien adaptées au « régime » précédant qui avait permis leur prolifération.
A ces différents événements cataclysmiques, il faut en ajouter un autre d’une extrême importance, survenu à la fin de l’époque d’accrétion de la Terre. Ce n’est pas à proprement parler une « extinction » puisqu’il n’y avait pas encore de vie lorsque la grosse protoplanète Théia frappa la Terre seulement une centaine de millions d’années après son accrétion. Cependant cet impact qui fut à l’origine de la Lune par concentration des débris éjectés en orbite, créa des conditions tout à fait particulières sur Terre puisque sa croute en formation fut totalement reliquéfié et que se forma en satellite unique et particulièrement massif par rapport à la planète et à une distance très courte, peut-être seulement une vingtaine de milliers de km. Les marées primitives sur Terre étaient à la fois énormes et très fréquentes comme l’était l’alternance jour/nuit, moins de 10 heures seulement, au tout « début ». Il n’y avait pas d’eau liquide sur Terre mais le système de marée liant les deux corps était un malaxeur de matière et donc un générateur de mouvements, de brassements et de maintien de chaleur donc de perfectionnement du noyau planétaire métallique, sans doute une des explications de la création d’une dynamo interne génératrice de champs magnétiques protecteurs très puissants et, par introduction de l’eau dans le manteau, d’une ductilité particulière de ce manteau permettant une tectonique des plaques très active. Lorsque le système s’est assagi et que l’eau fut possible sous forme liquide en surface (vers -4,4 milliards), les journées étaient encore très courtes, légèrement au-dessus d’une dizaine d’heures et les forces d’attraction réciproques extrêmement puissantes générant en surface de la Terre une alternance régulière d’humidification et d’assèchement avec d’énormes zones de balancement des marées. Ces mouvements, cette force de marée, ces alternances, cette protection magnétique, très particuliers, ont pu contribuer à l’émergence de la vie, entre -4 et -3,8 milliards d’années.
On voit ainsi que restreindre les extinctions de masse au petit nombre de cinq est très simpliste. Sans compter qu’il y eu « entre deux », plusieurs extinctions « mineures » quand même sévères (notamment au Cambrien). Mais le plus important c’est qu’il ressort de tout cela que l’équilibre écologique terrestre est un équilibre profondément instable. Rien n’est assuré, tout se détraque quand se développe une prolifération ou intervient un « événement » externe à un moment déterminé par le plus pur des hasards. Il faut faire avec cette instabilité et cette incertitude. Presque tout change, continûment ; presque rien ne demeure. Héraclite a raison contre Parménide même si l’on peut voir aujourd’hui un sens dans le changement vers toujours plus d’entropie.
A notre époque nous sommes très probablement entrés dans une nouvelle période d’extinction de masse, celle qui est causée par la prolifération et le développement de l’activité humaine. Déjà le WWF nous dit que 70% des espèces sauvages (en effectifs, non en nombre d’espèces) ont été détruites entre 1970 et 2018 (et il y en a eu avant 1970 !). Les forêts primaires sont massacrées au profit des monocultures commerciales ou de l’agriculture vivrière ; les insectes disparaissent sous l’épandage des pesticides car ils gênent et les oiseaux meurent car ils n’ont plus suffisamment pour se nourrir ; les poissons surpêchés et empoisonnés par nos détritus (les continents de plastique s’étendent partout dans les océans) dégénèrent et meurent ; les grands fauves nous embarrassent car nous ne voulons pas leur laisser l’espace vital dont ils ont besoin et nous détruisons sans aucune pitié leurs habitats. Les surfaces bétonnées gagnent partout au détriment du sol qui respire. La pollution s’étend partout, la chaleur monte. Il ne faut pas rêver, la situation est dangereuse.
La différence avec les précédentes extinctions c’est que la nôtre est la première commise par des êtres soi-disant intelligents. On verra bientôt s’ils le sont vraiment car les solutions, non pour éviter cette extinction mais la surmonter, ne sont pas évidentes et nous avons commencé à y réfléchir très/trop tardivement. Elles sont sans doute contre-intuitives, c’est-à-dire qu’elles doivent recourir aux moyens offerts par le Progrès plus qu’à la Régression qui n’est pas adaptée à la situation : on ne descend pas à mi-course d’un bobsleigh lancé à toute allure dans son couloir de glace, on le pilote.
Illustration de titre : Un « demain » possible. Photo Pixabay, choisie par Fleur Brosseau, article dans Futura Science du 19/12/21.
Illustration ci-dessous : Extinction des poissons cartilagineux à la fin du Permien. Crédit Arnaud Brayard, Directeur de recherche du CNRS (laboratoire Biogéosciences), Université de Bourgogne ; publication dans Biological Reviews .
Rare Earth par Peter Ward et Donald Brownlee, Copernicus Book, 2003.
A New History of Life par Peter Ward et Joe Kirschvink, Bloomsbury Press, 2015
Life ascending par Nick Lane, Profile Books, 2009.
Après le 30 juin 2023 vous pourrez continuer à me lire et à commenter sur un nouveau blog que je viens de faire créer par le développeur Dinamicom et qui reprend toutes les archives (articles et commentaires) du présent blog hébergé par Le Temps. Je serais heureux que vous vous y abonniez.
Nom du blog: “Exploration spatiale – le blog de Pierre Brisson“. Lien vers le blog :
https://explorationspatiale-leblog.com
Vous pourrez aussi me lire sur contrepoints.org lorsque la direction de ce journal estimera mes articles intéressant dans son contexte éditorial.
ou encore dans les pages du Temps dans la rubrique “Opinions/débats” quand la Direction du journal le jugera utile pour son lectorat général.
Pour (re)trouver dans le blog actuel un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur :
Index L’appel de Mars 23 05 28
NB: Je récréerai un index avec liens vers mon nouveau blog, lorsque les articles publiés par Le Temps ne seront plus lisibles.
Merci pour cet article très intéressant. Effectivement l’être humain exige toujours plus de notre terre en étant de plus en plus nombreux. C’est une équation qui va mal finir…. pour nous.
Ne vous en faites pas trop pour ce qui est du nombre d’humains sur Terre. Nous approchons du pic (pic inévitable maintenant, à moins d’envisager des mesures extrêmes comme l’euthanasie des “vieux” à partir d’un certain âge, car on ne peut sans catastrophe aller vers une sérieuse inversion de la pyramide des âges!) résultant du boom des naissances après la Seconde guerre mondiale et, surtout, du formidable accroissement de l’espérance de vie dû aux progrès de la médecine et de la science. Mais la “décrue” est déjà bien amorcée. Cela a commencé dans les pays les plus industrialisés (1,24 enfants par femme en Italie par exemple, alors qu’il en faudrait 2,1!), mais s’étend rapidement à toute la planète. Dans plusieurs pays, c’est l’effondrement démographique et non l’explosion démographique qui pose déjà un grave problème, et ce phénomène va se généraliser d’ici le milieu du siècle.
La réponse à l’effondrement démographique sera la robotique. L’Italie, 58,8 millions d’habitants, pourrait très bien vivre avec la moitié.
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Le problème, comme toujours, ce sont les périodes charnières et l’adaptation qui en résulte. Ce sont aussi les voisins. Que pèse une Italie, porte d’entrée de l’Europe, avec 58,8 millions d’habitants face à une population africaine, pauvre et désemparée, de 1450 millions aujourd’hui et 2100 millions d’habitants en 2050 (avec projection à 3800 millions à la fin du siècle)? Si l’on préfère comparer les continents, on a une population à peu près stable de 450 millions en Europe et l’Europe est très riche et l’Afrique très pauvre.
Je doute fortement que la robotique puisse constituer une réelle réponse à l’effondrement démographique qui menace l’Humanité dès le milieu de ce siècle (ce phénomène a été longtemps masqué par l’explosion de population que nous avons connue en un siècle, mais je constate que ce problème de décroissance commence enfin à émerger depuis peu dans des publications sérieuses, qui tirent la sonnette d’alarme mais sont encore peu écoutées).
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Comme vous le relevez, le problème viendra de la rapidité du phénomène qui rendra “l’ajustement” à la baisse de population très difficile, si ce n’est impossible. En un siècle, on a connu une explosion démographique avec pourtant un taux de croissance annuel moyen au niveau mondial de l’ordre de 1,5% “seulement” (population en 1920 de 1,860 milliards d’individus, en 2020 de 7,888 milliards). Si on suppose avoir le même taux mais à la baisse cette fois, la population mondiale sera divisée en gros par quatre en un siècle, avec une pyramide des âges qui finira complètement inversée. Je laisse le soin aux lecteurs d’imaginer tout ce qui pourra en résulter (certains pays commencent déjà à y être confrontés)! Et rien ne dit que la tendance “baissière” s’arrêtera après un siècle. On a vu des populations animales s’effondrer complètement après avoir passé par un pic de surpopulation. Est-ce ce qui nous attend? Saurons-nous nous ajuster et réagir à temps? Je l’espère pour nos descendants, mais je suis loin d’en être certain.
On assiste un peu partout sur la planète à une lente et discrète baisse de la démographie, que l’on pourrait interpréter comme une sorte d’auto régulation de notre espèce (un peu comme les lemmings dans les zones arctiques). Les théories de Malthus ne se sont pas confirmées. Les facteurs impliqués semblent en effet multiples et variés et probablement pas tous connus.
Vous avez raison, Docteur, il y a peut-être une sorte d’auto-régulation qui est à l’œuvre.
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Le problème est de savoir si les dégâts déjà causés seront supportables (s’il n’y a pas d’effet retard) et si nous pourrons franchir le pic. Même s’il est proche, il est encore un peu au-dessus des chiffres actuels et il sera nécessaire pour revenir à une situation gérable de fournir un effort que nous n’avons pas encore accompli et de tenir sur une certaine durée.
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La perspective des prochaines années est d’autant plus préoccupante que l’Afrique est toujours en croissance démographique, tout comme l’Inde ou le Brésil et que ces zones géographiques sont déjà surexploitées alors qu’elles constituaient le poumon vert de notre globe!
Mais enfin nous n’y pouvons rien ou pas grand chose, comme jadis les passagers du Titanic. Espérons que la voie d’eau que nous avons provoqué nous-mêmes dans la coque de notre bateau commun pourra être contenue.
La diminution de l’augmentation de la population est directement liée à la mondialisation: dès lors que les femmes peuvent travailler en entreprise, elles font moins d’enfants. Cela est particulièrement observable en Afrique du Nord.
La robotisation ne favorisera le contrôle des naissances que si elle favorise aussi le travail des femmes. La lutte contre la surnatalité est donc aussi la lutte pour le développement.
Je ne crois pas qu’on puisse dire que la robotisation “favorisera” le contrôle des naissances. Je crois plutôt qu’elle paliera le vieillissement de la population et la diminution du nombre. Mais d’accord pour dire que le travail des femmes en entreprise est un facteur de diminution du nombre des naissances.
NB: les femmes travaillent aussi hors entreprise en étant les plus actives dans leur foyer.
Oui, nous allons avoir le couteau sur la gorge. La faim bientôt pour tous? Allons-nous nous laisser exterminer par les éléments naturels ou réagir avec tout le courage dont notre espèce a pu faire montre dans les guerres entre nations? Questions importantes: quand ? comment? Exemple: je crois plus à une attitude active face aux problèmes qu’à une auto-restriction. Pensez au carbone: il vaut mieux multiplier ces machines comme aux US qui extraient le CO2 de l’atmosphère puis stocker le carbone ou peut-être créer et stimuler des colonies de cyanobactéries. On ne peut que constater la rage que mettent les gens à voyager en avion le plus possible, et aussi l’omniprésence des pubs sur les autos, les embouteillages de plus en plus envahissants, la fièvre de consommation. Tout cela est irrépressible même par une dictature. Il sera impossible de réprimer ces soifs, les gens vont préférer mourir plutôt que de renoncer à leur confort. Et face aux volcans notre impuissance est totale: Hunga Tonga nous l’a montré récemment. Il faut donc multiplier et intensifier nos assurances-vie: coloniser les autres planètes, accroître nos connaissances pour nous rendre capables d’habiter l’inhabitable, augmenter nos moyens matériels… et un petit peu notre sagesse. Avoir une attitude active.
Vous écrivez ” On ne peut que constater la rage que mettent les gens à voyager en avion le plus possible, ”
On ne voyage pas par rage, mais dans un but précis et ce n’est pas à vous ni à personne de déterminer si le but est légitime ou non. C’est la base de la liberté de pouvoir aller et venir librement sas avoir de comte à rendre.
Vous critiquez l’avion, mais savez-vous que les trains allemands fonctionnant à l’électricité produite massivement avec du gaz et du charbon sont bien plus polluants que les avions ?
Traverser l’atlantique en bateau va polluer bien plus qu’en avion (sauf à le faire à la voile 😉 ).
Les gens n’accepteront pas de se priver de voyage en avion, des bienfaits de notre civilisation. Vous ne reprenez que la moitié de mon argumentation: si l’on ne veut pas retourner en arrière quand ça ira vraiment mal dans quelques générations, il faut extraire le CO2 et le rendre inactif pour le réchauffement. Vous ne voulez pas qu’ on en arrive à un point tel que la terre s’achemine vers la situation de Vénus où la température est très haute?… Rendez-vous dans une ou deux générations de canicules, de cultures assoiffées. Il faut agir. Les Américains ont inventé des machines pour extraire le CO2, je ne parle pas de ce qui se passe sur Mars où il s’agit d’extraire l’O2 mais d’usines retirant le CO2 de l’atmosphère terrestre (ils ont fait ça) . D’autre part internet rend possible des échanges qui autrefois nécessitaient un voyage effectif. Les Allemands ont beaucoup de charbon. Ils sont donc tentés de l’utiliser. Et leur pays est plus au nord, donc plus de chaleur peut ne pas leur sembler un grand malheur. Quant aux restrictions aux voyages en avion elles existent déjà à Paris, mais les trains, là, utilisent l’électricité nucléaire… à voir!
Un article fort intéressant, comme d’habitude. J’imagine que si la vie a existé sur Mars, elle a dû subir également des extinctions et donc une adaptation de cette vie aux conditions actuelles si elle existe encore dans le sous sol Martien.
Merci Pierre pour cette excellente histoire de notre lointain passé, qui met en évidence la grande improbabilité (mais qui s’est realisée) que nous puissions échanger aujourd’hui par le biais de ce blog, chacun situé aux antipodes de la planète.
Espérons qu’au final l’IA soit réellement intelligente et qu’elle ait développé, à notre insu, des règles éthiques irréprochables qui lui commanderont de tout mettre en œuvre pour sauver l’Humanité de son destin actuel.
On peut toujours rêver, c’est même (encore) gratuit. 🙂
Merci, cette synthèse m’a passionné.
Bonjour
Les donnees portant sur l importance de la disparition d especes a l epoque actuelle ne sont pas claires.
D autre part les donnees portant la composition du GIEC montrent qu il comporte surtout des climatologues et des economistes: cela manque d astrophysiciens et d astronomes. Donc tout est parcellaire dans cette affaire.
Bonjour Niogret,
Les données portant sur l’importance de la disparition d’espèces ne sont peut-être “pas claires” mais elles me semblent évidentes. Vous n’avez qu’à vous “promener” à la surface du globe pour constater la déforestation, la prolifération humaine et donc la destruction des habitats où les autres espèces prospéraient. On ne peut nier que les Gorilles ou les Rhinocéros (pour ne prendre que deux espèces emblématiques) ne soient plus qu’une poignée. Je ne veux pas oublier non plus l’Océan et les différentes pollutions que nous y avons répandues (sans oublier les désastres causés par la surpêche). Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il y a des déchets plastiques partout sur les plages et sur les grèves et cela est une grosse différence par rapport à ce que j’ai connu dans ma jeunesse.
Quant aux GIEC je m’en méfie également compte tenu de sa composition et de ses orientations a priori. Mais il n’empêche que l’écume ne peut dissimuler la vague.
J ai une question : quand une particule chargee traverse un champ magnetique produit par exemple par un solenoide elle est deviee et provoque l apparition d un courant electrique dans un autre solenoide traverse et donc ma question est la suivante: ou passe donc l electricite produite par l interaction du champ magnetique terrestre et des particules chargees ? solaires ou cosmiques.
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Et comment se transforme l energie cinetique enorme de ces particules chargees qui arrivent a tres grande vitesse?
Sans aller me “promener à la surface du globe”, je constate chez moi la diminution du nombre des oiseaux. Si je me promène dans la campagne, je n’entends plus toutes ces alouettes qui faisaient ma joie étant enfant. Les moineaux, il faut avoir de la chance maintenant pour en voir et les enfants ne savent plus ce qu’est un hanneton. Les papillons se font rares, machaons et même piérides. Les chasseurs en sont à introduire “artificiellement” le gibier qu’ils tireront. On peut accuser les désherbants chimiques mais essayez de sarcler quelques heures. Qui est responsable et surtout quelles sont les activités nocives qui sont inutiles?
Hi Pierre
Just came across:
https://phys.org/news/2023-06-webb-space-telescope-universe-distant.html
Your opinion?
With complex molecules so early in Universe creation, meaning elements of life could emerge earlier as thought?
Thanks
Merci Serge. Oui il est étonnant que des molécules complexes (hydrocarbures aromatiques polycycliques) aient pu être formées si tôt dans l’espace (il y a 12 milliards d’années). Cependant, ce ne sont que des molécules. Leur existence n’est pas une raison suffisantes pour que (1) les “bonnes” molécules (utilisables par la vie) se soient formées à cette époque et (2) que la nature ait su comment les assembler pour en faire des cellules vivantes.
Bonjour Monsieur
La temperature moyenne sur la planete Mars aurait augmente de 0.65 degres des annees 70 au annees 90 !
Serait ce du a l activite humaine ?
0.65 c est enorme.
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il faut que le GIEC se penche sur le probleme car , a ce train la Mars va rapidement redevenir habitable !
Il semble que l’actuelle élévation de température sur Mars soit causée par une diminution de l’albédo de la planète due à une augmentation de l’intensité de tempêtes de poussières, poussières qui assombrissent les calottes en s’y déposant, augmentant l’absorption du rayonnement solaire. Ce phénomène n’existe pas, du moins à cette échelle, sur Terre. On ignore par contre la cause de cette augmentation d’intensité des nuages de poussière ayant déclenché le processus de diminution d’albédo et de ce fait un réchauffement global sur Mars (source: Futura-Sciences).
Cette variation serait due à une plus grande activité des tempêtes de poussières, modifiant l’albédo de la planète. Les calottes recouvertes de ces poussières absorbent plus le rayonnement solaire. Un phénomène qui n’existe pas, du moins à cette échelle, sur Terre. On ne connaît pas par contre la cause de cette augmentation des nuages de poussière survenus à partir de 1970, qui ont déclenché tout le processus de perte d’albédo et de réchauffement global.
Oui mais …. l iradiance solaire moyenne est passee de env 200w/m2 periode de 1850 a 1950 a env 300w/m2 periode de 1950 a 2000 c est a dire le periode dont nous discutons ?
Oui mais … pour que l’on puisse réagir valablement à vos commentaires, pourriez-vous svp citer vos sources et être un peu plus précis: de quelle irradiance solaire parlez-vous? Moyenne au niveau de l’orbite terrestre (env. 1’360 W/m2) ? Moyenne au sol sur Terre (sans, ou avec, l’effet de l’atmosphère? si c’est sans, c’est un quart de la valeur précédente)? Ou est-ce sur Mars (valeur moyenne au niveau de l’orbite: 586 W/m2), planète dont il était question ici? Dans tous les cas, les chiffres que vous avancez ne correspondent pas aux données que j’ai et que l’on peut vérifier par de petits calculs partant d’une puissance d’émission solaire de 3,826 10^26 W (qui n’a guère varié depuis longtemps!) et des distances au Soleil respectives des planètes ainsi que de leurs rayons.
OUI MAIS !
Pierre vous avez raison il y a un truc qui ne va pas :je vais regarder ca en detail .
cordialement
Bonjour
Effectivement je me suis trompe d echelle :il fallait voir 1360 w/m2 et 1361 w/m2 environ (source cnrs edition Thierry Dudok de Wit et Jean Lilenstein ) mais ne me demandez pas si c est au niveau du sol ou au sommet de l atmosphere je n en sais rien. de toutes facons ces valeurs d irradiance sont valables depuis qu on les mesures par satellite mais pour les periodes precedentes elles sont reconstituees par differents moyens ce qui m amene a penser qu il est preferable de compter les taches solaires dans les differents segments . Par contre en cherchant a vous repondre je suis tombe sur une correlation montrant qu il n existe pas de lien entre la concentration atmospherique en CO2 et les anomalies de temperature entre 1998 et 2012 ce qui m a etonne.
Cordialement nb: en ce qui concerne l augmentation de temperature sur Mars certains disent que la baisse de reflectance liee a la poussiere en est la cause tandis que d autres estiment que cette tempete qui recouvrait toute la planete empeche le rayonnement solaire d atteindre le sol et aurait du induire une baisse de temperature de 4 degres c ,,??