La pérennité du « Système de support vie avancé » du vaisseau Terre est en question, nous sommes responsables

Nous sommes tous embarqués dans le vaisseau-spatial « Terre » qui, sous l’emprise gravitationnelle de son étoile, le Soleil, orbite autour du centre de notre galaxie à la vitesse « folle » de 200 km/s. Notre système approche et s’éloigne des systèmes voisins mais les distances aux étoiles proches qui sont emportées comme nous-mêmes dans cette gigantesque ronde, restent énormes puisqu’elles se chiffrent en années-lumière, 4,3 pour Proxima du Centaure notre plus proche voisine aujourd’hui. Il faut environ 27.000 ans à la lumière émise par le Soleil pour parvenir jusqu’au centre de la Voie Lactée dont le diamètre est d’environ 100.000 années-lumière et dont nous ne faisons le tour qu’en 240 millions d’années. La dernière fois que nous étions au même endroit par rapport à ce centre, le Trias de notre histoire géologique commençait et la vie récupérait après l’une des grandes-extinctions les plus terribles connues qui avait marqué la fin du Permien. Les premiers dinosaures ainsi que les thérapsides, nos ancêtres reptiliens qui avaient survécu à un abaissement considérable de la quantité d’oxygène dans l’atmosphère, avaient un boulevard devant eux.

Le temps a passé, les dinosaures ont acquis une position dominante puis ont disparu lors de la grande-extinction suivante qui a laissé le champ libre aux mammifères il y a 65 millions d’années et nous voici, nous les hommes, petits nouveaux en ce monde puisque notre espèce ne remonte qu’à 3 millions d’années (ou 7 si l’on part de la différenciation de nos ancêtres d’avec ceux des grands singes), pleins de capacités extraordinaires mais aussi pleins d’arrogance, en train de provoquer la « sixième » grande-extinction ! Il ne faut en effet pas être « grand-clerc » pour constater la catastrophe écologique dans laquelle nous nous enfonçons, de notre fait. Mais nous avons des œillères et en plus la vue courte.

Où en sommes-nous ? La population humaine de la Terre a dépassé les 7,3 milliards d’individus, elle n’avait pas atteint les 2,5 milliards quand je suis né, avant 1950, et on nous dit qu’elle pourrait dépasser les 9 milliards en 2050 (projection moyenne). Certains s’en réjouissent, d’autres s’en moquent, je m’en effraie. Réfléchissons ! Un quadruplement en cent ans, est-ce bien raisonnable ? Sommes-nous si certains que notre « vaisseau » Terre disposera, demain comme aujourd’hui, des ressources nécessaires et que nous saurons les exploiter de telle sorte qu’elles restent suffisantes et puissent se renouveler pour « la suite » ? Déjà nos frères animaux non-domestiques disparaissent par espèces entières à une vitesse effectivement indicative d’une grande extinction. Notre égoïsme est insondable ; nous ne pensons qu’à nous. Mais au-delà de cet aspect moral, nous faisons comme si nous n’avions pas besoin des autres formes de vie, comme si leur disparition pouvait nous laisser indemnes, comme si nous étions de purs esprits. Nous persévérons dans les comportements suicidaires. Les sacs plastiques envahissent non seulement nos décharges sauvages sur Terre mais aussi nos océans. Le taux de gaz carbonique atteint des niveaux jamais atteints depuis des centaines de millions d’années, les poussières de natures diverses nous empoisonnent littéralement, la température globale monte, les banquises de glace fondent en milliers de km3. Les coraux meurent, les tortues meurent, les poissons meurent, les insectes meurent, les oiseaux meurent, les gros mammifères sauvages ne sont plus que des souvenirs et nous pensons « nous en tirer » !? Qui va polliniser nos fleurs ? Comment contrôler notre équilibre climatique et celui, biochimique, de nos sols ? Qui va contrôler l’équilibre biologique de notre environnement, y compris microbien ? J’ai été très choqué d’apprendre récemment que la forêt avait quasiment disparu de Côte-d’Ivoire ; les média en ont vaguement parlé à l’occasion des problèmes que cela posait pour la pousse des cacaoyers ! Et le reste ? Ce pays était à 90 % couvert de forêt quand j’étais jeune. En Amazonie c’est pareil, on fait pousser du soja après avoir brûlé la forêt primaire. En Indonésie, on fait pousser des hévéas sur les cendres des arbres d’essences prodigieusement variées qui poussaient sur ce sol depuis des dizaines de millions d’années et tant pis pour ces espèces végétales et pour les orangs-outans (et les autres animaux) qui meurent par milliers alors qu’ils sont sur le point d’extinction. La forêt c’est la production d’un solde positif d’oxygène pour la planète, c’est la diversité de la vie, toutes sortes de molécules y ont été concoctées depuis plusieurs centaines de millions d’années, nous en avons besoin pour élaborer nos médicaments, pour nous nourrir, pour que les autres formes de vie puissent persister. Sommes-nous si stupides que nous pensions pouvoir nous en passer ?! Certains parmi nous sont conscients. Ils doivent non seulement alerter mais faire prendre conscience aux autres du grand danger et faire appliquer les solutions. Il n’y en pas « trente-six » mais seulement trois. Il y a obligation de résultat et la voie est très étroite.

La première solution, et ça déplaira aux « bonnes-âmes » mais tant pis, c’est de stopper l’explosion démographique. La population humaine n’est pas sur le point de disparaître faute de naissances, elle est en train d’étouffer sous les naissances. Et n’en déplaise aux mêmes bonnes-âmes c’est dans les pays « en voie de développement » et surtout en Afrique mais aussi en Asie ou en Amérique Latine que le problème se pose. C’est dans ces pays qu’il faut changer les mentalités, éduquer, introduire le planning familial, faire comprendre, car dans les autres les populations se sont stabilisées. Les adultes doivent accepter que les enfants ne soient pas la seule solution pour leur permettre de survivre dans leurs « vieux jours », les œuvres humanitaires, que leur rôle n’est pas de favoriser le plus possible de naissances mais uniquement celles pour lesquelles il y a une issue vers une bonne éducation et une évolution responsable et viable. Il est trop facile de dire qu’il y a suffisamment de richesses pour tous ou que l’on peut facilement en créer, ce n’est pas vrai.

La deuxième, c’est de gérer nos ressources et nos déchets beaucoup plus sérieusement. Une des caractéristiques essentielles de la vie depuis les premiers procaryotes c’est que l’organisme vivant se sépare de ses rejets métaboliques. Nous le faisons individuellement plus ou moins bien mais nous le faisons collectivement de façon toujours catastrophique sans nous soucier suffisamment de la récupération / réutilisation et de la pollution. Si nous ne changeons pas nos pratiques, nous sommes condamnés de ce fait à disparaître. L’« écologie-industrielle » théorisée par le Professeur Süren Erkman (Université de Lausanne) est la voie qu’il faut suivre. Elle consiste à refuser le retour en arrière, vers un âge d’or bucolique qui n’a jamais existé et que l’on ne pourrait plus supporter compte tenu de notre nombre et de nos standards civilisationnels, et à choisir un traitement technologique de la situation. Ne crachons pas sur le progrès, c’est la seule solution pour continuer notre développement économique tout en réduisant notre impact écologique. Cela veut dire qu’il faut être toujours plus économes de nos ressources, utiliser ces ressources en pensant toujours à limiter les dégâts que nous causons, réutiliser tout ce que nous avons déjà extrait du sol de notre planète et se mettre en capacité de le faire dès le début de tout processus industriel, pour éviter les productions trop difficiles à recycler. Pour évoluer au mieux selon cette ligne, il faut voir que les missions spatiales longues et lointaines sont des « analogues » précieux pour étudier et mettre en application la soutenabilité des processus pour la Terre; il faut prendre conscience que le contrôle des systèmes clos étudiés pour l’espace (projet MELiSSA par exemple) introduit des connaissances spécifiques indispensables pour mettre en place une « économie circulaire » sur Terre et qu’il faut donc considérer ces études avec sérieux et les faire progresser très vite (ce qui n’exclut pas, bien au contraire, l’investissement dans les innovations ni la croissance des richesses).

La troisième c’est de partir essaimer ailleurs. Nous savons que pour qu’un système aussi colossal que le système écologique anthropisé terrestre se redresse, il faut prendre en compte une force d’inertie considérable. Tel pays (dont probablement la Suisse) prendra assez facilement des mesures conservatives et dynamiques, d’autres (comme la Chine) ne les prendront que contraints et forcés par les nuisances dont ils souffrent de leur fait* mais les prendront tout de même, d’autres enfin ne le feront que sous la pression de la collectivité mondiale. Dans ces conditions nul ne peut dire aujourd’hui que les conséquences de l’accélération de l’explosion démographique et de la pollution commencée dans les années 1960 pourront être maîtrisées avant le naufrage corps et bien de notre humanité. Il nous faut une solution de rechange à un éventuel échec sur Terre. Il nous faut au moins un canot de sauvetage ou plutôt une nouvelle arche de Noé où nous tenterons de sauver ce que nous avons de plus précieux, nos graines et notre mémoire ; il nous faut très vite une base martienne créée pour durer et nous survivre en cas de besoin.

*L’exploitation des terres-rares, notamment, a conduit à des situations écologiques épouvantables.

Nous sommes responsables de notre destin. Nous avons un devoir vis-à-vis de nos ascendants dont nous portons la mémoire, vis-à-vis de nos descendants auxquels nous préparons un enfer si nous ne faisons rien ou pas assez, et vis-à-vis de l’Univers entier car les êtres conscients et capables de communiquer et de se diriger en fonction de leur volonté y sont sans doute extrêmement rares ; nous sommes peut-être les seuls, un merveilleux accident non reproductible de l’Histoire. Réfléchissez et agissez! Si nous ne faisons rien ou pas assez, le Soleil et le vaisseau Terre qui lui est indissolublement lié continueront certes leur « course folle » autour du centre galactique, mais ses passagers humains, nos descendants directs, ne pourront bientôt plus s’en émerveiller ou en parler car, prisonniers de leur unique planète de naissance, ils seront tous morts étouffés par la masse de leurs enfants et sous leurs propres déjections.

Lecture :

« Vers une écologie industrielle » Par Suren Erkman chez Charles Léopold Mayer (2004).

« La guerre des métaux rares (la face cachée de la transition énergétique et numérique) » par Guillaume Pitron, éditions « Les Liens qui Libèrent » 2018.

Image à la Une: La Terre avec en premier plan la Lune. Photo prise par la sonde japonaise SELENE / “Kaguya” en 2008. Crédit JAXA / NHK. Une planète bleue et chaude dans un univers gris et noir. Toute notre humanité, toute notre histoire sont là dans ce globe précieux. Nous lui devons notre amour et notre respect.

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

35 réponses à “La pérennité du « Système de support vie avancé » du vaisseau Terre est en question, nous sommes responsables

  1. Votre analyse est correcte: nous sommes au pied du mur et devons agir .
    Ce qui me choque le plus est de constater que les managers des cents premières grandes sociétés mondiales soient totalement opaques à ce genre de discours, on ne les entend que pour affirmer la nécessité de la croissance qui ne fait qu’accélérer les dégâts et donc la fin de ce modèle devenu absurde.
    On peut l’illustrer facilement en prenant l’exemple de la gestion de l’ivoire des éléphants : les braconniers s’imaginent que tuer les éléphants va leur apporter plus de richesses, mais cette vision est trompeuse puisqu’à long terme, la disparition des éléphants va ruiner leur business. C’est donc en préservant cette espèce qu’ils pourront espérer perpétuer leur commerce. On a ainsi stoppé la chasse aux baleines juste à temps.
    Les industriels sont les braconniers de la planète entière, ils ne se rendent pas compte qu’ils détruisent leurs intérêts futurs et en même temps toutes les espèces, la notre y compris.
    Des trois solutions que vous proposez, il faut privilégier la seconde. Si un petit pays comme le Costa-Rica arrive à préserver sa bio diversité et produire son énergie sur une base renouvelable, alors tout le monde peut le faire, ce n’est qu’une question de volonté.
    La troisième solution n’est pas à écarter à priori, mais à bien plus longue échéance , bien que je sois sceptique sur sa faisabilité , parce Mars n’est pas un bon choix ni pour l’avenir lointain, ni à courte échéance vu notre faible capacité technique d’y arriver.
    J’en ajouterais une quatrième consistant à bâtir des villes en orbite autour de la Terre en réduisant notre impact sur notre planète et en préparant les voyages lointains.
    Mais comme nos actions doivent être rapides, les solutions immédiates ne se trouvent que sur Terre !

    1. Juste une petite remarque, l’espace interplanétaire, même en comptant les astéroïdes (en admettant que l’on puisse utiliser leurs ressources et les ramener à proximité de la Terre), etc., offre encore moins de ressources accessibles que notre bonne vieille Terre. D’où viendront en particulier les matériaux pour construire et maintenir ces “villes en orbites” que vous mentionnez et qui devraient être nombreuses et de très grande capacité pour qu’elles puissent vraiment constituer une solution?

      1. Remarque tout à fait justifiée. Il serait beaucoup plus difficile de construire des “îles de l’espace” (comme le voulait Gerard K. O’Neill) que de s’installer sur Mars. Ceci dit, puisque je me réfère au projet le plus sérieux concernant ces îles, et pour être complet, je dirai que Gerard O’Neill envisageait que la matière servant à construire ses “îles” proviendrait de la Lune. Elle serait constituée de régolite extrait du sol lunaire, compactée et expédié par paquet vers le Point de Lagrange L2 (par une rampe électromagnétique) où elle serait transformée grâce à l’énergie solaire, en verre, métal, autres. Le travail sur la Lune serait entièrement robotisé…Tout un programme!
        NB: je trouve moi-même l’idée très séduisante car ces îles permettraient notamment de choisir la gravité et le climat préférés par ses habitants mais d’un autre côté il faut convenir qu’elles ne seraient (seront?) pas facile à concrétiser!

  2. Il est en effet important de tirer la sonnette d’alarme concernant l’état préoccupant du “vaisseau spatial” qu’est notre Terre et du peu de soin que nous lui accordons. La mesure la plus importante est certainement de gérer en effet mieux que nous le faisons actuellement les ressources de notre planète, de limiter les pollutions au maximum et de recycler, recycler, recycler, … comme on devra le faire dans un vrai vaisseau spatial ou une base sur Mars par exemple!
    En ce qui concerne l’explosion démographique, il faut d’abord remarquer qu’elle est en partie derrière nous (si on parle bien “d’explosion”). Dans tous les pays, et pas seulement les pays développés, les taux de croissance ont déjà bien diminué (ils sont même devenus négatifs dans beaucoup de pays occidentaux) et tout laisse à penser que cette tendance va se poursuivre et même s’amplifier. Mais c’est un domaine où l’inertie est grande; nous devrons inévitablement subir encore un certain temps les conséquences des fortes poussées démographiques du siècle passé. Par ailleurs, la seule approche qui a montré son efficacité dans ce domaine est le développement, avec en particulier une meilleure éducation, une meilleure information et de meilleures perspectives de niveau de vie, en particulier pour les vieux jours. Tout cela ne s’implémente pas du jour au lendemain dans les pays qui ne jouissent pas encore de ces conditions. En outre, si on veut ne pas dépasser les limites rappelées dans le premier paragraphe, cela suppose que nous acceptions, nous dans nos pays développés, de voir sans doute notre propre niveau de vie baisser un peu pour que d’autres puissent augmenter le leur. Sommes-vous prêt à le faire? Attention également, les évolutions exponentielles font très vite changer les choses, dans un sens comme dans un autre. Un taux de renouvellement des générations qui deviendrait trop négatif trop longtemps pourrait bien conduire à un effondrement incontrôlable de la population humaine et cela relativement rapidement (c’estpeut-être le sort naturel qui attend toute espèce vivante d’ailleurs). Dans ce domaine, les équilibres sont très difficiles, si ce n’est impossibles, à atteindre.
    Concernant la dernière mesure, je pense qu’ “essaimer” est un terme qui prête à confusion. Il ne sera jamais possible (du moins dans un avenir prévisible) de transférer une part significative de l’espèce humaine sur une autre planète. Comme sur le Titanic, il n’y aura (de très loin) jamais assez de “canots de sauvetage” pour cela. La seule chose effectivement envisageable est d’avoir ce que j’appelle des “boutures” (très limitées) de l’espèce humaine sur d’autres corps célestes qui pourraient faire “repartir” le cas échéant la colonisation de notre Terre après une catastrophe d’envergure planétaire qui l’aurait frappée. De ce point de vue, l’analogie avec l’arche de Noé me semble en effet plus adaptée. Mais on est là dans le scénario complètement pessimiste, espérons que nous n’aurons pas à en arriver à cette extrémité, en tout cas par notre faute. Il vaut quand même mieux tabler sur les deux premières séries de mesure!

  3. La Côte d’Ivoire a sacrifié sa forêt pour devenir et rester, de loin, le 1er producteur mondial de cacao, denrée qu’elle ne consomme même pas. Un désastre écologique mais également un mauvais modèle économique : la RCI ne s’est jamais enrichie sur le cacao tandis que les cultures de subsistance sont rendues de plus en plus aléatoires par le changement climatique que provoque la disparition de la forêt. La RCI est un bel exemple des ravages de la monoculture de rente sur l’environnement. Pensons-y lorsque nous croquons nos carrés de chocolat devant la télé!!!

  4. Densité population
    Suisse 202p/km2 vs Brésil 23 hab/km2
    U.E 117 p/km2 vs Afrique 34 hab/km2
    “C’est dans ces pays qu’il faut changer les mentalités”
    Emissions CO2 t/hab (cet indicateur est incomplet car il exclut le co2 des échanges commerciaux
    or: l’usine du monde + électronique + voitures… -je vous laisse faire le lien avec ces mots clefs- )
    Nigeria 0.5 ; Suisse 5; US : 16
    ” Réfléchissons ! Un quadruplement [de la population] en cent ans, est-ce bien raisonnable ?”
    -> Le PIB/personne est augmenté d’un facteur 10-20 (!) en 100 ans dans les pays riches.
    est-ce bien raisonnable ?
    Nombre de passagers d’avion par an: 4000 M (2017) (taux de croissance à 8%/an…)
    part de passagers africains, sudest asiatique ? radiative forcing des émissions à grande altitude?
    Voitures par 1000 hab
    Suisse: 550, US: 950 Bangladesh: 2
    “la paille et la poutre…” “Notre égoïsme est insondable” Je suis d’accord.

    1. Ce n’est pas la peine d’en rajouter et puis je ne sais pas si vous avez remarqué que la densité de la population est très différente sur les côtes et à l’intérieur du Brésil. Je ne sais pas non plus si vous avez remarqué que le Brésil était jadis recouvert d’une importante forêt primaire et que chaque année des milliers de km2 sont brûlés pour y faire pousser du soja ou autres plantes de ce genre. Je ne sais pas si vous avez remarqué que la population du Brésil est aujourd’hui de 206 millions d’habitants et qu’elle n’était que de 62 millions en 1955. Vous êtes satisfait? moi pas!
      Ce n’est pas parce que les pays européens ont atteint une densité de population très élevée (maintenant sous contrôle) qu’il faut encourager les populations des pays en voie de développement à faire “aussi bien” qu’eux (ironie). Ça me semble une réaction très puérile car nous partageons une seule et même planète et on ne va pas faire une course pour que le gagnant soit celui qui fait exploser le tout. Si vous voulez que les Bengali aient autant de voitures que les Suisses, bonjour les dégâts.

      1. Je ne souhaite pas q le reste de la planète devienne comme les pays riches. Non seulement c’est la destruction comme vous dites, c’est simplement impossible en termes de ressources (par ex il faudrait passer de 37Gtbp/an à 200 GTbp/an sachant q ceci epuiserait les reserves mondiales en 5-10 ans, sans parler de l’explosion du budget carbon, qui depasserait la limite moyenne théorique co2 pr les +2C en ~36 mois… ) juste pour donner un example de lirrationalitè de notre consommation. Ma critique va dans l‘ironie de l‘egocentrisme du discours moraliste qui pointe du doigt les pays pauvres alors q la surcosommation et la croissance economique comme dogme ont un impact sur l‘environnement bien plus important. Ceci n’est pas une opinion, c’est un fait. La consommation en ressources clefs: eau, petrole, viande, a augmenté dun facteur 10-100 dans le dernier siecle. Or la croissance demographique ne pourrait expliquer q 4 a 5 fois cette augmentation. Ajd la population croit a 1.09%/an alors q leconomie mondiale croit a 4%. Leffet relatif est presq 400% plus significatif!!! ça depasse ma comprehension qd ceux qui veulent sauver le monde critiquent les pauvres tout en pronant une croissance de leur economie bien « healthy » . Et cerise sur le gateau: pr sauver les meubles ils se convainquent qu’on peut Découpler croissance et impact environnemental en montrant des etudes des pays « modeles » sur lesquels… on ne controle pas les echanges commerciaux!

        1. Vous donnez des chiffres mais ces chiffres évoluent en fonction des technologies. Si effectivement les ressources étaient consommés avec les technologies du 19ème siècle et l’efficience limitée des moyens dont nous disposions au début de l’époque industrielle, nous ne disposerions sans doute déjà plus de ressources accessibles. Non, contrairement à vous, je pense qu’on peut développer une économie utilisant mieux les ressources et capable de recycler davantage. C’est cela l’espoir qu’on peut avoir et cela permettrait à la croissance de continuer donc de créer davantage de richesses (qui ne veut pas dire davantage de matière consommée) pourvu encore une fois que la population mondiale ne croisse pas de façon exponentielle.

          1. Je peux voir dans vos arguments que vous êtes quelqu’un de bonne foi et que vous avez réfléchi à la question de nos ressources finies et du cataclysme écologique que nous vivons. Cependant la bonne foi ne suffit pas pour faire un diagnostique correct d’un problème donné. Vos arguments sont en fait valables (logiques) selon votre axiome de départ selon lequel la croissance économique perpétuelle est possible dans un monde fini grâce au progrès technologique. Or ce point-ci auquel vous croyez et qui vous donne de l’espoir n’a pas besoin d’être axiomatique, car en appliquant d’autres axiomes que l’état actuel des connaissances humaine accepte, telles que les limites thermodynamiques de l’efficience des machines (i loi et ii loi thermodynamique), tout en plaçant les frontières du système d’étude de façon correcte on peut démontrer que votre affirmation est incorrecte. (d’ailleurs non seulement on peut le démontrer théoriquement mais les données empiriques le confirment c.f. Wiedmann et al 2015, Steffen et al 2015, Richmonet & Kauffmann 2006, Sorrel 2010…) Pour vos donner une première idée des limites (ce n’est pas la preuve mais qqs chiffres qui peuvent vous motiver à faire des recherches plus approfondies) les usines à gaz à cycle combiné sont à près de 95% de la limite de Carnot (ii loi thermo). Les éoliennes de dernière génération approchent 80% de la limite de Betz (i loi thermo) les moteurs à combustion interne approchent 80% de la machine de carnot (ii loi), les moteurs électriques à aimant permanent de dernière génération tournent à 95% d’efficacité, les panneaux solaires en Si p-n (1 couche) sont à ~82% de leur limite théorique… inutile de parler des batteries et terres rares, ou le fait que les vaches ajd produisent 2 fois plus de lait qu’auparavant, ou la volaille à 50pièces/m2 ou les 56 milliards d’animaux doméstiques sacrifiés chaque année,… c’est quelle procédé que vous voulez rendre plus productif ou efficace? Or une croissance de 3.5%/an même à population constante augmente la taille de l’économie de 51%… en 12 ans! alors que les machines et nos moyens de production (et exploitation) atteignent les limites théoriques de nos axiomes physiques! (et de nos surfaces terrestres exploitables, mais pas de nos limites éthiques 😉 ) Je suis bien conscient que des économistes respectés tels que Krugmann “croient” que la croissance infinie est possible parce qu’il exprime sa “foi infinie” dans la créativité humaine. Je m’excuse, je respecte M. Krugmann, mais cet argument n’est pas un argument scientifique, c’est un espoir, une illusion, qui n’est pas la même chose.

          2. Je crois que nous ne nous comprenons pas. Je ne prétends pas que la croissance des productions matérielles puisse aller à l’infini. Je parle de croissance économique et cette croissance comprend aussi bien des services que des productions intellectuelles et des productions physiques, tout ce qui peut être affecté d’une valeur marchande et donc être produit et échangé. Dans notre société actuelle on constate déjà que les services représentent une part de plus en plus importantes de la “production”. Par ailleurs, sur le plan des productions physiques, je crois que Paul Krugmann a raison, les technologies les plus productives restent à inventer et elles sont par définition encore inconnues à ce jour.
            Le problème avec la croissance de la population c’est qu’elle requiert que pour y faire face, nous devions produire de plus en plus physiquement (de la nourriture, de l’eau potable, des logements, etc…) sauf à améliorer constamment notre recyclage mais nos possibilités dans ce domaine sont quand même limitées.

  5. Les chiffres de LEO (?) sont intéressants. En effet, ce n’est certainement pas les pays du tiers-monde qui “surchargent la barque Terre” aujourd’hui et on peut difficilement demander à ces pays d’en rester à un relativement bas niveau de vie alors que nous ne nous sommes pas, nous, trop gênés pour “piller” les ressources de notre planète pour atteindre le nôtre. C’est ce que je disais dans mon commentaire précédent, il faut que ces populations moins favorisées atteignent de meilleurs niveaux de vie, ne serait-ce que pour limiter l’incitation à une forte croissance démographique, mais pour respecter les limites des ressources terrestres cela impose inévitablement de notre côté d’accepter une certaine baisse de notre consommation de celles-ci. De nouveau, sommes-nous prêts à le faire? Demander aux autres de ne pas faire les erreurs que nous avons commises et de limiter leur aspiration à atteindre un niveau de développement supérieur est non seulement se bercer d’illusions mais encore très discutable sur le plan éthique. Nous (pays occidentaux) sommes les principaux responsables de la situation actuelle et c’est donc à nous en premier lieu d’y apporter remède, même si cela doit nous coûter. Nous partageons effectivement la même planète, ce qui nous impose d’être solidaire et de chercher à répartir plus équitablement ses richesses. Des études ont montré qu’en ce qui concerne les besoins en nourriture par exemple, la Terre peut aisément accommoder une population de plus de 10 milliards d’individus (pic qui sera probablement atteint, avant de voir la population redescendre, … peut-être même plus vite qu’il serait souhaitable!); c’est uniquement l’accès à celle-ci (et à d’autres ressources) par tous qui pose problème.

    1. Là je ne suis pas d’accord. L’augmentation de la population n’est pas un concours avec une médaille à la fin. Il s’agit de personnes, d’êtres humains, et je trouve totalement irresponsable de la part des gouvernements qui contrôlent les territoires où elles se trouvent et de la part des ONG spécialisées, de laisser les populations les plus pauvres engendrer des multitudes d’enfants qu’elles n’ont pas les moyens d’élever. Maintenant on ne pourra peut-être pas limiter l’augmentation de la population avant qu’il soit trop tard (ce que je crains). Mais je ne pense pas qu’il soit plus réaliste d’envisager que les populations “nanties” se sacrifient pour exprimer leur solidarité. Le mieux qu’on puisse espérer c’est que dans les pays riches, le recyclage soit mieux fait et les nouvelles productions plus sérieusement réglementées vers une économie plus respectueuse de l’environnement et des ressources finies dont nous disposons. C’est pour cela que je pense que la meilleure solution serait la mise en oeuvre d’une véritable “écologie industrielle” comme le préconise le Professeur Suren Erkman.
      Quant à nourrir une population de 10 milliards de personnes, j’imagine les difficultés que cela représenterait pour des pays à l’échelle des pays où la natalité va croître le plus, comme l’Egypte ou le Nigeria, ou pour les pays “riches” qui recevraient (recevront?) le trop plein!

  6. Où a-t-il été question d’une course à l’augmentation de la population “avec une médaille à la fin”?! Au contraire, je le répète, on constate actuellement une baisse du taux de natalité, et même assez forte, dans TOUS les pays, tiers-monde compris (mais dans certains pays, on part de haut; à noter que, surtout dans nos campagnes, c’était aussi le cas chez nous il n’y a pas si longtemps!); ce qui à terme pourrait d’ailleurs aussi devenir un problème (décroissance exponentielle devenant incontrôlable et impossible à arrêter; bien des espèces ont déjà connu ce phénomène et se sont éteintes après être passées par un pic). Mais, à moins de préconiser un système totalitaire, on n’impose pas un contrôle des naissances de manière autoritaire. Quels seraient d’ailleurs les critères pour décider du nombre optimal d’enfants qu’une famille “a les moyens d’élever”? Et comment assurer que ce nombre ne soit pas dépassé? Que faire des bébés nés malgré tout “par accident”? Et de leurs parents, va-t-on les emprisonner … ou les stériliser de force?! L’histoire nous enseigne que la seule façon efficace de faire baisser la natalité est d’accroître le niveau de vie des populations, ce qui leur donne accès à une meilleure éducation et information, à des moyens de contraception efficace, etc. … et, il faut bien le dire, à faire preuve aussi d’un plus grand “égoïsme”.
    Et pour cela, si on ne veut pas excéder les limites des ressources de notre planète, il n’y a pas 36 solutions. Outre, évidemment, une meilleure gestion globale et plus grande efficacité d’utilisation, il faut bien, pour que certains qui en utilisent actuellement très peu au détriment d’un bon niveau de vie puissent en utiliser plus, que d’autres, mieux lotis et, encore une fois, ne s’étant pas trop gênés pour puiser allègrement dans celles-ci pour atteindre leur haut niveau actuel, acceptent de réduire quelque peu leur consommation. C’est la seule approche éthiquement défendable; vouloir faire “porter le chapeau” à ceux qui sont déjà les moins favorisés conduira inévitablement au final à une “insurrection” sans doute violente de ceux-ci (voir la Révolution française!). Encore une fois, nous n’avons qu’une planète, et ses ressources appartiennent à tous et doivent êtes partagées le plus équitablement possible. Accepterait-on, pour rester dans le thème de ce blog, que dans un vaisseau spatial à destination d’un autre système solaire une classe de privilégiés accaparent pour elle-seule le gros des ressources disponibles à bord, laissant le reste des “passagers” se partager péniblement et spartiatement les restes?

    1. Je crois qu’on ne tombera pas d’accord sur ce point! Je pense qu’il est illusoire de penser que ceux qui sont “mieux lotis” acceptent d’être moins consommateurs par simple altruisme. Je pense que la solution comme je l’ai déjà dit, est l’utilisation plus judicieuse des ressources (par exemple sacs bio dégradables plutôt que sac en plastique) et au recyclage, facilité par des productions qui à l’origine du processus industriel le prévoient.
      Je vois mal d’ailleurs comment on pourrait procéder à une meilleure allocation des ressources entre pays riches et pays pauvres. Beaucoup de pays pauvres vivent du peu qu’ils vendent aux pays riches. Si les seconds se sacrifiaient (comment?) au bénéfice des seconds, on retrouverait le même problème de la production et de la sur-exploitation chez les premiers.
      Le problème de l’explosion démographique reste crucial. Il faudra le résoudre d’une manière ou d’une autre en espérant que l’inertie actuelle du phénomène ne nous conduise pas avant, à une catastrophe c’est à dire à des migrations incontrôlées, des épidémies et à des guerres.

  7. Sur le fond je vous rejoins. Il est nécessaire de mettre en place des systèmes de production circulaires (quite à sortir du paradigme économique dans lequel nous sommes enfermés), disposer d’un second vaisseau monde (ou de plusieurs : quid de Vénus ?) et de réduire la démographie à l’échelle mondiale.
    Une fois posées ces assertions comment pouvons nous les mettre en place ? Du volontarisme comme l’humanité n’en a jamais vu pour les deux premiers points (par ailleurs quelques points de synergie entre les deux existent). Pour le dernier point, les modalités de mise en place d’une politique coordonnéede réduction démographique me laisse perplexe. Les plus forts dictent toujours leur loi aux plus faibles. Avec un tel projet, et connaissant l’humanité pour ses grandes réalisations, je m’imagine un chef d’œuvre mais je suis peut être pessimiste (quand on voit les défis ridicules qui nous dépassent, de tels obstacles sont politiquement insurmontables sans verser dans l’horreur).

    1. La solution n’est pas facile et c’est pour cela que je suis assez pessimiste. Je pense que les seules solutions qui peuvent marcher sont celles où les individus voient leur intérêt. On ne pourra rien imposer par la force mais on peut tenter l’éducation des populations et la transformation économiquement rentable et attractive des processus de production.

    2. Disposer d’un ou plusieurs “vaisseau(x) monde(s)” de rechange n’apporterait pas vraiment de solution. Avec les taux de croissance que nous avons connus au siècle passé, même Vénus, de la taille à peu près de la Terre, se retrouverait en quelques décennies seulement dans la même situation que la Terre aujourd’hui si on devait y transférer la moitié de la population terrestre. Et de toute façon, Vénus du fait des pressions et températures qui y règnent n’est absolument pas une “Terre de repli” envisageable. Heureusement les taux de fécondité baissent maintenant partout dans le monde et cette tendance paraît même s’accentuer. La population humaine sur Terre va donc très probablement passer par un pic entre 10 et 11 milliards d’habitants, avant d’amorcer une descente (qui pourrait même bien se transformer en “plongeon” d’ailleurs!).

  8. Je vous invite à lire l’article scientifique “The material footprint of nations”, 2015 par Wiedmann et al. edité par le journal Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS) ou l’analyse rigoureuse et détaillée de données pour quasiment l’ensemble de la Terre (186 pays) est un bon point de départ pour se convaincre que la richesse, même dans un monde où les services augmentent ne peut pas être décorrélée de l’impact sur les ressources terrestres, même pas partiellement. Si vous gardez un esprit ouvert et critique, observez l’état du monde ainsi que nos habitudes, peut être vous verrez que cette conclusion n’est pas si choquante que ça après tout…

    1. Bien noté votre suggestion mais je vous ferai remarquer que je tiens un blog dont le titre est “exploration spatiale” et que c’est dans cet esprit que j’ai écrit cet article, pour montrer que l’exploration spatiale et l’installation de l’homme sur Mars pouvait être utile pour préserver une bouture de l’humanité, dans la perspective d’une catastrophe survenant sur Terre. La motivation était la crainte que j’avais (et que j’ai toujours) que l’homme ne détruise la Terre son berceau très précieux, par ignorance et par arrogance. Je ne suis donc pas insensible au pillage des richesses de la Terre et à la destruction du système écologique qui nous est essentiel pour survivre, bien au contraire. Ce que j’essaye de dire c’est (1) que l’accroissement actuel incontrôlé de la population (la “prolifération”) est un facteur essentiel de destruction, (2) que mon espoir réside dans une croissance économique autant maîtrisée que possible sur le plan écologique, (3) que selon moi cette croissance maîtrisée n’est possible non par un retour à l’âge de pierre ou par une stagnation qui serait insupportable car elle maintiendrait des situations inacceptables pour beaucoup, mais par une croissance tirée par les domaines les plus propres de l’industrie (il en faut!) et par les activités et produits immatériels. C’est une révolution qu’il faut mener. Elle passe par la prise de conscience, l’éducation et l’écologie industrielle. C’est parce qu’il faut changer drastiquement nos pratiques que les études basées sur le passé ne m’intéresse pas, sauf à montrer de quelles impasses il faut sortir.

      1. Une petite nuance, mais d’importance, l’accroissement de la population n’est PLUS incontrôlé; la tendance très nette est à la baisse du taux de fécondité – de 5 enfants par femme en 1950 on est passé à 2,5 en 2015, si bien que la croissance démographique a baissé sur la même période de 2 % (pic) par an à 1,2 % et ce “trend” (important) devrait continuer et même s’amplifier – et cela partout dans le monde (comme je l’ai déjà fait remarquer, à terme cette tendance à la baisse, si elle devait elle-aussi devenir “incontrôlée”, pourrait même d’ailleurs devenir problématique). Mais dû à l’inertie inévitable en raison de la durée de vie humaine, cela nous fera de toute façon passer par un pic situé entre 10 et 11 milliards d’habitants avant que la population mondiale redescende. C’est mathématique et on ne pourra pas l’empêcher (sauf à souhaiter des événements dramatiques comme des guerres généralisées ou de graves épidémies).
        La Terre peut supporter une population humaine de cet ordre (même en excluant les déserts et les zones peu propices à l’établissement humain, il y a encore de la place!), … mais pas si tous les habitants de notre planète se mettent à consommer autant et de la même manière insouciante que les “Etats-Uniens” en particulier, ça c’est sûr! C’est donc bien là qu’est le problème; étant donné que les ressources terrestres appartiennent à tous, et qu’il faut à l’évidence maintenant les ménager, cela impose une plus juste répartition de l’accès à celles-ci. Tous les progrès relatifs à l’utilisation plus efficace de ces ressources que l’on peut imaginer ne changeront rien à cette obligation; on a d’ailleurs fait de gros efforts dans ce domaine et on approche des limites physiquement déterminées. Si les “Bengali avaient autant de voitures que les Suisses”, ce seraient effectivement catastrophique pour la planète, … mais pourquoi les Suisses, et c’est pire encore pour les “Américains”, auraient droit à une, voire plusieurs, voiture(s) par famille et les Bengali non? De quel “droit divin”?! C’est évidemment difficile a priori à accepter pour ceux qui devront restreindre un peu leur soif inextinguible de consommation afin de permettre à d’autres de vivre de façon juste décente, mais ce sera ça où la catastrophe “finale” (révolte des laissés-pour-compte et/ou épuisement des ressources et destruction de l’environnement)!

        1. Je vous trouve bien confiant!
          Il y a actuellement plusieurs hypothèses de croissance de la population et selon moi, il est rien moins que certain que ce ne soient pas les hypothèses hautes qui seront confirmées (10,85 milliards en 2050 et 16,52 milliards en 2100 -chiffres Nations Unies). Mais ce qui est plus grave c’est que la croissance prévue entre 2015 et 2050 est extrêmement déséquilibrée: les hausses les plus forte devraient avoir lieu en Afrique (au moins un milliard de personnes en plus d’ici à 2050) et c’est précisément la région du monde la plus pauvre et en même temps un des poumons de la planète (forêts, eau douce) sur lequel repose notre écologie (et la région pauvre la plus proche de l’Europe). De ce fait, les problèmes d’équilibre globaux et les problèmes de répartition des richesses vont être terribles et d’autant plus qu’on s’écartera de l’hypothèse basse (pour les Africains, 2,28 milliards en 2050 puis 3,10 milliards en 2100 contre 1,28 aujourd’hui) pour aller vers l’hypothèse haute (pour les Africains, 2,78 milliards en 2050 et 6,23 milliards en 2100). De mon côté, je ne suis pas rassuré par le rêve d’un partage harmonieux des richesses. Espérons que j’aie tort!

          1. Je pense au contraire que l’on se rejoins (entre parenthèses, peu d’experts croient à l’hypothèse d’une population humaine de 16,5 milliards en 2100; j’ai eu l’occasion d’en discuter avec plusieurs dans le cadre d’une grosse étude internationale sur les scénarios énergétiques à envisager pour les horizons 2050 et 2100 précisément, effectuée il y a une dizaine d’années; et les tendances ont encore baissé depuis). Comme vous l’écrivez, “les problèmes d’équilibre globaux et les problèmes de répartition des richesses vont être terribles”; c’est justement ce que j’ai souligné. Si l’on ne tend pas en conséquence vers une distribution plus équitable de l’accès aux ressources, si donc cela reste un “rêve”, alors je suis tout-à-fait d’accord avec vous que la catastrophe est assurée! Sur le “vaisseau Terre”, il ne sera plus longtemps accepté qu’il y a ait – là aussi comme sur le Titanic – des passagers de première classe jouissant de tout le luxe et confort et d’autres de troisième classe confinés dans las cales (voir la poussée migratoire actuelle de l’Afrique vers l’Europe)! Je ne suis néanmoins pas plus “confiant” que vous, … surtout si on baisse les bras en décrétant par avance que l’on y arrivera pas et qu’il ne faut pas faire le maximum d’efforts, déjà à notre niveau, pour améliorer les choses. Mais la pérennité de notre présence sur cette belle planète bleue est à ce prix; l’option de “repli martien” ne doit être envisagée que dans le contexte d’une catastrophe d’envergure planétaire non provoquée par l’Homme, on ne va pas “terraformer” une planète après avoir sciemment détruit les ressources et l’environnement idéal d’une autre!

          2. Je vous laisse à votre optimisme concernant l’évolution de la courbe démographique. L’avenir tranchera. De toute façon les deux prochains milliards (que l’on depassera) seront décisifs. Espérons donc que l’on puisse surmonter l’épreuve dans des conditions acceptables. Je doute cependant que les “passagers de première classe” sacrifient leurs avantages spontanément (et ils ont les moyens de les défendre)!
            L’option Mars par contre, n’est pas une solution que l’on mériterait par notre bonne conduite; c’est une alternative à ouvrir d’urgence quelle que soit notre dignité pour y accéder. L’installation sur Mars sera difficile et longue, autant commencer le plus vite possible (et je ne parle pas de terraformation, simplement d’une installation viable et le plus rapidement possible autonome).

  9. pourquoi vouloir sauver la planète alors que son monde vivant se traine dans une vallée de souffrance. Quel échec . Accélérons la destruction, peut-être des êtres sans souffrances prendrons le relais. Ne serait ce pas sublime une planète boule de crystal peuplée d’ondes lumineuses?

    1. Vision poétique des choses, Monsieur l’architecte, mais je persiste à penser que ce serait plus que dommage que la partie positive de notre héritage disparaisse. Et puis, qui donc admirerait votre “boule de cristal”?!

  10. J’ai toujours du plaisir à lire vos analyses sur l’exploration spatiale, mais sur la question de la préservation de la planète, vous faites fausse route sur plusieurs points:

    – Ce sont les pays riches qui détruisent l’environnement par leur mode de consommation, et pas les pays pauvres.

    – Avoir beaucoup d’enfants dans une société où l’Etat n’offre pas de sécurité sociale est un choix économique rationnel (ça a été le cas en occident jusqu’a récemment). Convaincre des populations de faire moins d’enfants sera donc inutile (je ne mentionne pas l’aspect éthiquement très problématique d’une telle demande).

    – Bonne nouvelle: les pays en développement connaissent malgré tout une transition démographique (baisse de la natalité liée à une baisse de la mortalité infantile). L’augmentation de la population ne sera donc pas infinie.

    Il reste que dans quelques décennies il faudra compter avec une population mondiale de 10 mia d’habiants. À moins d’imposer aux populations des pays pauvres de rester pauvres, le problème de l’utilisation des ressources se posera de façon encore plus aiguë. Autant réfléchir immédiatement à la manière de réduire notre impact environnemental.

  11. Sujet très intéressant. Des problèmes il y en a, nous sommes tous (presque) d’accord.

    Là ou je ne suis pas tout a fait d’accord avec vous c’est de remettre la responsabilité (du moins une grande partie) sur les pays du tiers monde ! Comme l’on dit beaucoup d’autres commentaires ci-dessus : c’est assez hypocrite.

    Je ne partage pas non plus l’opinion que nous avons une “explosion démographique”. Nous avons passé le point d’inflexion de la courbe depuis bien des années déjà : en d’autres termes, ça augmente toujours très vite, mais de moins en moins.

    Finalement résoudre nos problèmes en allant “essaimer ailleurs” me semble assez comique vu que c’est le meilleure moyen de justement relancer l’explosion démographique. Ne vaudrait t’il pas mieux d’essayer de résoudre nos problèmes ici et maintenant au lieu de faire ce qui a causé tant de mal à notre environnement : la fuite en avant.

  12. Un débat passionnant et ouvrant des horizons nécessaires.
    Toutefois il me semble que vous ne tenez pas assez compte des limites de notre biologie.
    Ne placez-vous pas trop d’espoir dans votre arche de Noé ? Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu de reproduction humaine en dehors de notre atmosphère ni même en orbite basse.
    L’espoir de réussir une fécondation humaine dans l’espace où sur une autre planète est grand, mais c’est encore un espoir. Mener une grossesse, accoucher et voir se développer un enfant sur une base spatiale ou une autre planète en sont encore de plus grands. Les rayonnements physiques endommagent notre ADN, perturbent nos développements. Les hypothèses de reproductions humaines spatiales sont malheureusement loin d’être une évidence.
    Enfin, la problématique climatique est bien plus proche et plus urgente. La probabilité de devoir assister à une adaptation majeure de notre milieu de vie terrestre bien plus proche que nos capacités technologiques à La conquête spatiale. Sans vouloir freiner votre optimisme, notre avenir est sur terre et même si un jour il pourrait être au-delà, nous n’y sommes de loin pas.

    1. Vous avez raison de mentionner que nous n’avons pas d’expérience de procréation humaine ailleurs que sur Terre, … et pour cause, nous n’avons pas encore essayé! Cela dit, il n’y a pas de raison a priori de penser qu’il soit impossible d’enfanter sur Mars. La gravité plus faible ne devrait pas poser de réel problème (l’important est qu’il y en ait une, de valeur “raisonnable”), et pour ce qui est des radiations, les doses resteront dans les limites acceptables (même pour un voyage aller-retour, il a été calculé que l’augmentation du risque de mourir d’un cancer induit pendant les 30 ans suivant le retour dépasserait à peine 1%, alors que ce risque est de toute façon de 20% sur la même période pour un “terrien normal” et même de 40% pour un gros fumeur!). Ne pas oublier que sur Mars, la moitié déjà du rayonnement cosmique est bloqué par la planète elle-même, et plus encore en raison de l’atmosphère, même ténue, de la planète rouge. Et il est évident que les habitats seront protégés et que, tout particulièrement les femmes enceintes ne seront pas autorisées à s’exposer au dehors. Et, vous savez, l’ADN se répare tant qu’il n’est pas trop gravement endommagé. C’est même probablement ainsi que nous sommes-là, car les premiers organismes vivants sur Terre sont nés dans un environnement beaucoup plus radioactif que celui que nous connaissons aujourd’hui; non seulement ils n’en sont pas morts, mais on peut penser que sans le mutations positives (les autres sont en général non viables) ainsi générées des organismes supérieurs n’auraient jamais vu le jour.

  13. Merci Adrian et Lionel de relever les aspects éthiques, démographiques et sociologiques que j’avais mentionnés dans mes messages précédents. En effet, comme vous le soulignez, nous avons maintenant passé le stade de “l’explosion” démographique d’une part et il n’est moralement pas défendable d’autre part de vouloir faire porter d’une manière ou d’une autre l’essentiel de l’effort indispensable pour éviter une catastrophe écologique sur notre petite et fragile planète sur ceux qui sont déjà les moins favorisés et par ailleurs peu responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. C’est à nous (pays industrialisés) à faire l’effort principal et le nécessaire pour tendre vers une plus équitable répartition de l’accès aux richesses (forcément limitées et à gérer avec prudence) de notre monde.
    Et Mars n’a effectivement pas vocation à devenir une “Terre de repli” (“essaimage” de toute façon impossible) pour sauver une Humanité qui n’aurait pas su éviter de détruire l’environnement idéal de sa planète natale. Par contre, il reste l’aspect “laboratoire”, dans des conditions plus difficiles que sur Terre et donc plus “challenging”, qui pourrait conduire au développement de méthodes et techniques également fort utiles pour mieux gérer les choses sur notre propre planète. Et l’établissement d’une “bouture” (colonie autonome) sur un autre corps céleste est la seule possibilité d’offrir une chance de survie à notre espèce en cas de catastrophe d’envergure planétaire (astéroïde ou autre cause) affectant la Terre, même si l’on devrait pouvoir écarter l’éventualité d’une responsabilité humaine dans un tel funeste événement (espérons-le en tout cas!).

  14. Pour essayer de mettre un peu de réalisme dans les chiffres avancés concernant “l’explosion” démographique, voir:
    https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/world-population-prospects-2017.html.
    Dans l’étude internationale sur les scénarios énergétiques pour les années 2050 et 2100 que j’ai déjà mentionnée (dans le cadre du programme “Alliance for Global Sustainability”, piloté entre autre par le MIT), aucun expert n’a sérieusement envisagé l’hypothèse de 16 milliards d’habitants sur Terre en 2100. Et ce qui est intéressant est que si on reprend les scénarios supposés encadrer les possibilités réalistes, on suivrait plutôt maintenant la fourchette jugée basse à l’époque (l’étude en question date d’une dizaine d’années).
    La tendance à la baisse paraît donc confirmée, … et de toute façon il n’y a pas grand-chose de réaliste et restant éthique que l’on puisse faire pour beaucoup l’accélérer, d’autant plus que la croissance encore observée résulte en grand partie de l’augmentation de l’espérance de vie. Par contre, nous devons changer notre manière de penser notre monde, à savoir que celui-ci est “infini” (aussi bien en ressources qu’en capacité d’absorption de nos pollutions) et que ses richesses appartiennent de droit à certaines populations plutôt qu’à d’autres. Nous devons maintenant impérativement gérer notre planète comme un vaisseau spatial dans lequel la consommation des ressources et l’évacuation des déchets ne doivent pas dépasser les possibilités de son “système de recyclage”, avec une distribution aussi équitable que possible entre tous les “passagers” dudit vaisseau (il n’y a aucune raison que certains aient de ce point de vue plus de droits que d’autres).

  15. Je trouve, Messieurs, que vous passez un peu vite sur la disparition du risque d’explosion démographique. Dans les statistiques des Nations Unies, toujours publiques, que n’importe qui peut consulter, l’hypothèse haute reste de 16 milliards d’habitants en 2100. Si cette hypothèse n’avait aucune vraisemblance, elle ne figurerait pas dans les prévisions de cette institution respectée.
    voir: https://esa.un.org/unpd/wpp/Download/Standard/Population/
    clicker sur “total population, both sexes” (tableau excel, première ligne).
    Au stade où nous en sommes, le problème n’est pas de savoir qui est responsable ou innocent de la situation actuelle, mais de le traiter (le problème). Il n’est évidemment pas question de faire disparaître les populations existantes, je ne suis aucunement partisan d’une solution finale ou de quoi que ce soit qui puisse y ressembler. C’est une idée qui me fait horreur et que je condamne formellement. Ce que je suggère seulement c’est que les populations qui continuent à croître dans certains pays (et il se trouve que ces pays sont actuellement en voie de développement), fassent preuve de la plus grande modération dans ce domaine et que leurs dirigeants et ceux des autres pays (nous sommes dans le même bateau) fassent pression via l’information et l’éducation pour que cette modération soit effective le plus vite possible. Nous avons collectivement une obligation de résultat (sans savoir si certains ont, ou non, des “droits de rattrapage”, ce n’est plus une option qui reste ouverte) et pour prendre un seul exemple, je ne pense pas qu’un certain pays voisin de l’Europe puisse se sentir frustré ou plus malheureux parce que, au lieu de 90 millions d’habitants aujourd’hui, il n’en compterait pas 200 millions en 2100.
    Ceci n’exclut pas bien entendu, comme je le recommande, que les pays développés fassent tous les efforts possibles pour mener une croissance économique propre, moins consommatrice d’énergie, de matières premières ; moins génératrice de pollution. Il faut considérer la richesse et le lieu extraordinaire et irremplaçable pour l’homme que constitue la Terre. Il faut arrêter de détruire et il faut recycler !
    Quant à l’« essaimage » dont je parle, ou « bouture » si vous préférez (c’est en ce sens que j’avais utilisé l’image de quelques abeilles qui quittent le nid pour aller fonder une ruche ailleurs), je ne prétends absolument pas que ce serait facile et rapide car ce sera très difficile et très long. Je ne prétends pas non plus que Mars pourrait remplacer la Terre, je dis seulement que cette planète nous offre une possibilité de nous sauver (ou plutôt de sauver quelques milliers d’entre nous, porteurs d’un renouveau possible) si, du moins, nous commençons très vite (encore une fois s’installer et qui plus est, devenir autonome, sera difficile pour ne pas dire incertain et très long). Il vaut mieux que quelque chose subsiste plutôt que tout meure. L’objet n’est pas d’aller polluer et saccager une autre planète après avoir saccagé la Terre, il est simplement de sauver ce « quelque chose » plutôt que périr corps et biens. Mais je suis bien d’accord avec vous qu’il faut tout faire pour sauver notre Terre et faire en sorte que les personnes qui y vivent aient une vie décente. Le projet martien dont l’issue est évidemment incertain n’est ni la panacée, ni une raison de laisser tomber la reprise par l’humanité de son destin sur Terre.

  16. Oui, c’est le propre-même de la méthode des scénarios de proposer des fourchettes EXTREMES pour être sûr d’encadrer une évolution future, par définition inconnue. Il n’en reste pas moins qu’en règle générale c’est les scénarios MEDIANS qui se révèlent les plus proches de la réalité. Je constate d’ailleurs avec intérêt que le scénario médian de l’ONU actuel est relativement proche de la fourchette basse envisagée à l’époque de notre étude il y a une dizaine d’année. Preuve que la tendance est bien à la baisse. La valeur de 16 milliards d’habitants sur Terre en 2100, même si elle ne peut être évidemment complètement exclue, est aussi peu probable que les 7 milliards et quelques du scénario bas de la même référence. Mais de toute façon, comme déjà souligné: 1/ il n’est guère possible d’influer grandement sur cette évolution, 2/ cela ne change rien aux considérations “socio-éthiques” générales évoquées plus haut dans divers commentaires.

    1. Le règlement de tout problème social a une dimension éthique, et celui de l’explosion démographique constatée depuis moins d’un siècle, (je rappelle les chiffres : 2,5 milliards d’hommes en 1950 ; 7,3 milliards aujourd’hui ; sans aucun doute au moins 9 milliards en 2050) implique des conséquences éthiques.
      Notre devoir moral en tant que membres de la communauté des Terriens est de mettre en garde les pays-sources des dangers de la continuation du processus. Il maintiendrait ces pays dans la misère quelles que soient les mesures prises pour en accélérer le développement et ce développement même, surtout s’il est très intense, risque fortement de se faire au détriment de leur environnement, qui est aussi le nôtre, celui de notre Terre.
      Notre responsabilité éthique n’est donc pas de ne rien dire en espérant que la détérioration s’arrête bientôt et ne suive pas la courbe de l’hypothèse haute (16 milliards) ou même moyenne (11,18 milliards). Notre responsabilité est d’insister auprès des pays-sources pour qu’ils acceptent de changer leurs habitudes et d’inciter leurs gouvernements à suivre des politiques responsables sur le plan de la natalité, de leur faire comprendre que sur le plan collectif, la puissance n’est pas une question de nombre et que sur le plan individuel, une vie réussie n’est pas une vie au cours de laquelle on a mis au monde beaucoup d’enfants, mais une vie au cours de laquelle on a réussi l’éducation de ses enfants.
      Cela n’exclut évidemment pas que nous aidions ces pays à surmonter leur sous-développement, mais cela ne peut non plus se faire au détriment de notre santé économique. Si le Monde entier était pauvre et malheureux, les pays déjà pauvres n’en seraient pas plus heureux et ils n’auraient plus aucun espoir de « s’en sortir ».

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