On connait bien les dangers auxquels les hommes seront physiquement confrontés sur Mars. Ils résulteront d’abord de l’isolement et de la gravité. L’isolement, parce qu’aucun transport depuis la Terre ou depuis Mars ne sera possible en dehors des fenêtres ouvertes par l’évolution respective des planètes autour du Soleil (cycles synodiques différents, de 26 mois pour Mars et de 12 mois pour la Terre). La gravité, plus faible (0,38g), parce qu’on ne sait pas comment lutter contre, en dehors de l’exercice physique (ou le port de vêtements pesants ou sollicitant les muscles) et parce que ce qui se passe à l’intérieur du corps restera toujours soumis à cette gravité différente (moins d’effort nécessaire à la pompe cardiaque pour pulser le sang vers le haut du corps et notamment le cerveau). On ne pourra en évaluer les conséquences que sur la durée, après les premières missions habitées. Au-delà, il faudra « faire-avec » toutes sortes de risques dont on pourra relativement bien se protéger à l’intérieur de la base habitée mais auxquels on restera exposé et vulnérable lors des « sorties », les mieux-nommées « EVA » (« extra-vehicular activities »).
Le remède à cette situation de danger présentée par « l’extérieur » mais en même temps d’impérieuse nécessité de pouvoir y exercer une activité, sera la robotique. Dans cette perspective les travaux de la Société Boston Dynamics* nous ouvrent des possibilités extraordinaires qui « tombent à pic » pour nous préparer à nous installer puis à vivre sur Mars.
*La société Boston Dynamics qui a commencé comme spin-off du MIT en 1992, est installée aux Etats-Unis. Après être « passée dans les mains » de Google, elle appartient aujourd’hui au chaebol Hyundai, via Hyundai Motor Group, pour 80%, et au financier Softbank (Japon) pour 20%. Ces vicissitudes s’expliquent par des “perspectives de rentabilité incertaines”.
Il faut dire en préambule que sur Mars toutes sortes de robots seront utiles sinon indispensables, et utilisables, dotés d’une programmation plus ou moins sophistiquée et d’une possibilité de recours à toutes sortes de données, ce qui permettra une intelligence artificielle plus ou moins développée selon les besoins.
Après l’incontournabilité de la nécessité de satisfaire le besoin d’activité à l’extérieur, la deuxième contrainte dimensionnante sera le besoin de mobilité car l’utilité principale des robots sera l’observation, l’exploration et la construction d’infrastructure sur une terre vierge. Enfin la troisième sera la robustesse car toute réparation sera coûteuse en disponibilité, en temps et en énergie.
Pour faire face à ces besoins, le robot que je pense le plus adapté (en dehors des véhicules robotiques « classiques ») sera l’humanoïde « ATLAS » (Agile Anthropomorphic Robot) de Boston Dynamics* assisté d’« animats » (« animal » + « material », robots conçus pour se comporter comme des animaux). On en voit de temps en temps des vidéos et les plus récentes montrent qu’ils peuvent atteindre des performances extraordinaires (voir lien ci-dessous). Pour parler d’abord d’Atlas, l’intérêt n’est pas tant qu’il ressemble visuellement à l’homme mais qu’il peut effectuer à la place de l’homme toutes les taches physiques que l’homme devrait autrement effectuer lui-même : marcher sur un terrain inégal, sauter, escalader, porter, saisir, manœuvrer, manipuler, voir enfin via des caméras équipant sa tête avec retransmission de la chose vue sur écran à distance. On peut aussi sans doute envisager de renforcer son squelette ou de lui adapter un exosquelette pour porter des charges particulièrement lourdes. Quoique le transport puisse être effectué par des animats (voir ci-dessous), les manipulations de charges lourdes (déchargement d’un starship par exemple) peuvent nécessiter cette adaptation.
* Boston Dynamics n’est pas la seule société qui produit des robots humanoïdes. Tesla a décidé de suivre cette voie avec “Optimus”, ou la société Figure avec “Figure-1”. Cependant Boston Dynamics a beaucoup d’avance sur ses compétiteurs.
L’intérêt de cette intermédiation robotique sera de permettre à l’homme d’éviter de sortir de la Base habitée, donc de devoir enfiler, difficilement, une combinaison qui devra être pressurisée (et au travers de laquelle la main ne pourra pas intervenir, pour s’essuyer le front par exemple), d’être exposé dans cette combinaison au risque d’accrocs qui entraineraient une dépressurisation, d’être exposé aux radiations solaires et galactiques beaucoup plus sévèrement que dans la Base puisqu’il ne saurait être question de se déplacer avec la masse de matériaux protecteurs qui procureraient une sécurité totale. L’intérêt ce sera aussi d’éviter la nécessité et la complication d’équiper l’ouvrier d’un système support-vie (pour l’homme, gaz respirables, eau et stockage avec soi d’inévitables déchets corporels le temps de toute mission un peu longue). Ce sera encore d’être exposé à des températures très basses, qui nécessiteront un système de chauffage délicat incorporé au scaphandre (les robots devront pouvoir être chauffés pour maintenir leurs fluides fonctionnels liquides mais les marges de tolérance seront plus ouvertes). Ce sera encore d’éviter le risque de blessure grave pouvant provenir de micrométéorites, rares mais non exceptionnelles puisque l’atmosphère martienne n’est pas suffisante pour y faire barrière comme en surface de la Terre. Ce sera encore de limiter la fatigue physique des astronautes compte tenu de l’importance des gestes, manipulations, efforts qui seront nécessaires pour l’installation, l’entretien puis le développement des infrastructures de la Base, de son relai de communication, du site d’extraction des ressources locales, des véhicules, des équipements divers, de l’astroport. Ce sera encore de libérer les hommes de travaux répétitifs, consommateurs de temps et à faible valeur intellectuelle ajoutée. Ce sera encore de pouvoir apporter depuis la Terre dans un espace réduit, un maximum de « travailleurs » ne nécessitant pas les mêmes conditions de confort que les hommes (et donc bien davantage de force de travail sur Mars). Ce sera enfin de limiter les besoins en traitements médicaux en les remplaçant par des traitements mécaniques (avec évidemment modularité et redondance des pièces détachées) ou informatiques.
Alors, à ce stade, certains se demanderont pourquoi l’homme devrait-il aller physiquement sur Mars et pourquoi ne pas se contenter d’y envoyer des robots à sa place ? La réponse est que du fait de la finitude de la vitesse de la lumière, il y a un décalage temporel incontournable entre Mars et la Terre, qui va de 3 à 22 minutes dans un seul sens. On ne peut pas échapper à cette contrainte et on ne peut donc mener aucune action robotisée en direct sur Mars depuis la Terre. On doit programmer, constater le résultat, reprogrammer, sans cesse. Des hommes vivant dans une base martienne, donc au plus près de leurs robots, pourront agir sur le terrain constamment en direct via leur humanoïde (éventuellement évidemment assisté d’animats ou d’autres robots) qu’ils pourront considérer comme leur avatar. A cet égard, il faut bien voir que la situation sera totalement différente sur la Lune puisque la Terre n’en est qu’à 380.000 km et que, s’il y a bien un décalage temporel d’un tout petit peu plus d’une seconde entre les deux astres, cela n’empêche absolument pas une action directe depuis la Terre. La présence de l’homme sur Mars est donc indispensable pour l’explorer et l’exploiter ; elle ne l’est pas sur la Lune.
Je vois donc la population martienne future comme structurée en cellules de personnes humaines spécialisées, assistées de robots humanoïdes et autres pour la plupart de leurs actions extérieures. Leurs EVA ne seraient qu’exceptionnelles, pour contrôler ces machines, leur simple plaisir, le besoin physique de mener une action délicate (pour laquelle la programmation serait trop difficile ou trop complexe) seul ou avec d’autres humains (récupérer un homme blessé dans des conditions particulièrement délicates) ou d’autres nécessités (par exemple non-fonctionnement du parc robotique suite à une tempête solaire particulièrement forte qui aurait endommagé un centre informatique ne disposant pas de suffisamment de résilience ou de redondance).
Bien entendu ces humanoïdes seraient personnalisés pour chacun des humains qui les utiliseraient. On imagine bien que, puisqu’on le fait pour son ordinateur personnel (on a ses programmes, ses fichiers classés et on sait où ils se trouvent), on le ferait aussi pour son humanoïde personnel. Par ailleurs comme, vu à distance, un robot humanoïde ressemblera beaucoup à un autre, on aura intérêt à le distinguer visuellement des autres pour mieux le contrôler et le faire interagir à distance par écran interposé. Ça tombe bien car, étant donné le problème de poussière sur Mars et la vulnérabilité des articulations, il faudra les « habiller » aussi hermétiquement que possible.
A beaucoup d’égards, on pourra traiter l’humanoïde comme un homme, le faire monter sur un rover (l’avantage étant que le véhicule ne sera ni pressurisé, ni alourdi par une protection contre les radiations), télécommandé et il se rechargera en énergie en étant assis ; lui faire inspecter des parois raides et dangereuses (par exemple la partie haute de la coque d’un Starship avec un système de filins ou un échafaudage, ou bien l’aplomb d’une falaise sur laquelle on aurait aperçu une anfractuosité grâce à un hélicoptère ou un dirigeable) ; l’envoyer sur un hopper de Gruyere Space Program mener une mission lointaine avec une source d’énergie dédiée. Si un atlas se casse le poignet on pourra le lui remplacer car la plupart des pièces du robot sont imprimables en 3D, et ce sera évidemment préférable à une intervention chirurgicale sur un homme. Il faudra nettoyer le robot mais on n’aura pas besoin de lui faire prendre une douche (économie d’eau !) ; sans doute un bon coup de souffleur (ou sèche-cheveux !) pour lui enlever la poussière martienne ultrafine (d’abord à l’extérieur du sas) et quelques interventions plus méticuleuses en cas de problème (petit caillou coincé dans la chaussure !).
Il faudra également « nourrir » les robots. J’imagine que leur fonctionnement requerra beaucoup d’énergie (surtout qu’on leur demandera beaucoup !) et des rechargements fréquents puisque leur autonomie (batterie transportable) sera probablement limitée compte tenu du volume et de la masse*. J’imagine bien que des atlas se rendent sur le site d’une intervention avec un rover non pressurisé sur lequel seront embarqués quelques animats, des outils et un ou deux kilopowers (réacteur à fission nucléaire portable). Après une durée de fonctionnement correspondant à leur capacité énergétique, ils viendraient se recharger à l’ombre de leur radiateur-parasol…comme on le fait nous-mêmes après l’effort sur la plage, sous des parasols également radiateurs (réflexion de la lumière solaire).
*mais on peut être créatif : les atlas-explorateurs qui par définition s’éloigneront beaucoup de la Base, pourront porter fixées à leurs épaules, de grandes ailes d’ange (ou de démon, selon votre point de vue) revêtues de panneaux solaires, qu’ils déploieront à l’envie.
Mais allons voir un peu plus à l’intérieur de « la bête » :
Comme le dit Boston Dynamics, ATLAS est une plateforme R&D, donc toujours un projet, fortement évolutif. Les recherches continuent à progresser dans les deux domaines de la physique et de la programmation (nous ne sommes pas au bout de notre émerveillement).
Dans le domaine physique les trois cadres sont :
1) La mobilité : le robot possède l’un des systèmes hydrauliques mobiles les plus compacts et réactifs au monde. Une batterie parfaitement adaptée, des vannes et une unité d’alimentation hydraulique lui permettent de fournir une puissance élevée immédiate mais dosable, à n’importe laquelle de ses 28 articulations.
2) La dynamique : Le système de contrôle avancé du robot permet une locomotion très diversifiée et agile tandis que les algorithmes raisonnent au travers d’interactions dynamiques complexes impliquant l’ensemble du corps et l’environnement pour planifier les mouvements. Sa vitesse maximum est de 2,5 m/s.
3) La légèreté et la modularité : le robot utilise des pièces imprimées en 3D qui lui donnent le rapport résistance/poids adéquat pour ses sauts. Pour une hauteur de 1,5 kg, son poids est de 89 kg (34 kg sur Mars).
Dans le domaine de la programmation, la recherche se situe dans la coordination de tout le corps et dans le mouvement dynamique :
4) Bibliothèque de comportements : les modèles de mouvements sont créés à l’aide de l’optimisation des trajectoires et intégration dans des routines complexes.
5) Perception en temps réel : ATLAS utilise des capteurs de profondeur pour générer des nuages de points et détecter son environnement.
6) Contrôle prédictif modélisé : ATLAS utilise des modèles de dynamique pour prédire comment son mouvement évoluera dans le temps et il s’ajuste en conséquence.
ATLAS devrait être la pièce essentielle du dispositif robotique martien mais on peut également considérer deux animats comme ses assistants…et ceux de l’homme :
Bigdog (2004) est un robot porteur quadrupède utilisable pour les déplacements sur terrain accidenté. Il a été le premier à sortir du laboratoire de Boston Dynamics. Image: crédit Boston Dynamics) :
LS3 (2010) est l’équivalent de Bigdog pour transporter des équipements lourds et encombrants (crédit Boston Dynamics) :
Que fera donc l’« homme-aux-commandes », physiquement sur Mars ? Il sera le plus souvent assis à son bureau derrière son écran à surveiller son avatar, à voir au travers de lui et à lui donner des instructions pour lui-même et ses assistants robotiques. Mais il devra aussi, avec ses compagnons humains, entretenir sa « flotte » de robots, en construire et en programmer d’autres ; se concerter avec la Terre et au sein de la Base pour diriger le développement de cette dernière. Le ratio optimum êtres humains / robots sera facilement établi, c’est une question d’espace de stockage d’équipements et de ressources, d’énergie et de capacité d’attention de l’homme donc aussi des avancées possibles en autonomie des robots.
Au-delà, comme sur Terre, les hommes sur Mars auront besoin de se détendre, et encore plus que sur Terre, de faire du sport pour maintenir leur masse osseuse et musculaire. Nul doute que la Base sera bien équipée à cet effet (moins bien au début et mieux après). J’imagine aussi qu’ils liront sur leur tablette, qu’ils mèneront des études et des recherches, qu’ils écriront des lettres, écouteront de la musique, regarderont des films, nourriront leur corps et entretiendront leur santé. Tous ensemble, ils formeront une communauté pour faire avancer le développement de l’implantation humaine ou diverses recherches in situ…et aussi, en convivialité, pour lutter contre la solitude tout en permettant à chacun d’entre eux de s’épanouir et le moment venu de procréer d’autres hommes. Mais cela est une autre histoire !
Illustration de titre : ATLAS en train de travailler avec l’homme. Crédit Boston Dynamics
Liens (avec mes remerciements à mon ami Patrick) :
https://www.bostondynamics.com/atlas
https://www.bostondynamics.com/
Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur :
Index L’appel de Mars 23 04 20
et pour continuer à lire mes nouveaux articles sur l’exploration spatiale après le 30 juin:
ou dans les pages du Temps dans la rubrique “Opinions/débats” quand la Direction du Journal le jugera utile pour son lectorat général.
Fascinant ! on peut meme imaginer des combinaisons spatiales robotisees pour accompagner l astronaute dans ses mouvements ; egalement des fusees robitisees capables de s accoster ou de s autoreparer ou d echanger des idees ou des materiaux etc … on y va tout droit .Nous parlions precedemment de la medecine au cours d une mission spatiale et bien intelligence artificielle et robotique en seront la base.
La question est: pourquoi nous humains irions nous visiter une planete quand un robot plus intelligent que nous pourra le faire ? Disons dans le futur
Vous m’avez mal lu, Niogret car mon article répond précisément à votre question.
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Il est impossible d’avoir une action en direct sur Mars en raison du décalage temporel (3 à 22 minutes dans un seul sens). La présence de l’homme est indispensable pour y remédier. L’exploration serait beaucoup plus efficace avec des hommes sur place commandant des robots sur place.
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Par ailleurs, l’exploration n’est pas le seul motif du voyage sur Mars. Nous devons aussi penser à notre “sortie du berceau”. L’humanité a avantage a devenir une espèce multiplanétaire.
Oui je dirais encore que l’intelligence artificielle n’est pas infaillible. J’ai lu dans le passé un article concernant ce problème.
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Aucune imagination en fait ! l’IA suit des algorithmes et rien de plus! en fait il ne s’agit pas d’intelligence.
La vie de l’homme sur mars sera hyper-dangereuse et hyper-angoissante. Il sera donc vital de prévoir le maximum de façons de la faciliter, d’augmenter le confort et les moyens d’action. Vous exprimez ici à juste titre votre admiration pour Boston Dynamics et abordez la vie de tous les jours loin de notre planète. Mais, dans un autre ordre d’idée, le robot le plus formidable n’est-il pas Perseverance lui-même?
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Redisons que le but essentiel du voyage interplanétaire est d’assurer la survie de l’espèce soit avec quelques couples d’humains soit avec un peuplement plus large loin de notre terre, cela au cas où la guerre atomique, un volcan, une épidémie, une erreur scientifique ou même un astéroïde nous tomberaient dessus (n’oubliez pas ceux qui nous viennent à toute vitesse depuis l’extérieur du système solaire!). Certains en sont encore à penser qu’il faut soigner la terre uniquement et ne pas s’intéresser à la conquête de l’espace, à ses retombées pour sauver éventuellement notre caillou et comprendre comment nous en sommes venus à exister.
De tout temps, Homo sapiens a contemplé le ciel, a développé des interprétations, puis cherché à confirmer les théories des astrophysiciens (pour faire court). La conquête spatiale va bien au-delà.
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Après avoir démontré la possibilité d’une résidence momentanée dans une station spatiale, l’homme va certainement parvenir à s’établir sur un proche satellite (comme prochainement la Lune) puis ultérieurement sur la planète Mars, pour autant qu’il saura maîtriser les énormes contraintes implicites.
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Des microbes dits extrémophiles existent et vivent dans les grands fonds marins. Selon les récentes recherches en astrobiologie (SETI), leurs équivalents ne seraient théoriquement pas impossibles sur d’autres planètes ou leurs divers satellites.
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Donc Homo sapiens continue a chercher. Merci à Monsieur Brisson de nous en rapporter régulièrement des aspects.
Merci cher Docteur de votre appréciation positive.
Oui Homo-sapiens continue à chercher et à trouver, de temps en temps. L’Univers est si grand et si plein de merveilles!
Nous sommes comme des enfants sur la plage qui ramassent des coquillages dans la fraicheur du sable mouillé à la limite des vagues qui viennent s’y écraser. Nous avons des indices, ces jolis morceaux de matières qui autrefois abritaient la vie, et la force mourante de l’eau qui apparaît si violente au loin. Cela donne à penser, à élaborer, à suggérer, à imaginer, à percevoir et un peu à comprendre.
Peut-être ne saurons nous jamais le “fin mot de l’histoire” mais des bribes apparaissent, suffisamment pour nous donner quelques satisfactions en élargissant un champ d’explications qui peut à peu s’articulent, pour aiguiser toujours plus notre appétit de savoir, pour continuer avec passion à chercher toujours davantage.
il ne faut pas prendre la grande résilience dont a fait preuve la vie sur Terre depuis son apparition (dans des conditions TRES différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui d’ailleurs) pour un indice que le passage de l’inerte au vivant ait de grandes chances de s’être produit de manière généralisée ailleurs dans l’univers. Monsieur Brisson l’a encore rappelé dans un récent blog, il a fallu que soit réuni un ensemble complexe de nombreuses conditions extrêmement peu probables pour que ce “miracle” se déroule sur notre planète. Rien ne dit qu’un tel miracle ait également pu se reproduire “ailleurs” et jusqu’ici nous n’en avons pas trouvé la moindre trace (mais, bien sûr, on ne peut à ce stade non plus exclure complètement cette possibilité). Par contre, une fois amorcée, la vie sur Terre a montré il est vrai des capacités d’adaptabilité et résistance à des conditions variées et changeantes absolument extraordinaires.
il a en effet fallu un ensemble de conditions peu probables pour que la vie apparaisse. Mais “peu” à l’échelle d’une planète. A celle de l’univers où tous les cas de figures se forment et reforment continuellement, cette probabilité n’a aucune raison d’être faible. Le “complètement” dans “on ne peut exclure complètement” ne me semble donc pas s’imposer : on ne peut “évidemment” exclure l’apparition de la vie ailleurs, y compris intelligente.
Le fait qu’on n’en ai pas encore trouvé trace n’implique rien, ne serait-ce que parce que nous n’avons accès, et encore théorique, qu’à notre cône de lumière (les points dont distances spatiale et temporelle coïncident exactement), une part infime de l’espace-temps.
En pratique, la rareté relative des conditions d’apparition de la vie jointe à l’immensité des distances rend du reste un contact entre vies intelligentes peu probable. Ce qui peut rassurer les théologiens.
Bien sûr l’univers est immense, mais il n’en reste pas moins que la probabilité d’émergence de la vie “ailleurs” reste TRES faible tant il a fallu de conditions nombreuses, improbables et se conjuguant au bon moment pour que ce “miracle” apparaisse sur Terre. Ce qu’on a coutume d’appeler les “briques du vivant” peuvent bien par exemple être relativement répandues dans l’univers, cela ne signifie nullement que le passage de l’inerte au vivant puisse s’être répété de nombreuses fois (et même peut-être une seule autre fois). Pour prendre une analogie qui vaut ce qu’elle vaut, on peut disposer de toutes les briques constructives nécessaires, la probabilité qu’elles conduisent à la réalisation d’une maison en les déplaçant et assemblant de manière aléatoire est quasi nulle (mais pas totalement cependant, statistiquement parlant) même en supposant que la disponibilité de ces matériaux de base soit pratiquement infinie! Mais on ne pourra jamais affirmer de façon définitive que la vie est et restera à jamais une caractéristique purement terrestre. Si on trouve un jour des traces de vie ailleurs, la question sera évidemment tranchée, mais dans le cas contraire, il restera toujours la possibilité que cela soit dû au fait que l’on n’aura pas cherché de la bonne manière, au bon endroit ou au bon moment!
C’est exactement ce que je pense!
Je développe le sujet dans un article à paraître très bientôt.
Pourquoi ne pas envoyer des robots sur Mars en les pilotant par des humains installés sur Phobos ou Deimos ? L’intérêt que j’y vois est qu’il est beaucoup plus facile d’atterrir et de décoller sur Phobos ou Deimos que sur Mars, en raison de leur faible gravité. Alors que les robots envoyés sur Mars peuvent y rester. Et on s’affranchit de la limitation de la vitesse de la lumière.
Bien sûr, il serait plus facile de se poser puis de repartir de Phobos ou Deimos. Mais je vois deux obstacles majeurs:
1) travailler dans une pesanteur extrêmement réduite pour ne pas dire en apesanteur serait très pénible pour les humains et très dommageable pour leur santé sur le long terme;
2) ces petites lunes n’offriraient aucune protection contre les radiations (aucune atmosphère) et creuser une caverne dans un corps aussi petit dans le vide serait encore plus difficile que creuser une caverne sur Mars (point d’appui, éjection des gravats, étais!);
La réponse n’est pas tout à fait la même selon qu’on parle d’exploration temporaire ou d’installation permanente.
La suggestion a une certaine pertinence dans le premier cas, pour autant qu’avec les progrès rapides de l’IA les robots aient encore longtemps besoin de l’homme pour être efficaces (ce dont je doute. Les rovers du JPL sur Mars sont déjà largement autonomes).
En revanche, elle n’a en effet pas de sens pour une colonisation. Si l’on est prêt à s’installer durablement sur Phobos, alors autant le faire sur la Lune, ou encore plus simple, dans une grande station orbitale terrestre. Cela reviendra au même et coutera (beaucoup) moins cher.
On se prépare à aller sur Mars, on développe des robots ingénieux mais on n’arrive pas à mettre le mode avion de nos smartphones quand on monte dans un avion…
https://www.tdg.ch/les-incendies-de-batteries-au-lithium-se-multiplient-a-bord-des-avions-739440109391
Je ne vois pas le rapport de votre commentaire avec mon article, ni l’intérêt de votre remarque.
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Quels que soient les progrès technologiques, une partie de l’humanité ne comprendra toujours rien à rien tout en se moquant totalement des conséquences de ses actes pour les autres…et pour elle-même.
Justement, c’est la recherche de la nouveauté et la haute technologie qui, par leurs retombées , font avancer les autres techniques. Sans la relativité générale d’Einstein, nous n’aurions pas le GPS. Et sans l’énorme pression qu’a induite la recherche spatiale sur la miniaturisation des composants, pas les téléphones portables non plus. Mode avion ou non.
Donc merci à elle.
Comme d’habitude, un article fort intéressant mais qui donne à réfléchir. À la lecture de cet article suivi de visites sur le site de Boston Dynamics, il me paraît évident que les humains ne serviront à rien sur Mars. Peut-être même sur la Terre également, on peut le craindre. À part pour faire la guerre ‽
Les robots développés il y a quelques années auraient nécessité la présence d’humains pour décider des tâches à exécuter. Déjà au stade actuel, Atlas peut prendre pas mal de décisions techniquement justifiables sans devoir demander l’avis d’un humain. La vidéo dont est extraite l’illustration en titre de l’article en est la preuve évidente. Si ce que nous appelons “machine learning” vient à se développer, un robot disposera d’un moteur d’inférence suffisamment puissant pour trouver dans la base de connaissances gigantesque que représente l’internet toute information qui lui permettra de résoudre tout problème qui viendrait à survenir.
Sur Mars ou n’importe où, alors qu’un humain perdrait des minutes, voire des heures, à chercher et trouver une solution à un problème imprévu, le robot tel qu’il est en train d’apparaître, ne perdrait pas une milliseconde. D’ici à ce que l’astronef d’Elon Musk soit opérationnel, ses robots, ceux de Boston Dynamics ou d’autres créateurs de technologies auront atteint un stade de perfectionnement qui ne justifiera plus la présence d’humains à leur côté.
Merci de votre commentaire, Jean-Jacques, et de votre appréciation positive!
Je comprends bien votre crainte concernant l’utilité de l’,homme vis à vis des capacités des robots. Je pense que certes les robots seront, de plus en plus d’excellents exécutants. Mais je pense aussi que l’homme restera toujours supérieurs par plusieurs de ses caractéristiques qui ne seront jamais dans les capacités du robot: le bon sens, l’envie, la sensibilité (dont l’esthétique). Ce sera toujours l’homme qui choisira un site plutôt qu’un autre, parce que la vue sera plus belle, parce que la pente sera moins forte, parce qu’on y vera le lever du Soleil. Ce sera aussi l’homme qui décidera d’arrêter des travaux qui font sens sur le plan technique mais qui n’en font pas par rapport à un plan de développement non encore totalement formulé ou dépendant d’autres considérations (distance à une autre colonie, proximité d’un site attractif comme Valles Marineris, etc…). Enfin si l’homme s’installe sur Mars pour lui-même et non seulement pour l’exploration, il me semble évident que les robots seront ses serviteurs et que c’est toujours l’homme qui décidera de les utiliser ou non, selon ses besoins.
@Jean-Jacques LOUIS: L’homme avant tout! Les robots sont des outils, ils sont faits pour faciliter l’existence des humains sur Mars. Ce qui rend nécessaire le voyage interplanétaire c’est d’assurer la survie de l’espèce humaine au cas où une guerre atomique, un volcan, une épidémie, une erreur scientifique ou même un astéroïde nous tomberaient dessus (n’oubliez pas ceux qui arrivent de l’extérieur du système solaire!) . Et le goût de l’aventure?